Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’acharnement contre Medvedchouk ne sauvera pas Zelenski de sa chute annoncée, par Stanislav Borziakov

https://vz.ru/politics/2022/4/13/1153450.html

La dimension mégalomaniaque de ZELENSKY qui apparait dans chacune de ses interventions dans les divers parlement éclate également dans cette affaire où le petit homme fort de représenter son puissant maitre américain trouve tous les prétextes rocambolesques pour ne pas négocier. Ici il veut échanger un député ukrainien contre des officiers ukrainiens après avoir interdit tous les députés d’opposition arrêté celui-ci qui était jusqu’ici un intermédiaire connu avec le KREMLIN. Que l’UE et l’occident aient conduit leur choix partisan jusqu’au soutien de pareil pitre dit assez jusqu’où ils sont prêts à aller dans le fascisme libéral-libertaire, non seulement en tant que position de classe mais sans la moindre décence diplomatique (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

13 avril 2022, 08:28
Photo : t.me/V_Zelenskiy_official

Le président ukrainien a félicité les Ukrainiens à l’occasion de la Journée de l’espace [12 avril, anniversaire du vol de Gagarine – en 1961, NdT] en publiant une photo de l’un des leaders de l’opposition, Viktor Medvedchouk, menotté. Zelensky imagine qu’il pourrait l’échanger contre les soldats de l’AFU qui se rendent par centaines à Marioupol. Une telle opinion a-t-elle sa raison d’être, à supposer que Medvedchouk ait effectivement été arrêté ?

Du point de vue du régime de Zelenski, Viktor Medvedchouk est un suspect de haute trahison qui s’est échappé de sa résidence surveillée avant le début du conflit armé avec la Russie, s’est caché de la loi pendant 48 jours, a revêtu un uniforme militaire, mais n’a pas réussi à tromper le SBU et a été arrêté alors qu’il tentait de fuir vers le territoire de l'”État agresseur”.

La logique de la fuite vers le territoire russe dans un uniforme militaire ukrainien n’est pas claire.

Il existe toutefois une autre version des faits, selon laquelle M. Medvedchouk a été enlevé par les forces de sécurité ukrainiennes à la fin du mois de février. Si cela est vrai, il a dû être soumis à des interrogatoires persistants, qui ont pu tourner à la torture, et, après en avoir tiré le maximum, il est maintenant présenté comme un chef de “cinquième colonne” et un traître à la patrie.

Cette théorie est étayée par le fait que trois jours avant que les forces armées russes ne lancent leur opération spéciale, des journalistes ont observé devant le domicile de Medvedchouk à Kiev une multitude de forces de sécurité ukrainiennes, et aussi par le fait que sur les photos publiées par Zelenski et le SBU, Medvedchouk a l’air absolument hagard. Ce n’est pas ainsi qu’un homme riche et influent devrait se présenter s’il se cachait quelque part à Kiev et non dans un abri ou, par exemple, à Marioupol.

À propos, la publication de la photo du prisonnier décharné et menotté était accompagnée d’une légende du président – “Bonne journée de l’astronautique”.

Maintenant Medvedchouk est à la fois un otage pour Zelensky et une carte qu’il veut jouer. Aux yeux du président, le fait que Medvedchouk soit le “compère” [parrain de sa fille, NdT] de Vladimir Poutine confère à cette carte une valeur exceptionnelle (les Malorossiens accordent toujours une importance hypertrophiée à ce type de lien social).

Zelensky n’a pas gardé longtemps l’intrigue sur ses intentions et dans une autre vidéo de stand-up, il a clairement indiqué qu’il était prêt à livrer son otage à la Russie en échange des militaires ukrainiens capturés. Apparemment, son prisonnier tout seul contre tous les autres à la fois.

On ne peut que louer son sens de l’à-propos. En ce moment, les forces armées de la Fédération de Russie, de la DNR et de la LNR ne font que pousser de plus en plus la “forteresse imprenable” – cette même Marioupol – dans ses derniers retranchements. D’après les informations recueillies sur place, environ un millier de marines ukrainiens se sont rendus le jour même où Zelensky a décidé de “mettre sur la table” la carte Medvedchouk.

De manière caractéristique, le président n’a pas mentionné le fiasco de Marioupol dans son stand-up, mais a une fois de plus rappelé la Journée de la Cosmonautique et a trouvé symbolique que Medvedchouk ait été arrêté ce jour-là. Guerre ou paix, arrestations ou fêtes populaires, Zelensky est toujours l’homme qui a l’habitude de faire les mêmes blagues sur scène dans trente kermesses d’affilée.

Quoi qu’il en soit, c’est maintenant à la Russie de dire son mot. Et avant de le dire (ou de ne pas le dire ostensiblement), essayons d’imaginer comment les choses peuvent se présenter de son côté et à quel point le Medvedchouk que nous connaissons est différent de celui que Zelenski a mis aux enchères.

Medvedchouk est un homme politique ukrainien, membre de la Verkhovna Rada et secrétaire du conseil politique de la principale force d’opposition du pays, Plateforme d’Opposition – pour la Vie (POPV), qui cible l’électorat russophone du sud-est de l’Ukraine, se soucie de préserver les liens économiques et culturels traditionnels de la région avec la Russie et agit comme un “parti de la paix” dans le cadre du conflit du Donbass.

En raison de ces circonstances, POPV présentait un intérêt évident pour la politique étrangère russe. Par conséquent, Medvedchouk était autorisé à gagner des points politiques en tant que sorte d’ambassadeur russe. Par exemple, il a négocié la possibilité de fournir à l’Ukraine le vaccin contre le coronavirus Spoutnik V alors que la seule alternative était une augmentation de la mortalité parmi les Ukrainiens, mais Zelenski a consciemment choisi une augmentation de la mortalité parmi les Ukrainiens, pour ne rien prendre à l'”État agresseur”.

Sans surprise, la cote du président était en baisse, tandis que la popularité de POPV augmentait, notamment en tant que “parti de la paix”. Sur un programme de paix très similaire, Zelenski a lui-même remporté les élections, et bien qu’il y ait un consensus au sein des élites ukrainiennes sur le fait que POPV n’accèderait jamais au pouvoir, quelles que soient les circonstances, la situation devenait tout simplement dangereuse pour lui personnellement en tant qu’homme politique.

Zelenski a donc décidé de se débarrasser de la politique, reformatant le pays en une dictature personnelle. La preuve la plus éloquente en a été le fait que les dirigeants des deux plus grands partis d’opposition – Medvedchouk et l’ex-président Petro Porochenko – ont été inculpés dans la même affaire pénale, dont il était clair pour tout le monde qu’elle était purement politique : la trahison d’État de Porochenko en tant qu'”organisateur” et celle de Medvedchouk en tant que “agent de liaison” consistaient à acheter du charbon à la RPD et à la RPL parce que l’Ukraine en avait désespérément besoin.

Sous Porochenko, un fonctionnaire plutôt dur, Medvedchouk n’aurait eu aucun problème avec le bureau du procureur, précisément en raison de son rôle d’ “agent de liaison”, mais une liaison non pas tant avec la DNR qu’avec le Kremlin. Le leader de POPV connaissait en effet Vladimir Poutine depuis longtemps, était en bons termes personnels avec lui et pouvait jouer le rôle de canal de communication d’urgence si nécessaire, ce que le prudent Porochenko appréciait.

Avec l’arrestation de Medvedchouk en mai 2021, ce canal a vraisemblablement été rompu à la double satisfaction de Zelenski, dont la nature égocentrique n’était pas disposée à tolérer non seulement des rivaux politiques mais aussi des médiateurs lorsque le président russe a refusé de le rencontrer en personne une fois de plus avant de “mettre en œuvre” les accords précédents sur le Donbass – ces mêmes accords sur la nécessité desquels Medvedchouk insistait.

Maintenant que le conflit qui dure depuis huit ans dans le Donbass s’est déjà transformé en une opération spéciale des forces armées russes, Zelenski et son équipe continuent de se poser en bloc indestructible et de créer des positions de négociation toujours plus rocambolesques. Le projet actuel consiste à échanger un député ukrainien contre des militaires ukrainiens.

Pour le président de l’Ukraine actuelle c’est une chose tout à fait naturelle, et les lois sont écrites par des grincheux.

Cependant, quoi qu’en pense le dictateur ukrainien, l’homme hagard menotté n’est ni un trophée pour le marché des esclaves ni un criminel de guerre, mais un citoyen ukrainien et l’un des leaders de l’opposition dont le parti est interdit par une décision arbitraire du régime. Sa seule culpabilité formalisée est d’avoir violé les termes de son assignation à résidence pour une affaire délibérément politique dans un régime d’exception. Et cela, comme on dit, est un fait attesté que même les Ukrainiens ne peuvent nier.

Il serait intéressant de savoir ce que Medvedchouk lui-même en pense, mais son statut de victime de la répression politique est encore confirmé par l’absence d’avocats autour de lui et son isolement informationnel complet.

Bien sûr, il est peu probable que les Ukrainiens ralliés au chef de l’État croient Medvedchouk sur parole. Mais il n’est pas nécessaire de croire pour comprendre : si Zelenski avait modéré son ego de capitaine de l’équipe KVN (https://fr.wikipedia.org/wiki/KVN) et écouté les conseils de Medvedchouk sur la confrontation avec la Russie et l’autonomie du Donbass, l’Ukraine serait aujourd’hui un pays pacifique et uni d’Oujgorod à Lougansk.

Au lieu de cela, une politique a été choisie, dont le prix effectif est de dizaines de milliers de vies humaines et de dizaines de milliards de dollars.

Le sujet de l’efficacité de Zelenski en tant que leader politique devrait déjà être réglé à ce stade – sans attendre que les dizaines deviennent des centaines, mais le regard suffisant du président dictatorial ne laisse aucun espoir : il pense encore à juger en Medvedchouk “l’ennemi du peuple” plutôt que d’être lui-même un accusé au tribunal de l’histoire.

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