L’apiculture cubaine décolle, mais l’effort de poursuit

“Je suis un homme ancien, qui a lu les classiques, qui a récolté les raisins dans la vigne, qui a contemplé le lever ou la chute du soleil sur les champs. (…) Je ne sais donc pas quoi en faire d’un monde créé, par la violence, par la nécessité de la production et de la consommation. Je déteste tout de lui : la précipitation, le bruit, la vulgarité, l’arrivée. (…) Je suis un homme qui préfère perdre plutôt que de gagner par des manières déloyales et impitoyables. Et la beauté c’est que j’ai l’effronterie de défendre cette culpabilité, de la considérer comme une vertu.” Pier Paolo Pasolini

Certes ce rôle de Cuba en matière d’apiculture fait partie de la politique environnementale de l’Île, un exploit parmi d’autres, mais en lisant cet article paru dans Granma, je me suis interrogée sur la relation entre apiculture et idéal communiste : il y a eu souvenez-vous en ce très beau film d’Angelopoulos où il erre sous les traits d’un vieux communiste grec désespéré devant l’obscurcissement de son idéal en cherchant néanmoins la vie (1). Je me demande chaque jour : existe-il encore un collectif qui défende la vie, la culture, la lecture, “les classiques” et ne mente pas? Comme vous tous j’ai des doutes et je me dis à quoi bon, il faut payer si cher la moindre étincelle de conscience… Il y a aussi ce vieux lutteur qu’est Ziouganov lui aussi apiculteur (2) et tout cela résonne dans ma tête comme ce texte de Pasolini pour dire ma lassitude, mon interrogation sur ces jeunes générations qui ne savent plus lire, et leurs parents qui ont tout abandonné… je me sens percluse de toutes ces trahisons, toutes ces lâchetés, que faire ? Veiller sur la pollinisation, ne pas arrêter d’ensemencer sans se cacher à quel point on a parfois le sentiment que tout cela est vain… Que personne ne comprend et ne lit même ce que vous tentez désespérément de défendre en vain. Les mesquineries, les vaines querelles, les ragots occupent chacun, et il ne reste plus qu’à défendre les abeilles, cela au moins a un sens (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Notre pays a réussi à se positionner en 2021 parmi les premiers pays producteurs de miel au monde, alors qu’il se classait au 15e rang

Auteur:René Tamayo León| internet@granma.cu

7 novembre 2022 23:11:54

L’apiculture est une activité passionnante et idéale pour promouvoir les stratégies de développement territorial, a déclaré Miguel Diaz-Canel Bermúdez, Premier Secrétaire du Comité central du Parti et Président de la République, lors d’une nouvelle réunion avec des scientifiques et des experts participant au Plan national pour la souveraineté alimentaire et l’éducation nutritionnelle.

Cuba a réussi à se positionner en 2021 parmi les premiers pays producteurs de miel au monde, alors qu’elle se classait au 15e rang, et est la deuxième avec la productivité par ruche la plus élevée, doublant plus que ce que la plupart des pays qui mènent cette production réalisent, derrière la Chine.

Nos abeilles « travaillent » principalement sur les fleurs sauvages, et quand elles le font dans les zones cultivées, elles ont à peine reçu des produits chimiques. Des produits industriels qui intoxiquent peu notre environnement naturel et humain, soit par obligation – la possibilité de s’en débarrasser est rare – mais surtout à cause de la vocation agroécologique à laquelle cette limitation nous a contraints.

Le Cubain est peut-être – pour ne pas être absolu, bien que cela ne soit pas sans la vérité – le miel le plus biologique qui soit généré sur toute la planète, du moins « à grande échelle ». Et ce n’est pas la fin de la singularité créole mellifère.

La lignée des abeilles cubaines vient du nord de l’Europe, du Moyen-Orient, de la Méditerranée et de l’Afrique du Nord, mais, parce qu’elles ont plus de 200 ans d’isolement, elles ont acquis leurs propres caractéristiques qui en font des créatures spéciales; elles ont généré beaucoup d’auto-résilience face aux maladies et ont des habitudes d’hygiène si « soignées » qu’autant d’objets étrangers ou toxiques qu’elles apportent à la ruche, elles les en sortent rapidement.

INNOVER AUSSI DANS LE MONDE PASSIONNANT DE L’APICULTURE

L’apiculture est une activité passionnante et idéale pour promouvoir les stratégies de développement territorial, en raison de son potentiel de revenus, a déclaré Miguel Diaz-Canel Bermúdez, Premier Secrétaire du Comité central du Parti, qui a toutefois critiqué le fait que les progrès que ce secteur peut réaliser en fonction de ses vastes potentialités n’ont pas encore été réalisés.

Le Président de la République a dirigé la dernière réunion des dirigeants du pays avec des scientifiques et des experts qui, issus des disciplines les plus diverses, participent au Plan national pour la souveraineté alimentaire et l’éducation nutritionnelle. L’échange académique et productif a cette fois porté sur le développement de la science et de l’innovation pour la diversification de l’apiculture.

Le docteur en sciences Adolfo Pérez Piñeiro, directeur général du Centre de recherche apicole (Ciapi), unité scientifique et technologique rattachée au Groupe d’affaires agroforestier (GAF) du ministère de l’Agriculture, a présenté un document contenant, entre autres informations, plusieurs des 23 innovations visant à résoudre l’utilisation insuffisante du potentiel apicole du pays.

La proposition, qui a été approuvée, est un grand parapluie innovant dans les domaines de l’organisation, des processus, des produits, des services et de la commercialisation, dont l’objectif est de développer des chaînes de valeur apicoles d’une portée qui couvre à la fois les formes productives et les chaînes apicoles en tant que telles.

Le but de l’innovation, avec des objectifs et des indicateurs définis, est d’atteindre un rendement moyen de plus de 45 kilogrammes (kg) de miel par ruche (les meilleurs apiculteurs du pays atteignent déjà jusqu’à 48 kg / ruche), l’augmentation de la valeur ajoutée du miel et le développement de ses sous-produits, tels que la cire, la propolis, le pollen, la gelée royale et les reines, dans le cadre de chaînes de valeur ou de sous-chaînes.

Bon nombre de ces innovations sont le résultat de quelque 40 années de recherche et de développement, sous la direction du CIAPI. Cependant, l’articulation nécessaire ou la définition d’actions dans le secteur avec d’autres qui doivent y être enchaînées, telles que les branches alimentaire, légère, biopharmaceutique et autres qui sont fondamentales pour fournir au miel et à ses sous-produits la plus grande valeur ajoutée possible, n’a pas encore été atteinte.

La critique a été faite par le Président de la République. Nous avons perdu du temps dans l’application de ces innovations, a déclaré Diaz-Canel lors de la réunion, à laquelle, outre les producteurs et les scientifiques du secteur apicole, plusieurs ministres et chefs d’entreprise ont participé.

Le premier secrétaire du Comité central du Parti était accompagné du membre du Bureau politique, Salvador Valdés Mesa, vice-président de la République, et des vice-premiers ministres, Inés María Chapman Waugh, qui a animé la réunion, et Jorge Luis Tapia Fonseca.

FAIRE UN GRAND RUCHER

En 2021, Cuba a produit plus de 10 500 tonnes de miel – le record précédent était de 1962, avec 10 215 – extrait 16 tonnes de propolis – le plus grand à ce jour – et plus de 174 tonnes de cire – la quatrième plus élevée de l’histoire – entre autres sous-produits.

L’année dernière, le secteur apicole a obtenu des recettes d’exportation d’environ 20 millions de dollars. Le plan vise à doubler ces valeurs en quelques années au plus tard, bien que pour plusieurs experts, il s’agisse d’une aspiration conservatrice. Selon l’opinion de certains, le chiffre pourrait approcher les 50 millions de dollars par an.

Pour atteindre ces objectifs, cependant, il est nécessaire de savoir, a expliqué Adolfo Pérez Piñeiro, que la production apicole dépend principalement du parc apicole (le nombre d’unités d’une zone, d’une région, d’un pays), des conditions environnementales (y compris l’impact positif ou négatif des événements climatiques) et de l’utilisation de ressources mellifères (plantes à fleurs).

La performance des ruches, quant à elle, dépend de la performance des abeilles (des abeilles cubaines dont nous avons déjà parlé au début), des compétences des apiculteurs (que les bons producteurs cubains atteignent jusqu’à 48 kg de miel par ruche en dit long sur ce qu’ils peuvent faire) et de la technologie (dans notre pays, la production est principalement artisanale).

Sur cette dernière variable, le directeur général du Ciapi a fait valoir que, bien qu’en 2022, une production par ruche d’environ 47 kg ait été atteinte – ce qui nous place dans une position stratégique au niveau mondial – la croissance des performances nous oblige déjà à passer aux technologies, car ce n’est qu’alors que nous pourrons atteindre un rendement d’environ 57 kg / ruche, ce qui est, en bref, un objectif possible à atteindre par l’agro-industrie apicole cubaine.

Expliquant le contexte de la production nationale, le Dr Pérez Piñeiro a souligné que dans le pays, il y a 1 537 producteurs et 221 000 ruches – le stock le plus élevé depuis 1979 – mais que le secteur a un problème fondamental, qui est l’utilisation insuffisante de notre potentiel apicole.

En abordant les causes de cette situation, le scientifique a énuméré trois fondamentaux: la grande variabilité géographique dans le développement et la productivité des ruches ; avoir une base productive fragmentée avec des producteurs inefficaces ; et la non-généralisation des résultats et des technologies disponibles pour exploiter le potentiel apicole et la diversification.

Tout cela, a-t-il résumé, soulève la nécessité de mettre à jour le Programme de développement de l’apiculture, dont la base, a-t-il réitéré, est l’application et la généralisation de plus de vingt innovations, telles que le programme de sélection, d’amélioration et d’élevage des abeilles; la production de reines certifiées; la réorganisation de la base productive en fonction du développement territorial; ainsi que d’autres innovations organisationnelles des processus et des services techniques.

La généralisation de ces innovations vise à :

• De 221 000 ruches à 330 000.
• De 10 000 tonnes de miel à 15 000, à la fois du miel polyflore et huit miels spécifiques, y compris biologiques.
• De 250 tonnes de cire à 300, avec trois types de qualité.
• De 30 tonnes de propolis à 35, avec trois types de qualité.
• De 60 tonnes de pollen à 100, de polyfloraison.
• De 500 kg de gelée royale à 1 000 kg, frais et congelé.
• De 100 000 reines à 300 000, tolérantes aux maladies.

(1) oserais-je vous avouer que parfois je me sens un peu comme sypros, le vieil apiculteur ou cet individu toujours d’Angelopous revenant fatigué d’une manif enveloppé dans les plis de son grand drapeau rouge, comment dire cet épuisement et cet attachement à la vie que nous vivons tous nous qui avons connu ce moment où le collectif était là :

(2) Ziouganov a publié l’Encyclopédie du jeune apiculteur en 2021…