Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Troisième étape de l’opération spéciale : coup de balai policier et nouveau pouvoir sur le terrain, par Igor Moïseïev

A quoi pourrait ressembler la dénazification en Ukraine, cet article présente une réalité ukrainienne dont nous ignorons tout et à laquelle la Russie y compris ses tsars a été confrontée et qu’elle a résolue en intégrant des troupes de bandits dans la gestion des territoires ukrainiens. Il y a bien sûr les cosaques mais le pouvoir soviétique lui-même a dû faire face à cette particularité locale. Pour ceux qui n’ont pas lu Babel jetez-vous sur la Cavalerie rouge mais aussi sur les merveilleux contes d’Odessa avec l’histoire de BENI le roi des mendiants. Il y a là une passion pour l’histoire, pour la culture, liée à une humanité pétrie de cocasserie et de l’art d’escroquer pour survivre, entre le banditisme et la révolution. Le creuset est ukrainien. Par ailleurs nous montrons dans une carte historique, le rôle qu’a su jouer la Russie et plus encore l’URSS dans la naissance des nations et que l’on retrouve à l’œuvre dans le rôle actuel de la Russie en AFRIQUE. Comment dire c’est à la fois la folle bravoure russe, son côté impitoyable quand l’ours s’estime provoqué, mais aussi la reconnaissance de la bravoure de l’autre, la volonté de le respecter dans son identité, dans sa langue, ses coutumes. Cette réflexion sur la manière dont peuvent se reconstruire les liens après l’empoignade tragique ne peut émaner que de la Russie et de sa capacité à reconnaitre l’autre et ses capacités à satisfaire le petit peuple. MARIANNE et moi aimons cette Russie-là, partout dans le monde elle a su tisser respect et chaleur des liens amicaux, le contraire de l’hypocrisie puritaine occidentale. (Note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/war21/article/328075/

Il est clair que l’opération spéciale en Ukraine sera bientôt terminée. Une nouvelle vie pacifique devra être instaurée sur le terrain – en restaurant l’économie détruite, en établissant des relations avec l’ancienne administration ou en en nommant une nouvelle pour la remplacer.

Le nouveau gouvernement – militaire dans un premier temps – devra trouver un terrain d’entente avec les autorités locales et les habitants. C’est une tâche très difficile. Et elle doit être prise au sérieux. Sinon, les acquis de l’opération spéciale pourraient être remis en cause. Le colonel de réserve Sergei Leona, expert militaire, partage ses réflexions sur les difficultés qui nous attendent sur ce chemin.

– Selon toute apparence, le Kremlin n’a pas de concept cohérent et clair sur la façon de travailler sur le terrain en Ukraine, – dit Sergei Anatolievich. – C’est probablement impossible pour le moment.

Très peu de personnes en Russie savent que dans l’Ukraine moderne, presque tous les chefs d’administration locale ou de municipalité sont également des chefs de groupes criminels organisés locaux. C’est une question d’histoire. C’est comme autrefois [à l’époque de Makhno, NdT] à Gulyai-Pole : dans chaque village, il y a un caïd local avec son entourage fraternel. Quelle que soit la façon dont vous le regardez, la criminalité est omniprésente.

“SP : Est-il possible de travailler avec des gens comme ça ?

– C’est possible et nécessaire. Au cours de tous les siècles et dans tous les pays, le pouvoir a, d’une manière ou d’une autre, établi des relations avec les criminels, s’ils occupaient des positions sérieuses dans la société, et a essayé de les utiliser à ses propres fins. Les cosaques (des bandits, en somme) ont aidé les tsars russes à explorer les vastes étendues allant de l’Oural à l’océan Pacifique. L’Angleterre, d’ailleurs, s’est développée par la piraterie. Et il existe des centaines d’exemples de ce type.

Oui, à l’heure qu’il est, les chefs des administrations locales en Ukraine sont criminalisés. La question de leur légalisation et de leur intégration dans la vie pacifique est une affaire de temps. Après tout, il s’agit de leur problème personnel et de la prochaine étape du développement civilisationnel du pays. En attendant, trois choses sont exigées d’eux.

” SP : – Lesquelles ?

– Premièrement – pas de nazisme et pas de russophobie. Deuxièmement, ils ne doivent pas interférer de quelque manière que ce soit avec l’avancée des troupes russes. Et idéalement, si nécessaire, aider les militaires russes à persuader la garnison de l’armée ukrainienne stationnée sur le territoire administré par eux de se rendre. Ou, au moins, persuader la garnison de quitter ce territoire.

C’est directement dans l’intérêt du chef de l’administration. Sinon, le village ou la ville pourrait souffrir des frappes de l’artillerie russe. L’histoire des opérations spéciales compte déjà de nombreux exemples dans lesquels les chefs de municipalités ont agi avec succès en tant que gardiens de la paix.

Et troisièmement. Le Pan-Ataman doit distribuer l’aide humanitaire de manière équitable et spécifique, quand il y en a.

En principe, les atamans locaux peuvent accomplir ces trois tâches. Les Ukrainiens en général sont un peuple pratique. Et les chefs des groupes criminels locaux sont des gens très pratiques. Et les bénéfices de leur comportement “correct” se font sentir à un kilomètre de distance. En outre, ils sont généralement de bons organisateurs et gestionnaires. Et ils sont capables de nouer des relations avec des partenaires sérieux, s’ils considèrent qu’ils ont la force avec eux. Ils ont établi des relations avec les groupes voisins, n’est-ce pas ? Ils s’accommoderont également de l’armée.

D’ailleurs, une certaine forme de responsabilité sociale n’est pas étrangère à ces “Robin des Bois”. Ils ne privent pas les personnes âgées, les enfants et les femmes de l’aide humanitaire. C’est “indigne d’eux”, comme ils disent. Ils ont un contrôle et une comptabilité parfaits …

En dehors des bandits, il peut y avoir sur le terrain des habitants intègres et sans liens avec le nazisme, qui sont capables de maintenir l’ordre et jouissent d’une certaine autorité.

“SP : – Comment s’entendre avec la population ukrainienne qui partage sincèrement des idées nazies ?

– Nous avons l’expérience de l’éducation d’après-guerre des Ukrainiens de l’Ouest. Il est simplement nécessaire d’étudier les archives pertinentes des troupes frontalières et du KGB. Aujourd’hui, comme à l’époque, les Ukrainiens sont depuis longtemps affectés par le terrible drame du renouveau nazi qui se déroule sous leurs yeux.

En outre, les autorités locales se sont souvent vues imposer par la force des Banderistes endurcis venus d’Ukraine occidentale dans la structure du pouvoir. Il est même difficile d’énumérer tous ces Tchernovils, Turchinovs, Poroshenkos et autres Maidanautes locaux, affichant leur position dominante sur le territoire qu’ils occupent, autrefois habité par un groupe ethnique très amical envers nous.

Par la suite, la tâche archivistique devrait consister à appréhender, enquêter et traduire en justice ces criminels de guerre et ces nazis. Et pas seulement ceux qui ont tiré et tué, mais aussi ceux qui ont imposé le nazisme. Lorsque les gens verront que personne n’est oublié et que rien n’est oublié, les volontaires pour participer à l’enquête ne manqueront pas.

“SP : – Qu’est-ce qui vous faire dire ça ?

– Certains viendront pour aider l’enquête, d’autres pour couvrir leurs propres crimes. Surtout ceux qui se sont nourris des subventions américaines. Bien sûr, ce sera tout un théâtre. Mais une purification doit avoir lieu.

Tous ceux qui sont prêts à nous parler, en Ukraine et à l’étranger, doivent être impliqués dans l’enquête. Et dès que les témoignages de ces personnes, colorés émotionnellement et systématisés, seront publiés, nous pourrons parler de dénazification de la société ukrainienne.

Ce sera l’un des principaux résultats de l’opération spéciale.


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3 Commentaires

  • Smiley
    Smiley

    C est très étonnant à lire. Un mélange de pragmatisme qui frôle le cynisme au service d objectifs nobles.
    Après tout la Sicile et d autres régions d Italie ont été libérées des chemises noires avec l aide intéressée de la mafia.
    A choisir on préfèrera quand même voir l ancien maire de Kherson danser sur la grand place de la ville.

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    • admin5319
      admin5319

      lis les contes d’ODESSA de BABEL et tu apprécieras… c’est comme ce que m’avait dit un russe de saint Petesbourg : pour un caucasien Staline était particulièrement civilisé et il a ajouté : “Staline et Trotski était des gens supportables, le problème c’est leur disciple… ” Il y a des films dans la veine d’ETTORE SCOLA, qui ont été tourné dans le caucase et qui font pleurer de rire… Un jeune Russe, intellectuel binoclard vient dans le Caucase faire des études et se heurte à un parti communiste avec des moeurs locales …

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    • Yannick LB
      Yannick LB

      Pragmatisme / cynisme, bien illustré par le passage : “persuader la garnison de quitter ce territoire. C’est directement dans l’intérêt du chef de l’administration. Sinon, le village ou la ville pourrait souffrir des frappes de l’artillerie russe.” Évidemment, jusqu’où pourra aller la “persuasion” … Est-ce qu’il n’y a pas quelques frappes “dissuasives” par-ci par-là (on frappe d’abord, on persuade après), je ne sais pas. Je crains que Poutine ne soit pas du genre à faire des omelettes sans casser des œufs.
      Sur les « grands hommes » (et la patrie reconnaissante) : pourrait-on faire un parallèle entre Bandera et Khmelnystsky ? Deux « héros de l’indépendance », l’un s’est allié aux nazis contre les soviétiques, l’autre au tsar contre les polonais (pour lui rendre hommage, son nom a été donné à un oblast, en 1954 ! ). Tous deux grands massacreurs de juifs. Oui c’est compliqué l’Ukraine …

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