Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Marioupol: l’oligarque Akhmetov perdra à la fois son usine et son port, par Igor Moïsseiev

Récemment pour expliquer ce qui se passait à MARIOUPOL nous vous avons parlé de deux oligarques, l’abominable Kolomoïski qui, bien que juif, a conquis sa richesse et l’a entretenu à la tête de bataillons nazis recrutés dans les bas fonds et faisant régner la terreur, en concurrence avec un autre oligarque jusque-là président Porochenko, il a créé Zelenski qui est sa marionnette. Mais il y a un autre larron, le tatare Akhmetov qui lui jouait sur l’ambiguïté pour rester l’homme le plus riche d’Ukraine, c’est lui qui possédait MARIOUPOL et comme le décrit l’article avait conquis sa fortune à la tête d’hommes de main du milieu. Cet article montre qui sont les “oligarques”, des capitalistes de l’accumulation primitive, celle qui marque le lien entre capital et vol d’une manière crue qui s’est en occident paré de quelques siècles d’apparente respectabilité. Ce qui se passe en Ukraine donne à voir ce qu’il en est, la logique est non seulement la mise à nu du lien voyous, crimes et oligarques ukrainiens, mais également ceux qui à Moscou jouent double jeu, c’est toute la base effectivement d’une complicité entre nationalisme et capitalisme qui vole en éclat, comme chez nous d’ailleurs (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop).

https://svpressa.ru/war21/article/330275/

L’usine Azovstal de l’oligarque Rinat Akhmetov est un exemple typique du fait qu’il est impossible de s’asseoir entre deux chaises, en trahissant à la fois le Kremlin et Kiev.

Sur la photo : vue de l’usine Azovstal. (Photo : Sergei Bobylev/TASS)

Les combats se poursuivent depuis plusieurs jours à Azovstal, à Mariupol, l’entreprise préférée de Rinat Akhmetov, l’oligarque ukrainien autrefois le plus riche. Jour après jour, il y a des effusions de sang, des coups de feu, des maisons en feu et des personnes tuées.

Et qu’en est-il du propriétaire d’Azovstal lui-même ? Observe-t-il avec une sérénité olympique l’effondrement de son entreprise ?

Peut-être que oui. Peut-être que non. Mais son époque dorée est terminée. Et son destin est une leçon magistrale pour tous ceux qui, à l’époque des grandes épreuves et des turbulences pour sa patrie, n’ont pas su choisir entre les deux civilisations – russe et anglo-saxonne – et entre le vrai patriotisme et l’amour immodéré de l’argent. Et il s’est retrouvé loin de sa patrie, dépassé par l’histoire, et marginalisé dans son passe-temps favori.

Et pourtant comme tout avait commencé de façon si formidable ….

L’étoile d’Akhmetov s’est levée dans les années quatre-vingt-dix, ces années fringantes, turbulentes, tapageuses et prodigues. Il a commencé comme beaucoup de gens à l’époque – en compagnie de lutteurs, de boxeurs, de brelandiers, bref, toute la “crème de la société”. Je pense que la bande, compte tenu de son potentiel intellectuel exceptionnel (comparé aux autres), de sa capacité à faire bonne impression et à établir les bonnes relations, lui a délégué le droit de gérer le fonds commun et d’investir dans divers projets rentables.

Akhmetov a fait une utilisation très habile de cet argent, en achetant toutes les participations de contrôle dans toutes les entreprises de la ville et de l’État dans la région. Et il est devenu le roi de l’industrie locale. Pendant de nombreuses années, son entreprise a été un navire solide, tenant le cap, avec un bon vent qui remplissait ses voiles.

Sous Ianoukovitch, tout était chic, propre, et élégant. “Ianouk” vivait sa propre vie et ne touchait pas à la “confrérie” de Donetsk. Puis Porochenko est arrivé au pouvoir. Et l’Ukraine a commencé à bombarder le Donbass. Les premières victimes sont apparues. Akhmetov s’est trouvé désorienté. D’un côté, il ne voulait pas se brouiller avec le nouveau pouvoir. C’était plein de dangers.

D’un autre côté, abandonner ses compatriotes en difficulté était également un manque d’humanité. Akhmetov a commencé à faire des déclarations, s’embrouillant et se contredisant à chaque fois.

Mais l’oligarque a fait son erreur fatale en août 2014. À l’époque, la milice du Donbass a lancé une contre-offensive, s’emparant d’un certain nombre de localités et se précipitant vers Marioupol pour tenter de prendre le contrôle du plus grand port de la mer d’Azov. L’ensemble des dirigeants de la ville, ainsi que les forces militaires et de sécurité, ont fui la ville à ce moment-là. Encore un jour et la ville était prise. Et avec pratiquement aucune perte.

Mais le “roi du Donbass” Rinat Akhmetov (le Kremlin comptait encore sur lui à l’époque) s’est mis en travers de la route. Des dizaines de cargos transportant des produits métalliques laminés provenant des usines d’Akhmetov quittaient quotidiennement Marioupol. Si Marioupol avait été repris par la DNR, les cargaisons sèches auraient pu formellement être interdites de déchargement dans les ports bulgares, roumains et turcs (bien que cela ne soit pas non plus certain). Et Akhmetov a décidé par tous les moyens de préserver le protectorat ukrainien sur Marioupol afin de ne pas perdre les profits tant convoités du commerce des métaux laminés.

Selon des informations internes, avant la présente prise d’assaut, Rinat Akhmetov a reçu une offre pour faciliter une reddition sans douleur de Marioupol à la milice. On lui a proposé de peser à Kiev pour l’évacuation pacifique de la garnison ukrainienne. Il y avait peu d’espoir, mais il y en avait quand même. Mais là non plus l’oligarque n’a pas voulu aider la Russie. Après quoi le Kremlin l’a laissé tomber. Et en même temps que lui l’ensemble de son empire commercial, qu’il vend maintenant fébrilement à un prix dérisoire. Le pouvoir ne pouvait pardonner cette nouvelle trahison.

Akhmetov aurait-il pu retourner victorieux dans le Donbass alors même qu’il n’avait pas accepté l’offre du Kremlin ? Théoriquement, oui. Mais aurait dû le faire à temps – avant que les militants des bataillons nationalistes ne soient enfermés dans son usine. Il avait alors une chance de devenir le héros du jour.

Il aurait pu entamer des négociations avec les combattants, comme l’a fait à plusieurs reprises son compatriote Iosif Kobzon lors de l’attaque terroriste de Doubrovka. Il aurait pu donner des garanties personnelles d’évasion aux combattants. Cela aurait pu sauver des milliers d’habitants de Marioupol. Ça aurait pu aider à éviter cet affrontement féroce qui a duré des semaines. Et, soit dit en passant, il aurait pu conserver et sauver ses actifs “par la même occasion”. Et le port de Marioupol expédierait déjà ses produits vers leurs destinations. Cela aurait été beau, humain et politiquement clairvoyant.

Mais la prévoyance et la planification stratégique n’ont jamais été la marque de fabrique des oligarques russes ou ukrainiens. Sinon, Berezovsky n’aurait pas terminé son voyage terrestre dans un bain chaud avec un lacet autour du cou, Polonsky n’aurait pas passé des années à la Butyrka et dans une geôle thaïlandaise, Goussinsky n’aurait pas perdu son empire médiatique du jour au lendemain, et Khodorkovsky n’aurait pas usé ses pantalons sur les froids châlits de Zabaikalskii pendant tant d’années. Toutes les belles histoires de communicants sur Akhmetov “prenant la seule décision sage” dans les moments les plus difficiles pour sa patrie se sont avérées être du vent.

Personne n’a jamais pu courir sans fin sans parapluie entre les flots de pluie. À un moment donné, il faut faire un choix entre l’argent et la vie de milliers de ses compatriotes. Akhmetov a choisi la première solution. Et il a fait un mauvais calcul. Pourtant le choix n’était pas si difficile…

Et maintenant, le perdant des affaires balbutie dans ses interviews pour l’agence Bloomberg, qu’il va exiger de la Russie toutes ses pertes à cause de la défaite d’Azovstal. Il facturerait aussi les dommages moraux – avec le même trou dans le bagel…

Qu’adviendra-t-il de Marioupol “Azovstal” ? Elle sera restaurée. Avec un haut degré de probabilité, elle sera nationalisée. Rinat Akhmetov reviendra-t-il au conseil d’administration ? J’en doute. C’est une personnalité odieuse. “Traître” pour le peuple du Donbass, “séparatiste” pour les autorités de Kiev, “double traître” pour le Kremlin….

Les affaires d’Azovstal vont-elles  s’arrêter sans lui ? J’en doute aussi. Akhmetov n’est pas seul dans cette chaîne logique complexe. Des dizaines d’oligarques, des centaines de cadres supérieurs et des milliers de cadres moyens sont engagés dans la production, la fourniture et l’expédition du métal d’Azov. Les nouveaux candidats pour le poste vacant seront trouvés très rapidement parmi cette équipe.

L’Europe a besoin à la fois du métal lui-même et des bénéfices de sa vente. Comme on dit, rien de personnel – seulement les affaires. Et Akhmetov sera oublié comme un rêve de l’an passé, des deux côtés de l’océan. Tout comme ils ont oublié Goussinsky, Berezovsky, Khodorkovsky, Polonsky, Patarkatsishvili…

Certains d’entre eux ne sont plus là et d’autres sont loin. Dans le monde des affaires, rien n’est plus éphémère que le souvenir des perdants à courte vue qui ont longtemps pataugé entre les chaises et ont fini au fond de la fosse d’orchestre.

Et les affaires vont sûrement prospérer sous un autre maître. Si l’Occident, avec sa propension inhérente au suicide économique et financier, trébuche une fois de plus sur ses propres sanctions, Azovstal est au service du marché sans fond de la Chine. Elle a toujours besoin de produits à base de minerai de fer – et dans des volumes colossaux. La Chine a aidé Akhmetov une fois, lorsque les prix des métaux ont chuté en Europe. Elle aidera aussi son successeur.

Et le “ténébreux séparatiste-traitre” n’aura plus qu’un seul plaisir : résider dans son manoir londonien et se remémorer le passé – depuis son amitié avec les arsouilles de Donetsk jusqu’aux buts gagnants du Shakhtar, autrefois ardemment aimé.

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1 Commentaire

  • le sith rouge
    le sith rouge

    La Cosmopolis occidentale des super-riches, qui dirigent leurs mimes politiques, ne voulait pas de l’usine allemande alliée des ressources russes, car dominée par les US

    Elle a créé pire, l’usine du monde alliée à la Russie, et l’Iran, et peut-être mêm l’iNde, un nouvel empire mongole…

    Cosmopolis des sachants pontifiants, l’élite traitre disait Latsch, a puriné ses propres peuples chiant sur sa civilisation, son Histoire, les divisant dans l’Archipel de Fourquet, détruisant son holisme (les ukrainiens comme les pays de l’Est y ont échappé pour le moment grâce au congélateur soviétique). Pueples purinés = assurance-vie des super-riches (Marx, l’immigration secret de domination par le Capital, lumpenprolétariat garde-chiourme des riches).

    Cosmopolis croyait pouvoir puriner les grandes nations déjà monstrueuses, l’Inde, la Chine, la Russie, pensait que la Chine abandonnerait sa civilisation de 4000ans et le communisme pour le wokisme, que barbu renoncerait à son califat pour se branler au Nikes, que la Russie chierait comme Emmanuel MacKinsey sur son histoire etc. Xi les a baisés en leurs faisant croire que son développement économique ferait de lui un branleur progressiste.

    Les super-riches de Cosmopolis mendieront à Xi des restes au final. Après avoir scié la branche civilisationnelle, holistique, impériale, qui les portait. Leurs valets mimes politiques ont juste prouvé leur niaiserie. Et Maurras le présentait !

    “Preuve que rien ne vit comme le sens de la nation dans le monde présent. Ceux qui voudront en abandonner une part ne feront rien gagner à Cosmopolis: ils engraisseront de notre héritage des nationalités déjà monstrueuses [c’est fait avec la Chine,délocalisations, transferts technologiques]”
    Maurras L’avenir du nationalisme français

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