“Aucun des droits dits de l’homme ne dépasse l’homme égoïste, l’homme tel qu’il est comme membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire un individu replié sur lui-même, sur son intérêt privé et son bon plaisir privé, et séparé de la communauté”
Karl Marx “À propos de la question juive” (1844), I, trad. M. Simon, Aubier, 1971
Quand Vladimir Poutine se moque à son tour des dirigeants du G7, est-ce qu’il a raison de relever de pareilles âneries ?
Lors des sommets du G7 et de l’Otan, qui se sont succédé depuis le 25 juin, les leaders occidentaux ont décrété que la Russie constituait une “menace directe” pour les pays de l’Alliance atlantique et annoncé agir en conséquence. Des dirigeants ont également attaqué ad hominem le chef du Kremlin, qui ne s’est pas gêné pour leur répondre. Tout cela est d’autant plus sordide que la véritable question est : Quels arguments justifient l’augmentation des dépenses militaires si les perspectives économiques continuent de se détériorer? Qui menace qui ? Alors ces propos puérils en deviennent effrayants de la part de ceux qui continuent à rêver de mettre à genoux la Russie et la Chine, priver la majeure partie de l’humanité du droit à la souveraineté et qui définissent cela au nom des “droits de l’homme”.
“Je ne sais pas jusqu’où ils voulaient se déshabiller, jusqu’à la ceinture, plus bas… Je pense que ça aurait été, dans un cas comme dans l’autre, un spectacle répugnant.” a déclaré Vladimir Poutine en commentant les stupidités – le mot est faible – que les dirigeants du G7 ont cru de voir prononcer pour ridiculiser le président russe et tout son entourage. Ce faisant, ils ont simplement témoigné du degré avilissant de leur débats et il faut bien avouer que les médias qui prétendent nous informer en n’économisant aucun détail sordide sur l’adversaire du moment disent ce qu’est devenue “la démocratie”… dans de telles mains.
Le président russe a réagi en ces termes aux provocations de Boris Johnson, lors du sommet du G7, qui a suggéré de “se déshabiller” pour suivre l’exemple de Vladimir Poutine, dont les photographies torse nu en pleine nature en train de pêcher ou à dos de cheval avaient fait le tour du monde au début des années 2010.
Le chef du Kremlin, cité par le quotidien moscovite en ligne Gazeta.ru, a développé son propos en citant le grand classique russe Alexandre Pouchkine qui a écrit [dans Eugène Onéguine] : “On peut être un homme d’action et ne pas oublier pour autant de soigner ses ongles.”
“Je suis d’accord avec cela, a poursuivi Poutine, tout doit être développé de façon organique dans l’être humain, l’âme comme le corps. Mais pour que tout soit en harmonie, il faut renoncer à l’abus d’alcool et à d’autres mauvaises habitudes, faire de l’exercice physique, du sport.
Et de conclure en leur prodiguant un conseil : “Je connais les dirigeants du G7 personnellement. Nos relations ne sont pas au mieux, c’est clair. Néanmoins, ce sont des leaders, au caractère bien trempé, qui sont capables, s’ils le veulent, d’atteindre leur objectif. Mais, pour cela, il faut travailler sur soi.”
Je ne pense pas que répondre à de telles ordures soient nécessaire et peut-être le président russe aurait-il dû les négliger, mais sans doute a-t-il été élevé dans une famille communiste (son grand père était le cuisinier de Staline et son père un héros de la bataille de Leningrad) mais les mauvaises fréquentations et le choix du capitalisme sont la faiblesse de cet enfant d’une famille honorable qui conserve un certain patriotisme, mais a beaucoup perdu en matière de contrôle de soi qui caractérisait jadis les dirigeants de l’URSS.
Quant aux pitres du G7, experts en beuveries et en outrance, méprisant leurs peuples au point de se mépriser eux-mêmes, prenant des décisions sans solliciter le moindre assentiment ils témoignent de ce que peut-être le relâchement et le sentiment de totale impunité et c’est triste, sordide.
Les attaques contre la personne du président russe n’ont pas manqué au récent sommet du G7 et en marge de celui de l’Otan, qui se termine ce 30 juin à Madrid. Gazeta.ru en a recensé quelques-unes, comme celle prononcée par le Premier ministre britannique : “Nous devons tous montrer que nous sommes plus forts que Poutine, lui montrer nos pectoraux.”
Exhortation en contradiction avec une autre remarque livrée, lors d’une interview, à la chaîne de télévision allemande ZDF : “La guerre est un exemple parfait de toxicité masculine”, a affirmé Boris Johnson, suggérant qu’une femme au pouvoir à Moscou n’aurait pas déclenché d’hostilités militaires en Ukraine. Le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, a, pour sa part, déclaré :
“La vision de Poutine de lui-même et du monde, c’est le syndrome du petit mec, une vision de macho.”
Avant de s’en prendre à la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, connue pour son franc-parler : “Elle menace tout le monde de la bombe nucléaire et de que sais-je encore. Elle est aussi folle que lui [Poutine].”
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu au ministre britannique en ces termes : “Nous ne pouvons malheureusement que constater ici un très bas niveau de culture personnelle et politique. Une telle goujaterie jette le discrédit sur le pays qu’il représente.”
Ce qui est malheureusement tout à fait exact et qui témoigne de ce que “les droits de l’homme” pour le capitaliste n’est que le droit de l’individu égoïste, replié sur lui-même et sur son narcissisme incontinent. Parce que toutes ces pitreries ne servent qu’à masquer la rupture qui existe entre les dirigeants et le peuple. Nous avons affaire à une bande de voyous avinés qui – sans jamais prendre l’avis de ceux qui doivent payer la facture, les peuples – roulent les mécaniques et n’ont plus la moindre retenue. Pourtant s’il y a un problème il est bien entre le coût du bellicisme, l’afflux de capitaux pour censément défendre la démocratie contre l’autocratie alors même que ces gouvernements capitalistes semblent ignorer les contradictions internes qu’ils n’arrivent plus à gérer… C’est cette aggravation des contradictions qui rend encore plus effrayants et puérils les propos de ces individus irresponsables et capricieux.
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