Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

À l’occasion du 30e anniversaire de la renaissance du parti

L’incurie intellectuelle occidentale refuse de voir que derrière leur fantasme du dictateur belliciste russe que serait Poutine, il y a une opinion publique qui de fait est majoritaire et qui n’a jamais accepté le dépeçage de l’URSS, la tragédie au quotidien que cela a été pour les peuples, l’humiliation. Poutine qui est en fait l’équivalent d’un De Gaulle, un conservateur, homme des oligarques, était en fait prêt à pactiser. Mais il en n’est pas de même des communistes pour qui ce qui se passe en Ukraine et dans toute l’Europe est l’organisation par l’OTAN et par l’impérialisme de guerres civiles. Ils prennent bien garde de ne pas confondre les peuples y compris ukrainiens avec les contrerévolutionnaires qui les dirigent. C’est sur ces bases que le PCUS au départ interdit s’est reconstitué et est devenu la deuxième force du pays. En France, une des erreurs ou pire des communistes français pris dans l’impasse de l’eurocommunisme a été de ne pas entendre ce que disait un dirigeant de l’envergure de Ziouganov. Aujourd’hui cela les condamne à ne pas ancrer leur exigence de paix dans les mouvements qui secouent l’Europe de Brest à l’Oural. Les peuples pour qui l’Europe a représenté la mise en concurrence des travailleurs n’en peuvent plus, dans les ex-pays socialistes qui ont été démembrés comme l’URSS, montent à la fois de nouveaux déchirements encouragés par l’OTAN et dans le même temps l’exigence de la fin des guerre civiles, la fraternité retrouvée entre Serbes et Croates, Russes et Ukrainiens. Mais pour cela il faut que le capital, l’impérialisme soit vaincu comme Hitler l’a été et comme le dit ici Ziouganov il faut que renaissent les partis communistes. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://kprf.ru/party-live/cknews/216313.html

Message de Guennadi Ziouganov aux citoyens de Russie, aux communistes et aux partisans du KPRF.

Chers camarades ! Chers amis et compagnons d’armes !

Nous venons de célébrer le 100e anniversaire de la fondation de l’URSS. Aujourd’hui, les communistes russes ont rendez-vous avec une date importante. La renaissance de notre parti marque ses 30 ans.

En 1991, la clique traîtresse a décidé de piller les biens nationaux et de liquider le grand héritage soviétique. Pour que personne ne puisse l’empêcher, un décret a été pris pour interdire le parti communiste. Nos structures ont été démantelées, leur personnel licencié et les biens saisis. Ceux qui ont pris le pouvoir se sont empressés de se débarrasser de l’organisation de la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse.

L’alliance des forces réactionnaires a ouvert la voie au principal crime du vingtième siècle – la destruction de l’URSS. En décembre de la même année, la trahison perfide s’est perpétrée dans la forêt de Belovej. Les traîtres n’étaient pas gênés de la petitesse de leur action. Ils ont piétiné la mémoire des bâtisseurs d’une nouvelle société. Des héros de la lutte contre le fascisme. Des exploits de ceux qui ont élevé notre patrie aux sommets de l’espace et l’ont rendue vraiment grande. Les travailleurs ont été spoliés et jetés dans les bras des criminels, dans l’abîme de l’appauvrissement et du vide spirituel.

Il était honteux et impossible de se taire et de tolérer. Nous nous souvenions bien que nous étions nés dans un pays magnifique et héroïque. Un pays qu’on ne pouvait s’empêcher d’aimer. Dès les premières années de notre vie, nous en avons été assurés par le regard doux de notre mère, les mains fortes de notre père et la parole pleine de sollicitude de notre premier professeur. Nous avons grandi et mûri. Nous avons appris à connaître le monde. Nous étions imprégnés de la conviction que nous devions construire, combattre et gagner au nom de notre patrie.

Les leçons de l’histoire nous ont appris à rêver de justice, à nous battre pour la vérité et à ne pas supporter le mal. Nous avons grandi pour être capables de céder mais pas de se soumettre, de battre en retraite mais pas de trahir, de perdre mais de reprendre des forces et d’aller au combat – pour la dignité humaine, pour la sueur salée des travailleurs, pour le droit de rendre le monde meilleur, plus honnête et plus beau.

Des éducateurs éclairés et la vérité de la vie elle-même ont fait de nous des communistes. En avançant, nous en avons appris de plus en plus sur le marxisme et sommes devenus convaincus de la justesse bolchevique et du génie léniniste. Trahir la patrie soviétique signifiait pour nous rejeter tout ce qui était le plus lumineux et le plus sacré.

Les communistes n’ont pas toléré l’interdiction du Parti et ont continué à agir. Ils ont œuvré collectivement. Ils se sont battus dans les rues. Ils ont publié des journaux et des tracts. Ils ont travaillé avec les vétérans et les jeunes, avec les vrais patriotes. L’espoir des parjures de détruire l’idée de justice ne s’est pas réalisé.

Nous croyons fermement que le jugement de l’Histoire sera strict et juste, il appréciera le parcours de notre Parti, son rôle dans le destin de la Patrie, dans la protection des travailleurs et la sauvegarde du peuple.

Pendant le déchaînement des années Eltsine, nous avons sauvé l’honneur des communistes, leur droit de défendre leurs idéaux sous le drapeau rouge. En suivant la procédure de la Cour constitutionnelle, nous avons préservé notre idéologie et les meilleures valeurs du peuple contre les interdictions directes et les persécutions. Nous avons empêché que des millions de communistes soient lustrés et emprisonnés pour cause de dissidence. Nous avons préservé les bases de la lutte pour les droits politiques, sociaux et économiques des travailleurs, pour gagner les esprits et les cœurs de nos concitoyens.

Après une trahison sans précédent, après avoir traversé des épreuves, nous avons défendu le droit de restaurer notre Parti. Le travail s’est intensifié dans tout le pays. Les 13 et 14 février 1993, le congrès fondateur a eu lieu. Ses délégués ont proclamé à l’unanimité : le Parti communiste de la Fédération de Russie part au combat !

Ayant relancé notre organisation et nous appuyant sur les masses, nous n’avons pas permis que notre parti soit relégué aux marges de la vie politique. Nous en avons fait le plus fort de l’espace ex-soviétique. Nous avons formé l’Union des partis communistes. Nous avons renforcé nos liens avec toutes les forces progressistes du monde.

Le KPRF a défini avec précision les objectifs de chaque étape de la lutte pour le pouvoir et une vie décente pour ses citoyens. En regardant au-delà de l’horizon, nous avons analysé la dynamique de la crise toujours plus aiguë du capitalisme, évalué les nouvelles menaces qui pèsent sur notre pays, pesé nos capacités et nous sommes partis au combat.

Nous avons doté nos partisans d’un matériel de propagande de haut niveau, un programme pour la renaissance et le développement du pays. Nous avons obtenu le soutien de scientifiques et de praticiens lors du Forum économique d’Orel. Nous avons exigé que les oligarques soient freinés et que les ressources naturelles du pays soient transférées au peuple. Nous ont transmis aux citoyens nos évaluations de principe de tous les événements les plus importants. Nous avons initié l’impeachment de Yeltsin. Désigné nommément les auteurs de crimes contre le pays et son peuple. Nous nous sommes battus pour les droits des citoyens dans les rues, pour des élections équitables, pour le triomphe du pouvoir populaire.

Tout au long de ces 30 années, les communistes ont été à l’avant-garde de la lutte des travailleurs contre les réformes destructrices, l’appauvrissement des ouvriers et des paysans, des anciens combattants et des jeunes. Nous avons lutté contre la “monétisation des prestations”, les augmentations de prix et les extorsions, et la “réforme des retraites” prédatrice. Nous avons défendu l’Académie des Sciences de Russie. Nous avons protesté contre l’humiliation des défenseurs de la patrie et le sabotage de l’armée. Lutté avec acharnement pour la renaissance du Komsomol et des Pionniers.

La grande expérience de la création a enrichi notre pratique politique et managériale. Le gouvernement de centre-gauche Primakov-Maslioukov-Gerashchenko a tiré le pays du bord de l’abîme après le défaut de paiement. Ce gouvernement a démontré la validité de nos approches programmatiques. L’expérience des communistes à Novossibirsk, dans les régions d’Irkoutsk, d’Orel et d’Oulianovsk, et dans la République de Khakassie est une condition préalable essentielle à la formation du gouvernement de la confiance du peuple.

Toutes ces années, nous avons soutenu et protégé les entreprises collectives, en mettant en valeur leur expérience. Les entreprises populaires sont devenues les meilleurs exemples de travail honnête et efficace et d’optimisme social. Leurs succès sont le résultat direct de la combinaison du talent des organisateurs avec les dernières technologies, d’une discipline consciente et du souci des travailleurs et de leurs familles.

Le KPRF a défendu sans relâche la sécurité et la souveraineté de la Russie. Dans la confrontation avec la machine d’État oligarchique, nous n’avons pas permis que la Russie soit complètement bradée. Notre persévérance a permis de sauver les complexes de missiles, de l’espace et de l’aviation. Nous avons empêché l’établissement d’une base de l’OTAN près d’Oulianovsk et les exercices conjoints avec l’armée américaine près d’Arzamas. Nous avons défendu avec confiance nos amis et la justice historique en Ukraine et au Belarus, dans le Caucase et en Crimée, à Donetsk et à Lougansk. Nous avons expédié plus de cent convois humanitaires pour aider la population de Novorossia.

Notre parti s’est immédiatement élevé contre le déferlement d’antisoviétisme et de russophobie, contre les tentatives de dénigrer les grandes réalisations de la patrie socialiste. Comme la prunelle de nos yeux, nous avons gardé le “gène rouge”, préservé les valeurs de camaraderie et de collectivisme, la haute spiritualité et la continuité historique. Nous nous sommes battus pour rendre à Stalingrad son fier nom. Pour la préservation de l’aspect historique de la Place Rouge.

Toutes ces années, le parti communiste s’est battu pour sauver les traditions de l’école nationale et pour préserver le grand héritage culturel. Aujourd’hui encore, nous tenons bon face aux antisoviétiques agressifs, aux russophobes cyniques, aux nationalistes sans tête et aux cosmopolites trompeurs. Patriotisme et internationalisme sont pour nous indissociables.

Nous avons parcouru un long chemin – à travers les défaites et les victoires, les pertes et les espoirs. Il est arrivé que quelqu’un ne supporte pas le chantage et la tentation, le chantage des tueurs d’informations, l’arbitraire de la police et les représailles judiciaires. Mais le parti a avancé, s’est endurci et a acquis l’expérience de la lutte des classes. Le KPRF accueille dans ses rangs de nouvelles générations de communistes, les éduque et leur confie les sections et les postes les plus responsables.

De grandes tâches, de formidables défis et de vastes horizons vous attendent. Nous n’abandonnerons pas et ne reculerons pas dans la lutte. Avec nos amis et alliés, nous poursuivons la grande bataille pour notre patrie soviétique, puissance de bonté, de justice et de progrès.

Nous ne suivons pas ce chemin épineux par obstination ou par nostalgie du bon vieux temps.

Nous sommes profondément convaincus de la justesse de notre cause.

Nous savons que l’humanité a gagné le droit à un avenir meilleur en surmontant un long chemin d’angoisse et de souffrance.

Nous sommes bien conscients que la tyrannie du capital se prépare à une bataille décisive pour perpétuer sa domination. Et nous ne pouvons en aucun cas accepter cela.

Nous, communistes, maintenons qu’il n’y a qu’un seul moyen de détruire les plans d’un camp de concentration mondial. Il est nécessaire pour cela d’assurer la victoire du socialisme !

Pour cela, nous continuerons à nous battre de manière constante et résolue !

Notre mission est d’exprimer la douleur et les attentes des travailleurs, leurs aspirations et leurs espoirs, leur volonté et leur droit à une vie décente et heureuse.

Pour cela, nous continuerons à porter fièrement le drapeau rouge de la victoire – le drapeau de la vérité et de la justice !

Chers camarades ! Membres du Parti et sympathisants !

Notre lutte sacrée continue ! À l’occasion du 30e anniversaire de la renaissance du Parti, nous, les communistes, déclarons fermement : Nous ferons tout pour briser les chaînes de l’oppression, pour établir le pouvoir des travailleurs et les idéaux d’amitié entre les peuples !

Le socialisme triomphera !

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2 Commentaires

  • Chabian
    Chabian

    La “forêt de Bélovej”, ce sont les “accords de Minsk” de démantèlement de l’URSS et de création de la Communauté des Etats indépendants. Et J’ai trouvé votre note d’introduction claire et nette !

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  • Michel Berdagué
    Michel Berdagué

    Un très beau texte et une excellente analyse où le matérialisme historique est manifeste . A méditer sur : ”  Nous avons empêché l’établissement d’une base de l’OTAN près d’Oulianovsk et les exercices conjoints avec l’armée américaine près d’Arzamas. …” ; là une des Luttes principales ! Avec bonheur une vraie Résistance et une Victoire ! Et là la grande avancée signifiante et de classe : ” Patriotisme et internationalisme sont pour nous indissociables….” que tout communiste doit porter au plus profond du matérialisme dialectique pour une avancée significative , pour l’ Histoire ..

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