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Chine – Le pari perdant de l’Empire sur l’Ukraine : pourquoi les bombes et les sanctions n’ont pas écrasé la Russie

global times, le tabloïd officiel de la Chine a publié cette opinion signée par Marco Fernandes, cela veut non seulement dire que la Chine s’y intéresse mais que les Chinois la trouvent pertinente par rapport à leur propre analyse. Traduisons : non seulement les Chinois pensent que la victoire de l’OTAN et des USA ne serait pas bonne pour la paix et l’équilibre de la planète, mais ils considèrent que les Russes vont gagner parce que déjà s’est mis en place une organisation économique et politique qui contourne l’hégémonie des Etats-Unis et de l’occident. Il est clair mais nous y reviendrons demain que les choix économiques sont conçus y compris pour faire face non seulement à l’agressivité des Etats-Unis mais à leur effondrement. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete) OPINION / POINT DE VUEPublié: 11 mars 2023 02:08   Illustration : Chen Xia/GT

Illustration : Chen Xia/GT

Les deux principaux outils des États-Unis et de leurs alliés pour écraser les pays qui osent défier leur hégémonie sont leurs forces armées et leurs sanctions économiques. Depuis la fin de la guerre froide en 1991, les États-Unis ont mené 251 interventions militaires (contre 218 opérations au cours des 200 années précédentes). Mais avec l’OTAN, les États-Unis se sont habitués à envahir et à dévaster des pays avec peu de capacité de défense militaire, comme l’Irak, l’Afghanistan, la Libye et la Syrie. Cependant, ils n’ont pas été en mesure de contrôler ces pays. Quelque chose de similaire se produit dans le cas des sanctions: plus de 20 pays sont actuellement sous sanctions de la Maison Blanche, et certains des pays les plus fragiles ont vu leur économie anéantie, comme le Venezuela, Cuba, l’Irak et le Zimbabwe. Bien que l’objectif du « changement de régime » ait rarement été atteint, le résultat est toujours tragique pour le peuple. Aucune de ces tactiques n’a fonctionné contre la Russie.

Les forces armées russes sont puissantes et bien entraînées, et sa capacité industrielle est immense. Le pari occidental de fournir des armes à l’Ukraine – bien que très rentable pour l’industrie de guerre américaine – commence déjà à se heurter au manque de capacité industrielle des pays de l’OTAN. Au cours des quatre premiers mois du conflit, la Russie a utilisé plus de missiles que les États-Unis ne sont capables de produire en un an.

Selon une étude du Center for Strategic International Studies, le stock de missiles américains est déjà faible. L’appel récent du chancelier allemand Olaf Scholz aux pays d’Amérique latine pour qu’ils envoient des munitions à l’Ukraine – unanimement refusé par les présidents de la région – montre des signes des difficultés croissantes de l’OTAN.

Selon l’Ukraine Support Tracker, environ 143,6 milliards de dollars (au 15 janvier 2023) ont déjà été affectés à l’Ukraine, dont 44,3 milliards de dollars pour des armes déjà envoyées ou financées par les États-Unis. Depuis la guerre du Vietnam, le complexe militaro-industriel américain n’a pas gagné autant d’argent, mais le mois dernier, la Maison Blanche elle-même a averti que ses ressources pour soutenir l’Ukraine ne sont pas infinies.

Jamais auparavant dans l’histoire un pays n’a subi autant de sanctions que la Russie, qui en est la cible par des milliers. Même avec plus de 300 milliards de dollars de ses réserves internationales gelées – peut-être le plus grand vol « légalisé » de l’histoire – en plus de subir de sévères restrictions commerciales et financières, l’économie russe a été moins touchée que ce à quoi l’Occident s’attendait. Son PIB n’a reculé que de 2,2% en 2022, une sorte d’exploit pour un pays dans ces conditions.

Cible de sanctions depuis 2008, la Russie préparait déjà des anticorps économiques pour se défendre contre de nouvelles attaques. Mais surtout, on ne peut pas facilement dévaster un pays qui possède une énorme quantité de ressources naturelles stratégiques, produit beaucoup de nourriture et d’engrais, et possède une industrie aussi puissante.

En outre, le petit nombre de pays qui appliquent aujourd’hui des sanctions contre la Russie (alliés des États-Unis) ne représente que 25% du PIB mondial. Les 75% restants veulent ou doivent commercer avec les Russes.

La Chine, par exemple, a augmenté son commerce avec la Russie de 34,3% depuis 2022 (à 190 milliards de dollars), tandis que l’Inde est devenue le plus grand acheteur de pétrole russe et a presque quintuplé son commerce avec le pays eurasien au cours de la dernière année. Les trois pays sont partenaires des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai, les piliers d’un mouvement croissant de pays du Sud à la recherche d’une plus grande voix dans la détermination de leur avenir et de celui de la planète.

L’European Council of Foreign Relations vient de publier un sondage sur l’opinion publique dans les pays de l’axe États-Unis-Europe, plus la Chine, l’Inde, la Russie et la Turquie (membre de l’OTAN). Même après un an d’une campagne médiatique occidentale constante pour diaboliser la Russie, la plupart des habitants de ces quatre pays du sud, soit environ trois milliards de personnes, veulent que la guerre se termine le plus tôt possible, même si cela signifie accepter le contrôle russe du territoire qui appartenait auparavant à l’Ukraine.

En outre, 80% des Indiens, 79% des Chinois et 69% des Turcs pensent que la Russie est un « allié » ou un « partenaire nécessaire », la plupart des Indiens considérant les Russes comme des « alliés », tandis que la plupart des Turcs les considèrent comme des « partenaires nécessaires ».

La plupart des pays africains n’ont pas oublié le rôle de l’Union soviétique dans leurs luttes anticoloniales contre les puissances européennes et entretiennent d’excellentes relations économiques et politiques avec Moscou à ce jour. L’année dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenté de convoquer une réunion avec l’Union africaine, mais seuls quatre pays se sont présentés.

À ce stade, l’offensive des États-Unis et de leurs alliés contre la Russie a accru la prise de conscience parmi les pays du Sud qu’il est nécessaire de renforcer les initiatives régionales et mondiales qui ne sont « pas alignées » avec l’hégémonie occidentale.

Sans surprise, de plus en plus de pays ont créé des mécanismes alternatifs à l’utilisation du dollar américain – si souvent utilisé par Washington comme une « arme de destruction massive ». La Chine a déjà conclu des accords pour l’utilisation des monnaies locales avec environ 25 pays, et les pays des BRICS étudient la mise en œuvre d’un mécanisme qui leur permettrait de contourner le dollar. Plus de 20 pays ont déjà exprimé leur intérêt à rejoindre l’OCS ou les BRICS au cours des derniers mois.

Dans un récent élan de sincérité, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’il était choqué par la perte de crédibilité de l’Occident dans les pays du Sud. Mais il y a quelques jours, il a lui-même choqué le monde en critiquant avec arrogance le président de la République démocratique du Congo devant les caméras de télévision. L’attitude du président français révèle un profond paternalisme, de Washington à Bruxelles, façonné par des siècles de colonialisme et d’impérialisme. Certaines choses ne changent jamais, mais le monde a définitivement besoin et commence à façonner un nouvel ordre.

L’auteur est chercheur au Tricontinental: Institute for Social Research, co-éditeur de Dongsheng Collective, organisateur de la campagne No Cold War. Opinion@globaltimes.com.cn

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