Un petit a parte économique sur la question du logement et ses conséquences matérielles pour les jeunes générations. J’ai lu il y a bien longtemps La Question du logement d’Engels, ce texte n’était pas fait pour répondre à la question du logement elle-même telle qu’elle se posait en France et il ne répond sans doute pas plus aux problèmes immédiats que décrit Xuan, mais il a l’avantage d’être un témoignage sur le cheminement du mouvement ouvrier international au cours du troisième quart du XIXe siècle. Cette analyse souligne les progrès et les succès remportés par le socialisme scientifique, battant en brèche notamment le proudhonisme et ses illusions réformistes. En ce sens, La Question du logement est un des classiques du marxisme et à sa manière il dit l’impossibilité pour le capitalisme de résoudre cette question qui fait partie de ce qui est vécu comme le plus insupportable par les exploités, les prolétaires. Que cette question concerne aujourd’hui en priorité la jeunesse des couches populaires mais va bien au-delà et touche de plus en plus y compris une jeunesse diplômée montre seulement qu’il n’y a pas pour la jeunesse simplement une paupérisation relative mais bien une paupérisation absolue, une prolétarisation massive de la jeunesse. (note de Danielle Bleitrach dans histoire et societe)
illustration : Jean Michel Daumen “lits d’infortune” à Marseille.
En France le marché de l‘immobilier est gravement menacé par plusieurs effets concourants.
D’une part la hausse des taux de crédit immobilier qui ont atteint 2,25 % fin novembre, mais qui tournent maintenant entre 2,61 % et 3,09% pour des emprunts de 7 à 25 ans en mars de cette année. Le système bancaire élimine alors les débiteurs les plus vulnérables, de sorte que l’espoir d’acheter un bien immobilier s’évapore pour la grande majorité de la population.
Ensuite les réglementations écologiques plus contraignantes réduisent la possibilité de vendre et de louer sans frais de mise à niveau, « La loi prévoit qu’au 1er janvier 2025, tous les logements classés G ne pourront plus être loués puis elle s’appliquera ensuite aux logements de classe F au 1er janvier 2028, et au logement de classe E le 1er janvier 2034 ».
Et ces frais dus à la « greenflation » se répercuteront sur le prix de vente ou de location.
Certains économistes parient sur « l’abondance des biens immobiliers » à la vente, entraînant une baisse des prix. Mais en réalité une maison qui n’est pas aux normes est invendable, et d’autre part les coûts de construction ont grimpé en flèche à cause de l’inflation sur l’énergie et les matériaux (ciment +35%, sable et gravier +21%, briques +20%, verre + 21 %, matériel électrique +10%. La raréfaction des biens s’est accélérée en France l’an dernier et la courbe n’est pas près de s’inverser.
Enfin les mairies refusent de nouveaux permis pour réduire « l’artificialisation des sols ».
Il vient que « le volume annuel d’annonce de biens proposé à la vente accuse un recul de 22 % », particulièrement dans les zones rurales, avec une hausse de 5,7 % au m2 sur un an en septembre 2022. Au 4e trimestre 2022 la vente des maisons neuves a chuté de -38 %, et de -22 % dans les lotissements.
En résumé une sévère crise du logement et notamment la fin du rêve de la maison individuelle pour beaucoup de jeunes ménages.
A plus ou moins long terme cette situation trouve un écho dans les mentalités.
Commentaire de Daniel Arias
Tu as raison de citer le logement qui représente pour les locataires (j’y ajoute les locataires de prêts immobiliers) une part importante du budget parfois plus du tiers des revenus.
Plusieurs problèmes d’ordre politique se posent sur le logement et rejoignent aussi les questions de protection de l’environnement.
Le logement est une nécessité fondamentale et en même temps une marchandise soumise à l’offre est la demande.
Ce qui a pour effet magique d’enchérir des logements à l’achat comme à la location bâtis parfois il y a de très nombreuses dizaines d’années. Le comble étant de continuer à prélever des loyers sur des logements amortis depuis très longtemps, à cette table de la rente parasitaire se trouvent de petits propriétaires et des plus gros tous sans exception exploitant le travail des locataires et décidant de qui ils décident de loger en fixant les prix et en sélectionnant les candidats.
Un autre phénomène est l’achat de logements à vocation de loisirs ou touristiques y compris par des agents étrangers, tourisme dont l’exploitation des salariés rime avec précarité et bas salaires tout en dénaturant le tissus social et économique des villes et villages. Quoi de plus immonde que ces villages touristiques où les seules boutiques sont des vendeurs de souvenirs parfois hideux et de galeries “d’art” où la barbouillette du coin ou le bobo parisien tentera de survivre.
Le soucis des revenus des accédants aux logements se pose aussi de plein fouet, le choix d’une société de service ou plutôt de faire de la France un Disney Land géant comme le souhaitait l’ancien Président “Normal” fait que les emplois sont de plus en plus souvent précaires y compris pour les jeunes diplômés à bac+5 dans les filières non industrielles et pour les autres le recours à la sous-traitance propose des CDI aux conditions de travail par projets et précaires.
Dans mon agglomération, des Maires de droite ont privatisé des logements, parfois ceux de “gauche” (PS) proposent un accès à la propriété aux locataires entraînant de fait la marchandisation des logement sous une rhétorique faussement progressiste. Ma ville dirigées par le PS depuis la Libération avec des adjoints communistes sont en train de détruire des centaines de logements HLM, les logements étudiants pour la plupart sont privés et aux portes ouvertes des Universités, service public rappelons-le, des étudiants en petit job de merde distribuent des prospectus pour les grandes résidences de service pour étudiants.
Pour ceux qui sont un peu curieux les ménages disposant d’une épargne conséquente sont invités par les banquiers à prendre des parts réservées aux plus riches dans ces résidences étudiantes et dans les EPHAD, curieusement deux passages quasi obligés pour bizuter les jeunes et pour la fin de vie de leurs grands-parents. Ces parts sont celles d’entreprises de grande envergure comme la célèbre ORPEA dont les pratiques ont été dévoilées par un courageux et véritable journaliste et le personnel.
Les ZFE vont augmenter la côte de certains quartiers propres comme hier ceux des bourgeois à l’abri des vents dominants qui portaient les fumées toxiques des usines. Si vous vivez dans une des ces zones pour riches c’est aussi là où vous obtenez le plus de subvention pour acheter votre véhicule.
Les loyers à ne pas confondre avec les charges d’entretien devraient être tout simplement interdits. C’est du parasitisme pur qui n’a aucune fonction économique autre que de voler le revenu des travailleurs.
Les charges et les syndics de copropriétés sont aussi un autre problème à venir: certains immeubles ne seront tout simplement pas économiquement adaptables et même l’entretien devient un problème insoluble dans les copropriétés de prolétaires.
La jeunesse et les plus modestes sont les plus touchés, les prolétaires qui s’en tirent un peu vont acheter des logements loin des villes, loin des services et de la culture, des soins, de la civilisation… ; leur emploi lui continue a s’exercer dans les métropoles et les obligent à utiliser la coûteuse voiture.
Voiture qui va vite devenir un gros problème, la vente de véhicules neufs a chuté de plus de 20% l’an dernier, certains modèles d’occasion sont plus chers que le neuf et il n’est pas rare de devoir réserver un véhicule d’occasion, pendant ce temps les primes à la reconversion favorisent la destruction de véhicules encore roulants (ceux d’avant 2011) a condition d’acheter des véhicules avec le bon crit’air qui en 10 ans ont pris en moyenne 10 000€ de plus.
Nous avons dans le même temps l’expulsion des pauvres des villes, la destruction de leur moyens de transport personnel et l’absence d’organisation collective des transports et de réflexion sur la ville durable. À Moscou sous Khroutchev les nouveaux quartiers devaient permettre aux enfants d’accéder à tous les services nécessaire à moins de 7 minutes à pied et sans jamais traverser une route à grande circulation.
La France a détruit son réseau SNCF un des plus denses et modernes au monde début des années 80, avec le prix unique au kilomètre pour en faire une entreprise non plus de service public mais commerciale, laissant sur les routes des millions de véhicules personnels et professionnels, utilisant en priorité les infrastructures payées par tous les contribuables, le réseau routier public.
Ce résultat est celui des nombreux marchands de tapis qui nous ont servi de Présidents, de Ministres et Députés sans compter ceux des assemblées locales qui ne valent souvent pas mieux.
La fin de l’influence gaulliste à droite et communiste à gauche a marqué le début de la vente aux enchères de tout ce qui a été construit par les travailleurs en France. Le Gaullisme ayant pour base sociale essentiellement les bourgeois dont le mode de vie ne peut conduire qu’au désastre de tous il reste comme seule solution la marche vers le socialisme que seuls les communistes peuvent défendre de manière conséquente.
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Marianne
“Les loyers à ne pas confondre avec les charges d’entretien devraient être tout simplement interdits.” Bien sûr !
Apparemment en Russie (et sans doute dans toute l’ex-URSS) il n’y a généralement pas de loyer proprement dit, seulement les charges. Un héritage de l’époque soviétique. On appelle cela ЖКХ (services locatifs et communaux) et leur hausse (10%) ces derniers temps donnent lieu à de nombreuses manifestations un peu partout dans le pays.
Dans les années 90, une minorité de “locataires” (à titre gratuit) soviétiques se sont laissés tenter par l’offre de “privatiser” leur appartement, autrement dit d’en devenir propriétaires, pour une bouchée de pain, d’ailleurs. Mais la plupart n’étaient pas intéressés, ils préféraient le statut quo. Ce qui comportait comme ils l’ont découvert plus tard le risque de se faire tout simplement expulser. Beaucoup de gens se sont aussi retrouvés à la rue, victimes d’escrocs qui leur promettaient monts et merveilles contre un bout de papier sans valeur.
Encore aujourd’hui il y a des millions de “sociétaires” lésés qui ont investi leurs économies dans des sociétés immobilières censées construire des logements neufs qui ne voient jamais le jour. Ils sont groupés en associations et reçoivent le soutien du KPRF.
Daniel Arias
Un collègue roumain, ingénieur en géologie (Roumanie) puis en informatique (en France) avait fuit la Roumanie après l’assassinat des époux Ceaușescu.
Ses parents, prof de français et directeur de laboratoire, étaient propriétaires de leur appartement à Bucarest, comme plus de 90% des Roumains, après la libération de la dictature communiste les charges sont devenues plus élevées que les retraites ; les parents de mon collègue ont dû vendre pour une bouchée de pain leur appartement pour finir par vivre dans la ferme de la grand mère à l’abri des spéculateurs.
Dans le cas Roumain, il me semble qu’à Cuba aussi, les communistes garantissaient la propriété privée du logement quand le libéralisme prive la majeure partie de la population de toute propriété.
Merci Marianne pour ces informations sur l’économie soviétique et russe ; nous sommes tenus dans une profonde ignorance du fonctionnement des économies socialistes. Ce qui est bien pratique pour éviter tout débat et justifier le capitalisme comme la moins mauvaise des solutions.
Daniel Arias
Georges GASTAUD – Comment le Capital détruit la Nation française
Même si ici nous n’apprécions guère les groupuscules quelques rappels historiques bienvenus de Georges Gastaud qui éclaire y compris notre actualité sociale du moment.
https://youtu.be/BbdTQBD7eNw
Quel dommage que ces esprits souvent brillants ne puissent à nouveau se rencontrer dans une maison commune des communistes que devrait être le PCF.
En introduction est rappelé le caractère irréformable du PCF dérivant vers la social démocratie et la raison de la création du PRCF en 2004.
Pourquoi pas ? Mais alors manque l’autocritique du manque d’attractivité du PRCF y compris pour les nombreux communistes qui ont quitté le Parti la même remarque vaut pour le PCF issu du 38e congrès.
Et pourquoi PRCF et PCF n’ont pas tenté un rapprochement après le 38e congrès ?
Il y a certainement de part et d’autre des raisons de se faire la gueule.
Si le 39e congrès pouvait être celui qui relance la reconquête des communistes et leur unification ce serait un grand pas ; sans forcément demander l’adhésion des anciens communistes oser une discussion franche: une réunion au cours de laquelle les choses puissent être dites, les malentendus dissipés et les positions clarifiées.
Qu’est-ce qui pourrait le mieux réunir les communistes si ce n’est le projet socialiste ? Ceux qui s’opposent à ce projet seraient au moins démasqués et les militants du PCF en tirer les conséquences nécessaires.
Mais avant tout il faut savoir où l’on veut aller et on ne peut à la fois revendiquer une UE sociale et revendiquer le socialisme, on ne peut combattre et aménager le capitalisme en même temps ; surtout dans son état de crise aiguë cet aménagement est impossible et les bourgeois n’en veulent pas.
Le capitalisme le plus abouti est aujourd’hui incarné dans les pays dits “avancés” par les USA, la Grande Bretagne et l’Allemagne est ce de cela que rêvent les travailleurs français de bullshit jobs, de jobs à 1€ de Schröder et de toutes nouvelles trouvailles pour faire de la France un gigantesque Uber de 65 millions de personnes où tous devront se vendre en concurrence ?
Les derniers bastions qui tiennent et concentrent de grandes masses de travailleurs sont l’Éducation Nationale composée en grande masse de bobos de gôche et les centres hospitaliers au bord de l’asphyxie pour le reste les grands centres industriels les usines aux milliers d’ouvrier c’est du passé, dans les zones industrielles c’est la sous-traitance mise en concurrence mondiale et l’intérim pour de nombreux salariés ; il nous reste à les retrouver sur leurs lieus d’habitations tant qu’ils ne dorment pas dans leurs voitures.
Franck Marsal
Cette notion de “caractère irréformable” utilisée contre telle ou telle organisation politique est une notion clef … du trotskisme. Suite à la prise de pouvoir par Hitler en Allemagne en 1933, Trotski considère que l’internationale communiste est désormais irréformable, et qu’il faut former de nouvelles organisations. Trotski considère que l’URSS et le Komintern ont non seulement commis des erreurs dans la lutte contre le nazisme mais surtout que l’URSS aurait dû enclencher une mobilisation militaire de sa population pour se préparer à la guerre dès ce moment et que ne pas le faire est une capitulation. Dans une préface, il écrit ainsi :”« Après la capitulation honteuse de l’Internationale communiste en Allemagne, les bolcheviks se sont écriés : “La Troisième Internationale est morte !..””
Après plusieurs années de préparation activie, il proclamera la 4ème internationale en 1938 en considérant qu’elle sera la seule possibilité pour le prolétariat de faire face à la guerre qui vient.
Se faisant, Trostki s’appuie et prétend réitérer la décision de Lenine de quitter la 2nde internationale après avoir proclamer sa faillite et sa trahison suite à la guerre de 1914. Et les trotskistes vont répêter cette méthode à l’envie, ce qui se traduira dans l’histoire de ce mouvement par une multiplication des scissions (j’ai pratiqué celà, avant de réaliser qu’il y avait un problème …).
Question : est-ce légitime ? et à partir de quand ? On peut déjà noter que Lenine ne proclame pas la 3ème internationale dans le feu de la guerre, au milieu du recul, mais après la victoire des Bolcheviks et la consolidation de la Russie soviétique. C’est un point scientifique important. Parce qu’avant la victoire et la consolidation, le problème est posée, on sait que la 2nde internationale a mené à l’impasse. Mais il n’est pas résolu par des événements décisifs d’importance mondiale. Lenine a son avis, son avis est documenté et appuyé sur un travail militant, mais pas sur une expérience historique. Donc, Lenine poursuit son travail. Il publie (notamment l’ouvrage majeur quoiqu’écrit sous la censure “L’impérialisme, stade suprême du capitalisme”). Lénine dispose des idées principales sur lesquelles sera fondée (plus tard) l’internationale communiste.
Car si on pratique le marxisme comme une science, il faut appuyer les décisions majeures sur la base d’expériences majeures irréfutables. Lenine et de nombreux militants pensent que l’orientation suivie par la 2nde internationale est une trahison et qu’une autre voie est possible et nécessaire. Mais ce n’est que lorsque la révolution russe permet la prise du pouvoir par le prolétariat, puis met fin à la guerre, d’abord en Russie, puis par les insurrections en Autriche – Hongrie et Allemagne à la guerre mondiale que l’on dispose d’une expérience majeure qui valide ses orientations.
De même, on peut critiquer Staline et la direction soviétique dans les années 30, mais l’histoire n’est pas terminée. Le résultat majeur et irréfutable de la crise des années 30 et de la guerre qui s’ensuit, viendra plus tard et il sera que l’Union Soviétique a gagné la guerre.
Tant que le résultat historique n’est pas tranché, il faut être dans la lutte et agir solidairement. Si chacun y va de son idée, forme son organisation (c’est toute l’histoire du trotskisme), on se divise et on ne peut rien prouver. Lorsque Marx considère que la 1ère internationale est à bout de souffle, il ne proclame pas une nouvelle organisation sur des bases théorique, il la laisse se dissoudre et laisse l’histoire suivre son cours, jusqu’à ce que de nouvelles organisations surgissent.
Enfin, si l’on suit les principes du matérialisme historique, les idées ne sont pas extérieures à la réalité sociale, mais en sont le produit au travers du cerveau collectif, du langage des humains. Dès lors, il ne suffit pas d’avoir les idées – fussent-elles justes – et de faire de la propagande pour ces idées pour qu’elles “s’emparent des masses”. Et un parti n’est pas une caisse de résonance pour des idées toutes faites. Les processus par lesquels les idées des masses évoluent sont dictés dans les conditions réelles de la lutte des classes. Les idées sont ballotées et transformées par la vie sociale collective dans l’organisation. C’est pourquoi tout discours purement propagandiste a ses limites, très étroites. Ce n’est que lorsque les idées rencontrent la perception sociales qu’une interaction rapide se produit. (aujourd’hui, la question de la démocratie capitaliste est posée et des interactions commencent à se produire autour de la notion de dictature du prolétariat, exprimée par exemple sous une forme très dérivée mais néanmoinns claire dans le slogan de manif “c’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons”. Les gauchistes ont toujours sur-interprété la phrase de Marx “les idées s’empraent des masses lorsqu’elles sont radicales, c’est à dire lorsqu’elles prennent les problèmes à la racine” en considérant qu’il fallait être “intellectuellement radical” et en oubliant que les idées ne sont pas “radicales” en soi, mais qu’elles sont seulement radicales dans un contexte social, lorsqu’elles prennent “à la racine”, les problèmes posées dans le contexte social. Prendre la racine du pissenlit bien en main pour l’arracher est un geste délicat.
Alors, PCF failli et irréformable ? Peut-être mais peut-être pas. Seule l’expérience le dira. Personnellement, il me semble que ce qui se passe dans le parti montre au contraire une grande vitalité, un renouveau très tangible. Il y a eu des dizaines de courants et d’organisations qui ont prétendu depuis au moins 80 ans avoir trouvé la pierre philosophale et que, “si on fait comme ils disent”, on créera une vraie et meilleure organisation révolutionnaire. Mais presque aucune de ces tentatives n’a réellement dépassé le stade de groupe de propagande, la plupart ont fini par se diviser et certaines ont terminé dans des dérives catastrophiques. Et ceci s’appuie non seulement sur l’expérience de la France, mais également sur celle de nombreux pays d’Europe et du monde. A contrario, des partis révolutionnaires qui ont surgi dans plusieurs pays (je pense en particulier à Cuba) se sont spontanément rapproché du mouvement communiste international (et s’agissant de Cuba, de l’URSS). Enfin, nous avons l’expérience de pays comme l’Italie, où le Parti Communiste historique a disparu et où, là aussi, on se dispute pour le reconstituer, ce qui est très compliqué.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’une organisation de masse, c’est un organisme vivant, composé de dizaines de milliers (voire de millions) de liens vivants entre des personnes, avec les classes populaires, et qui accumule de l’expérience dans la lutte des classes. C’est comme un cerveau avec ses neurones et ses synapses. Le cerveau n’est pas composé que de neurones, l’élément essentiel que construit l’organisme dans l’apprentissage, ce sont les synapses, les liens entre les neurones. La vie du parti ne vient pas des idées qui elle-même tomberaient du ciel et que l’on devrait imposer par la propagande. Les idées se produisent, se transforment dans l’activité du parti, dans ces échanges vivant. Marx n’a pas inventé le marxisme, il l’a découvert. Il ne l’a pas découvert uniquement par des recherches philosophiques, mais aussi par l’observation mineutieuse de la société et de ses mouvements auxquels il n’a cessé de participer. Cela lui faisait dire qu’être communiste, ce n’est pas avoir des idées, c’est avoir la carte du parti communiste dans sa poche. Pour faire de nouvelles découvertes, il faut pratiquer, agir, lutter et ce sont les avancées de l’histoire qui valident ou invalident ces découvertes. Ainsi, le marxisme demeure vivant et scientifique.
Sined Reitnomud
Salut Daniel,
Si la mayonnaise du divorce entre le PCF et l’une des scories issues de ses propres cendres se résumait à la formule « se faire la gueule », il y a bien longtemps que cette dissonance se serait diluée plus ou moins virilement dans une martingale démocratique au centralisme prometteur.
Non, il s’agit là familièrement de la énième dispute entre les compagnons dits « réformistes » et les camarades qui s’affirment « révolutionnaires » ;
Communards / Versaillais, CGT / CGTU , SFIO / PCF… ultime resucée actuelle du Congrès de Tour de décembre 1920.
Une histoire plus que centenaire déjà récurrente sous 1848 et la Commune de Paris, la guerre de 14 et plus tard le PPF des années 40, la scission CGT/CGT FO, les guerres coloniales, etc.
L’émancipation et l’affranchissement de la classe ouvrière, de l’union populaire, des couches laborieuses se sont régulièrement embringués entre ceux qui adoubent la gestion d’un « Capitalisme à visage humain » débonnaire et bourgeois et ceux qui guerroient pour la « suppression du patronat et du salariat » et la révolution d’un Monde Nouveau au service de l’élargissement et de la désaliénation des masses laborieuses.
Ces divergences portent les germes de confrontations assassines.
Elles convergent sans relâche vers des discordes fratricides sauvages, des guerres civiles cruelles et sanguinaires.
Ce ne sont pas de simples « prises de gueule ». Loin de là.
Les uns sombrent dans les affres d’une petite bourgeoisie sculptée au cœur du marbre social-démocrate tendance notaire de province alors que les autres survivent tant bien que mal au son du syndrome du groupuscule érudit et du caporalisme.
Le prolo a plus ou moins disparu dans les deux cas ! Il y a là un symptôme qui ne trompe pas.
L’Histoire va bien finir hélas par trancher le débat et sonner le gong de fin de partie (momentanément) au bénéfice du vainqueur du dernier round.
Si la raison ne l’emporte pas, le propre de l’Homme risque bien d’en prendre un sérieux coup !
Sans oublier de noter bien sûr la chimère capitaliste tapie dans l’ombre de tout un chacun au plus profond de nos entrailles: le consumérisme et la société de consommation au summum de son art du brouillage des cartes et de la petite corruption familiale.
Courage. Ne fuyons pas !
Malheur aux vaincus !
Hasta la Victoria Siempre !
Sined Reitnomud