Tandis que des signes contradictoires sont données (Macron annonce qu’il va à Kiev avec d’autres dirigeants européens, semblant poursuivre sa politique belliciste et les chaines de télévision aux ordres laissent entrevoir une autre réalité sur le terrain (1), cet article qui ne manque pas de pertinence laisse voir une impossible gouvernance d’un pouvoir qui ne renonce pas à une politique impopulaire sans avoir la volonté de changer de méthode et sans la moindre force motrice capable d’être celle qui rassemblera autour d’un changement indispensable. (note et traduction de danielle Bleitrach dans histoireetsociete)
C”était déjà clair que pour Emmanuel Macron ce ne serait pas une promenade de santé après les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Le chef de l’Elysée avait été reconfirmé, bien sûr, mais le prix en termes politiques avait été élevé. Le Rassemblement national de Marine Le Pen avait obtenu un nombre extrêmement important de voix. Jean-Luc Mélenchon, le vieux lion de la Français gauche, a arraché des pourcentages très élevés. Macron a gagné, mais surtout il a évité de perdre. Le second tour a ensuite eu un résultat assez évident: mais ce premier tour avait été la véritable sonnette d’alarme générale.
La France se rend au vote pour l’Assemblée nationale avec ces prémisses, c’est-à-dire ce premier tour qui a sanctionné la naissance d’un bloc de gauche fort, d’une droite plus radicale qui ne perd pas le consensus, d’un parti républicain qui tente de survivre et d’un parti macronien, du centre, qui devrait être le premier parti au même titre que celui de Mélenchon. Une situation qui pourrait changer avec le second tour, mais qui révelera certainement un pays très divisé en son sein, sans véritable force motrice, et avec un Macron qui cherchera encore trouver l’accord avec un parti cequi lui permettra de mener à bien une partie des réformes voulues dans la campagne électorale ou prévues par le mandat précédent. Le risque, du moins selon les sondages, est que le président ne puisse pas obtenir la majorité absolue, dont le seuil est fixé à 289 sièges. À moins d’un changement retentissant entre le premier et le deuxième tour, l’éventail des parlementaires que le parti du président devrait obtenir se situerait entre 270 et 305. Un scénario inquiétant pour le chef de l’Etat, qui vient d’une Assemblée avec une solide majorité de 341 députés, donc habitué à ne pas avoir le danger continu d’un marécage parlementaire pour chaque projet de loi.
L’hypothèse la plus probable, après cette élection, est que Macron devrait plutôt commencer à conclure des accords avec les autres partis sur des questions qui, en France, ne sont pas du tout secondaires. Tout d’abord, la réforme des retraites, avec Mélenchon qui est déjà prêt à se barricader contre l’augmentation de l’âge de la retraite et qui pourrait être un bourreau de travail susceptible d’affecter l’ensemble du corps législatif. Ce n’est pas un hasard si le chef de l’Elysée lui-même, conscient de devoir gérer ce problème, s’est déjà dit prêt à « changer la méthode de gouvernement » pour une plus grande collaboration entre les partis et les partenaires sociaux. Le seul mouvement capable de soutenir les propositions de Macron est le mouvement républicain, qui est sorti plus qu’affaibli par les élections présidentielles. Mais ce n’est certainement pas un soutien utile pour pacifier le pays ou pour garantir une majorité solide.
La France bouillonne. L’abstentionnisme, qui pourrait même dépasser la majorité des électeurs, indique que le mécontentement et la désaffection sont maintenant enracinés dans tout le tissu social. Certains observateurs se concentrent également sur le climat de vacances, avec la chaleur qui aurait conduit de nombreuses Français à déserter au moins le premier tour en vue. Mais l’impression est que plus qu’autre chose le nœud de la relation avec la politique, est maintenant défait. Et en effet l’abstention risque de créer une étrange triangulation électorale entre le premier et le second tour, réitérant également la possibilité d’un exploit par les forces les plus radicales, qui savent déjà qu’elles sont de toute façon en situation d’ augmenter leurs troupes de députés. À droite et à gauche.
À la désaffection, la colère s’ajoute. Entre grèves et manifestations de toutes sortes, l’été s’annonce chaud. Les retraites, comme mentionné précédemment, sont déjà là comme une épée de Damoclès. Les derniers épisodes qui ont concerné l’ordre public, comme la mauvaise gestion de la finale de la Ligue des Champions à Paris mais aussi certains événements d’actualité liés aux interventions policières, ont rappelé que la sécurité reste une question fondamentale dans la politique Française et surtout un nœud à résoudre. La perception est qu’il y a un problème lié à la sécurité, et ce n’est pas un hasard si Mélenchon, ces derniers jours, a relancé un tweet avec un rassemblement dans lequel il se souvient : « Nous en sommes 4 morts en 4 mois pour avoir refusé d’obéir, dont une jeune femme de 21 ans, tuée d’une balle dans la tête. Nous allons reconstituer l’Inspection générale de la police nationale et restaurer la police locale. C’est urgent. En cas de nouvelles vagues de protestations, ces dangers d’étanchéité de l’appareil policier sont également présents . Et le nouveau gouvernement ne semble pas en mesure de maintenir fermement la barre de gouvernail en place, compte tenu de la question de la majorité parlementaire.
(1) ce matin France 2 pour la première fois faisait état du bombardement d’une maternité par les forces ukrainiennes, mais hier LCI pour la première fois faisait état des sanctions sur la Russie de la part de l’UE et des Etats-Unis comme un “art de se tirer une balle de pied”, en accroissant l’audience de la Russie dans le monde.
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