Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Comme Victor Jara, je refuse de perdre mon temps, rendez-vous de lutte pour qui en vaut la peine…

Je ne chante pas pour passer le temps petit qu’il me reste à vivre disait Aragon. Hier avec Vilma, une amie cubaine, nous nous sommes réunis à quelques-uns pour préparer la manifestation du dimanche 25 septembre à Marseille contre le blocus de Cuba et nous avons eu la joie d’avoir des réponses de toutes parts… Oui me disaient-ils tous nous serons ce dimanche 25 septembre à Marseille place du général De Gaulle au bas de la Canebière de 14 heures à 17 heures pour dire notre refus du blocus de Cuba et au-delà notre haine de la guerre que l’impérialisme occidental prétend mener contre tous les peuples y compris le peuple français. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit. Dans cette guerre de moins en moins par procuration, les armes des marchands d’armes ne sont pas dirigées seulement contre la Russie, les sanctions illégales ne prétendent pas comme ils le racontent nous protéger de méchants dictateurs qui veulent notre malheur, non ils ont prêts à tuer, à torturer, à asphyxier des peuples entiers pour maintenir leur droit au pillage de la planète.

Quand ils ont peur, ils lachent des aumones, le droit à la survie, mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit à propos de Cuba, c’est bien de la liberté d’être maître chez soi et de sauver la terre, les êtres humains, d’être libre d’être ce que ‘on est ensemble et individuellement,aimer la vie à en mourir face à ceux qui n’ont plus que la mort à offrir… pour leurs caprices de nantis…

Ce qu’ils font au peuple cubain, qui ne menace personne mais donne le peu qu’il a pour aider, soigner, est perpétré encore aujourd’hui par les assassins de Victor Jara et nous nous sommes demandés ce que nous pouvions faire Vilma et moi, Bernard et bien d’autres… En préparant cette mobilisation, avec nos faibles moyens, nous avons commenté notre âge, notre petit nombre, nous nous sommes même interrogés sur le suicide épuisé de Godard, et nous avons réaffirmé notre tranquille conviction: tant qu’il y a en nous un souffle de vie, la possibilité d’agir nous agissons et nous refusons comme Victor Jara la lâcheté du repli sur soi et de ses propres limites… Nous agirons, le peu que chacun peut faire aide à repousser le couvercle du silence et de l’injustice contre ceux à qui on interdit la parole étouffée sous les flots de propagande… Faire ce qu’on doit et ce qu’on peut est la simple leçon que j’ai reçue de mon compagnon Pascal Fieschi qui huit jours avant sa mort d’un cancer généralisé me demandait si j’avais bien envoyé sa signature en soutien d’une pétition pour les dix de Soweto…

Voilà c’est simple : avec Cuba, la confiance devient l’ultime forme de rébelion, celle qui nous pousse jeunes et vieux à croire tout bêtement en l’humanité, non pas une abstraction mais celui pauvre, rusé et qui tout à coup se dépasse, au moment où ne l’attend pas, cette humanité qui n’est ni édifiante, ni moralisatrice, pas gonflée de vent, mais dansant et plaisantant, prête à faire ce qu’elle peut là où elle le peut parce qu’elle sait que c’est juste et que cela va soulager un autre être humain connu ou inconnu…

La vie et ce lien collectif qui nous unit à l’humanité entière dans le temps depuis ces mains sur les parois des grottes préhistoriques jusqu’à aujourd’hui où nous franchissons les espaces stellaires, et sur tous les continents a été notre force à nous communistes, elle ne cherchait ni reconnaissance, ni flatterie mais l’honneur d’un juste combat pour la vie… Chanter, rire, aimer, en fait partie jusqu’au bout.. C’est la seule victoire que nous pouvons promettre…

Pour une fois de plus dire NON aux assassins de Victor Jara qui organisent l’asphyxie du peuple cubain rendez-vous à Marseille le 25 septembre 2022 de 14 heures à 18heures place du Général De Gaulle (à côté du manège). Nous avons besoin de vous tous qui ne vous résignez pas à l’injustice…

Et notre ami Stéphane Chalk viendra avec sa guitare, elle aussi pauvre instrument pour les pauvres qui plongent leurs racines jusqu’au cœur de la terre nous dire qu’il faudra bien un jour que l’injustice s’arrête et qu’il faut remercier les Cubains qui n’ont rien lâché…

Nous vous remercions vous tous qui depuis quelques jours nous assurez de votre venue, vous qui prenez conscience des dangers du moment et de la résistance qui monte mais qui a besoin d’être organisée.

Je vais prendre quatre jours de repos au bord de la mer, donc à partir de mercredi jusqu’à dimanche, il n’y aura que le bulletin quotidien sur la guerre traduit et publié par Marianne, mais si le chagrin qui me taraude devant ce qui se passe dans mon malheureux pays la France m’a confirmé le besoin de ces brèves vacances, votre réponse à tous me donne envie de vous retrouver dimanche.

Danielle Beitrach

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Victor Jara , musicien, guitariste, dont les mains furent coupées et assassinés pour le faire taire était chanté par la jeunesse révolutionnaire du Chili en 2019.

    Un poète qui a su toucher le cœur du peuple.

    Ton article me fait penser à “La Défaite” de Alexander Fadéev, où il décris la lutte armée des révolutionnaires dans l’extrême orient Russe aux frontière de la Corée. Tels qu’ils sont dépeints analphabètes, peu cultivés, avec leurs désaccords, rustiques, ces travailleurs qui ont pris les armes semblent bien peu héroïques, mais ils ont une grande force intérieure qui les pousse au combat, la certitude de se libérer et de lutter pour des jours meilleurs. Levingston est le commandant responsable de la troupe, Metchik inconstant et de peu de confiance trouvé par Morozka mineur depuis l’âge de 12 ans rustique mais solide. Fadéev décrit la guerre contre les japonais et les Cosaques les relations des partisans avec les fermiers, les décisions injustes mais nécessaires comme tuer le seul cochon pour l’hiver d’un fermier afin de nourrir la troupe.

    Il y a aussi les poètes issus du peuple comme le commissaire politique militaire Miguel Hernandez poète et ouvrier agricole à 15 ans, communiste et combattant, mort par manque de soins dans les geôles franquistes.

    Même après la défaite et quand il reste si peu l’espoir est là quand les travailleurs retrouvent l’unité et le courage de combattre. En 1962, dans les Asturies, les militants du PCE étaient pour la plupart en exil ou en prison, pourtant quelques mineurs ont organisé la plus grande grève qu’a connu le franquisme dans une solidarité solide, avec un peuple fier, des femmes courageuses et une poignée de travailleurs pas tous militants ou encartés qui ont réussi clandestinement à soulever plus de 300 000 grévistes essentiellement dans les Asturies et le Pays Basque, puis à Barcelone suivis par quelques intellectuels à Madrid. Ce printemps 1962 les brimades et les violences exercées par les chefs d’atelier ont définitivement pris fin. La victoire a coûté quelques tortures, quelques mort comme Tina Bayon épouse du militant communiste Victor Bayon.
    Des déportations plus, de 120 mineurs. Certains se sont exilés en France, en Belgique.
    Ils avaient réussi à déjouer les pièges lors des interrogatoires de la brigade politique et sociale de Claudio Ramos. La solidarité était efficace pour nourrir les familles des grévistes et des prisonniers politiques, même des phalangistes ont été parmi les premiers grévistes.
    La grève a été une vraie victoire même si Franco n’a pas été renversé, depuis ce temps la peur avait changé de camp, en 1965 les mineurs avaient même osé prendre d’assaut le commissariat de Mieres avec une rare violence faisant voler les casquettes de la police franquiste, les femmes s jetant les chaussures à ceux qui se montraient au fenêtres. Cet assaut était pour demander la libération des camarades emprisonnés en 62. Cet assaut avait été décidé démocratiquement par ceux qui voulaient organiser une manifestation mais souhaitaient une action plus radicale. Les conditions de travail avaient radicalement changé, protections personnelles pour les mineurs, augmentation de salaires, fondation des commissions ouvrières en dehors du syndicat vertical et négociation directe des mineurs avec le ministre du travail Solís.
    C’était le résultat des conditions matérielles de vie et de travail conjuguée à la tradition ouvrière des mineurs et la fierté historique d’un peuple.

    Il y a parfois dans les situations les plus désespérées des surgissements que la répression ne peut contenir ni prévoir.

    Souvenirs de l’assaut du commissariat de Mieres:

    https://youtu.be/6nCp9Sw49ac

    Homage à la guerilla par Anita Sirgo une des protagoniste de la grande grève de 1962:

    https://youtu.be/cifXA1QyiDI

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