Dans ce blog, nous ne vous présentons pas la position de l’un des belligérants, si nous le faisons c’est dans une lutte contre l’insupportable propagande qui existe en France, mais nous adoptons un point de vue, celui des communistes et de la paix. A ce titre, nous vous faisons connaître en priorité la position des communistes russes et cet article apporte des précisions importantes: ce qui se passe actuellement en Ukraine a une double caractéristique c’est à la fois une guerre impérialiste dans laquelle les intérêts oligarchiques jouent un grand rôle et une lutte de libération nationale qui doit arrêter l’action fasciste de l’OTAN. A ce titre, elle est en train de modifier en profondeur non seulement l’Ukraine mais la Russie elle-même et elle met à nu la volonté de paix des peuples et le caractère criminel des capitalistes. Ce choix doit être aussi celui des communistes français et dans l’élection présidentielle française, ce triste spectacle sous censure et propagande, le PCF qui malgré certains dérapages demeure le moins pire parce qu’il cherche la paix et ose quelquefois dénoncer l’OTAN résultat ou écoeuré on s’abstient ou on parie sur l’avenir et on vote Fabien Roussel. Personnellement je suis de plus en plus encline à ce vote parce que c’est le seul qui permette le rassemblement contre la guerre, l’OTAN et au-delà toutes les valeurs auxquelles nous sommes attachés. Il faut dépasser la colère devant la méconnaissance des questions internationales et analyser la perspective vers laquelle nous sommes entraînés(note de danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
Les événements en Ukraine n’ont laissé personne indifférent. L’opération spéciale des troupes russes a agité la société comme un coup de tonnerre dans un ciel clair. Les premiers jours de la guerre ont montré que l’ampleur de ce qui se passait dépassait de loin non seulement les relations entre la Russie et l’Ukraine, mais aussi le continent européen. Les conséquences économiques seront visibles pour une grande partie du monde, et en Russie même, beaucoup de choses changeront de manière radicale.
Secrétaire de la branche de la ville de Moscou du KPRF pour l’agitation et la propagande, député de la Douma d’État D. Parfenov
2022-03-04 14:12 (mise à jour : 2022-03-04 17:19)
Parfenov Denis Andreevich
https://kprf.ru/dep/gosduma/activities/208962.html
Dans le contexte des opérations militaires, de la guerre de l’information la plus désespérée et des sanctions économiques sévères, bon nombre de citoyens russes éprouvent des sentiments mitigés, la société affichant un mouvement vers les extrêmes : de l’hourra-patriotisme débridé et des “fanfaronnades” au pacifisme radical avec des demandes de paix ici et maintenant, quoi qu’il arrive.
Dans le même temps, il est important de ne pas céder aux tentatives de la propagande russe et pro-occidentale et d’analyser ce qui se passe dans une perspective marxiste-léniniste. L’auteur de cet article croit sincèrement que dans les situations difficiles, le premier endroit où chercher des réponses est dans l’héritage idéologique de Lénine, car sa puissance est si grande qu’elle est toujours d’actualité.
Lénine a procédé à partir de l’approche dialectique-matérialiste et historique concrète dans l’analyse des différentes guerres et a souligné qu’il y a guerre et guerre. Selon Lénine, les guerres se divisent en deux types.
D’abord – les guerres menées dans l’intérêt des classes dominantes, comme les guerres d’agression, les guerres de conquête, les guerres pour la redistribution des sphères d’influence, des marchés, de l’accès aux ressources, etc. Dans son ouvrage Le socialisme et la guerre [1], Lénine donne un exemple frappant : lorsqu’un propriétaire d’esclaves possédant 200 esclaves et un propriétaire d’esclaves possédant 100 esclaves sont en guerre, ce dernier voudrait bien sûr rendre la répartition plus équitable à son égard en augmentant le nombre de ses esclaves et en diminuant le nombre des esclaves de l’adversaire.
Bien sûr, de telles guerres ne sont pas bonnes pour le commun des mortels. Elles apportent, comme toute guerre, des peines, des souffrances et des morts, mais elles ne portent aucunement atteinte au système d’exploitation et d’asservissement, ne touchent pas aux fondements d’une société basée sur la propriété privée des moyens de production, ne menacent pas la domination de classe des exploiteurs.
Pourtant, il existe d’autres guerres, des guerres qui peuvent être progressistes. Les guerres de libération.
Nous parlons ici principalement des guerres contre l’oppression nationale, contre l’asservissement colonial de certains peuples par d’autres, et aussi des guerres contre les classes dominantes – guerres civiles ou révolutionnaires. De telles guerres peuvent éventuellement conduire à une amélioration de la situation de la majorité laborieuse, et en ce sens, une telle guerre peut être juste et justifiée, même si elle implique également la violence et de grandes difficultés, ce qui est caractéristique de toute guerre.
C’est dans cette perspective qu’il faut aborder les événements qui se déroulent en Ukraine : on y trouve des signes des deux types de guerres. En d’autres termes, la guerre en Ukraine présente les caractéristiques à la fois d’une guerre de libération et d’une guerre impérialiste.
D’une part, du point de vue du peuple de Donbass et, dans une large mesure, du peuple de toute l’Ukraine, la lutte contre les nazis, les Banderistes et l’administration semi-coloniale pro-américaine, il y a là une grande chance. On ne peut oublier huit années d’humiliation et de génocide de la part des militaires et des nationalistes ukrainiens, 14 000 morts, d’énormes destructions, la souffrance et la douleur du peuple de Donbass ! Pendant toutes ces années, le KPRF n’a cessé de plaider pour la reconnaissance de la DNR et de la LNR, les députés communistes et les dirigeants du parti en ont parlé à toutes les tribunes, et le sujet de la reconnaissance a été inclus dans tous les documents du programme pré-électoral. Au cours de cette période, le Parti communiste a envoyé 93 convois humanitaires dans le Donbass, livrant au total plus de 13 000 tonnes de nourriture, de matériaux de construction et de fournitures médicales aux défenseurs et aux habitants du Donbass. En outre, il ne faut pas oublier que les événements dans le Donbass en 2014-2015 ont commencé précisément comme une révolution populaire et avaient une connotation nettement socialiste de lutte pour la justice sociale contre le capitalisme. Malheureusement, le Kremlin a ensuite usé de son influence pour freiner ces aspirations, et aujourd’hui, par exemple, le parti communiste de la RPD, bien qu’il ait un statut légal, n’est pas autorisé à participer aux élections. Il est également important de se rappeler que pendant ces 8 années, les autorités russes ont tergiversé et essayé de négocier avec les Banderistes à Kiev, pour trouver un soutien au sein de l’oligarchie ukrainienne.
Comme le président du comité central du KPRF G.A. Zyuganov l’a souligné à juste titre dans sa déclaration “Il est temps d’arrêter les actions fascistes de l’OTAN en Ukraine”, la tâche de libération de ce gang de nazis et de dénazification du pays ne peut être résolue aujourd’hui par le peuple ukrainien lui-même. À cet égard, les tâches de dénazification et de démilitarisation de l’Ukraine, le changement du régime en un régime plus favorable à la Russie et l’empêchement de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN sont des questions de principe. Dans le même temps, il ne faut pas se faire d’illusions : la dénazification de l’Ukraine est menée par des personnes au sein du pouvoir russe, qui lisent elles-mêmes le philosophe au penchant fasciste prononcé Ivan Ilyin, ne rechignent pas à ériger des monuments commémoratifs à la mémoire de Mannerheim et à déposer des fleurs au “Centre Eltsine”, et ne sont pas avares d’argent pour financer des productions idéologiques antisoviétiques comme “Shtrafbat” ou “Zuleikha”.
Et en même temps, il faut également comprendre que la Russie n’est en aucun cas un État socialiste qui apporte aux autres nations la libération des exploiteurs et des idées de justice sociale. La Russie elle-même est un État capitaliste avec un régime oligarchique. Un téléspectateur attentif qui aurait regardé le Président Poutine avec 20 minutes de retard sur le plateau de télévision, aurait pu ne pas comprendre de quel pays parlait le chef d’État, dénonçant la corruption, l’oligarchie, l’effondrement de l’industrie, etc. – M. Poutine critiquait l’Ukraine, mais une grande partie des failles du système social qu’il a mises en évidence sont également typiques de la Russie.
La bataille pour l’Ukraine oppose des puissances capitalistes : la Russie capitaliste tente d’arracher l’Ukraine au contrôle extérieur de la plus grande puissance impérialiste, les États-Unis d’Amérique.
Cette double nature de la guerre dicte une attitude double, voire contradictoire, à son égard dans la société russe.
Des efforts considérables ont été investis par le collectif occidental pour préparer les événements au retournement tragique d’aujourd’hui. Quelle a été la politique de la Russie à l’égard de l’Ukraine pendant presque toutes les années qui ont suivi l’effondrement de l’URSS ? On pensait à l’Ukraine surtout au Nouvel An, lorsqu’il s’agissait de renégocier les contrats de gaz, souvent avec des scandales. Pendant ce temps, nos “partenaires” occidentaux n’ont pas perdu de temps pour acheter les médias en Ukraine, publier de la littérature pseudo-historique, approuver la glorification des criminels nazis et investir dans la modification du système éducatif afin d’éduquer les jeunes générations dans l’esprit du nationalisme, de l’autoglorification et du chauvinisme. Ces dernières décennies, la politique étrangère russe envers l’Ukraine a été un échec total. Le pari des dirigeants russes à l’égard des groupes oligarchiques en Ukraine même a complètement échoué.
C’est la conséquence de cette approche qui est à l’origine de la tragédie qui se déroule actuellement. Je suis sûr que les dirigeants des puissances occidentales se frottent tranquillement les mains de joie : en effet, le rêve séculaire de l’Occident de monter les peuples slaves les uns contre les autres, de monter les Russes contre les Ukrainiens, est devenu réalité.
Les sentiments des populations qui, aujourd’hui, assistent avec horreur aux hostilités et réclament la paix sont compréhensibles. Aucun homme sain d’esprit ne souhaiterait la guerre contre son propre pays et son propre peuple. En même temps, les attitudes pacifistes découvertes soudainement par beaucoup doivent aussi être sérieusement examinées, et ici encore le camarade Lénine nous vient en aide : « Une forme de tromperie de la classe ouvrière est le pacifisme et la prédication abstraite de la paix. Sous le capitalisme, et surtout dans sa phase impérialiste, les guerres sont inévitables. D’autre part, les communistes ne peuvent nier la valeur positive des guerres révolutionnaires, c’est-à-dire non pas des guerres impérialistes, mais des guerres qui sont menées, <…> pour le renversement de l’oppression nationale <…> ou qui sont possibles pour protéger les acquis du prolétariat victorieux dans la lutte contre la bourgeoisie.
La propagande pour la paix de nos jours, non accompagnée d’un appel à l’action révolutionnaire des masses, ne peut que semer des illusions, corrompre le prolétariat en lui inspirant confiance dans l’humanité de la bourgeoisie et en faire un jouet entre les mains de la diplomatie secrète des pays belligérants. En particulier, l’idée qu’une paix dite démocratique sans <…> révolutions [2] est possible est profondément erronée. »
Ainsi, la véritable lutte pour la paix n’est possible que conjointement avec la lutte pour la révolution, pour une transformation radicale de la vie sociale, pour le rejet du système du capitalisme, pour la création d’un système socio-économique fondamentalement différent, pour la construction d’une société de justice sociale.
L’année dernière, l’auteur a eu l’occasion de tenir 146 réunions avec les électeurs. Les conversations avec les gens ont clairement montré que, naïvement, succombant à la propagande ou espérant sincèrement la stabilité, de nombreux citoyens étaient prêts à voter pour les autorités actuelles sur le principe “Pourvu seulement il n’y ait pas de guerre !” Aujourd’hui, ils ont l’impression d’avoir reçu une douche d’eau froide, ce qui montre que tous les espoirs de stabilité et de bien-être civique plus ou moins décent se sont effondrés. Les conséquences économiques du nouveau train de sanctions et d’au moins certaines des recettes avec lesquelles le gouvernement et la Banque centrale prévoient de “sauver” l’économie – feront mal aux poches déjà minces du travailleur moyen, de l’étudiant, du retraité, de la jeune mère, etc. Bientôt, les militaires, qui aujourd’hui accomplissent courageusement des tâches de combat compliquées dans des conditions particulières, le ressentiront également. Nous voulons croire que ce sera la voie du réveil définitif de la conscience de soi de notre peuple, de l’éveil dans les masses d’un désir plus résolu de lutter pour leurs droits et intérêts sociaux et économiques.
Les communistes ont à plusieurs reprises mis en garde l’élite dirigeante contre l’inadmissibilité d’une gestion frivole des fonds de réserve, contre la nécessité non seulement d’épargner, mais aussi de dépenser ces fonds pour le développement de l’industrie et du potentiel humain du pays. Mais nous n’avons pas été écoutés. Maintenant, les recettes libérales du FMI, selon lesquelles les dirigeants de la Russie conservaient la plupart des réserves d’or et de devises étrangères en Occident, se sont transformées en un blocage de la plupart des économies de plusieurs milliards de dollars – l’argent de notre peuple. Et ce n’est qu’un exemple : très bientôt, une augmentation du taux d’escompte par la Banque centrale entraînera un effondrement du marché des prêts, suivi d’un “effondrement” du secteur de la construction et de bien d’autres. On ne peut que déplorer l’état déplorable de la flotte aérienne russe, qui est composée aux neuf dixièmes de matériel étranger et qui se retrouvera désormais sans pièces de rechange. L’état général de l’économie devrait se détériorer considérablement, l’inflation et le chômage augmentant encore plus fortement.
Il est probable que, comme il y a un peu plus de 100 ans, les difficultés de la guerre et ses conséquences, qui seront supportées par le peuple, obligeront beaucoup de gens à revenir à la raison et à se rendre compte que le capitalisme en Russie est complètement et totalement en faillite. Sans le socialisme et sans l’unité des peuples de Russie, de Biélorussie et d’Ukraine, nos chances de survie historique sont extrêmement faibles. La situation est donc claire : la bataille politique pour la Russie et l’Ukraine ne fait que commencer. Les peuples ont besoin d’une paix stable et juste : une paix qui n’est possible que si nous nous débarrassons du capitalisme avec ses conflits et ses contradictions sans fin ; une paix qui n’est possible que si nous abolissons les classes parasites et établissons une société d’égalité des chances ; une paix véritablement démocratique pour les travailleurs. La lutte pour le socialisme est la lutte pour la paix !
[1] V.I. Lénine, PSS, 5e édition. 313
[2] V.I. Lénine, PSS, 5e éd., vol. 26, pp. 165-166
Dans les extraits ci-dessus, de petits extraits et des corrections stylistiques minimes ont été réalisés pour faciliter la perception du lecteur. Le texte sans modifications est le suivant :
“Une forme de tromperie de la classe ouvrière est le pacifisme et la prédication abstraite de la paix. Sous le capitalisme, et surtout dans sa phase impérialiste, les guerres sont inévitables. D’autre part, la S.D. ne peut nier la valeur positive des guerres révolutionnaires, c’est-à-dire non pas des guerres impérialistes, mais des guerres qui ont été menées, par exemple, de 1789 à 1871 pour renverser l’oppression nationale et créer des Etats nationaux capitalistes à partir d’Etats féodaux fractionnés, ou qui sont possibles pour sauvegarder les acquis du prolétariat qui a gagné la lutte contre la bourgeoisie.
La propagande pour la paix actuelle, non accompagnée d’un appel à l’action révolutionnaire des masses, ne peut que semer des illusions, corrompre le prolétariat en lui inspirant confiance dans l’humanité de la bourgeoisie et en faire un jouet entre les mains de la diplomatie secrète des pays belligérants. En particulier, l’idée qu’un monde dit démocratique est possible sans une série de révolutions est profondément erronée.
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Jeanne Labaigt
Quel article ! NE PAS RATER .
Une vue de ce que pensent et doivent faire les Russes et les communistes.
Roussel devrait séance tenante lire ce texte, cela lui permettrait d’avoir un discours sans faille.
On pourra ainsi se déterminer avec l’espoir en l’avenir.