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Afghanistan : les talibans signent un accord avec la Russie pour la livraison de pétrole et de blé

Cette article de la Tribune qui n’est pas à proprement parler un soutien de Poutine a le mérite de nous montrer à quel point hors Europe, le monde bouge. Placé en « alerte maximale » par l’ONU sur le risque de famine, l’Afghanistan, coupé des financements internationaux, n’a d’autres choix que de se tourner vers un autre Etat devenu paria. L’accord prévoit que Kaboul reçoive notamment de Russie un million de tonnes d’essence, un million de tonnes de diesel, et 500.000 tonnes de gaz de pétrole liquéfié (GPL). Pour Moscou, il ne reste plus qu’à définir « les volumes et les listes de produits » achetés. Il s’agit d’un maillon essentiel de la stabilité de l’Asie centrale et cet accord n’a pu intervenir que dans le prolongement des discussions de Samarkande que les médias occidentaux ont superbement ignorées alors que la Russie, la Chine et l’Inde s’y entendaient pour tenter de récréer, malgré les manœuvres des Etats-Unis, des formes de développement et d’échanges qui réduiraient les menées terroristes exacerbées par les USA et l’OTAN. Mais il s’agit en particulier avec le grain d’une réorientation globale de l’URSS et de la Chine dans de nouvelles relations avec le sud. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)

Écoutez cet articlePoweredbyETX Studio00:00/03:19latribune.fr28 Sept 2022, 17:11

Les talibans se sont dits prêts à conclure des accords économiques avec quiconque le souhaite.
Les talibans se sont dits prêts à conclure des accords économiques avec quiconque le souhaite. (Crédits : JORGE SILVA)

Alors que l’Afghanistan est en proie à la famine, liée à l’explosion de la pauvreté depuis l’arrivée des talibans au pouvoir en août 2021 et à la guerre en Ukraine, la Russie a fait une offre au régime islamique. Banni du commerce international suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et contraint de tisser de nouvelles alliances, le Kremlin a signé avec le régime de Kaboul un accord prévoyant la fourniture par Moscou de millions de tonnes de produits pétroliers et de blé. C’est le premier grand contrat économique passé par les talibans depuis leur retour au pouvoir.

Le pays qui a vu la fuite des Occidentaux et le retrait de l’armée américaine a été mis en « alerte maximale » par l’ONU sur le risque de famine, avec l’Éthiopie, le Nigeria, le Soudan du Sud, la Somalie et le Yémen. Plus de la moitié des 38 millions d’Afghans sont confrontés à la faim.

Dans une économie non productrice, délaissée par les capitaux étrangers, les talibans n’ont d’autres choix que de se tourner vers un autre Etat paria. « Le contrat a été conclu le mois dernier, quand le ministre de l’Industrie et du Commerce a visité la Russie », a déclaré mercredi à l’AFP le porte-parole de ce ministère afghan, Abdul Salam Jawad.

Il n’a donné aucune précision sur les conditions financières du contrat.

Les banques ne sont plus approvisionnées

L’accord prévoit que Kaboul reçoive un million de tonnes d’essence, un million de tonnes de diesel, 500.000 tonnes de gaz de pétrole liquéfié (GPL) et deux millions de tonnes de blé.

Pour rappel, Vladimir Poutine a dit mardi s’attendre à une récolte « record » de 150 millions de tonnes de céréales en Russie en 2022.

Le ministère afghan de l’Economie a indiqué dans un communiqué que cet approvisionnement devrait arriver « dans les prochaines semaines ».

Le représentant spécial du président russe pour l’Afghanistan, Zamir Kaboulov, cité par l’agence russe TASS, a confirmé mercredi que « des accords préliminaires avaient été signés ». Les deux parties (russe et afghane) doivent désormais se mettre d’accord « sur les volumes et les listes de produits », a expliqué M. Kaboulov.

Le système bancaire s’est quasiment effondré après le gel par les Etats-Unis de 7 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale d’Afghanistan, dans la foulée de la prise du pouvoir par les islamistes.

La situation a encore empiré avec l’arrêt du versement des milliards de dollars d’aide étrangère qui avaient porté à bout de bras le budget de l’Etat pendant les 20 ans d’occupation américaine.closevolume_off

Deux années de sécheresse ont aussi eu de lourdes répercussions sur la production agricole afghane.

Les talibans se sont dits prêts à conclure des accords économiques avec quiconque le souhaite. Ils ont jusqu’ici reçu du pétrole et du gaz de l’Iran voisin.

Le régime taliban n’a été reconnu par aucun pays, mais Moscou avait maintenu des relations avec ce mouvement avant même qu’il ne revienne au pouvoir.

La Russie est l’un des rares pays à avoir maintenu une représentation diplomatique à Kaboul après le retour au pouvoir des taliban en août 2021.

(Avec AFP)

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3 Commentaires

  • John V. Doe
    John V. Doe

    Ma première hypothèse est qu’une des contreparties demandées par la Russie inclut la fin de fourniture, directe ou indirecte, à l’Ukraine du matériel d’origine soviétique ou Russe actuellement en possession des Talibans. Même si cette demande arrive un peu tard, il n’est pas impossible qu’il reste des pièces détachées et des munitions dont les Ukronazis aimeraient bien bénéficier et dont cet accord les priverait. Les civils proches du front béniraient cette idée car ces vieilles munitions sont trop imprécises pour des cibles militaires.

    Ma seconde hypothèse serait que la Russie est en train de renouveler avec les Afghans ce que l’URSS avait fait en son temps avec l’Inde naissante (1947) confrontée à la famine : “nous vous livrons le blé et les moyens de le transporter (essence, diesel) et de l’utiliser (gaz), dites-nous où et quand nous livrons, on s’occupera des contreparties après”. Cela expliquerait que personne ne communique au sujet de ces contreparties : tout simplement parce qu’elles ne sont pas encore définies. En Inde, cela a noué entre les deux pays des liens dont les diplomates indiens parlent encore. La Russie n’est cependant plus l’URSS : idéologie, buts, taille, tout les sépare sauf peut-être l’âme russe.

    La dernière, la moins probable mais la plus amusante des hypothèses serait que les Afghans paient ces fournitures avec des mercenaires utilisés plus ou moins directement dans la guerre en Ukraine. Mais déjà que la paix règne à cette frontière ou au moins que l’on soit sur ce chemin serait une bénédiction pour la Russie et ses alliés et ces livraisons seraient un paiement très léger. Sans même compter sur la liberté de circulation sur les routes qui passent dans la région voire en Afghanistan même.

    Rien n’interdit d’imaginer une combinaison de ces hypothèses, formalisée ou non. D’autant que pour les Afghans, l’homme qui respecte sa parole est un homme respecté et à suivre. C’est justement l’argument que Kadyrov prétend avoir utilisé pour rallier ses opposants : Poutine est un homme de parole, lui ! Pourquoi pas ?

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    • Franck Marsal
      Franck Marsal

      En réalité, tout le monde a intérêt à un Afghanistan qui se développe et personne n’a intérêt à ce que ce pays sombre. Pour ce qui est de l’âme russe, je ne sais pas si elle peut exister autrement que par le fait que l’URSS vit encore dans les consciences.
      En réalité, je crois que dans tout ce qui se passe aujourd’hui, l’URSS est l’éléphant au milieu de la pièce que tout le monde fait semblant de ne pas voir.

      Les capitalistes occidentaux ne s’unieraient pas comme ils le font pour “punir” la Russie, si elle n’était pas le pays de la révolution d’octobre. Certes, ils lorgnent sur ses ressources, mais il n’y a pas que ça. Ils ne supportent pas que ce pays puisse être libre car ils ont encore peur et haine de l’URSS. Quand le gouvernement Français voit arriver la Russie au Mali, c’est le spectre de l’URSS qui vient lui chatouiller les orteils. Quand les américains font face à la diplomatie russe au conseil de sécurité, c’est Molotov qui leur fait un clin d’oeil.

      Et l’URSS est aussi présente en filigrane dans la plupart des commentaires des soldats russes tout comme dans les discours de Poutine. Quand les uns et les autres parlent de la mère-patrie, qu’ils restaurent les monuments de la grande guerre patriotique, qu’ils en appellent à l’esprit de sacrifice, au courage et à la résistance, de quoi peut-il s’agir d’autre ?

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      • etoilerouge
        etoilerouge

        Vive l’URSS à bas les collabos

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