Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’agit-prop et les calamars farcis…

En Provence on appelle les calamars, les tautennes… En général les calamars farcis sont décrit dans la cuisine françaises agrementés d’une sauce à l’américaine, mais nous on la faisait d’une manière plus rustique et on peut toujours ajouter à ma recette du concentré de tomate et à la fin faire flamber le plat au cognac et ça ressemble à une sauce américaine.. Mais nous c’est un peu différent, plus rustique.. et toujours avec ce qu’on a sous la main..le panier de la ménagère… mais je vais vous dire aussi à quel point “le panier de la ménagère” débouche sur l’agit-prop.. Est-ce que vous connaissez l’agit-prop ?

L’AGIT- PROP , UNE SECONDE NATURE COMMUNISTE

L’agitprop, ou agit-prop ou encore agit’prop (troncation de agitation-propagande, traduction du russe агитации и пропаганды), est un procédé de communication politique. L’agit-prop fait de la rue un théâtre, où, avec ce que l’on a sous la main en utilisant le mobilier urbain, en le détournant, on crée un décor et on met en place de courtes scènes sur des thèmes d’actualité. On échange, on improvise dans une langue directe et crue, aisée à comprendre… Tout un théâtre à comencer par Brecht est né de l’agit-prop, C’est un journal vivant que l’on joue partout à l’usine, dans la rue… Nous étions jadis toute une bande à jouer spontanément à ce jeu là. Je me souviens de courses à Monoprix avec Nannie Bellan, chacune à une caisse dénonçant la hausse des prix et déclarant “il n’y a que les salaires qui n’augmentent pas!” Tout nous était prétexte à ce théâtre du quotidien et mêmes nos enfants subissaient cette pédagogie. Nannie était orfèvre en la matière. Elle racontait d’un ton confidentiel : DIEU EXISTE: je l’ai rencontré c’est une grand lapin bleu avec un fusil sur l’épaule… ET moi je leur racontais des contes sans fin, dans lequel un méchant riche égoïste était puni par une armée d’enfants. Un jour, mon fils en contemplant les parcmètres à déclaré: ils ont dessous des gros tuyaux qui vont direct dans la poche de Pompidou…

Le samedi et le dimanche, nous préparions de grands festins et toute la nuit les adultes jouaient au poker (l’argent accumulé servait à se faire des festins) en nous moquant ducapitalisme monopoliste d’Etat qui présentait la grande qualité d’être totalement abstrait et de rassembler large… Chacune de nous arrivait avec un plat diversement apprécié… Le parti communiste à l’époque c’était un parti et plus que ça un théâtre du quotidien dans lequel nous étions les acteurs joyeux, convaincants et convaincus…

Ceux qui me connaissent encore au quotidien, leur nombre s’est raréfié mais mon petit théâtre affiche toujours complet, savent que chez moi l’agit-prop est une seconde nature, partout j’interpelle le passant connu ou inconnu… Alors il y a le panier de la ménagère mais l’essentiel c’est l’agit-prop…

LES CALAMARS FARCIS ET ON NOUS PREND POUR DES IDIOTS…

A ce propos, hier je suis allée à intermarché, le jeune poissonnier m’a à la bonne, il est vrai que je passe mon temps à discuter avec les ménagères, leur donner des recettes pour le moins cher… Partout, je fais ça, j’invite les femmes qui sont devant les étals à faire des économies en cuisinant… A utiliser ce qui est le moins cher, par exemple le maquereau qui bat tous les records en la matière.. Mais je vous parlerai du maquereau une autre fois, aujourd’hui il s’agit des calamars ou tautennes.

En fait le problème c’est justement de cuisiner.. Une dame devant l’étal du poissonnier a déclaré : moi il y a deux poissons que je ‘aime pas, la sardine et le maquereau, et quand elle m’a vu prendre des petits merlans de chalut, portion à 10 euros le kilo elle a demandé le gout que ça avait. Il ne lui restait plus qu’à aller chez Picard ou findus acheter du poisson sans arrête et pané.. Résultat, les poisonniers qui me connaissent apprécient que j’apprécie leur savoir et ils me signalent la pèche de chalut, pas celle d’élevage et nous avons de longues discussions sur le fait qu’il faut reconnaitre que la sardine de Bretagne a plus de goût que celle de Méditerranée.

En fait, cela tourne souvent au meeting, après avoir donné quelques recettes, poctuées par quelques remarques sur le fait que tout est cher, que tout augmente, un choeur se crée… Il se trouve parfois une dame qui déclare “ils disent que c’est la faute à l’Ukraine, mais ils nous prennent pour des andouilles, il y a des gens qui profitent de tout ça!”

Je reprends la balle au bond sur deux thèmes essentiels, le premier revient à dire ‘au lieu de faire la guerre chez les autres, ils feraient mieux de s’occuper de ce qui ne va pas ches nous… vous vous rendez compte que l’on est obligé d’emprunter des canaders à la Gtèce et à la Roumanie” Et là c’est un tollé général “mais où ils les ont mis nos canadairs, commet ils payent les pompiers, les infirmiers et eux ils se servent”… J’enfonce le clou: “ils nous racontent n’importe quoi!” Et là j’arrive sur le deuxième thème: “ils nous racontent même que les Russes envoient des bombes sur la centrale nucléaire qu’ils occupent! tout ça pour nous inciter à faire la guerre, ce qui rapporte à certains mais pas à nous”.


Il faut couper ce discours pacifiste, de recettes, de conseils, écouter celle qui raconte le dernier plat qu’elle a fait quand sa fille, son mari et le petit fils sont venus, un modeste festin. Mais l’unanimité se réalise autour de l’idée que les Russes ne sont tout de même pas assez jobards pour s’envoyer des bombes sur la centrale nucléaire qu’ils occupent et que le Zelensky il nous parle comme ce n’est pas permis, il nous donne des ordres comme s’il était le président des Etats-Unis, et eux ont les connait , on sait dont ils sont capables…

Bon maintenant après cette description de la séance d’agit-pro on va passer à la recette des calamars farcis. Bien sur vous demandez au poissonnier de vous les nettoyer : il ne reste que la poche et les tentacules débarasssées des yeux et viscères, du noir et de l’épine dorsale. en rentrant vous finissez de nettoyer et vous étendez à sécher sur un linge sec et propre… Là j’en ai cuisiné quatre.

Vous hachez menu un oignon, vous ajoutez deux gousses d’ail écrasées avec un pilon ou ce que vous avez à votre disposition, le tout soit que l’ail soit écrasé pour en sortir le suc et qu’il gagne un peu sur l’oignon surtout si vous avez de l’ail rose de l’occitanie. vous les inondez d’une cuillère à soupe d’au chaude, vous faite revenir dans l’huile (d’olive SVP), un filet et vous ajoutez les tentacules elles aussi finement hachées, vous ajoutez la chair d’une tomate bien mure, elle aussi en petits morceaux, vous faites revenir, prendre couleur… et vous ajoutez la mie de deux grosses tartines de pain que vous avez fait macérer dans du lait, salez poivrez et ajoutez un jaune d’oeuf.

Avec cette farce épaisse, vous remplissez les poches des calamars et vous les cousez pour les fermer, une aiguille et du fils ordinaire. vous les rengez en attente d’un lit sur lequel cuire.

Dans l’huile de votre sauteuse, vous mettez un oignon haché finement , encore une gousse d’ail écrasée, une feuille de laurier, un tour de cuissin pui une cuillérée à soupe de farine avec lequel vous emportez ail, oignon, laurier et huile comme ue béchamele, mais pas de lait, un verre du vin blanc tenu à température et la même quantité d’eau chaude, laissez votre sauce se faire pendant un quart d’heure… c’est là que les amateurs d’américaine peuvent glisser la gtosseur de un oeuf de concentré de tomate… Moi je laisse le plus souvent comme ça comme je garde la sauce entière alors que d’autres la passent… quand elle a réduit vous la jetez sur les calamars que vous avez rangés au fond d’un plat…

Vous mettez votre plat dans le four avec de la chapelure et le faites gratiner à 140 °
bien sur vous servez avec du riz cuit comme il vous plaira, moi je l’aime bien cuit…

Voilà ce qui me pousse à participer au théâtre du quotidien, ce que j’ai plus que tout aimé dans le militantisme… alors que le plaisr de la vie est dans les sens, ceux toujours en éveil jusqu’à un âge avancé, la vue, le goût, les senteurs… Mais ce qui me pousse à écrir est encore d’une autre nature et là je citerai Brecht:

En moi s’affrontentL’enthousiasme à la vue du pommier en fleursEt l’effroi lorsque j’entends les discours du barbouilleur.*Mais seul le secondMe pousse à ma table de travail”… (* Brecht aimait utiliser ce sobriquet pour désigner Hitler qui voulait devenir peintre en suivant l’Ecole des Beaux-Arts de Vienne)

S”il n’y avait pas l’effroi inspiré par les gens criminels et stupides sans doute je n’écrierais pas, même pas ces rec ettes et ces notes prises sur le vif… et l’agit-prop résume cette urgence volée aux plaisirs..

Danielle Bleitrach

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1 Commentaire

  • Smiley
    Smiley

    Après l opéra de quat’sous les recettes de quat’sous aussi.
    Mais si l on considère le temps que tu y passes chère Danielle et le travail vivant incorporé par toi elles acquierent de la valeur.
    On notera aussi que tu aimes faire des farces ce qui n est pas une surprise.
    Demain recette de la gîte propre !

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