Décidément nous sommes dans une situation où il faut être très attentif aux prises de conscience, parce que tout ce qui nous permettra de dénoncer l’illusion de la propagande de guerre qui nous submerge en nous empêchant de trouver une issue est essentiel. A ce titre j’ai déjà souligné l’intérêt des publications de WSWS, aujourd’hui encore leur analyse correspond à celle que nous faisons ici. L’opération de pure propagande décrite ici débouche très lucidement sur le constat qui est le nôtre : à savoir les limites de l’adhésion des alliés européens, membres de l’OTAN, à une telle “stratégie”. Plus cette “guerre” dure plus cette réalité va se faire jour en particulier chez les peuples et plus il faudra aider comme nous ne cessons de le faire ici à voir qui veut la guerre. Tant que cela ne sera pas éclairé, il n’y aura pas de mouvement de la paix à la hauteur du refus viscéral de la guerre qui est déjà là. (note de Danielle Bleitrach pour histoire etsociete)
Andre Damon
Mercredi, un avion militaire américain a transporté le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington pour rencontrer le président américain Joe Biden et s’adresser à une session conjointe du Congrès, où il a appelé à une «victoire absolue» contre la Russie.
Ce discours, diffusé à une heure de grande écoute sur tous les grands réseaux câblés, était un exercice massif de propagande de guerre. Biden a invité Zelensky à Washington dans le cadre d’un effort qui vise à conditionner l’opinion publique américaine à accepter l’escalade par la Maison-Blanche de la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie en Ukraine.
Zelensky a prononcé un discours par procuration pour une guerre par procuration. Le discours visait à tirer sur la corde sensible de l’opinion publique américaine, évoquant même la bataille de Saratoga pendant la guerre d’Indépendance, dans un passage sans doute écrit pour lui par un rédacteur de discours à Washington.
Ces appels étaient accompagnés de provocations racistes à l’encontre de la population russe, comme on n’en avait jamais entendu à Washington, même pendant la guerre froide. Plus tôt dans la journée, lors d’une conférence de presse avec Biden, Zelensky a qualifié la population russe d’«inhumaine». Devant le Congrès, il a déclaré qu’ils étaient «empoisonnés par le Kremlin» et a proclamé que la Russie était un «État terroriste».
Ces propos ont été accueillis avec des acclamations enthousiastes et de multiples ovations de la part de la grande majorité des membres des deux partis.
L’ensemble du discours avait été conçu de manière à rappeler le discours prononcé par le premier ministre britannique Winston Churchill devant le Congrès en 1941, le président russe Poutine jouant le rôle d’Adolf Hitler, tandis que Zelensky jouait celui de Churchill.
Les médias américains ont joué le jeu de ce spectacle absurde. Dans les nombreux commentaires qui ont précédé et suivi le discours, aucun des experts des médias n’a mentionné le fait que la «victoire absolue» sur la Russie ne pouvait être obtenue que par une guerre totale des États-Unis contre une Russie dotée de l’arme nucléaire.
Le but de ce spectacle était de présenter la guerre des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie comme une reprise de la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle «bonne guerre».
Mais personne n’a demandé pourquoi le protagoniste «démocratique» décrivait la population russe comme «inhumaine» – le même langage utilisé par Hitler pour justifier une guerre d’anéantissement contre les peuples de l’Union soviétique.
Personne ne s’est non plus demandé pourquoi les membres du Congrès ont crié «Slava Ukraini», ou «Gloire à l’Ukraine», un slogan utilisé par l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle d’Ukraine (UPA), qui étaient alignées sur l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et ont participé à l’Holocauste et aux pogroms anti-juifs.
Malgré toutes les invocations de Churchill, le premier ministre britannique n’a jamais obtenu le niveau de soutien inconditionnel qui est accordé au gouvernement ukrainien.
Lors de sa conférence de presse avec Zelensky plus tôt dans la journée, Biden a promis que les États-Unis soutiendraient l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra». La visite de Zelensky s’est accompagnée de l’annonce de l’envoi par le gouvernement Biden d’un système de missiles Patriot en Ukraine, les armes les plus avancées déployées à ce jour dans le conflit.
Le discours de Zelensky s’inscrivait également dans le cadre d’une campagne visant à justifier l’injection massive de 45 milliards de dollars d’armement dans le pays, qui attend actuellement son adoption finale par la Chambre et le Sénat américains.
Malgré toutes les invocations de «blocage partisan», lorsqu’il s’agit de distribuer des sommes pratiquement illimitées pour la guerre, le Congrès tout entier se met au garde-à-vous, le Parti démocrate en tête.
Les États-Unis s’enfoncent toujours plus profondément et plus inexorablement dans la guerre. En déployant des missiles Patriot en Ukraine, Washington donne à l’Ukraine la capacité de frapper des avions au cœur du territoire russe.
L’année dernière, Biden a déclaré qu’en retirant les troupes américaines d’Afghanistan, il mettait fin à la «guerre éternelle». Mais le gouvernement plonge maintenant la population de l’Europe, des États-Unis et du monde entier dans une nouvelle «guerre éternelle», aux conséquences potentiellement catastrophiques.
Au milieu de ce barrage de propagande qui a duré toute la journée à Washington, Biden a admis que ses alliés européens craignent que les actions menées par les États-Unis ne déclenchent une escalade incontrôlée de la guerre qui pourrait facilement conduire à un échange nucléaire à grande échelle.
Interrogé par un journaliste sur les raisons pour lesquelles les États-Unis n’ont pas simplement fourni toutes les armes demandées par Zelensky, Biden a répondu: «L’idée que nous donnions à l’Ukraine du matériel fondamentalement différent de celui qui est déjà sur place aurait pour conséquence de faire éclater l’OTAN».
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