Alors même que les interventions gouvernementales russes, celle de Lavrov en particulier témoignent de l’insistance russe à exiger d’abord des USA un engagement écrit concernant les limites de l’OTAN, Dimitri Novikov non seulement appuie cette fermeté mais s’inquiète de la capacité d’un gouvernement dominé par les intérêts des oligarques à ne pas céder à la pression occidentale. L’exigence d’un texte écrit concernant l’arrêt de l’expansion militaire est donc appuyée par la quasi totalité de l’opinion russe, avec une pression sur les capacités de Poutine et de son gouvernement de mener l’affaire jusqu’au bout et à ce titre la vassalité et le ridicule d’un gouvernement ukrainien mené par des oligarques et des forces néo-nazies, méprisé de tous sont soulignés comme l’est souvent la capacité de la Chine socialiste à répondre économiquement et politiquement à l’assaut impérialiste. A mettre en relation avec le débat dans notre blog sur économie et politique dans le socialisme, effectivement le marxisme ne construit pas une “économie” mais une critique de l’économie politique qui tend à séparer ces catégories. Cela dit pour répondre à la question de savoir si Poutine et Lavrov cèderont, ma propre réponse serait volontiers que depuis la Libye, Poutine sait que les USA veulent agir avec lui comme ils ont agi avec Kadhafi, ce dont Lavrov était convaincu, qu’il existe dans le gouvernement une “cinquième colonne” selon les termes consacrés est probable. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
Dans la nuit du 12 au 13 janvier, la chaîne de télévision Zvezda a diffusé l’émission “Entre les sujets”, consacrée aux résultats du sommet du Conseil Russie-OTAN. L’invité du studio était le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État, Dmitri Novikov. Au cours de la conversation, la modératrice Natalia Metlina a posé un certain nombre de questions sur les perspectives du processus de négociation entre la Russie et l’Occident sur les questions de sécurité.
https://kprf.ru/tv/207878.html
Par les matériaux de la chaîne de télévision “Zvezda”.
13-01-2022
Au début de la conversation, Dmitri Novikov a déclaré que le format des discussions multilatérales avec la Russie est plus pratique pour les États-Unis que les négociations en tête-à-tête. Ce dispositif permet à Washington de brouiller la responsabilité du résultat du processus de négociation entre tous les membres de l’OTAN et de donner l’apparence d’un “mécanisme de prise de décision collective de tous les membres de l’alliance”.
Selon Novikov, l’un des résultats du sommet serait le refus de l’OTAN de fournir à la Russie des garanties de sécurité juridiquement contraignantes. En décembre dernier, le ministère russe des Affaires étrangères a présenté une initiative sur ces garanties, en faisant appel aux puissances occidentales. Moscou attend maintenant des résultats concrets. La Russie doit négocier la paix et des conditions qui réduiront le danger d’une confrontation militaire.
Dmitri Novikov a qualifié d’absurde et d’hypocrite la déclaration du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, selon laquelle l’Alliance de l’Atlantique Nord ne considère pas l’expansion du bloc comme un acte agressif, car cette expansion est censée “répandre la démocratie”. De telles déclarations, note Novikov, sont destinées à l’opinion publique occidentale afin de la convaincre de la volonté “pacifiste” du bloc militaire et de justifier son existence.
Le sommet du Conseil OTAN-Russie à Bruxelles a provoqué une réaction hystérique de l’Ukraine. Les autorités de Kiev ont reproché à leurs parrains occidentaux de ne pas les avoir invités à participer aux discussions avec la Russie. Novikov s’est moqué de cette position du ministère ukrainien des affaires étrangères. Il a attiré l’attention sur le fait que les États-Unis et l’OTAN n’ont pas jugé nécessaire, même pour sauver les apparences, de consulter Kiev. Washington consulte ses alliés de l’OTAN, mais pas les autorités ukrainiennes. Ce fait a mis en évidence l’extrême dépendance du régime de Kiev vis-à-vis des forces extérieures et a illustré la place réelle de l’Ukraine moderne dans la politique mondiale.
Parlant de la possibilité que des adversaires frappent la Russie depuis l’Asie centrale, Dmitri Novikov a noté que l’Occident tente constamment d’influencer la situation dans cette région dans ses propres intérêts. Les récents événements survenus au Kazakhstan s’inscrivent dans un contexte social sous-jacent essentiel, mais les responsables occidentaux ont activement commenté la situation, et ont même menacé Astana de bloquer les actifs financiers étrangers. L’Occident espérait également s’immiscer dans la succession du pouvoir au Kirghizstan. Compte tenu de toutes les tentatives d’ingérence extérieure, le déploiement du contingent de maintien de la paix de l’OSTC au Kazakhstan était une mesure absolument justifiée.
À la veille des négociations à Bruxelles, le ministre finlandais de la défense, Antti Kaikkonen, a fait une déclaration que de nombreux observateurs ont interprétée comme une demande d’adhésion de la Finlande à l’Alliance de l’Atlantique Nord. Novikov a noté que dans toute l’histoire d’après-guerre de la Finlande, c’est le premier cas où ses autorités expriment publiquement leur désir de refuser le statut de pays non-aligné du pays. Le représentant du Parti communiste s’est dit convaincu que cette initiative d’Helsinki ne pouvait être rendue publique que si elle était concertée avec Washington. On tente de taper sur la main de la Russie en lui refusant même le droit de prendre des initiatives indépendantes dans le domaine de la sécurité internationale.
Commentant un certain nombre de déclarations sur la possibilité pour la Russie elle-même de devenir membre de l’OTAN, Novikov a noté que ce bloc militaro-politique a été créé à l’origine pour lutter contre l’Union soviétique. Aujourd’hui, cette même démarche est mise en œuvre à l’égard de la Fédération de Russie, bien qu’il n’y ait pas aujourd’hui de contradictions idéologiques marquées entre la Russie et les États-Unis, comme c’était le cas entre les États-Unis et l’Union soviétique. Dans l’ensemble, personne n’envisage sérieusement la perspective d’une adhésion de la Russie à l’alliance. Elle ne pouvait avoir de sens que dans les phases de formation de l’organisation, lorsque son architecture faisait l’objet de discussions. Staline propose une telle option, mais les anciens alliés ne sont pas d’accord.
L’invité du studio a rejeté comme utopique l’idée d’une éventuelle transformation de l’OTAN en une “organisation plus pacifique”. Derrière les actions de l’Alliance de l’Atlantique Nord se cachent les intérêts des cercles dirigeants des principaux pays occidentaux et, surtout, des États-Unis. Et leurs aspirations hégémoniques sont absolument évidentes.
Novikov a résumé ce qu’il a dit de la situation extrêmement grave qui est devenue la toile de fond des discussions sur la sécurité. « La fin de cette histoire devrait être pour la Russie de rassembler ses forces afin de répondre dignement aux défis extérieurs si elle reçoit un “non” ferme sur le résultat des négociations en cours. » Comme l’insiste le KPRF, la clé pour défendre l’intérêt national est de passer d’une politique de dégradation à une véritable politique de développement économique. En outre, Novikov a exposé un certain nombre de mesures diplomatiques et militaro-politiques spécifiques qui pourraient être mises en œuvre si Washington et ses satellites ne se répondent pas aux demandes.
2 commentaires (le premier porte visiblement sur une partie de l’émission TV qui n’est pas rapportée ici :
Guerre civile
J’écoute de plus en plus souvent les absurdités que le président Poutine et le commentateur Kiseliov colportent au public : la terrible guerre civile, au cours de laquelle les Russes se sont battus entre eux. Quel genre d’idiotie historique est-ce là ? La guerre civile russe de 1918 à 1921 était une guerre de classe. Les esclaves contre les esclavagistes, les travailleurs contre leurs violeurs et leurs voleurs, l’aristocratie et la bourgeoisie. Les travailleurs se battaient pour leur avenir, une vie heureuse et libre, débarrassée de leurs esclavagistes. C’est quoi cette assimilation entre le voleur et le volé. Et puis, les esclavagistes russes ont été aidés par toute l’Europe aristocratique et bourgeoise : les gardes blancs ont reçu des armes de l’Occident bourgeois, des uniformes, des provisions, un abri. De plus, l’Europe aristocratique et bourgeoise elle-même a combattu l’Armée rouge, le peuple travailleur de Russie. Et ce n’était plus une guerre civile, mais en fait une guerre de classe mondiale. Une guerre de l’aristocratie, de la bourgeoisie de Russie, d’Europe, d’Asie contre le peuple travailleur de Russie. Même maintenant, avec le pouvoir bourgeois voleur actuel en Russie, l’Europe ne se comporte pas de manière pacifique et bienveillante. Et à l’époque, il était impossible de trouver une société plus aigrie que celle des aristocrates et des bourgeois russes, européens et asiatiques contre le peuple travailleur de Russie. C’est une honte de déformer l’histoire comme ça. Des personnalités publiques, les dirigeants du pays. Vous ne pouvez pas construire un État honnête et juste, libre et démocratique sur des mensonges. Vous ne pouvez que proclamer faussement la démocratie et la liberté du peuple depuis vos trônes.
En matière de politique étrangère, Dmitri Georgievich a défini une approche de classe. Surtout dans la partie conclusive. Toutefois, il ne faut pas être trop optimiste quant au fait que le gouvernement oligarchique sera guidé par les intérêts de la Russie contre ses propres intérêts personnels et de classe. C’est une maladie du pouvoir pour laquelle le Parti doit préparer un remède.
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