Certes le New York Times insiste sur la rupture des générations, le refus de la famille (qui ne parait pas évident dans le reportage), l’addiction aux réseaux sociaux, la baisse de la natalité, toutes choses auxquelles la Chine répond comme nous l’avons vu par l’installation partout d’une université des seniors y compris pour leur apprendre à se méfier du web et de ses escrocs, pour continuer à développer jusqu’au bout les capacités humaines. Nous sommes loin de notre pression sur les retraités décrite par la Une de l’humanité et tout cela dans un pays qui avait il y a soixante-dix ans le niveau de vie du Zimbabwe, dans lequel la condition féminine était dramatique et qui a accédé à une société de moyenne aisance sans piller personne, par le seul travail de ses habitants qui peuvent effectivement se féliciter du travail accompli. On comprend mieux en quoi l’histoire chinoise soit un espoir pour tous les pays du sud qui aspirent à accéder à la modernité et même parfois quel que soit le prisme à travers lequel soit traitée la “modernisation” ici l’évolution de la condition féminine et la vieillesse, cela peut donner des idées y compris dans le capitalisme développé (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société).
Rapper des mamies, crooner des personnes de 70 ans et des joueurs de 80 ans remettent en question les points de vue traditionnels chinois sur le vieillissement et ce que signifie avoir une vie longue et heureuse.
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Par Alexandra Stevenson et Zixu Wang22 novembre 2022阅读简体中文版閱讀繁體中文版
HONG KONG – La femme de 65 ans s’accroupit dans un champ et brandit une tête de chou. Derrière elle, deux amis se balancent d’avant en arrière, concombre et radis à la main. « Ce chou pourri, sortons-le, mangeons-le, obtenons une certaine liberté gastronomique », Guo Yifen, la femme au chou, rappe d’une voix basse et grinçante dans la chanson « Spicy Hot Pot Real Rap ».
Le trio, connu sous le nom de Sister Wang Is Coming, est connu pour partager des vidéos ludiques sur Douyin, la version chinoise de TikTok. Mme Guo et ses partenaires musicaux, Wang Shuping, 64 ans, et Wang Xiurong, 66 ans, ont plus d’un demi-million d’adeptes qui regardent leurs clips musicaux liés à la nourriture, mettant en vedette des jams comme « Fried Mushrooms » et « Country Food Rap ».
Le groupe fait partie d’un nombre croissant de Chinois âgés qui ont trouvé un succès viral en partageant leur vie quotidienne en ligne. Dans ce coin de l’Internet chinois, des octogénaires croonent, des septuagénaires dansent le tango et des fashionistas aux cheveux gris se pavanent sur les podiums et offrent des conseils de maquillage à des millions de fans. Il y a même un homme de 86 ans qui s’assoit et joue à des jeux vidéo comme Call of Duty.
Avec plus de 260 millions d’habitants de plus de 60 ans, la Chine a la population de personnes âgées la plus importante et la plus croissante au monde.
Près de la moitié sont en ligne sur la toile, où certains choisissent de vivre leurs rêves professionnels, tandis que d’autres s’amusent simplement un peu. Beaucoup trouvent de la compagnie grâce à leurs fans, un antidote à une vie autrement solitaire. Ils font partie d’une nouvelle génération de retraités chinois qui ont moins de petits-enfants que les précédents et la liberté financière de poursuivre des passe-temps et de partager leurs expériences en ligne.
Les chanteurs, les danseurs et les célébrités accidentelles font partie d’une communauté mondiale de personnes âgées qui ont adopté les hauts et parfois les bas des médias sociaux.
En Chine, les influenceurs aident à remettre en question un stéréotype particulièrement ancré selon lequel les grands-parents sont censés rester à la maison ou aider à prendre soin de leur famille en nettoyant, en cuisinant et en s’occupant de leurs petits-enfants pendant que leurs enfants adultes travaillent. Pour certains retraités, les petits-enfants ne sont pas du tout un facteur, de plus en plus de jeunes Chinois rejetant le mariage ou choisissant de ne pas fonder de famille.
« Nous regardons la vieillesse de nos parents et nous pensons que nous devons vivre d’une manière différente », a déclaré Sun Yang, 66 ans. Ancienne professeure d’anglais qui a pris sa retraite il y a plus de dix ans, Mme Sun et trois de ses amis sont des influenceurs de la mode qui se font appeler Glamma Beijing. Dans leurs vidéos, ils modélisent des vêtements vintage et modernes et tissent des astuces de style avec des conseils quotidiens sur la vie.
« Ce que nous faisons maintenant est quelque chose dont nous ne pouvions que rêver quand nous étions jeunes », a-t-elle déclaré. Beaucoup des plus de deux millions d’adeptes de Glamma Beijing ont entre 50 et 60 ans. Mais il y a aussi des plus jeunes qui interrogent les femmes sur l’école et les fréquentations. Certains disent que les tutoriels les ont aidés à surmonter leur peur du vieillissement, a déclaré Mme Sun.
Les stars de Glamma Beijing présenteront occasionnellement leur famille dans leurs vidéos. La belle-fille de Mme Sun gère le compte de médias sociaux et sa petite-fille de 6 ans aide souvent à filmer. Mais surtout, les quatre femmes parlent de voyages, de randonnées et d’assister aux répétitions pour les défilés de mode.
L’indépendance est un thème commun à de nombreuses vidéos d’influenceurs, car elles repoussent l’idée que les aînés devraient rester à la maison à la retraite et aider à élever la prochaine génération.
Dans les clips de Sister Wang Is Coming, Mme Guo et ses amis courent dans les champs, se font des farces, ou s’allongent dans l’herbe et rêvassent. Elles rappent sur leur amour de la cuisine et de manger. C’est un monde loin des routines quotidiennes qu’elles avaient autrefois en tant que mères et épouses avec des enfants à élever et des maris à nourrir.
« Les temps changent », a déclaré Lin Wei, 67 ans, une autre Glamma et ancienne infirmière qui a juré de rester active dans sa vieillesse. « Nous devons suivre la société et nous y intégrer. »
La Chine est confrontée à une foule de défis démographiques – y compris des taux de mariage en chute libre et un nombre minimum de naissances – qui ont contribué à changer les normes culturelles autour de ce que signifie vieillir. Avec l’un des âges de retraite les plus bas au monde – la moyenne est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes – les seniors chinois ont beaucoup de temps pour poursuivre de nouveaux projets créatifs en ligne.
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