Cette brève illustre bien une situation où tout ne dépend pas de la guerre ouverte en Ukraine mais bien de la guerre totale que le capitalisme a choisi de livrer à l’humanité et dans laquelle nous allons être pris. Souvenez vous de la manière dont on nous a présenté la covid, l’épidémie allait s’arrêter à la porte, à notre porte. Certains se félicitaient même de l’affaiblissement de la Chine qu’une telle épidémie représentait, jusqu’au moment où nous avons tous été pris et il a fallu avancer dans l’urgence. Ce qui s’annonce avec ce régime de sanctions et de guerre par procuration est déjà à l’oeuvre alors que la classe politique est totalement dans des marchandages et des propositions qui toutes ignorent les véritables menaces qui s’accumulent derrière le bellicisme de l’OTAN et les jeux des USA pour conserver une hégémonie qui fait eau de toute part. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Le graphique du jour : évolution des prix de l’ammoniaque, couplé à celle des prix du gaz sur les marchés internationaux (source : eia.gov, agence américaine de l’énergie). L’ammoniaque est l’ingrédient de base des engrais azotés, indispensables à l’agriculture intensive. L’ammoniaque est généralement produit à partir du gaz naturel, d’où le couplage des prix
On constate plusieurs choses. D’abord les hausses de prix ne datent pas du tout de l’intervention militaire russe en Ukraine, mais ont démarré il y a un an. Ensuite, cette hausse est stratosphérique. On passe en un an de moins de 300 $ à plus de 1500 $. Ce ne sont pas les 7% d’inflation dont on nous parle aujourd’hui mais de l’ordre de 400% d’inflation.
On peut constater enfin que les prix du gaz sont restés très bas aux USA, alors que leur croissance est énorme en Europe (les USA sont auto-suffisants grâce aux gaz de schistes, que nous n’exploitons pas en Europe pour des raisons écologiques, mais que nous allons désormais importer massivement…). Néanmoins, cela est sans effet sur les prix de l’ammoniac pour lesquels la hausse est mondiale. C’est le principe d’une économie ouverte. Le produit circule librement, il est attiré par les prix élevés, et la pénurie se répartit … jusqu’à certaines limites.
A un certain moment, soit par des contraintes sur les capacités de transports (c’est le cas pour le gaz) soit des mesures protectionnistes (inversées : interdiction d’exporter) font que les prix se découplent. A partir du moment où cette logique se généralise, c’est le “sauve qui peut” et la guerre économique ouverte. Les pays qui se trouvent en situation de dépendance forte (vitale) sont alors placés automatiquement en situation de contrôle extérieur. Le pays qui est dominant peut exiger rapidement des mesures exceptionnelles : prix plus élevés, échanges forcés de produits, prise de contrôle de pans industriels entiers d’une économie dépendante et subordination progressive de l’état en failite.
Imaginez qu’un pays n’a plus d’énergie pour faire tourner son économie : plus d’essence pour les tracteurs, plus de gaz,pour l’industrie, c’est déjà assez grave. Plus assez de céréales pour nourrir la population, c’est aussi ce qu’on nous prépare, car c’est l’étape juste après. L’Allemagne est en train de changer son plan de gestion des pénuries de gaz : il s’agit de passer de la priorité actuelle aux ménages (on coupe les usines pour chauffer les maisons) à, demain, une priorité à l’industrie (on arrête le chauffage pour maintenir l’industrie en route). Et la promesse de Macron – Ferrand – Le Maire pour résoudre les problèmes de pouvoir d’achat ? les bons alimentaires.
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Xuan
Si on relit certains passages de « salaire, prix et profit », on voit que la hausse des salaires n’entraîne pas une hausse généralisée des prix mais celle des produits de première nécessité. Au contraire les capitalistes doivent réduire leurs profits dans les produits de luxe.
Puis le capital s’en détourne, et son transfert vers des branches plus rémunératrices provoque un nouvel équilibre dans l’offre et la demande, et une égalisation du taux de profit à une valeur inférieure, pour l’ensemble des capitalistes.
La hausse généralisée des prix de l’énergie à laquelle nous assistons, et qui se combine aussi avec la spéculation, se distribue globalement mais inégalement à toutes les branches de l’industrie, du commerce et du tertiaire. Bien qu’il s’agisse d’un désordre différent – mais une hausse des salaires n’est pas exclue non plus – il n’affecte pas toutes les entreprises de la même façon.
On observe déjà que le mouvement en faveur des produits bio commence à s’inverser à cause des prix, au profit des produits bas de gamme.
Certaines professions ne peuvent pas répercuter la hausse des prix, dans le bâtiment les contrats déjà signés excluent une augmentation ultérieure du prix.
On a entendu récemment Michel-Edouard Leclerc se vanter de maintenir des prix bas, en écrasant les profits de ses fournisseurs. Bien entendu ses comparses n’ont pas fait autant de réclame mais leur démarche est la même. C’est-à-dire que les donneurs d’ordre, les coopératives agricoles, l’industrie alimentaire, la grande distribution exercent une pression inégalée sur leurs fournisseurs. Il en résulte une concentration monopolistique accrue, et l’accélération de la ruine ou de l’absorption des petites entreprises.
Les contradictions peuvent s’accentuer aussi à l’échelle européenne, soit à cause de la dépendance relative au prix de l’énergie, des écarts de salaires ou de leur indexation sur les prix comme en Belgique.
La hausse différenciée des prix et les rapports de domination sur les taux de profit tendent à accentuer toutes les contradictions.