Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’histoire soviétique nous apprend comment compter sur ses propres forces.

Où le citoyen français risque d’apprendre que l’OTAN – dans laquelle il est de plus en plus enrôlé aux accents martiaux et aux pleurs de crocodile humanitaire de ses représentants médiatico politiques dans une campagne électorale qui tourne au cirque – s’étend en ASIE pour s’attaquer à la Chine. Mais le fond de cette intervention du camarade Youri AFONINE du KPRF est le choix de l’avenir en relation avec les leçons du passé : à savoir comment Lénine dans une situation qui pouvait paraître désespérée a su négocier avec les capitalistes et dirigeants européens qui menaçaient de mettre en faillite le jeune état soviétique alors même que leurs armées soutenaient les troupes blanches de la contre-révolution. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://kprf.ru/party-live/cknews/209702.html

7 avril 2022

Le premier vice-président du Comité central du KPRF, Youri Afonine, a participé à l’émission “60 minutes” sur la chaîne de télévision Russie-1.

Le premier thème du programme était l’annonce historique par les dirigeants de l’OTAN de leur intention d’étendre leurs activités dans la région Asie-Pacifique. La raison invoquée était le refus de la République populaire de Chine de condamner l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN examineraient le 7 avril un nouveau concept stratégique qui, pour la première fois, inclurait la Chine.

Afonine a noté qu’il s’agit effectivement d’une mesure grave. La région Asie-Pacifique est très éloignée de la zone de responsabilité traditionnelle de l’OTAN, qui comprend des territoires en Amérique du Nord et en Europe, sur les rives de l’Atlantique Nord. Et maintenant l’OTAN a l’intention de déployer ses activités largement, en fait, à l’autre bout du monde. Ces actions du bloc de l’OTAN indiquent une fois de plus : l’opération que la Russie a lancée en Ukraine marque le début de la transformation du monde entier. Et l’Occident essaie d’y répondre d’une manière ou d’une autre. Nous parlons de transformation politique, économique, militaire et idéologique. Le monde attendait cette transformation. De nombreux pays dans de nombreuses régions du monde rêvent de se libérer de leur dépendance vis-à-vis de l’Occident. Ce sont les pays d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine. Un grand nombre de personnes dans ces régions voient dans les actions de la Russie le début d’une campagne de libération contre la domination de l’impérialisme occidental, qui exploite d’une manière ou d’une autre la majeure partie du monde.

Le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré : “Bien sûr, nous allons rencontrer de sérieuses difficultés dans cette lutte. Mais pour comprendre qu’elles ne sont pas insurmontables, tournons-nous vers l’histoire. Dans quelques jours, il y aura une date importante : le centenaire de la Conférence de Gênes de 1922. La situation actuelle présente des parallèles évidents avec la situation dans laquelle se trouvait notre pays au début des années 1920. À cette époque, le jeune État soviétique était pratiquement dans un isolement total en matière de politique étrangère et de commerce extérieur. A la Conférence internationale de Gênes, où s’était rendue la délégation soviétique dirigée par Gueorgui Tchicherine, les représentants des principales puissances occidentales l’ont accueillie avec une arrogance et une hostilité extrêmes. Et ils ont formulé des exigences : le paiement des énormes dettes contractées par le gouvernement tsariste et une compensation pour les biens des capitalistes occidentaux nationalisés par la Russie. Si la Russie soviétique accepte, on lui promet des prêts pour reconstruire l’économie ravagée par la guerre. Les Occidentaux ne croyaient absolument pas que les bolcheviks pouvaient assurer le développement du pays sans leurs prêts. Si les autorités soviétiques avaient accepté ces conditions, la Russie serait devenue une colonie économique de l’impérialisme occidental. Une colonie qui aurait payé des dettes et des compensations pendant des décennies. Et l’argent pour les dépenses courantes n’aurait pu être obtenu que sous la forme de prêts occidentaux. L’Occident, en tant que créancier, aurait effectivement dicté à Moscou ce qu’elle devait faire. Afonine a souligné qu’il s’agissait d’une situation similaire à celle dans laquelle s’est trouvé le gouvernement Eltsine en raison de sa dépendance aux prêts du FMI.

Youri Afonine a rappelé comment l’État soviétique s’est sorti de cette situation : en réponse aux demandes de paiement des dettes tsaristes et de compensation pour les biens nationalisés, les bolcheviks ont produit un calcul détaillé des pertes dues à l’intervention occidentale en Russie en 1918-1922. Et le plus important : juste pendant la conférence de Gênes, les diplomates soviétiques ont pu conclure le traité de Rapallo avec l’Allemagne, en calculant correctement que les Allemands étaient désavantagés par la paix prédatrice de Versailles et étaient donc le maillon faible du blocus occidental de la Russie soviétique. Comme on le sait, c’est en vertu de ce traité que la Russie et l’Allemagne ont introduit le principe de la nation la plus favorisée pour les relations commerciales et économiques mutuelles. Berlin reconnaît la nationalisation des biens appartenant aux capitalistes allemands et accepte l’annulation des dettes tsaristes. Il s’agissait d’une rupture décisive du blocus diplomatique. Ensuite, d’autres pays ont dû établir des relations avec nous. Par exemple, la Grande-Bretagne a établi des relations diplomatiques avec l’Union soviétique après seulement deux ans.

Le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré que le cours ultérieur de l’histoire montrait qu’en 1922, les bolcheviks avaient fait le choix historique absolument correct. Le pays soviétique s’est débarrassé du joug de la dette. Et a pu s’industrialiser rapidement et moderniser tous les aspects de la vie, en ayant peu recours aux emprunts étrangers et sans inviter de capitaux étrangers dans le pays. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation similaire à bien des égards. Mais notre situation est bien meilleure. En 1922, l’Occident dominait le monde. La plupart des pays asiatiques et africains étaient des colonies occidentales. La Chine était une semi-colonie collective des puissances occidentales et un pays très arriéré. Il était difficile pour la Russie soviétique de s’appuyer sur quiconque dans son opposition à l’impérialisme occidental. Au début des années 1920, l’Occident contrôlait plus de 80 % de l’économie mondiale. Aujourd’hui, l’Occident ne représente que 40 % de l’économie mondiale, sur la base des chiffres du PIB à parité de pouvoir d’achat. C’est aussi beaucoup, mais la plus grande partie de l’économie mondiale est constituée par des pays avec lesquels nous pouvons développer nos relations économiques. La Chine d’aujourd’hui est très différente de celle d’autrefois – c’est une grande puissance socialiste, la plus grande économie du monde, le leader mondial de la production de la plupart des produits industriels. Il y existe une Inde indépendante, qui devient aussi un géant économique. Il existe de nombreux autres pays indépendants avec lesquels des relations peuvent être développées.

Youri Afonine a noté que l’une des caractéristiques du nouveau monde qui se crée sous nos yeux est le rapprochement entre la Russie et la Chine socialiste. L’Occident le voit aussi. C’est pourquoi il prévoit une expansion sans précédent des activités de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique. Il tente de faire pression sur la Chine pour qu’elle prenne ses distances avec la Russie. L’Occident comprend que sans cela, sa politique anti-russe n’atteindra pas ses objectifs. Mais l’impérialisme occidental n’a pas assez de pouvoir pour empêcher que le monde change et que son système de domination soit détruit.

S’agissant de la politique économique que la Russie devrait mener dans le nouvel environnement, Youri Viatcheslavovitch a déclaré : “Aujourd’hui, nous parlons beaucoup du taux de change du dollar, du pétrole et du gaz. Mais, en fait, la priorité aujourd’hui est le développement des secteurs non liés aux ressources – l’industrie manufacturière et l’agriculture. La politique sociale qui sera mise en œuvre tout en surmontant les conséquences des sanctions est également très importante.

Afonine a attiré l’attention sur les données sociologiques encourageantes : seuls 8% des citoyens russes souhaitent désormais quitter le pays. Cela peut sembler beaucoup, mais si l’on examine l’historique des sondages sur la question, on constate qu’il s’agit d’un chiffre bas record pour toutes les années depuis l’effondrement de l’URSS. Auparavant, lorsqu’on rencontrait des jeunes, on entendait constamment : “Je rêve d’aller à l’Ouest”. Mais maintenant, l’ambiance est très différente. Voyant comment l’impérialisme occidental tente de détruire notre économie, diabolise le peuple russe dans ses médias et “annule” la culture russe, nos citoyens ont commencé à lier sans ambiguïté leur destin à celui de la Russie. Cet état d’esprit est notre grand potentiel, qui permet d’accomplir beaucoup de choses, notamment de construire une nouvelle économie et de réaliser une nouvelle industrialisation. Et nous ne devons pas oublier qu’au XXe siècle, notre pays a su surmonter des situations bien plus difficiles.

En conclusion, le premier vice-président du comité central du KPRF a déclaré : aujourd’hui, nous apprenons de plus en plus de détails sur les activités des biolaboratoires américains en Ukraine ; nous apprenons également quelle infrastructure militaire massive l’Occident a créée dans ce pays sous le couvert de divers “centres d’entraînement” militaires. De toute évidence, il s’agissait d’une préparation à la destruction de la Russie et de l’ensemble du monde russe. Par conséquent, l’opération militaire spéciale russe en Ukraine est vouée à atteindre ses objectifs.

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