Si la géographie cela sert à faire la guerre, est-ce que l’histoire, la mémoire partagée cela peut servir à construire la paix y compris entre peuples que le colonialisme a unis et désunis? C’était un des enjeux des journées internationales de Vénissieux. Les rencontres de Vénissieux ont permis une véritable confrontation des points de vue du monde et en particulier avec l’Afrique, un continent en pleine mutation. Ici le Parti communiste du Bénin qui nous explique l’évolution des “masses” face à la domination française. Il faudrait, outre l’Afrique, ouvrir le débat sur d’autres comptes rendus importants, je pense à nos camarades du Toudeh iranien qui nous ont interpellés sur l’histoire de cette grande nation qu’était l’Iran, la maturité de la possibilité d’une révolution socialiste, le rôle des puissances occidentales, la France de Giscard d’Estaing préférant les mollahs et les conséquences réelles d’une telle contrerévolution dans la révolution, y compris aujourd’hui. Comment soutenir un mouvement populaire d’émancipation sans que celui-ci soit récupéré par les Etats-Unis et les puissances occidentales. Comment les forces nationalistes conservatrices peuvent être mises en place par l’occident capitaliste pour empêcher le socialisme, il faudrait voir aussi de ce fait dans quel sens va le soutien du PCF, en faveur des forces communistes ou de l’OTAN? Comme en Ukraine, en Irak et partout, cacher ce qui s’est dit à La Havane, ignorer Vénissieux n’est pas de bonne augure. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
10es rencontres internationalistes de Vénissieux
INTERVENTION DU PARTI COMMUNISTE DU BÉNIN LE 12/11/2022 AUX RENCONTRES INTERNATIONALISTES DE VÉNISSIEUX
Chers camarades et amis,
Camarades organisateurs de cette rencontre internationaliste ici à Vénissieux. Nous vous remercions de nous avoir invité pour faire entendre la voix de l’Afrique principalement du Bénin au cours de cette rencontre.
En effet, depuis quelques années, une puissante révolution philosophique submerge le continent africain et notamment les anciennes colonies françaises. Il s’agit d’une prise de conscience sur la nécessité d’en finir avec la FrançAfrique comme condition sine quoi non d’une véritable indépendance de l’Afrique et l’amorce d’un véritable décollage économique. Longtemps confiné au niveau de la couche révolutionnaire de la jeunesse ou au niveau des partis d’avant-garde comme le Parti Communiste du Bénin et d’autres, la nécessaire libération des griffes de l’impérialisme notamment français est devenue un slogan de ralliement populaire. Il faut dire que cette révolution philosophique a été précédée et est aidée par une révolution technique au niveau de la communication avec l’émergence des réseaux sociaux.
Au début, cette contestation a commencé par l’élément le plus voyant et le plus emblématique de cette domination, à savoir le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA). Ensuite, elle a glissé sur le démantèlement des bases militaires étrangères pour s’étendre à la lutte contre l’intervention dans les affaires intérieures des Etats et enfin aboutir à la revendication la plus emblématique à savoir la lutte pour la fin de l’imposition des langues étrangères et notamment française et la nécessité de l’appropriation de nos propres langues.
Chers camarades et amis, comme vous le savez, l’Afrique est un continent gorgé de richesses minières avec une main d’œuvre abondante et à vil prix. C’est ce qui lui a valu ses malheurs sous toutes les formes. D’abord avec l’esclavage et des dizaines de milliers de ses fils déportés en Amérique, ensuite avec la colonisation qui a saccagé et pillé ses richesses minières, nié ses valeurs culturelles. Depuis les fausses indépendances des années 1960, l’Afrique continue à subir les humiliations dues à la présence des bases militaires surtout dans la sphère dite francophone. Aujourd’hui, l’Afrique est victime des rivalités inter impérialistes et est l’objet des appétits voraces des grandes puissances impérialistes. Chacun vient y chercher son bonheur surtout avec la découverte des vertus des terres rares entrant dans la fabrication des instruments des nouvelles technologies ; portable, téléphones mobiles et batteries de voitures électriques. Au niveau de la crise climatique mondiale, tout le monde sait que non seulement l’Afrique est le continent qui dégage le moins de carbone dans la nature, mais elle en est une des principales victimes, avec le pillage des matières premières et les déchets qu’on vient y déverser, tout ceci aggravant la sécheresse et les déserts qui ne cessent de s’étendre. Et c’est maintenant à elle qu’on vient demander des efforts, laissant de côté les pilleurs et véritables pollueurs.
Chers camarades et amis,
Comme vous le savez, en tuant le colonel Kadhafi en octobre 2011, les puissances impérialistes occidentales, France, Royaume-Uni, USA ont semé le chaos au Sahel, puisqu’elles y ont poussé et installé sa garde prétorienne touareg en lui promettant de l’aider à créer un État, en saucissonnant les autres États et notamment le Mali. En s’installant au Mali en 2013, avec l’opération Serval, l’objectif de l’impérialisme français n’était nullement d’aller contrer les terroristes djihadistes, mais d’aller consolider les bases de l’État de l’AZAWAD. Dix ans après, on est passé de Serval à Barkhane. Concentrés au Mali en 2013, les terroristes ont essaimé partout en Afrique de l’ouest : Niger, Burkina-Faso, Bénin, Nigeria avec des excursions au Togo et en Côte-d’Ivoire. Au fil du temps, tout le monde voyait que les diverses opérations militaires ne faisaient qu’aggraver la situation. Voilà pourquoi les autorités maliennes ont chassé Barkhane du Mali et que les autres pays n’en veulent pas.
En déclarant le 9 novembre dernier la fin de l’opération Barkhane, Emmanuel Macron en a reconnu l’échec. Mais, faire semblant de partir pour mieux rester. Ce que les peuples africains veulent, c’est avoir le contrôle sur leurs richesses et en disposer comme bon leur semble ; avoir les partenaires économiques et militaires qu’ils veulent sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit ; avoir la maitrise de leurs monnaies au lieu d’avoir des monnaies coloniales comme le franc CFA. Aujourd’hui, ce que les peuples africains exigent, c’est le déguerpissement des troupes militaires étrangères de notre continent. La France à elle seule en possède une dizaine. Voilà pourquoi nous disons : Troupes étrangères et surtout françaises hors d’Afrique !!! Vive la solidarité internationaliste des peuples et des travailleurs.
Cotonou, le 11 novembre 2022 Le Parti Communiste du Bénin
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