Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Dmitri Novikov : Construire une nouvelle Ukraine est un long processus qui doit se faire en plusieurs étapes.

Nous sommes ici dans la mise en œuvre de ce que l’on pouvait effectivement attendre d’un communiste recherchant la paix et pour cela la maîtrise des leviers économiques, politiques et les arrachant au capitalistes à partir de la guerre elle-même. Ne pas ignorer les contradictions que porte celle-ci mais les résoudre en s’attaquant en priorité à ceux qui à l’extérieur comme à l’intérieur portent une politique qui engendre la guerre. Celle-ci ne se limite pas à l’opération spéciale qui est une réponse à l’encerclement hostile mais doit être considérée dans sa globalité pour prendre les mesures qui s’imposent et le KPRF constate que ses propositions sont de plus en plus entendues parce qu’il n’y a pas d’autres voies pour la paix et la souveraineté. (Note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://kprf.ru/party-live/cknews/209718.html

7 avril 2022
Le Vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie Dmitri Novikov a participé à l’émission « Des gars intelligents » à la radio « Ici Moscou ».
(Extraits)

Pour une réponse russe efficace à la pression occidentale, il faut adopter les recettes proposées par les communistes. La première est la nationalisation des secteurs stratégiques de l’économie et le soutien de la population.

En réponse à la question de savoir si les dirigeants russes sont désormais engagés dans une “revanche historique”, Novikov a conseillé de ne pas perdre de temps à extrapoler, car les tâches de l’opération spéciale ont été annoncées en clair. Parmi elles figurent la dénazification et la démilitarisation de l’Ukraine, la neutralisation des menaces contre la RPL et la RPD, la Crimée et la Russie dans son ensemble. La plus importante de ces menaces est l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et son inclusion dans la guerre de l’Occident contre la Russie. Il est extrêmement important de prévenir ces menaces.

Revenant à l’évaluation de la destruction de l’URSS, le dirigeant communiste a exhorté à ne pas se couvrir la tête de cendres. Au lieu de cela, selon lui, il faut tirer les bonnes conclusions de cette tragédie et entreprendre la correction des erreurs : « Une analyse correcte des erreurs aide à avancer et nous apprend à ne pas répéter les échecs antérieurs. Même un enfant, s’étant brûlé avec un fer à repasser, comprend qu’il est dangereux d’y toucher ».

Faisant référence à la réunion de la faction du Parti communiste avec le Premier ministre Mikhaïl Michoustine, Novikov a souligné que de nombreuses propositions du Parti communiste, que les autorités avaient auparavant “repoussées des pieds et des mains”, commençaient à être acceptées : “Il n’y a tout simplement pas d’autres options. De nombreux problèmes de la Russie ne peuvent être résolus qu’en utilisant des éléments du système soviétique. Avant tout, cela signifie plus de propriété publique dans les industries stratégiques et la planification de la vie économique. Le KPRF a d’autres propositions concrètes concernant le système fiscal, le soutien à la science, l’éducation et d’autres domaines”.

Dmitri Guéorguiévitch a admis que l’interprétation des propositions du KPRF a parfois un aspect particulier. Par exemple, certains responsables sont prêts à remplacer l’idée de nationaliser le secteur de l’électricité, les chemins de fer et le complexe militaro-industriel par la nationalisation de McDonald’s. “Bien sûr, ce n’est pas ce que le KPRF a présenté au public pendant tout ce temps. La nationalisation de McDonald’s n’aura pas d’incidence sur la politique tarifaire, alors que la nationalisation du secteur de l’énergie en aura. Elle permettrait également d’éliminer les “ciseaux”, c’est-à-dire le fait que les tarifs appliqués aux entreprises en zone rurale sont beaucoup plus élevés que ceux appliqués aux entreprises de l’industrie”, a déclaré M. Novikov.

Le présentateur a demandé si les récents événements signifiaient une rupture avec l’Occident et une remise en question de la voie de la Russie. En réponse, l’invité a souligné que le pays n’était pas sur la voie de l’Occident même avant, lorsque des forces extérieures détruisaient l’Union soviétique en utilisant Gorbatchev, Eltsine, Tchoubaïs, Gaïdar, Sobtchak et d’autres. “Les communistes n’ont pas besoin de repenser quoi que ce soit”, a souligné Novikov. – Dès le début, nous étions contre la voie pro-occidentale et la destruction de l’URSS, contre la Constitution Eltsine et la fusillade du Soviet suprême en 1993. Le KPRF est porteur de la ligne politique qui a été clairement exprimée par le résultat du référendum populaire de mars 1991 sur le maintien de l’Union soviétique.”

La remise en question, a précisé l’interviewer, ce sont ceux qui ont essayé de reconstruire le pays “sur les principes du marché” qui doivent s’y atteler : “Il a été démontré qu’il n’y a pas de marché libre dans le monde. C’est une révélation pour certains aujourd’hui, alors que Ziouganov l’avait déjà expliqué en 1996. Ils ont tenté d’imposer à la Russie un modèle néo-libéral, qui n’existe nulle part ailleurs que dans les fantasmes de certains économistes. Cela a conduit à ce que nous avons maintenant. Beaucoup de choses devront revenir. Sans planification étatique, il est impossible de se développer dans un pays aussi vaste que la Russie, avec ses conditions climatiques différentes et le potentiel différent des régions.

Pour ceux qui réfléchissent sérieusement à l’avenir de la Russie, Novikov a conseillé de lire et de comprendre le programme du Parti communiste “Dix étapes pour une vie digne”. Selon lui, le Parti communiste de la Fédération de Russie est prêt à répondre à toutes les questions importantes pour le pays – comment changer le système fiscal, où trouver de l’argent pour le développement de l’éducation, de la science et du système de logement et de services communaux.

Répondant à la question sur les oligarques, le vice-président du Comité central du KPRF a rappelé que nombre d’entre eux avaient fait main basse sur les biens publics, violant y compris la pitoyable législation sur la privatisation. Si les grands patrons sont prêts à travailler dans l’intérêt du pays, nous pouvons dialoguer avec eux. S’ils se moquent du pays et du peuple, le gouvernement doit prendre des mesures pour le développement de l’État et cela malgré eux. C’est exactement ce que propose le parti communiste, qui insiste sur la nationalisation des industries clés et l’abolition de l’économie offshore.

Le KPRF ne suggère pas que l’État décide du nombre de ciseaux et de prises électriques dont doit disposer un salon de coiffure. Mais il faut aider les petites et moyennes entreprises, par exemple, en leur proposant des tarifs énergétiques abordables. C’est pour cela que le secteur de l’électricité doit être public. Revenant sur l’exemple des clous, Novikov a rappelé que la production de clous, de vis et de boulons n’est pas une question privée. En fait, sans eux, toute la construction s’effondrerait. Le pays a donc besoin de l’industrie minière, de la métallurgie et du travail des métaux. Sans stratégie gouvernementale, il n’y a pas d’issue.

Revenant au sujet de l’opération en Ukraine, le présentateur a posé des questions sur l’unité du Parti communiste de la Fédération de Russie sur cette question. Dmitri Novikov a noté que le Parti communiste a constamment un dialogue animé sur divers sujets – sur les priorités, les tâches, les méthodes d’activité, et a poursuivi : « En ce qui concerne l’opération spéciale, les communistes soutiennent la position développée par le Comité central. Cela a été démontré à la fois par la réunion panrusse avec les représentants des branches régionales et par mes récents voyages à Leningrad-Saint-Pétersbourg et à Kostroma. Un vrai citoyen ne peut que soutenir les objectifs de la dénazification.

L’animateur de l’émission a proposé de commenter le retrait des troupes russes de la région de Kiev et les propos de Dmitry Peskov selon lesquels il s’agit d’un geste de bonne volonté pour poursuivre les négociations. Le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie a noté que pour la Russie, l’objectif principal des négociations était de s’entendre sur la dénazification et la démilitarisation. Les tâches connexes consistent à aider la population, à organiser des couloirs humanitaires et à prévenir les abus envers les prisonniers. Mais la délégation ukrainienne a un objectif différent : faire traîner les négociations dans l’espoir que la Russie s’essouffle ou que l’Occident puisse faire pression sur elle. Lorsqu’il n’y a pas d’approche constructive, le sens des négociations est réduit.

Dmitri Novikov a suggéré de trouver un compromis entre les points de vue extrêmes – une offensive à tout prix et des concessions au banderisme : “Il existe également une troisième approche. Il ne faut pas pousser l’armée à risquer davantage de pertes en exigeant de prendre les villes à tout prix. Mais je comprends la position de ceux qui pensent que les territoires occupés ne doivent pas être abandonnés. Cela crée des conditions propices à des provocations telles que celle qui s’est produite à Boutcha. La tâche principale est maintenant de mettre fin au groupe qui s’est retranché dans le Donbass et qui continue de bombarder Donetsk et d’autres villes.

L’animatrice a demandé à son invité de clarifier les propos de Poutine concernant la “décommunisation complète de l’Ukraine” avant le début de l’opération spéciale. De l’avis du vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, c’était un argument polémique, mais pas très réussi. L’idée était que l’État ukrainien avait créé par le gouvernement soviétique. Et donc, si vous voulez désoviétiser l’Ukraine, alors abandonnez l’héritage de Lénine consistant dans la création de l’Ukraine en tant que telle. “Si l’on veut aller au fond du sujet, il faut comprendre que dénazification et décommunisation sont des phénomènes totalement opposés”.

Lorsqu’on lui a demandé comment mener à bien les tâches de dénazification si la Russie n’occupait pas l’Ukraine, la réponse a été : « Maintenant, la première partie de l’opération est en cours. Personne n’a encore commencé la dénazification. Le renouveau de l’Ukraine ne peut se faire en un instant. Une longue période de transition est nécessaire. Il ne faut pas hésiter à parler d’une administration provisoire d’occupation. En 1945, en Allemagne, il s’agissait justement des zones d’occupation. Nous devons donner au peuple ukrainien la possibilité de se libérer de la dictature des nazis, d’adopter une nouvelle Constitution, de créer un nouveau système de partis politiques et d’élire de nouvelles autorités. Mais cela devrait être la prochaine étape. Elle viendra après la démilitarisation et la dénazification. Alors on ne parlera plus d’occupation. Tout ce travail prendra beaucoup de temps. Et cela doit passer par plusieurs étapes.

La plupart des auditeurs de la station de radio “Ici Moscou” qui ont écrit et appelé le studio ont soutenu la position de Dmitri Novikov, exprimée lors de l’émission en direct.


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