Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Rassemblement à Samara pour rendre hommage aux militaires russes tués

  • Quand on analyse ce qui se passe en Russie, comme dans la plupart des autres pays de la planète, le premier conseil que je donnerais à nos médias imbéciles est que le temps du colonialisme où l’on pouvait mépriser totalement l’histoire et les civilisations des autres peuples, c’est terminé. Il faut si l’on veut ne serait-ce que survivre comprendre un minimum ce qui se passe ailleurs, chez ceux que nous envahissons pour les piller au nom de nos pseudo valeurs. Ainsi dans ce simple compte-rendu des effets de la mort de 63 conscrits russes salué comme un exploit sportif par la presse occidentale (celui qui a tué un homme a marqué un but et à 63 il a gagné), Il faut mesurer que Samara n’est pas n’importe quelle ville comme nous l’expliquions Marianne et moi en nous interrogeant sur Staline (1). L’avantage avec l’URSS sur les nationalismes ordinaires, c’est que le patriotisme échappait aux atavismes crétins, autarciques et il aspirait à la paix, la nation existait dans l’internationalisme, la tradition dans la mutation des forces productives matérielles et humaines. (2)
1917-2017, Staline, tyran sanguinaire ou héros national ? - 1

Les médias occidentaux relèvent un certain nombre de faits mais ne savent pas toujours les interpréter; ainsi ils notent le fait inhabituel en Russie, où les pouvoirs publics restent discrets sur les pertes militaires en Ukraine, environ 200 personnes se sont réunies avec l’aval des autorités à Samara (centre), d’où étaient originaires certains des soldats tués à Makeievka, dans l’est de l’Ukraine.

Déjà à l’inverse des lecteurs de notre blog, ils ignorent totalement ce qu’est Makeievka, un des bastions des “séparatistes” du Donbass, dans lequel la mémoire de l’URSS est entretenue. Nous avions publié il y a peu un sujet sur le convoi de noël du KPRF portant des cadeaux et des jouets aux enfants de cette ville en célébration des cent ans de l’Union soviétique.

Mais on peut en dire autant de Samara qui comme d’autres villes industrielles de Russie mériteraient une meilleure approche y compris d’un point de vue internationaliste (on note une ville du nom de Togliatti où interviennent des célébrations du même type) :

donc les médias occidentaux nous décrivent sans rien y comprendre deux faits : d’abord ce qui se passe à Samara avec la célébration des soldats morts. “Certaines personnes ont déposé des fleurs devant une flamme éternelle sur l’une des principales places de la ville, avant de s’incliner respectueusement, a vu un correspondant de l’AFP.

Selon des médias locaux, des rassemblements avaient aussi lieu dans d’autres villes de la région, notamment à Togliatti et Syzran.

Alors expliquons déjà à ces incultes méprisants ce qui se passe réellement dans la profondeur de “l’âme” russe:

SAMARA N’EST PAS N’IMPORTE QUELLE VILLE

Samara (en russe : Самара) (entre 1935 et 1991 Kouïbychev) est une ville de Russie et la capitale administrative de l’oblast de Samara. Sa population s’élève à 1 169 719 (2017), ce qui en fait la neuvième ville de Russie. Elle fut initialement une forteresse édifiée en 1586 à la suite de la conquête du khanat de Kazan et nous en avions beaucoup parlé avec Marianne dans notre voyage dans le Tatarstan (1). Située au confluent de la Volga et de la Samara, elle s’est développée par la suite comme nœud ferroviaire. La décentralisation d’usines moscovites durant la Seconde Guerre mondiale, la proximité de gisements de pétrole ont suscité l’installation d’entreprises d’industrie chimique et de constructions mécaniques (aérospatiale) qui ont joué un rôle moteur dans sa croissance et de symbole d’une forteresse tatar est passé à celui de ville ouvrière dans laquelle s’est organisée la résistance au nazisme. Et l’on a pu dire que la deuxième naissance de Samara est liée à l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne. Sous la menace des troupes allemandes progressant rapidement sur le territoire soviétique, de nombreuses usines d’armement dont celles du Donbass sont démontées et évacuées hors de portée des bombardiers germaniques dans les villes situées à l’arrière. Parmi celles-ci figurent deux usines de construction aéronautique l’une de Voronej l’autre de Moscou qui sont réinstallées avec leur personnel à Samara et qui seront à l’origine de la future « spécialisation » de l’industrie de la ville. L’Usine d’Aviation d’État no 1, qui était située à Moscou et qui produisait des avions et des dirigeables pour le complexe militaro-industriel soviétique depuis les années 1920 fabrique durant la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1945, 11 000 Iliouchine Il-2 Sturmovik, l’un des meilleurs avions d’attaque au sol de cette époque. Elle s’engagea ensuite dans la production de chasseurs à réaction MiG-9 et MiG-15 ainsi que de bombardiers à réaction Il-28 et Tu-16.

Nous avions raconté comment en octobre 1941, Staline donne l’ordre de transférer à Samara/Kouïbychev le gouvernement de l’Union soviétique, l’appareil du Comité central du parti bolchevik et les ambassades. Il est également prévu que Staline s’y installe. En quelques mois, est construit pour Staline un bunker — un abri souterrain — profond de 37 mètres, qui existe encore. Samara accueille des établissements culturels de Moscou, y compris le Théâtre Bolchoï. C’est en mars 1942 qu’est créée au théâtre d’opéra et de ballet la célèbre symphonie nº 7 de Chostakovitch (dédiée à Léningrad assiégée). Le musicien dirige en personne la première de son œuvre.

Marianne, qui était allée visiter le bunker de Samara en avait rapporté des anecdotes sur la haine de la ville contre Khrouchtchev et la vénération de Staline. la guide expliquait que quand le fils de Khrouchtchev avait été envoyé sur le front il avait supplié à genoux Staline de mettre à l’abri son fils et Staline avait refusé en disant que lui-même n’oserait jamais agir ainsi par rapport au sacrifice des soviétiques. Khrouchtchev ne lui avait jamais pardonné et en homme médiocre avait voulu salir sa mémoire. Cette impopularité de Khrouchtchev qui n’était rien à côté de celle de Gorbatchev et Eltsine eux réellement haïs était une dominante de la région et de bien d’autres en Russie, voire dans les pays du pacte de Varsovie.

Dans notre livre, nous avons raconté comment Staline a refusé de suivre le gouvernement installé à Samara et a calmé la panique qui s’installait à Moscou avec l’arrivée des troupes nazies proches, en traversant Moscou à l’arrière de sa voiture décapotable et en montrant qu’il restait là et ne partait pas. Il avait déclaré alors: Napoléon a pu prendre Moscou parce qu’il représentait les forces de progrès et la révolution, mais Hitler ce sont les forces réactionnaires et nous le vaincrons.

A CETTE DESCRIPTION IL FAUT AJOUTER UN AUTRE FAIT : LE RÔLE DES “DOCUMENTAIRES”

Poutine a en effet décidé que dans toute la Russie, il y aurait dans les cinémas la multiplication de documentaires sur ce qui est désormais effectivement la guerre mais contre l’OTAN.

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné mardi à son gouvernement d’organiser d’ici février la projection au cinéma de “films documentaires” sur l’offensive des forces de Moscou en Ukraine.

“Au ministère de la Culture de soumettre des propositions pour assurer la projection de films documentaires nationaux dans les réseaux de cinémas sur des sujets liés à l’opération militaire spéciale, la lutte contre la propagation de l’idéologie néo-nazie et néo-fasciste”, peut-on lire dans un message publié sur le site du Kremlin.

Là aussi cet appel au cinéma et aux documentaires sur la guerre signifie que la Russie n’est plus dans une opération spéciale destinée à calmer les ardeurs pro-OTAN et anti-russe d’un voisin mais bien dans une guerre que les forces de l’OTAN héritière assumé du nazisme ont décidé de mener contre la patrie. Il y a dans le public russe un enthousiasme qui ne se dément pas pour les films soviétiques, les comédies mais aussi les films sur la grande guerre patriotique et à ce que nous avons pu voir en Crimée (3), les projections publiques donnent toujours lieu à l’enthousiasme et aux souvenirs familiaux (3).

Ce qui va être dit aux Russes n’est pas très différent de ce que le 7 novembre 1941 Staline expliquait aux peuples soviétiques en choisissant Moscou plutôt que Léningrad comme capitale et en décidant de la défendre jusqu’au bout à savoir il faut assumer l’héritage, tous les héritages et parmi eux le plus essentiel, celui de la modernisation et du progrès, l’URSS. Cela dit Poutine demeure comme de Gaulle en France le représentant du capital, et il est pris dans cette contradiction qui ouvre – et il ne cesse de l’affirmer – une fenêtre à la négociation diplomatique. Cette négociation diplomatique dans laquelle les Russes, héritiers de Primakov, excellent comme on le voit dans un autre article sur les négociations menées entre Ankara et la Syrie. Cet esprit de conciliation y compris dans la conduite de l’opération spéciale lui est reproché, à lui et son entourage. Les excès de Medvedev doivent être analysés dans ce contexte et quand Lavrov prévient les Occidentaux : si vous tuez Poutine, prenez-garde à ceux que vous pouvez avoir après lui, il dit simplement des choses de bon sens. Déjà la grande majorité de la Russie se reconnait plus dans ce discours de Joseph Staline de 1941, quand il refuse de quitter Moscou pour se réfugier à Samara et qu’il galvanise la résistance.

Peut-on douter que nous pouvons et devons vaincre les envahisseurs allemands ?


L’ennemi n’est pas aussi fort que le représentent certains intellectuels apeurés. Le diable n’est pas si noir qu’on le fait. Qui peut nier que notre Armée ronge ait plus d’une fois mis en fuite les fameuses troupes allemandes prises de panique ? Si l’on en juge non pas d’après les déclarations fanfaronnes des propagandistes allemands, mais d’après la situation véritable de l’Allemagne, on comprendra sans peine que les envahisseurs fascistes allemands sont à la veille d’une catastrophe. La famine et la misère règnent actuellement en Allemagne ; en quatre mois de guerre l’Allemagne a perdu 4.500.000 soldats, son sang coule à flots, ses réserves en hommes sont près de s’épuiser, l’esprit d’indignation s’empare non seulement des peuples de l’Europe tombés sous le joug des envahisseurs allemands, mais aussi du peuple allemand lui-même, qui n’aperçoit pas la fin de la guerre. Les envahisseurs allemands tendent leurs dernières forces. Il est hors de doute que l’Allemagne ne peut soutenir longtemps une tension pareille. Encore quelques mois, encore six mois, peut-être une petite année, et l’Allemagne hitlérienne devra crouler sous le poids de ses forfaits.

Camarades soldats et marins rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes ! Le monde entier voit en vous une force capable d’anéantir les hordes d’invasion des bandits allemands. Les peuples asservis de l’Europe, tombés sous le joug des envahisseurs allemands, vous regardent comme leurs libérateurs. Une grande mission libératrice vous est dévolue. Soyez donc dignes de cette mission. La guerre que vous menez est une guerre libératrice, une guerre juste. Puisse vous inspirer dans cette guerre le glorieux exemple de nos grands ancêtres Alexandre Nevski, Dimitri Donskoï, Kouzma Minine, Dimitri Pojarski, Alexandre Souvorov, Mikhaïl Koutouzov ! Que le drapeau victorieux du grand Lénine vous rallie sous ses plis ! ».

Danielle Bleitrach

(1) Danielle Bleitrach (dialogue à deux voix avec Marianne Dunlop) 1917-2017 Staline tyran sanguinaire ou héros national Delga 2017

(2) j’en reviens encore et toujours à ce film irlandais avec ce défi stupide entre hommes qui ne s’aiment plus et l’attitude de la femme qui en a assez et ne voit d’issue que dans la fuite loin des atavismes qui ne mènent nulle part pour construire une vie loin des poches d’autarcie. Il y a dans la Révolution la seule manière de prendre la force du passé, les rêves inassouvis pour les porter vers le futur et la modernité. C’est le sens du propos de Staline faisant la différence entre Hitler et Napoléon.

(3) Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop URSS vingt ans après, retour de l’Ukraine en guerre. Delga 2015

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3 Commentaires

  • trannoy Bernard
    trannoy Bernard

    A sa manière Alain Juillet illustre bien cette nouvelle situation
    “La parenthèse de colonisation du monde ouverte en 1492 par Christophe Colomb est en cours de fermeture et rien ne pourra l’empêcher” Le Guerre RUSSIE OTAN n’est que la partie émergée de ce vaste mouvement de bascule du monde

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  • trannoy Bernard
    trannoy Bernard

    J’oubliais Alain Juillet ancien directeur de la DGSE

    Répondre
  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Les Spetsnaz Yermak présentent leurs meilleurs vœux au militaires russes à leur façon.

    https://youtu.be/k2oVrH-qqhI

    Ici ces mêmes troupes d’élite de retour à la maison.

    Le chef arbore l’insigne de l’Union Soviétique avec la Faucille et le Marteau sur son béret rouge réservé aux seuls Spetsnaz en Russie.

    https://youtu.be/VWBglXYVvA4

    Des images de test de pontons flottants venant d’Ukraine circulent.
    Février approche ils ont l’air de se préparer à traverser la rivière.
    Il y a quelques jours ce sont des centaines de camions des fusiliers motorisés qui ont été filmés.
    Les T-90M sont déjà en action et d’autres accompagnés de T-80 seraient proche des frontières de l’Ukraine.

    En juin 2023 le croiseur Amiral Golovko devrait entrer en Méditerranée armé des missiles hypersoniques tueurs de porte avions: Zircon (2,6 kilomètres par seconde).

    Les images se font un peu plus rares peut être le silence des préparatifs.

    Espérons qu’ils mettent fin à la bataille d’Ukraine ce printemps et libèrent le peuple ukrainien de ces nazis.

    Direction Kiev !

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