Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sur l’idée de révolution chez Lénine, par Jean Salem

A propos de la transition de la transition, c’est-à-dire la question de la prise du pouvoir, nos analyses doivent être approfondies. Je crois que toutes ces analyses évitent le fondamental du contexte actuel, sinon la guerre civile, à tout le moins la montée des luttes dont le but dépasse nettement la revendication officielle comme dans le cas des retraites. Là il faut distinguer ce qui relève de l’entente au sommet entre organisations. Une unité événementielle, dans laquelle il est nécessaire de donner un objectif précis justement pour que chaque composante puisse jouer son rôle: de ce point de vue il faut souligner la pertinence politique de Fabien Roussel (le fait que son opposition interne au PCF parmi tant d’incohérence n’arrive pas à voir que c’est au moment où le PCF affirme son autonomie qu’il réussit à participer à un vaste mouvement unitaire, chose dont Pierre Laurent s’est montré incapable) qui propose un objectif politique comme le referendum et des meetings communs sans le patronage encombrant de la NUPES. Mais il faut dans le même temps aller plus loin dans la mise en évidence du facteur d’unité de divers mouvements sur le plan politique structurel qui chacun à leur manière posent la question du changement de société : la foule qui se rassemble va au-delà de la revendication dans un mécontentement global et diffus. Des formes de lutte posent le problème de la relation entre Etat, propriété et citoyenneté, je pense à l’électricité délivrée à tarif réduit aux boulangers par la CGT 13, comme à la proclamation anti-guerre de la CGT du Val de Marne, et dans ce domaine du “politique” qui met en cause le “droit” d’un point de vue historique, pointe ce qui demeure qu’on le veuille ou non une révolution. Quel rôle joue la guerre à l’intérieur de la guerre impérialiste comme “accoucheuse” de l’histoire ? Limiter cette question à la violence révolutionnaire et à des images d’épinal fait partie de la propagande contrerévolutionnaire, mais mesurer à quel point la guerre aide et accélère la manière dont la nécessité d’un changement de pouvoir et de société devient force matérielle est incontournable.. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

Jean Salemp. 349-360TEXTENOTESAUTEUR

TEXTE INTÉGRAL

  • 1 Paris-Moscou, Éditions sociales et Éditions du Progrès, 1966-1976, 47 volumes. Nous écrirons désor (…)

1Concernant l’idée de révolution, cinq thèses principales nous paraissent ressortir d’un examen systématique des Œuvres complètes de V. I. Lénine1.

1. LA RÉVOLUTION EST UNE GUERRE ; ET LA POLITIQUE EST, DE MANIÈRE GÉNÉRALE, COMPARABLE À L’ART MILITAIRE

  • 2 L’État et la Révolution, chap. VI, 2 [août-septembre 1917], OC, t. XXV, p. 520.
  • 3 Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, § 2 [juillet 1905], OC, t. (…)

2Lénine a repris très volontiers à son compte la déclaration de Kautsky, qui avait écrit en 1909 dans sa brochure intitulée le Chemin du pouvoir : « L’ère des révolutions commence2. » Quelques semaines après la révolte du cuirassé Potemkine, en 1905, Lénine avait d’ailleurs lui-même annoncé la fin de la « longue période de réaction politique presque ininterrompue » qui avait prévalu en Europe depuis l’écrasement de la Commune de Paris3.

  • 4 Cf. Le socialisme et la guerre (L’attitude du Parti ouvrier social-démocrate de Russie à l’égard d (…)
  • 5 « La Révolution en Russie et les tâches des ouvriers de tous les pays » [12 (25) mars 1917 ; 1re p (…)

3• Au lendemain de la révolution « bourgeoise » de février 1917, les prévisions des socialistes, qui ne s’étaient pas laissés « griser par la mentalité belliciste, sauvage et bestiale », se trouvèrent en effet justifiées. Le Manifeste adopté en 1912 à la conférence socialiste de Bâle avait explicitement invoqué le précédent de la Commune de Paris, c’est-à-dire la transformation d’une guerre de gouvernements en guerre civile4. Or la guerre inter-impérialiste avait bel et bien commencé de se transformer en guerre civile, c’est-à-dire en « une guerre […] des travailleurs et des opprimés contre leurs oppresseurs, contre les tsars et les rois, contre les propriétaires fonciers et les capitalistes, pour délivrer complètement l’humanité des guerres, de la misère des masses, de l’oppression de l’homme par l’homme ! C’est aux ouvriers russes, ajoutait Lénine, que sont échus l’honneur et la joie de déclencher les premiers la révolution, c’est-à-dire la grande guerre, la seule guerre juste et légitime5 ».

  • 6 Le socialisme et la guerre, OC, t. XXI, p. 309.
  • 7 Ibid., t. XXI, p. 309.
  • 8 Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, « Comment on trompe le peuple avec les mot (…)
  • 9 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 67.

4En effet, « il y a guerre et guerre ». L’histoire a connu maintes guerres qui furent « progressives », c’est-à-dire utiles au développement de l’humanité6 : guerres de la classe opprimée contre celle qui l’opprime, des esclaves contre les propriétaires d’esclaves, des paysans serfs contre les seigneurs terriens, etc.7 Et, bien entendu, une guerre révolutionnaire, « c’est aussi une guerre, c’est une chose aussi pénible, sanglante et douloureuse8 ». En tout état de cause, les adversaires de la révolution ne manqueront pas de rivaliser en matière d’indignation sélective : « La bourgeoisie impérialiste internationale a fait exterminer 10 millions d’hommes et estropier 20 millions d’autres dans “sa” guerre, déchaînée pour savoir qui, des rapaces anglais ou allemands, dominera le monde. Si notre guerre, la guerre des opprimés et des exploités contre leurs oppresseurs et leurs exploiteurs, entraîne un demi-million ou un million de victimes dans tous les pays, la bourgeoisie dira que les premiers sacrifices étaient légitimes et les seconds criminels9. »

  • 10 « À propos du “programme de paix” » [Le Social-Démocrate, no 52, 25 mars 1916], OC, t. XXII, p. 17 (…)
  • 11 « À propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe » [Le Social-Démocrate, no 44, 23 août 1915], OC (…)
  • 12 « La situation et les tâches de l’Internationale » [Le Social-Démocrate, no 33, 1er nov. 1914], OC (…)

5• La guerre (et celle de 14, en tout premier lieu !) est la continuation, par les moyens de la violence, de la politique menée par les classes dominantes des puissances belligérantes bien avant l’ouverture des hostilités10. Elle n’est nullement en contradiction avec les principes de la propriété privée ; elle en est plutôt le « développement direct et inévitable11 ». Elle constitue même une forme aussi naturelle de la vie capitaliste que la paix12.

  • 13 La faillite de la IIe Internationale [1915], OC, t. XXI, p. 214.
  • 14 « Nouveaux objectifs, forces nouvelles » [Vperiod, no 9, 23 février (8 mars) 1905], OC, t. VIII, p (…)
  • 15 IVe Congrès de l’Internationale communiste, 2 : « Cinq ans de révolution russe et les perspectives (…)
  • 16 IVe Congrès extraordinaire des Soviets de Russie, chap. II : « Rapport sur la ratification du trai (…)
  • 17 « La tâche principale de nos jours » [11 mars 1918], OC, t. XXVII, p. 163-165.
  • 18 Cf. cette déclaration de Barère, après que la Convention eut voté par acclamation la guerre à l’Es (…)

6Symétriquement, lorsqu’il parle du parti ouvrier, Lénine se plaît à recourir à des métaphores militaires. Les partis socialistes ne sont pas des clubs de discussion, en effet, mais des organisations du prolétariat en lutte13 ! Une époque révolutionnaire est pour la social-démocratie « ce que le temps de guerre est pour une armée14 », etc. Lénine présente-t-il, à la fin de l’année 1922, les premiers résultats de dix-huit mois de NEP (Nouvelle Politique Économique) ? Il évoque spontanément la nécessité, pour les bolcheviks, de toujours savoir se ménager une « retraite ». Or le capitalisme d’État constitue précisément une telle « ligne de retraite », une position de repli, pour qui a prétendu « passer tout de suite » aux formes purement socialistes de l’organisation du travail15. Enfin, touchant la conduite d’opérations authentiquement militaires, Lénine avait justifié avec un même réalisme tactique la paix signée à Brest-Litovsk : « Aussi précaire, aussi courte, pénible et humiliante que soit la paix », cette paix, déclarait-il alors, vaut mieux que la guerre ; car elle permet aux masses populaires de « souffler16 ». Aussi fustigeait-il alors les déclamations selon lesquelles « une paix accablante est un abîme de perdition, tandis que la guerre serait le chemin de la vaillance et du salut17 »: Lénine imitait en cela, notons-le, le réalisme lucide d’un Robespierre, lequel avait, dans des circonstances analogues, laissé aux Girondins ou à un Barère le privilège des déclarations à l’emporte-pièce et des propos de boutefeux18.

2. UNE RÉVOLUTION POLITIQUE EST AUSSI ET SURTOUT UNE RÉVOLUTION SOCIALE, UN CHANGEMENT DANS LA SITUATION DES CLASSES EN LESQUELLES LA SOCIÉTÉ SE DIVISE

  • 19 La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier, V [avril 1906], OC, t. X, p. 254.
  • 20 Programme agraire de la social-démocratie dans la première révolution russe de 1905-1907, OC, t. X (…)
  • 21 Cf Journées révolutionnaires, I [Vperiod, no 4, janvier 1905], OC, t. VIII, p. 98.
  • 22 Contre le boycottage, V [1907], OC, t. XIII, p. 31-32. À propos de « super- » et d’« infrastructur (…)

7• Durant le « tourbillon révolutionnaire », une « colère accumulée pendant des siècles » s’extériorise en actions, et non en paroles, en actions de millions de gens, et non pas d’individus isolés19. À des décennies d’évolution dite « pacifique », « c’est-à-dire d’une évolution où des millions d’hommes se laissent pacifiquement tondre par les dix mille des étages supérieurs20 », succèdent des années au cours desquelles la vie devient extraordinairement riche21. C’est durant des périodes de ce genre que se créent les fondements de la nouvelle « superstructure » politique, laquelle se maintient longtemps ensuite sur la base de rapports de production rénovés22.

  • 23 « Changements dans la situation des classes » [Pravda, no 92, 27 juin 1917], OC, t. XXV, p. 136.
  • 24 « Comment les capitalistes cherchent à intimider le peuple », OC, t. XXIV, p. 450.
  • 25 « Changements dans la situation des classes », OC, t. XXV, p. 135.

8Ainsi la révolution « bourgeoise » du 27 février 1917 a-t-elle fait passer le pouvoir des mains des féodaux de la propriété foncière (Nicolas II en tête) à celles de la bourgeoisie. Et, quand la révolution russe alla plus loin, jusqu’à l’abolition complète de la monarchie et à la création des Soviets de députés ouvriers, soldats et paysans, cette bourgeoisie libérale « devint franchement contre-révolutionnaire23 ». En d’autres termes, « la révolution du 27 février fut aussi une révolution sociale24 ». Et, de façon plus générale, toute révolution politique, toute révolution véritable – qui ne se réduit pas à une simple relève de coteries – se ramène à un « changement dans la situation des classes » en lesquelles la société se divise25.

  • 26 « Deux tactiques » [article paru dans Vperiod, no 6, 1er février 1905] ; OC, t. VIII, p. 148. Cf. (…)
  • 27 « Pour bien juger de la révolution russe » [publ. le 19 mars 1908, dans la revue polonaise Przegla (…)
  • 28 Ibid., t. XV, p. 55 et 58.

9• À vrai dire, le changement dans les rapports sociaux avait commencé en Russie dès l’abolition du servage, c’est-à-dire dès 1861. Or, près de cinquante ans plus tard, l’autocratie tsariste était demeurée pratiquement inchangée, toujours plus « vétuste » en regard de ce bouleversement qui avait introduit le capitalisme dans les campagnes26. Il peut y avoir et il y a eu des révolutions bourgeoises dans lesquelles la bourgeoisie commerçante ou commerçante-industrielle a joué le rôle de principale force motrice – quitte à laisser la paysannerie et l’élément plébéien des villes fournir les armées qui soutinrent le combat de la bourgeoisie jusqu’à sa victoire. Tel fut le cas pendant la Réforme en Allemagne et la Guerre des paysans du xvie siècle ; pendant la Révolution anglaise du xviie siècle ; et, plus encore, en France en 179327. Mais, affirme Lénine, il en va tout autrement en Russie. Car « la prédominance de la population paysanne, l’oppression effrayante que font peser sur cette population les gros propriétaires fonciers semi-féodaux, la force et le niveau de conscience du prolétariat déjà organisé en parti socialiste » y constituent autant de faits qui donnent un « caractère particulier » à la révolution bourgeoise russe. Aussi cette conjoncture originale fait-elle de la dictature du prolétariat et de la paysannerie une « nécessité » absolue pour parvenir à la victoire dans une telle révolution. Car, dans un tel pays, la bourgeoisie est presque d’emblée contre-révolutionnaire ; et, dans un tel pays, sans la direction ou l’initiative du prolétariat, la paysannerie ne serait… presque « rien28 ».

3. UNE RÉVOLUTION EST FAITE D’UNE SÉRIE DE BATAILLES. C’EST AU PARTI D’AVANT-GARDE DE FOURNIR À CHAQUE ÉTAPE UN MOT D’ORDRE ADAPTÉ À LA SITUATION OBJECTIVE ; C’EST À LUI DE RECONNAÎTRE LE MOMENT OPPORTUN POUR L’INSURRECTION

  • 29 À savoir : 1°/ 1905-1907 ; 2°/ février 1917 ; 3°/ octobre 1917.
  • 30 La maladie infantile du communisme (Le « gauchisme »), chap. IX [1920], OC, t. XXXI, p. 80-81.

10• La « loi fondamentale de la révolution », écrit Lénine en 1920 – loi confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du xxe siècle29 –, « la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. […] C’est seulement lorsque “ceux d’en bas” ne veulent plus et que “ceux d’en haut” ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher30 ».

  • 31 « La dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie » [Vperiod, no 14, 12 avril 190 (…)
  • 32 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 64.
  • 33 Ibid., t. XXVIII, p. 64. La perspective Nevski, à Saint-Pétersbourg, est une artère rectiligne, lo (…)

11Il faut, à l’évidence, avoir « une idée enfantine de l’histoire », pour se figurer que « tout ira sans “bonds” comme sur une ligne droite lentement et régulièrement ascendante31 ». Celui qui n’admet la révolution du prolétariat qu’« à la condition » qu’elle se déroule avec facilité et sans heurt ; que l’action commune des prolétaires des différents pays soit acquise d’emblée ; que la révolution suive une voie large, dégagée, bien droite ; qu’on n’ait pas, en marchant à la victoire, à faire parfois les plus grands sacrifices, à « résister dans une forteresse assiégée » ou à se frayer un passage par d’étroits sentiers tortueux et pleins de périls, – celui-là « n’est pas un révolutionnaire », écrit V. Lénine32. Et de citer Tchernychevski, qui avait eu cette formule bien connue : « La marche de l’histoire n’est pas aussi rectiligne que la perspective Nevski33. »

  • 34 Que faire ? [mars 1902], OC, t. V, p. 528.
  • 35 Cf. « Le prolétariat révolutionnaire et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes » [vers octo (…)
  • 36 « Ceux qui sont effrayés par la faillite de l’ancien et ceux qui luttent pour le nouveau » [janv. (…)
  • 37 « Lettre ouverte à Charles Naine, membre de la Commission socialiste internationale à Berne » [déc (…)
  • 38 « La plate-forme de la social-démocratie révolutionnaire », II [Proletari, no 14 et 15, 4 et 25 ma (…)
  • 39 Ibid., t. XII, p. 215. Engels s’était ainsi exprimé dans une lettre à Turati, en date du 26 janvie (…)

12On ne saurait se représenter la révolution elle-même « sous la forme d’un acte unique34 ». Cette « série de batailles35 » pour des réformes économiques et démocratiques dans tous les domaines, cette transition du capitalisme au socialisme ressemblera plutôt, pour reprendre une formule de K. Marx, à une « longue période d’enfantement douloureux36 ». Pour l’heure, les sociaux-démocrates ne sont pas hostiles à la lutte en faveur des réformes ; mais ils la subordonnent à la lutte pour la révolution, écrit Lénine en décembre 191637. S’il est très vrai que, pendant les périodes ordinaires, les « concessions » faites par la classe qui détient le pouvoir servent fréquemment à duper et à corrompre38, il demeure que le parti de la classe ouvrière doit savoir ne pas renoncer à accepter des acomptes, pour reprendre un mot de Friedrich Engels39.

  • 40 « Deux tactiques » [Vperiod, no 6, 1re (14) février 1905], OC, t. VIII, p. 149. Il s’agit ici de l (…)
  • 41 « De certains traits de la désagrégation actuelle » [Proletari, no 32, 2 (15) juillet 1908], OC, t (…)
  • 42 « Une caricature du bolchevisme » [supplément au no 44 du Proletari, 4(17) avril 1909], OC, t. XV, (…)
  • 43 Le VIe Congrès extraordinaire des Soviets de députés ouvriers, paysans, cosaques et des soldats de (…)
  • 44 « Lettre aux membres du Comité central » [24 octobre (6 novembre) 1917 ; 1re publ. : 1924], OC, t. (…)

13• Quant à la date de la révolution populaire, elle « ne peut pas être fixée d’avance », concède Lénine au milieu d’une des très nombreuses polémiques qui l’opposent à d’autres membres du Parti social démocrate. Mais la date de l’insurrection, ajoute-t-il aussitôt, « peut être fixée, si ceux qui la fixent ont de l’influence sur les masses et savent apprécier le moment avec justesse40 ». Les « mots d’ordre », en effet, ne doivent pas être considérés comme des «talismans » donnés une fois pour toutes41. Pour les révolutionnaires, dira Lénine un peu plus tard, il ne suffit pas d’apprendre des mots d’ordre par cœur : « Il faut apprendre également à choisir le moment opportun pour les lancer42. » L’heure de la révolution, autrement dit, n’est pas prévisible. Et comme il appelle encore et encore de ses vœux une révolution mondiale qui pourrait venir à la rescousse des Soviets, il répète en novembre 1918 : « La révolution internationale est proche, mais il n’existe pas d’horaire d’après lequel elle puisse se dérouler43. » Toutefois, en période révolutionnaire, « ce serait le plus grand des crimes » que de « laisser échapper le moment44 ».

  • 45 « Les marxistes révolutionnaires à la conférence socialiste internationale (5-8 septembre 1915) » (…)
  • 46 « Sur notre révolution », A propos des mémoires de N. Soukhanov, II [1923], OC, t. XXXIII, p. 493.
  • 47 « Lettre aux membres du Comité central », OC, t. XXVI, p. 241.
  • 48 Cf. préface à la traduction russe des Lettres de K. Marx à L. Kugelmann [1907], OC, t. XII, p. 108 (…)

14Car les dirigeants ouvriers ne sauraient se borner, à la différence des libéraux ou des ennemis de la révolution, à reconnaître celle-ci une fois qu’elle a éclaté… C’est avant son avènement que les révolutionnaires en font comprendre la nécessité aux masses et leur en expliquent les voies et méthodes45. Et lorsque les conditions objectives d’une crise politique profonde sont réunies, alors ils doivent savoir créer l’occasion ou, tout du moins, ils doivent savoir la saisir. Napoléon, écrira Lénine au soir de sa vie, a dit : « On s’engage et puis… on voit. » C’est ce que nous avons fait46. « Attendre pour agir, c’est la mort », « il faut à tout prix régler cette affaire ce soir ou cette nuit » : c’est ce qu’il avait dit et redit, dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917, lorsque, depuis le Smolnyj, il avait lancé le mot d’ordre de l’insurrection contre un gouvernement provisoire déjà suspendu dans le vide47. Quant à ceux qui lui reprochaient alors son « aventurisme », il eût pu leur répondre en les renvoyant à ce mot de Marx : « Ce serait évidemment fort commode de faire l’histoire, si l’on ne devait engager la lutte qu’avec des chances infailliblement favorables48. »

4. LES GRANDS PROBLÈMES DE LA VIE DES PEUPLES NE SONT JAMAIS TRANCHES QUE PAR LA FORCE

  • 49 L’État et la Révolution, chap. I, 1 [juin-septembre 1917] ; OC, t. XXV, p. 419.
  • 50 Ibid., chap. II, 1 ; OC, t. XXV, p. 436.
  • 51 Cf. ibid., chap. I, 3 ; OC, t. XXV, p. 424. Il s’agit, en l’occurrence, d’une citation que Lénine (…)
  • 52 L’État et la Révolution, chap. I, 2 ; OC, t. XXV, p. 421.
  • 53 Cf la prolifération des polices ou autres milices privées, lesquelles constituent depuis de nombre (…)

15• Selon Marx, note V. Lénine, l’État crée un « ordre » qui « légalise et affermit » l’oppression d’une classe par une autre49. L’État, c’est «l’organisation de la violence destinée à mater une certaine classe50 ». L’État antique et l’État féodal, comme le soutint Engels, furent avant tout les organes à l’aide desquels les propriétaires d’esclaves, puis les nobles, purent mater et exploiter les esclaves et les serfs. De même, l’État représentatif moderne est l’instrument de l’exploitation du travail salarié par le capital51. L’armée permanente et la police, affirme encore Lénine, sont « les principaux instruments de la force du pouvoir d’État52 », – règle qui, notons-le au passage, peut souffrir des entorses très remarquables en période de mondialisation néolibérale53.

  • 54 L’État et la Révolution, chap. II, 3 ; OC, t. XXV, p. 445.
  • 55 « Une des questions fondamentales de la révolution » [Rabotchi Pout, no 10, 14 (27 septembre) 1917 (…)
  • 56 L’État et la Révolution, chap. II, 1 ; OC, t. XXV, p. 437.
  • 57 « Une des questions fondamentales de la révolution », OC, t. XXV, p. 398-406. Il n’est que de repe (…)
  • 58 Cf. la lettre de Marx à Kugelmann du 12 avril 1871, lettre écrite, comme on le voit, pendant la Co (…)

16C’est pourquoi, pouvons-nous lire dans L’État et la Révolution, celui qui « reconnaît uniquement la lutte des classes n’est pas pour autant un marxiste ». Celui-là seul mérite ce nom qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat54. Pour le dire à peine autrement, la question du pouvoir est la question « la plus importante de toute révolution55 ». Car le prolétariat a besoin du pouvoir d’État, d’une organisation centralisée de la force, aussi bien pour réprimer la résistance des exploiteurs que pour diriger la grande masse de la population dans la « mise en place » de l’économie socialiste56. Cet appareil d’État, note Lénine, peut servir une bourgeoisie républicaine en instituant une république qui est une « monarchie sans monarque », comme la IIIe République en France, mais il est « absolument incapable d’appliquer des réformes, ne disons pas abolissant, mais même rognant ou limitant effectivement les droits du capital, les droits de la “sacro-sainte propriété privée”57 ». L’idée de Marx était que la classe ouvrière doit briser, démolir (zerbrechen) la « machine de l’État toute prête », la machine bureaucratique et militaire, et non pas se borner à en prendre possession58.

  • 59 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 263.
  • 60 Ibid., t. XXVIII, p. 262.
  • 61 « Sur le gouvernement révolutionnaire provisoire » [Proletari, no 2 et 3, 21 et 27 mai 1905], OC, (…)
  • 62 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 260. Voir F. Engels : « Über (…)

17Il est de règle, déclare Lénine, que, « dans toute révolution profonde, les exploiteurs conservant durant des années de gros avantages réels sur les exploités, opposent une résistance prolongée, opiniâtre, désespérée59 ». Il leur reste, en effet, « l’argent (impossible de le supprimer d’un coup), quelques biens mobiliers, souvent considérables ; il leur reste des relations, des habitudes d’organisation et de gestion, la connaissance de tous les “secrets” de l’administration ; il leur reste une instruction plus poussée, des affinités avec le haut personnel technique (bourgeois par sa vie et son idéologie) ; il leur reste une expérience infiniment supérieure de l’art militaire, etc. ». Si les exploiteurs, par surcroît, ne sont battus que dans un seul pays, ils restent néanmoins plus forts que les exploités, puisque leurs « relations internationales » sont « immenses60 ». Ainsi, dans les conditions de la Russie du début du xxe siècle, ne suffira-t-il pas « d’“achever ensemble” l’autocratie, c’est-à-dire de renverser complètement le gouvernement autocratique » ; il faudra encore « “repousser ensemble” les tentatives inévitables, acharnées, de restauration de l’autocratie ». Et le « repousser ensemble », appliqué à une époque révolutionnaire, n’est « rien d’autre que la dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie61 ». Est-ce que la Commune de Paris aurait pu se maintenir plus d’un jour, demandait Engels, si elle ne s’était servie de l’autorité d’un peuple en armes contre la bourgeoisie ? Ne pouvons-nous pas, au contraire, la blâmer de ce qu’elle ait fait trop peu usage de cette autorité62 ?

  • 63 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 265.
  • 64 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 70.

18Or, l’indice nécessaire, la condition expresse de la dictature, c’est « la répression violente des exploiteurs comme classe et par suite la violation de la “démocratie pure”, c’est-à-dire de l’égalité et de la liberté à l’égard de cette classe63 ». Et puis, ajoute Lénine, quand les républicains bourgeois renversaient les trônes, « ils ne se souciaient nullement de l’égalité formelle des monarchistes et des républicains ». Quand il s’agit de jeter bas la bourgeoisie, « seuls des traîtres ou des crétins peuvent réclamer l’égalité formelle pour la bourgeoisie64 ».

  • 65 L’État et la Révolution, chap. V, 2 ; OC, t. XXV, p. 500.
  • 66 Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, IV-6-19 mai 1919, OC, t. XXIX, p. 360.
  • 67 Cf. notam. : L’État et la Révolution, chap. V, 2, OC, t. XXV, p. 498 ; ou encore : ibid., chap. II (…)
  • 68 L’État et la Révolution, chap. III, 3 ; OC, t. XXV, p. 457-458. Cf Pobedonostsev (C.P.), Questions (…)
  • 69 Ier Congrès de l’Internationale communiste – du 2 au 6 mars 1919, § 2 [publ. 1920 (éd. allemande) (…)
  • 70 Congrès extraordinaire des cheminots de Russie des 5-30 janvier (18 janvier-12 février) 1918, OC, (…)

19• En outre, la « démocratie », dans la société capitaliste, ne peut jamais être « qu’une démocratie tronquée, misérable, falsifiée, une démocratie uniquement pour les riches, pour la minorité65 ». Tous sont égaux, indépendamment des ordres, tous sont égaux, le millionnaire comme le va-nu-pieds66 ! La « démocratie capitaliste », aime à répéter Lénine, autorise les opprimés, une fois tous les trois ou six ans, à décider quel membre de la classe dirigeante les représentera et foulera aux pieds leurs intérêts au Parlement67 ! Le marxisme de Lénine rejoint, sur ce point au moins, les imprécations anti-« occidentalistes » d’un Pobedonostsev et des plus réactionnaires des slavophiles de la fin du xixe siècle : « Considérez, lisons-nous par exemple dans L’État et la Révolution, n’importe quel pays parlementaire, depuis l’Amérique jusqu’à la Suisse, depuis la France jusqu’à l’Angleterre, la Norvège, etc., la véritable besogne d’“État” se fait dans la coulisse : elle est exécutée par les départements, les chancelleries, les états-majors. Dans les parlements, on ne fait que bavarder, à seule fin de duper le “bon peuple”68. » Les capitalistes, déclare encore Lénine, « ont toujours donné le nom de “liberté” à la liberté de s’engraisser pour les riches, à la liberté de mourir de faim pour les ouvriers69 ». C’est pourquoi « la meilleure forme de la démocratie, la meilleure république démocratique, c’est le pouvoir sans grands propriétaires fonciers et sans riches70 ».

5. À L’ÈRE DES MASSES, LA POLITIQUE COMMENCE LÀ OÙ SE TROUVENT DES MILLIONS D’HOMMES, VOIRE DES DIZAINES DE MILLIONS. DEPLACEMENT TENDANCIEL DES FOYERS DE LA RÉVOLUTION VERS LES PAYS DOMINÉS

  • 71 « La situation et les tâches de l’Internationale » [Le Social-Démocrate, no 33, 1er nov. 1914], OC (…)
  • 72 La Faillite de la IIe Internationale, II [1915], OC, t. XXI, p. 220.
  • 73 « Le programme militaire de la révolution prolétarienne », OC, t. XXIII, p. 93.
  • 74 La Faillite de la IIe Internationale, II [1915], OC, t. XXI, p. 220.

20• Être révolutionnaire, c’est enfin, Lénine ne cesse pas de le répéter, se comporter en militant internationaliste. Ne pas voter les crédits militaires, ne pas encourager le chauvinisme de « son propre » pays, combattre au premier chef le chauvinisme de « sa propre » bourgeoisie, sans se borner aux formes légales de lutte lorsque survient une crise et que la bourgeoisie abroge elle-même la légalité qu’elle a créée, voilà la ligne d’action qui doit être celle des partis révolutionnaires71. C’est là le « devoir » des socialistes : « stimuler », « agiter » le peuple (et non pas l’endormir par le chauvinisme, comme le font Plekhanov, Axelrod, Kautsky), utiliser la crise pour « précipiter » la chute du capitalisme72. Ne pas accomplir ce devoir, à l’inverse, ou se réfugier au-delà des nuages, sur les cimes d’un vague mot d’ordre de « désarmement73 » – voilà en quoi consiste la trahison des partis actuels, leur mort politique, l’abdication de leur rôle, leur passage aux côtés de la bourgeoisie, constate Lénine un an après le début de la Première Guerre mondiale74.

  • 75 « Remarques à propos d’un article sur le maximalisme [sur un projet d’article de Zinoviev] » [rédi (…)
  • 76 L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme [1916], Préface de 1920 aux éd. française et allemand (…)
  • 77 Cf. OC, t. XXVI, p. 497.

21• L’impérialisme n’est rien autre chose que « l’exploitation des millions d’hommes des nations dépendantes par un petit nombre de nations riches ». Et, de ce fait, il est fort possible de trouver la plus grande démocratie à l’intérieur d’une nation riche, alors même que cette dernière continue à exercer sa domination sur les nations dépendantes. On tend trop souvent, remarque Lénine, à oublier cette situation – qui fut mutatis mutandis celle des hommes libres dans les cités démocratiques mais esclavagistes de la Grèce antique, et qui se retrouve dans l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande du début du xxe siècle75. Demi-intellectuels et ouvriers surqualifiés oublient aisément que le monde est plus vaste que la métropole dans laquelle quelques miettes leur sont concédées : cette couche d’ouvriers « embourgeoisés », «entièrement petits-bourgeois par leur mode de vie, par leurs salaires, par toute leur conception du monde », constitue la base sociale de l’opportunisme, c’est-à-dire de l’accommodation au système76. Marx et Engels avaient d’ailleurs déjà estimé en leur temps que « le mouvement [peut commencer] plus facilement dans les pays qui n’appartiennent pas au nombre des pays exploiteurs, pouvant piller avec plus de facilité et ayant les moyens de corrompre les couches supérieures de leurs ouvriers77 ». Quand la nouvelle manufacture mondiale avec ses 100 millions de chômeurs et de vagabonds, quand la Chine s’éveillera, les hommes du xxie siècle remarqueront, à n’en pas douter, que la classe ouvrière n’est nullement en voie d’extinction.

  • 78 « Journées révolutionnaires », § 3 [Vperiod, no 4, 18 (31) janvier 1905], OC, t. VIII, p. 102.
  • 79 Ve Congrès des Soviets des députés ouvriers, paysans, soldats de Russie – 4-10 juillet 1918, § 1 : (…)
  • 80 IIIe Congrès de l’Internationale communiste-22 juin-12juillet 1921, § 4 : OC, t. XXXII, p. 513.
  • 81 15 février 2003. Cinquante scientifiques de la base McMurdo, dans l’Antarctique, défilèrent autour (…)

22• Lénine souligne également à l’envi que le xxe siècle, plus que tout autre siècle avant lui, sera une ère de masses innombrables – l’ère des foules78. Nous savons, déclarera-t-il en 1918, que désormais « une révolution n’est vraiment une révolution que le jour où des dizaines de millions d’hommes se sont levés dans un élan unanime79 ». Non sans une grande lucidité prospective, Lénine annonce que, lors des batailles à venir, le mouvement des pays coloniaux, le mouvement de la majorité de la population terrestre, orienté au départ vers la libération nationale, se tournera contre le capitalisme et l’impérialisme, et jouera un rôle révolutionnaire de premier ordre80. Et il va de soi, ajouterions-nous volontiers, que le xxie siècle connaîtra des batailles encore plus massives, planétaires à n’en pas douter, qui engageront non plus des dizaines mais des centaines de millions d’hommes dans des luttes atteignant une échelle encore jamais atteinte : la manifestation qui rassembla le même jour 15 millions de Terriens – au Japon, en Europe, au Proche-Orient, en Australie, aux États-Unis même – contre la menace d’un déclenchement des hostilités en Irak constitue, cela va sans dire, le modèle encore balbutiant d’une révolte mondialisée81.

***

  • 82 Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, § 13 [juin-juillet 1905], (…)
  • 83 Ibid., § 13, OC, t. IX, p. 111.
  • 84 Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, § 10 [oct. 1916], OC, t. (…)
  • 85 MARX (K.), Manuscrits de 1844, Paris, Garnier-Flammarion, 1996, p. 157.

23Les révolutions, disait Marx, sont les « locomotives de l’histoire ». La révolution, ajoute Lénine, est la « fête des opprimés et des exploités82 ». Jamais la masse populaire ne peut apparaître comme un créateur aussi actif du nouvel ordre social que pendant la révolution. « En ces époques, le peuple est capable de faire des miracles83. » Et c’est l’avant-garde de la révolution, le prolétariat avancé, qui, selon Lénine, exprimera la vérité objective de cette lutte de masse « disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité » ; elle conférera cohérence et beauté, elle donnera forme à cette « explosion » qu’auront suscitée les « opprimés et mécontents de toute espèce84 ». Car le communisme demeure, selon le mot de K. Marx, la forme nécessaire et le principe énergétique du futur prochain85.

NOTES

1 Paris-Moscou, Éditions sociales et Éditions du Progrès, 1966-1976, 47 volumes. Nous écrirons désormais : OC.

2 L’État et la Révolution, chap. VI, 2 [août-septembre 1917], OC, t. XXV, p. 520.

3 Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, § 2 [juillet 1905], OC, t. IX, p. 25-26.

4 Cf. Le socialisme et la guerre (L’attitude du Parti ouvrier social-démocrate de Russie à l’égard de la guerre), chap. I [juillet-août 1915], OC, t. XXI, p. 324.

5 « La Révolution en Russie et les tâches des ouvriers de tous les pays » [12 (25) mars 1917 ; 1re publ. : 1924], OC, t. XXIII, p. 378.

6 Le socialisme et la guerre, OC, t. XXI, p. 309.

7 Ibid., t. XXI, p. 309.

8 Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, « Comment on trompe le peuple avec les mots d’ordre de liberté et d’égalité » [19 mai 1919], OC, t. XXIX, p. 345.

9 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 67.

10 « À propos du “programme de paix” » [Le Social-Démocrate, no 52, 25 mars 1916], OC, t. XXII, p. 177. Lénine fait grand cas de la célèbre formule de Clausewitz à laquelle il fait allusion ici. Il la cite à plusieurs reprises ; voyez, entre autres : OC, t. XXIV, p. 408-409.

11 « À propos du mot d’ordre des États-Unis d’Europe » [Le Social-Démocrate, no 44, 23 août 1915], OC, t. XXI, p. 354.

12 « La situation et les tâches de l’Internationale » [Le Social-Démocrate, no 33, 1er nov. 1914], OC, t. XXI, p. 34.

13 La faillite de la IIe Internationale [1915], OC, t. XXI, p. 214.

14 « Nouveaux objectifs, forces nouvelles » [Vperiod, no 9, 23 février (8 mars) 1905], OC, t. VIII, p. 215.

15 IVe Congrès de l’Internationale communiste, 2 : « Cinq ans de révolution russe et les perspectives de la révolution mondiale », rapport présenté le 13 novembre 1922 [Pravda, no 258, 15 novembre 1922], OC, t. XXXIII, p. 432-433.

16 IVe Congrès extraordinaire des Soviets de Russie, chap. II : « Rapport sur la ratification du traité de paix – 14 mars 1918 », OC, t. XXVII, p. 186.

17 « La tâche principale de nos jours » [11 mars 1918], OC, t. XXVII, p. 163-165.

18 Cf. cette déclaration de Barère, après que la Convention eut voté par acclamation la guerre à l’Espagne (7 mars 1793) : « Un ennemi de plus pour la France n’est qu’un triomphe de plus pour la liberté ! » ; cité par A. Soboul, Précis d’histoire de la Révolution française [1962], Paris, rééd. Gallimard, 1970, t. I, p. 341.

19 La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier, V [avril 1906], OC, t. X, p. 254.

20 Programme agraire de la social-démocratie dans la première révolution russe de 1905-1907, OC, t. XIII, p. 231.

21 Cf Journées révolutionnaires, I [Vperiod, no 4, janvier 1905], OC, t. VIII, p. 98.

22 Contre le boycottage, V [1907], OC, t. XIII, p. 31-32. À propos de « super- » et d’« infrastructure », Lénine ne se lasse pas de citer le célèbre texte de la « Préface » de Marx à la Contribution à la critique de l’économie politique (1859) : « À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. […] Alors s’ouvre une époque de révolution sociale », etc. Voyez, entre autres : OC, t. I, p. 152-153 ; OC, t. IX, p. 126 ; OC, t. XXI, p. 50.

23 « Changements dans la situation des classes » [Pravda, no 92, 27 juin 1917], OC, t. XXV, p. 136.

24 « Comment les capitalistes cherchent à intimider le peuple », OC, t. XXIV, p. 450.

25 « Changements dans la situation des classes », OC, t. XXV, p. 135.

26 « Deux tactiques » [article paru dans Vperiod, no 6, 1er février 1905] ; OC, t. VIII, p. 148. Cf. également : Le développement du capitalisme en Russie [1899], OC, t. III, p. 7-645.

27 « Pour bien juger de la révolution russe » [publ. le 19 mars 1908, dans la revue polonaise Przeglad Socjaldemokratyczny, no 2], t. XV, p. 55 ; Lénine renvoie ici à l’étude d’Engels intitulée : « Sur le matérialisme historique » [1892].

28 Ibid., t. XV, p. 55 et 58.

29 À savoir : 1°/ 1905-1907 ; 2°/ février 1917 ; 3°/ octobre 1917.

30 La maladie infantile du communisme (Le « gauchisme »), chap. IX [1920], OC, t. XXXI, p. 80-81.

31 « La dictature révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie » [Vperiod, no 14, 12 avril 1905], OC, t. VIII, p. 300.

32 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 64.

33 Ibid., t. XXVIII, p. 64. La perspective Nevski, à Saint-Pétersbourg, est une artère rectiligne, longue de 4,5 km, reliant le monastère Alexandre Nevski au pavillon de l’Amirauté (i. e. à l’embouchure de la Neva, non loin du golfe de Finlande).

34 Que faire ? [mars 1902], OC, t. V, p. 528.

35 Cf. « Le prolétariat révolutionnaire et le droit des nations à disposer d’elles-mêmes » [vers octobre 1915 ; 1re publ. : 1927], OC, t. XXI, p. 424-425.

36 « Ceux qui sont effrayés par la faillite de l’ancien et ceux qui luttent pour le nouveau » [janv. 1918 ; 1re publ. : janv. 1929], OC, t. XXVI, p. 419. Cf les lettres de K. Marx à W. Liebknecht du 6 avril 1871 et à L. Kugelmann du 12 avril 1871.

37 « Lettre ouverte à Charles Naine, membre de la Commission socialiste internationale à Berne » [décembre 1916 ; 1re publ. : 1924], OC, t. XXIII, p. 246.

38 « La plate-forme de la social-démocratie révolutionnaire », II [Proletari, no 14 et 15, 4 et 25 mars 1907], OC, t. XII, p. 215.

39 Ibid., t. XII, p. 215. Engels s’était ainsi exprimé dans une lettre à Turati, en date du 26 janvier 1894.

40 « Deux tactiques » [Vperiod, no 6, 1re (14) février 1905], OC, t. VIII, p. 149. Il s’agit ici de l’une des discussions opposant Lénine à Martynov, l’un des tenants de l’« économisme », qui devint après le IL Congrès du POSDR l’un des rédacteurs de la « nouvelle Iskra » menchevik.

41 « De certains traits de la désagrégation actuelle » [Proletari, no 32, 2 (15) juillet 1908], OC, t. XV, p. 162.

42 « Une caricature du bolchevisme » [supplément au no 44 du Proletari, 4(17) avril 1909], OC, t. XV, p. 412. Souligné par nous.

43 Le VIe Congrès extraordinaire des Soviets de députés ouvriers, paysans, cosaques et des soldats de l’Armée rouge – 6-9 novembre 1918, OC, t. XXVIII, p. 166.

44 « Lettre aux membres du Comité central » [24 octobre (6 novembre) 1917 ; 1re publ. : 1924], OC, t. XXVI, p. 241.

45 « Les marxistes révolutionnaires à la conférence socialiste internationale (5-8 septembre 1915) » [Le Social-Démocrate, no 45-46, 11 oct. 1915], OC, t. XXI, p. 408.

46 « Sur notre révolution », A propos des mémoires de N. Soukhanov, II [1923], OC, t. XXXIII, p. 493.

47 « Lettre aux membres du Comité central », OC, t. XXVI, p. 241.

48 Cf. préface à la traduction russe des Lettres de K. Marx à L. Kugelmann [1907], OC, t. XII, p. 108, ainsi que la lettre de Marx à Kugelmann datée du 17 avril 1871.

49 L’État et la Révolution, chap. I, 1 [juin-septembre 1917] ; OC, t. XXV, p. 419.

50 Ibid., chap. II, 1 ; OC, t. XXV, p. 436.

51 Cf. ibid., chap. I, 3 ; OC, t. XXV, p. 424. Il s’agit, en l’occurrence, d’une citation que Lénine reprend dans l’ouvrage de F. Engels : L’origine de la famille, de la propriété privée et de L’État [1884], Paris, Éd. sociales, 1966, p. 157.

52 L’État et la Révolution, chap. I, 2 ; OC, t. XXV, p. 421.

53 Cf la prolifération des polices ou autres milices privées, lesquelles constituent depuis de nombreuses années de véritables institutions dans certaines grandes villes d’Amérique latine ; cf. également, dans le cadre de l’actuelle occupation de l’Irak, le fait que l’organisation de la torture semble avoir été déléguée pour une part à des officines privées, mercenaires, indépendantes jusqu’à un certain degré à l’égard du Pentagone et de toute législation internationale.

54 L’État et la Révolution, chap. II, 3 ; OC, t. XXV, p. 445.

55 « Une des questions fondamentales de la révolution » [Rabotchi Pout, no 10, 14 (27 septembre) 1917], OC, t. XXV, p. 398.

56 L’État et la Révolution, chap. II, 1 ; OC, t. XXV, p. 437.

57 « Une des questions fondamentales de la révolution », OC, t. XXV, p. 398-406. Il n’est que de repenser au destin des nationalisations effectuées en France sous le gouvernement de P. Mauroy (1981-1984) : 1°/ rachat au plus haut prix par l’État des actions des entreprises nationalisables (50 milliards de FF, soit 7,5 milliards d’euros) ; 2°/ « restructurations industrielles », parfois assurées par d’anciens dirigeants syndicaux reconvertis pour l’occasion en commis de l’État ; 3°/ dénationalisations néolibérales.

58 Cf. la lettre de Marx à Kugelmann du 12 avril 1871, lettre écrite, comme on le voit, pendant la Commune (citée ibid. : OC, t. XXV, p. 448-449).

59 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 263.

60 Ibid., t. XXVIII, p. 262.

61 « Sur le gouvernement révolutionnaire provisoire » [Proletari, no 2 et 3, 21 et 27 mai 1905], OC, t. VIII, p. 469.

62 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 260. Voir F. Engels : « Über das Autoritätsprinzip » [= « Sur le principe d’autorité »], 1873.

63 La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky, OC, t. XXVIII, p. 265.

64 « Lettre aux ouvriers américains » [Pravda, no 178, 22 août 1918], OC, t. XXVIII, p. 70.

65 L’État et la Révolution, chap. V, 2 ; OC, t. XXV, p. 500.

66 Ier Congrès de l’enseignement extra-scolaire de Russie, IV-6-19 mai 1919, OC, t. XXIX, p. 360.

67 Cf. notam. : L’État et la Révolution, chap. V, 2, OC, t. XXV, p. 498 ; ou encore : ibid., chap. III, 3, OC, t. XXV, p. 456. Il s’agit là, d’ailleurs, d’une citation de Marx (La guerre civile en France, Adresse du 30 mai 1871, Paris, Éd. sociales, 1963, p. 65).

68 L’État et la Révolution, chap. III, 3 ; OC, t. XXV, p. 457-458. Cf Pobedonostsev (C.P.), Questions religieuses, sociales et politiques. Pensées d’un homme d’État [= Recueil de Moscou], Paris, Baudry et Cie, 1897, p. 39.

69 Ier Congrès de l’Internationale communiste – du 2 au 6 mars 1919, § 2 [publ. 1920 (éd. allemande) et 1921 (éd. russe)], OC, t. XXVIII, p. 485.

70 Congrès extraordinaire des cheminots de Russie des 5-30 janvier (18 janvier-12 février) 1918, OC, t. XXVI, p. 518.

71 « La situation et les tâches de l’Internationale » [Le Social-Démocrate, no 33, 1er nov. 1914], OC, t. XXI, p. 33-34.

72 La Faillite de la IIe Internationale, II [1915], OC, t. XXI, p. 220.

73 « Le programme militaire de la révolution prolétarienne », OC, t. XXIII, p. 93.

74 La Faillite de la IIe Internationale, II [1915], OC, t. XXI, p. 220.

75 « Remarques à propos d’un article sur le maximalisme [sur un projet d’article de Zinoviev] » [rédigé en 1916], OC, t. XLI, p. 396.

76 L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme [1916], Préface de 1920 aux éd. française et allemande, t. XXII, p. 210.

77 Cf. OC, t. XXVI, p. 497.

78 « Journées révolutionnaires », § 3 [Vperiod, no 4, 18 (31) janvier 1905], OC, t. VIII, p. 102.

79 Ve Congrès des Soviets des députés ouvriers, paysans, soldats de Russie – 4-10 juillet 1918, § 1 : « Rapport du Conseil des commissaires du peuple/5 juillet 1918 » [publ. pour la 1re fois en 1924], OC, t. XXVII, p. 542.

80 IIIe Congrès de l’Internationale communiste-22 juin-12juillet 1921, § 4 : OC, t. XXXII, p. 513.

81 15 février 2003. Cinquante scientifiques de la base McMurdo, dans l’Antarctique, défilèrent autour de leur station de recherche, cependant que 10000 personnes manifestaient de l’autre côté du globe, dans les rues de Trondheim, en Norvège. Les manifestations touchèrent ce jour-là 600 villes réparties dans 60 pays différents.

82 Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, § 13 [juin-juillet 1905], OC, t. IX, p. 111.

83 Ibid., § 13, OC, t. IX, p. 111.

84 Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes, § 10 [oct. 1916], OC, t. XXII, p. 383-384.

85 MARX (K.), Manuscrits de 1844, Paris, Garnier-Flammarion, 1996, p. 157.

AUTEUR

Jean Salem

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

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6 Commentaires

  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    Remarquable et lumineux ! Merci !!! Cela éclaire en effet pas mal de nos débats et tout converge.

    Répondre
  • Sined Reitnomud
    Sined Reitnomud

    Référendum ?

    Sur les retraites ?

    Mais qu’avez-vous donc tous avec cette idée de referendum à propos des retraites.

    Comment pouvez-vous accepter que les électeurs non concernés (et il y en a)
    déposent à part égale leur bulletin dans l’urne commune ?

    Pourquoi l’avis de la bourgeoise du coin qui n’a jamais cotisé un kopeck (ni pour elle-même, ni probablement dans les caisses de ses employés) devrait être pris en compte ?

    Pourquoi tous les artisans qui se sont toujours battus pour la baisse des « charges » sans jamais chercher à intégrer le système des retraites auraient leurs mots à dire ?

    Pourquoi offrir un scrutin au vote des patrons, des actionnaires, des propriétaires, enfin de tout ce que la société compte d’oisifs et de parasites du travail dans les affaires qui concernent uniquement le monde du travail « cotisant » ;

    J’insiste sur la notion de « Cotisant » !

    Les « non cotisants » n’ont pas leurs mots à dire dans une convention qui ne les concerne pas.

    Ce n’est pourtant pas alambiqué à comprendre.

    S’il y a un referendum à mettre en place, il doit se tenir au sein des Caisses de retraite.

    Point barre !

    Tout le reste n’est qu’opportunisme prépubère d’une naïveté déconcertante.

    Quelle sera la question ? Comment sera-t-elle rédigée ?

    Cette idée présume d’une large adhésion de l’électorat au vote « positif » .

    Mais si le résultat du scrutin invalide cette supputation irraisonnée, que le peuple français rejette le système de retraite ?

    Que ferons nous quand nous aurons donné le bâton pour nous faire battre ?

    Il ne restera que la capitulation en rase campagne !

    Sans arme et sans bagage ; à poil.

    Estes vous tous absolument convaincu de remporter une victoire nette et précise, sans appel, à l’issue de ce referendum ? Vraiment ?

    Quel optimisme ; j’aimerais être comme vous.

    Estes vous prêts à jouer votre régime de retraite, celui de vos mômes sur un coup de dés ? Un seul lancer ?

    Faites vos jeux ; Rien ne va plus.

    Malheur aux vaincus !

    Il risque de nous rester que les yeux pour pleurer et le stylo à bille pour griffonner nos mots croisés.

    Hasta la Victoria Siempre

    Sined Reitnomud

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  • Xuan

    Tu as entièrement raison Sined. La lutte pour les retraites ne devrait pas se fourvoyer dans un référendum.
    D’abord parce qu’elle concerne les salariés, mais surtout parce que dans le système démocratique bourgeois un référendum n’est pas fait pour mettre le gouvernement en péril, que les médias bourgeois sont aussi centralisés que la police et l’armée, que d’un vote imprévu il n’est pas tenu compte, et que la lutte est dans la rue et les entreprises, pas dans les urnes. C’est là encore « un « ordre » qui « légalise et affermit » l’oppression d’une classe par une autre ».
    La foirade des gilets jaunes, à part l’absence de perspective révolutionnaire, c’est le RIC.

    _______________

    Ceci dit, peut-on trouver meilleur enseignant que Lénine sur la «transition à la transition » ?
    Ce texte est remarquable. Merci Danielle.

    Les masses ne sont pas révolutionnaires en temps ordinaires. Elles le deviennent quand leurs sacrifices et leurs souffrances sont extrêmes, que leur patience est à bout et que les contradictions sont parvenues au stade de l’antagonisme.
    Par contre elles vont alors beaucoup plus loin que notre imagination ne peut l’anticiper, et ce n’est pas de la dentelle de Calais.
    C’est la raison pour laquelle un parti révolutionnaire ne peut pas être un parti « de masse ». Je dirais même que s’il obtenait quelques succès et que des dizaines de milliers affluent brusquement dans ses rangs, il pourrait courir le risque de devenir un parti gazeux ou de promeneurs. Par contre il devrait être lié aux masses par des milliers de fils, à travers de nombreuses organisations communistes, sympathisantes et non communistes.

    Je reviens sur le « peuple de gauche ». C’est à peu près l’inverse de l’organisation révolutionnaire des masses, si on réfléchit au nombre d’abstentions et même d’électeurs de Marine Le Pen. Je ne parle pas des dirigeants et des militants fascistes et racistes, mais des millions d’ouvriers, de petits commerçants ruinés et de salariés pauvres qui doivent impérativement être arrachés à leur influence.
    Beaucoup d’entre eux rêvent d’une France préservée de la « mondialisation » parce qu’ils ont vu leurs usines partir à l’étranger et se raccrochent au chauvinisme, voire au racisme. Mais cette position n’a plus d’avenir.

    De même quand on voit que les liquidateurs n’hésitent pas à s’offrir les services d’Usul pour déverser leur daube sur internet. Qu’attendons-nous pour porter la contradiction dans les pattes de ce genre d’influenceurs anti communistes ?

    Dans les deux cas la guerre idéologique est liée à l’organisation des masses. C’est une préparation au combat.

    Répondre
    • Alain Girard
      Alain Girard

      Le référendum sur les retraites porté par F Roussel n’a pas pour option finale de mettre le gouvernement en péril mais bien d’empêcher unhttps://lavieestanous.over-blog.com/2023/01/fabien-roussel-on-twitter-vous-reprochez-aux-salaries-de-faire-greve-quel-autre-moyen-ont-ils-a-leur-disposition-pour-se-faire-entendre-des-lors-que-le-gouvernement-refuse-le-referendum.htmle réforme qui est une attaque généralisée contre le salariat, les retraités, le niveau de vie.
      Avec mon peu de connaissances, il me semble que la bourgeoisie a déjà perdu des référendums et le dernier parce que la classe ouvrière a pris une place déterminante.
      Dire que les artisans sont sur une baisse des “charges” oui comme ces 25% d’ouvriers qui votent à droite depuis des décennies, doit-on leur interdire le droit de vote…

      Franchement nous sommes si confiants que nous refuserions une consultation directe, quand Roussel dit que faire grève c’est dur, oui et généralement les pousse au bout n’y vont pas, je connais ça par coeur au sein du syndicat, c’est le prétexte du” tous des lâches”.

      J’ai un camarade qui a ces jours ci, 14% degrés chez lui , il est retraité, il crie misère et se chauffe par les murs mitoyens, des millions de retraités mais aussi de salariés sont surendettés, coincés alors oui ils doivent faire des efforts dans la lutte mais svp, dites-moi quelle banque leur prêtera pour aller au bout d’un conflit fait pour durer… Quelles caisses de solidarité seront suffisantes…
      J’ai fait grève dans le privé en 95, 5 semaines, et un prêt bancaire pour achat de cuisine pour tenir, merci le conseiller et j’étais pas au Smic, alors 3 années pour m’en remettre…

      La conscience de classe oui mais alors pas de référendum bourgeois et la conscience de classe, à quel niveau se situe t’elle quand on lit sur les pancartes l’acceptation des 62 ans mais pas des 64, quand c’est au sein même de nos orgas, le discours de la classe dominante qui creuse et implante durablement l’idée du prix à payer pour vivre.
      Je disais sur un autre post que les militants du parti sont à poil idéologiquement, à poil financièrement aussi, plus de formations, de presse, plus de marxisme pour se nourrir et pour la spontanéité des masses nous savons qu’elle vont à la réaction le plus souvent.

      Le référendum bourgeois, les élections également, oui c’est leur État en quoi cela ne doit-il pas être combattu et abattu et en quoi gagner une municipalité ne serait pas une défaite pour la bourgeoisie, pourquoi y opposer la grève et non pas alimenter par les deux.

      Référendum et combat à l’entreprise, grèves et référendums, en quoi cela est-il incompatible, je ne vois pas en ayant quad même à l’esprit une réalité, la cgt a encore reculé aux élections dans la fonction publique, c’est patent que cela va être ardu.

      Il y a quand même une question de fond, le pouvoir est-il si convaincu de gagner ce référendum au point de s’y opposer de toutes forces ?!

      J’ignore ce que sont les activités militantes de camarades intervenant ici, un tour de table, comme avant, serait bienvenu car j’avoue, je vais encore en prendre une, que le débat me semble si détaché, si théorique parfois, si loin de ces masses.

      c’est dit

      Répondre
      • Sined Reitnomud
        Sined Reitnomud

        Cool, cool, amigos…

        Le dernier référendum que la “réaction” (au sens très large) a perdu s’est tenu en 2005 à propos de la constitution européenne.
        Chacun a pu constater le non-respect immédiat du verdict de ce scrutin.
        Ce fut d’une clarté éblouissante.
        “Votre vote, on s’en tape le coquillard !” sur toutes les chaînes, les journaux, les médias…
        Dont on ne s’est toujours pas remis d’ailleurs.
        Et certains voudraient que les travailleurs remisent une pièce “retraites” dans ce bastringue frelaté ?
        Comme une solution miraculeuse et gratuite ?
        Doux Jésus…
        Jouer sa vieillesse à la roulette russe (Pétard, je vire atlantiste !) ?
        Juste ciel. Non, les travailleurs ne sont pas aussi naïfs ni crédules.
        Surréaliste !

        Les retraites sont une affaire de cotisants. Tous les autres (et Dieu seul sait combien il y a de bourgeoises, d’oisifs et de parasites dans le monde du travail ) n’ont rien à faire dans cette histoire. Leurs convictions importent peu ! Les non-cotisants sont hors jeu par principe.

        Demande-t-on aux prolos leurs opinions sur les orientations de la Fédération de football ou de Tennis, sur les pêcheurs à la ligne, etc.

        La bourgeoisie attaque frontalement un conquis social. Le monde du travail se doit d’entrer en lutte contre l’aggravation sauvage de son exploitation.
        Il n’est pas question d’opposer “référendum” avec “grève illimitée”. Les modalités d’action des luttes sociales se sont toujours prises sur les lieux de travail. Le non-respect de cette règle d’or a toujours conduit vers des défaites déplorables.
        Mais la lutte “gratuite”, celle qui ne coûte rien à personne, celle qui permet de se reposer sur l’action d’autrui, ça n’existe pas. Même les victoires électorales sont à relativiser: La Gauche Plurielle en est un parfait exemple…
        De l’émancipation de la Classe ouvrière, on en est arrivé aux pistes cyclables et aux bacs de composte / plants de salade. Qui l’eût cru ?
        Non, le bulletin de délégation ne réglera rien, si ce n’est l’alourdissement des conditions de survie du prolo parvenu aux portes d’un âge canonique.
        Les grands-parents s’occupent de leurs petits enfants et de ce que bon leur semble; ils revendiquent le droit de continuer à ignorer le despotisme de la pointeuse et des petits chefs.
        La lutte par procuration, fut elle à travers un bulletin de vote référendaire, n’a jamais fait progresser le schmilblick. Si cette solution magique existait, il y a bien longtemps que les “pue la sueur” l’aurait entérinée.

        Hasta la Victoria Siempré !

        Sined Reitnomud

        PS: aucune crainte à avoir pour l’anti impérialisme / atlantisme de votre serviteur.

        Répondre
        • Daniel Arias
          Daniel Arias

          Retraite quelle est la bonne stratégie ?

          J’ose un brouillon !

          Posons les bases:

          • les actifs quelque soit le système de retraite produisent les pensions
          • les pensions dépendent de l’activité économique
          • l’économie est sous menace d’inflation, de pénuries et de ruptures d’approvisionnement et prise en otage

          1) Nous avons un problème industriel majeur et critique dépassant largement le cadre des retraites.

          Les luttes:

          a) syndicales avec nos sorties hebdomadaires visibles médiatiques et quelques grèves passées sous silence, mis à part celle des pétroliers.

          b) idéologique: inconnues du grand public, pas de bataille sur le salaire en général pas plus que sur le statut du salarié et de l’entreprise. On ne parle pas de socialisme et le capitalisme n’est pas combattu à la racine dans sa nature propre. La bataille stagne au niveau comptable ou technique.

          c) politique: le referendum comme consultation populaire large et massive dépassant les cotisants. Crainte des couches conservatrices petits commerçants, artisans, paysans, cadres… bref électorat de droite macroniens compris.

          Sur ces trois luttes tel qu’est engagé le combat soit nous perdons ou bien nous perdons seule la forme de la défaite changera.

          J’ose un peu la provocation:

          • serions nous en mesure dans le Parti de mener une campagne aussi forte qu’en 2005 avec 30% de l’effectif ?
          • serons nous en mesure de neutraliser ou rallier les petits commerçants réactionnaires et les vendeurs de petits pois bio ? C’est la dame au cheveux blanc ta cliente, veux tu la ruiner où qu’aucun retraité ne puisse acheter tes produits ? Tous client chez ldl où au Resto du Coeur ?
          • serons nous en mesure de toucher toutes les femmes précaires qui seront les premières victimes de la réforme
          • serons nous capable de faire grandir la révolte dans le peuple conte l’injustice capitaliste ?
          • serons nous capables de renforcer le Parti après une telle lutte ?
          • le referendum ne serait il pas une bonne occasion de mettre le Parti en ordre de bataille ?
          • où avons nous le plus à gagner ? laisser l’affaire aux syndicalistes qui affichent une unité de façade et temporaire ou porter le sujet politique du salaire dans sa globalité: salaire, prix et profit ?
          • ne pourrions nous pas à l’occasion du referendum lancer la lutte de libération nationale et pour le socialisme ?
          • le RN se saisi aussi de la question du referendum
          • cette bataille du referendum si elle devait se mener devrait être sur des couleurs communistes et il faudra gérer la NUPES dans laquelle nous sommes allé nous empêtrer. N’est-ce pas M M.Rocard ?

          Dans le pire des cas nous faisons un flop, mais c’est une occasion d’aller au contact des populations et pourquoi pas les encourager à rejoindre les luttes syndicales.

          Nous avons su convaincre et démontrer la nocivité du TCE ; nous pourrions capitaliser sur le déni de démocratie et surtout tenter de réactiver la lutte contre le profit capitaliste et désigner clairement la classe bourgeoise et tous ses collaborateurs comme ennemis des travailleurs.

          Les media et la classe politique sont discrédités n’est-ce pas là une occasion de bataille qui pourrait de plus remettre les camarades dans l’action sur un sujet populaire bien plus entraînant que les prochaines élections.

          Je suis d’accord que la cotisation doit être uniquement ou plutôt principalement affaire des cotisants, mais ce n’est plus le cas depuis longtemps, depuis la main mise de l’État, des syndicats collabo et du patronat sur nos caisses de retraite.

          Nous avons déjà perdu ce pouvoir d’élire nos représentants des caisses de sécu.

          Pourquoi pas tenter une bataille ? Çà fait longtemps non ? N’est-ce pas le moment de révéler des résistants ?

          Beaucoup de questions, mais ne faudrait il pas se les poser avant d’évacuer le problème ?

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