L’ université populaire de la métropoole marseillaise n’a aucun lien avec le PCF ou la CGT. Si tel était le cas, je serais interdite comme je le suis en particulier dans les Bouches du Rhône dans toutes les fêtes du parti. Mes travaux seraient boycottés et mes livres également exclus des tables de littérature, dieu sait pourquoi, vu que je ne mérite ni cette ‘indignité, ni l’excès d’honneur auquel cela correspond. J’ai fait honnêtement mon travail de chercheur enseignant en sociologie, avec ou sans mes étudiants j’ai étudié le terrain . En tant que militante j’ai dit mes opinions et je n’ai jamais trahi nulle part mon engagement avec les opprimés. Un parcours comparable à bien d’autres qui subissent les mêmes interdits. Ce harcèlement qui dure depuis une trentaine d’années s’interroge et interroge ceux qui le pratiquent mais ce n’est pas mon affaire vu que j’ai renoncé à être “encartée” nulle part et que mon parcours avec quelques amis fidèles consiste à pursuivre en franc tireur à l’aide de ce blog une démarche solitaire et néanmoins épanouissante qui n’est pas pour rien dans le bonheur de vivre et la curiosité qui reste la mienne. Pasoini disait: on fantasme les intellectuels, on en fait des individus au coeur d’une vie mondaine, ce sont des solitaires dont le trois quart de la vie se passe devant une table de travail ou dans de longues promenades de réflexion… Pourtant toute démarche de recherche comme d’ailleurs toute pédagogie suppose un collectif, sans parler de la diffusion des travaux.
Tout alimente leur préoccupation et la mienne est la crainte d’une autodestruction généralisée, crainte à laquelle je réponds par la tentative de créer des ponts avec les moyens que me laisse la censure d’un parti communiste qui s’automutile. J’ai vu des gens assurer la formation des militants qui n’avaient aucune connaissance ni de Marx, ni du marxisme et encore moins des sources intellectuelles et de l’histoire d’autres civilisations ayant accompli une révolution. Le fait que nous sommes nombreux à vivre cette censure qui n’est rien d’autre que celle de l’idéologie dominante, parce que ce qui fait l’efficacité d’une telle censure c’est qu’elle ne fait que conforter celle d’une classe dominante de plus en plus paranoïaque et elle se termine en général par des autodafés…
Parce que en matière de culture, le plus nocif est qu’il n’existe plus de base politique de masse à la critique radicale que représente le marxisme, cela entraine et déforme par voie de conséquence la marginalisation d’autres courants progressistes en particulier ceux qui ont réfléchi à la spécificité des sciences humaines comme Weber, Bourdieu et tant d’autres. Cette asphyxie de la perte d’un parti communiste, coupé d”abord de la classe ouvrière, des forces révoutionnaires internationales, pèse sur les luttes mais aussi sur la réflexion et le développement des chercheurs, les objets, les terrains autant que les méthodes.
Je vous dis cela parce que je voudrais que l’on comprenne que cette inertie, cette coupure, revient à chaque moment de la vie de chacun. Et en me demandant ce que je cherchais réellement en acceptant des conférences. Aujourd’ui c’est la rencontre d’un public hétérogène d’une Université populaire comme je l’explique ici, mais la non existence d’un parti communiste pèse y compris sur les programmes scientifiques, les sujets et le méthodes plus qu’on ne pourrait le croire, comme son existence jadis a consacré l’existence d’un monde intellectuel français particulier .
En attendant cela fait concrètement d’une conférence une entreprise qui relève du saut dans le vide pour quelqu’un qui éprouve un certain respect pour un interlocuteur qui fait l’effort au moins de curiosité intellectuelle rendue impossible à la majorité des Français, bref c’est la possibilité de connaitre est de comprendre qui est en cause, la liberté citoyenne. (1)
conférence le 5 septembre
130 avenue du Prado 13008 Marseille (à l’angle du boulevard Perrier et à proximité de la station de Métro éponyme)
L’accueil est à partir de 18 heures 30, l’exposé à 19 heures (± 1 heure suivie d’échanges avec le public) Un apéritif est prévu après le débat !
Cette conférence qui devrait être suivie d’une autre sur l’actualité de la conception chinoise en matière de géopolitique et comment ouvrir un dialogue nécessaire va me confronter à un enjeu de taille. Il s’agit d’un public assez hétérogène mais “bienveillant”. Cependant sur une question comme celle-ci nous sommes confrontés aux résultats non seulement d’une propagande dont les aspects guerriers ne font aucun doute mais à une méconnaissance qui a des racines beaucoup plus anciennes. Et ce n’est pas seulement un fait qu’il faut démonter mais l’ensemble des connaissances de l’interlocuteur occidental, tout doit être repris, situé dans son contexte qui est en général totalement différent de celui de votre interlocuteur.
Il faut non seulement corriger l’illusion d’un savoir immédiat concernant une civilisation lointaine objet actuellement d’un accès manifeste de xénophobie médiatique qui oppose les deux termes: liberté et dictature, autocrate, totalitarisme, j’en passe et des meilleurs, une assez bonne vision de l’actualisation du péril jaune… mais encore le faire en opérant une déconstruction de notre propre vision de la liberté comme si c’était un donné “naturel”… Cette réflexion pourrait donner lieu à un cours sur une année mais là nous avons au mieux 4 heures, deux de présentation permettant le débat qui lui aussi durera deux heures en deux séances. Mission impossible si l’interlocuteur ne sort pas de là convaincu de la nécessité de prolonger le travail par lui même… Bref d’opérer au moins un pas vers une attitude critique et nous sommes encore loin de la recommandation de Marx de dépasser la compréhension critique par le choix d’intervenir et de transformer le monde.
Je me demande quel esprit missionnaire me pousse à accepter de telles activités comme d’ailleurs à tenir ce blog avec Marianne… peut-être ce partage entre nous deux de la difficulté d’une telle tâche, de son impossibilité et pourtant de ne pouvoir nous en détourner.
Voilà, il s’avère que comme vous tous les tâches de la rentrée, une certaine fatigue accumulée vont nous pousser à lever parfois un peu le pied. Enfin nous comptons sur vous…
Danielle Bleitrach
Bibliographie : il y a deux lectures parmi une masse d’autres qui pourront servir d’introduction à cette conférence et surtout la prolonger!
- la lettre de Victor Hugo à propos du sac du palais d’été :Victor Hugo et le sac du Palais d’été, lettre au Capitaine Butler | Histoire et société (histoireetsociete.com)
- Jacques Germet -le monde chinois. 3 tomes chez Pocket Armand Colin éditeur
- ce texte que l’on retrouvera dans le tome de la pléiade consacré aux écrits politiques de Marx mais que nous avons publié ici. Karl Marx: . LA CHINE, L’ANGLETERRE ET LA RÉVOLUTION, [Déplacement du centre de gravité mondial] | Histoire et société (histoireetsociete.com)
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