Union européenne.
A l’inverse de l’élargissement de l’OTAN, Moscou et les autres “non alignés” se désintéressent de l’élargissement de l’UE, peut-être considèrent-ils avec quelque ironie la manière dont les traitements à géométrie variable autant que les conflits d’intérêt nationaux rendent-ils ingérable cette machine de plus en plus dominée par les vues de l’OTAN (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete)
Le Conseil européen des 23 et 24 juin devrait voir les dirigeants des 27 pays de l’UE accorder le statut de candidat à l’adhésion à l’Ukraine et à la Moldavie via une procédure d’urgence. Les deux pays sont-ils en train de griller la file d’attente aux pays des Balkans occidentaux ? s’interrogent les médias de la région.Courrier internationalPublié aujourd’hui à 05h00 Lecture 2 min.
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Si la candidature de l’Ukraine et de la Moldavie à l’adhésion à l’Union européenne n’est pas contestée, la nouvelle politique d’élargissement de l’UE fait l’objet de réserves dans les Balkans occidentaux.
Car la majorité des pays de la région sont d’ores et déjà candidats, à des stades plus ou moins avancées de la procédure. Les candidatures de la Serbie, du Monténégro, de la Macédoine du Nord et de l’Albanie sont officiellement reconnues et des procédures d’adhésion sont en cours, parfois bloqués par des pays membres pour divers différends historiques et culturels (comme pour la Bulgarie et la Macédoine du Nord). La Bosnie-Herzégovine a déposé une candidature qui n’est pas encore reconnue par l’Union, et le Kosovo a la statut de “candidat potentiel” sans avoir encore déposé de candidature.
La Croatie et la Slovénie, seuls pays de la région ayant jusqu’ici intégré l’Union européenne, plaident pour leurs voisins. “Nous comprenons les raisons politiques pour donner le feu vert à l’Ukraine et à la Moldavie, mais en soutenant uniquement ces deux pays, l’Union a négligé et humilié les pays des Balkans occidentaux, notamment la Bosnie-Herzégovine, qui fut également le théâtre d’une guerre [entre 1992 et 1995]”, a estimé l’ancienne Première ministre croate Jadranka Kosor, citée par la chaîne régionale N1. En 2009, Kosor avait contribué à débloquer les négociations d’adhésion de la Croatie, suspendues par des litiges avec la Slovénie.
Le président croate, Zoran Milanovic, a été encore plus claire : “La Croatie ne permettra pas que soit oubliée la candidature de la Bosnie-Herzégovine. Ne pas lui donner le statut de candidat à l’adhésion revient à ne pas considérer ce pays comme un État. Il n’y a pas de guerre ou de problèmes territoriaux [en Bosnie-Herzégovine]”, a souligné Milanovic, cité par le site de Radio Sarajevo.
“Les Balkans méritent un traitement similaire”
La Slovénie agit elle aussi. La ministre des Affaires étrangères, Tanja Fajon, a proposé le 20 juin un document réclamant l’attribution urgente du statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine. Selon le document, qui sera présenté au sommet de Bruxelles, Sarajevo doit mettre en œuvre trois réformes en échange du statut de candidat, avant même d’ouvrir les négociations d’adhésion : celle de son système judiciaire, une autre sur la prévention des conflits d’intérêts et une dernière sur la régulation des marchés publics, rapporte N1.
“Les Balkans Occidentaux méritent un traitement similaire à celui de l’Ukraine et de la Moldavie”, affirmait aussi le 17 juin le nouveau Premier ministre slovène, Robert Golob, lors de sa rencontre avec Charles Michel, président du Conseil européen
Commentant le statut de candidat à l’UE accordé à l’Ukraine, Zeljka Cvijanovic, présidente de la République serbe de Bosnie, a estimé que cette annonce violait les principes et procédures respectés jusqu’alors pour d’autres pays. “Un pays ne remplissant aucune des conditions d’adhésion est favorisé par rapport aux pays des Balkans occidentaux”, commentait Cvijanovic, citée par le quotidien Oslobodjenje, de Sarajevo.
Selon le quotidien croate Jutarnji List, “comparée à l’Ukraine et à la Moldavie [dont s’est séparée la république autoproclamée de Transnistrie], la Bosnie-Herzégovine a au moins le contrôle de son territoire. Certes, son État n’est pas tout à fait fonctionnel du fait des divisions ethniques, mais accorder la candidature à la Bosnie-Herzégovine inciterait ses dirigeants à embrasser des valeurs positives.”
Kika Curovic
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