Cet article de GOBAL TIMES met excellemment en relief la situation de Washington à savoir le fait que Washington n’a pas les moyens de son bellicisme et pour son compte feint de temporiser le jeu tout en forçant ses “alliés” à assumer l’offensive belliciste et son coût à tous les sens du terme sans leur apporter le minimum qu’ils pouvaient attendre de leur suzerain. Une situation qui ne se limite pas à l’Ukraine et à l’OTAN, on la retrouve en ASIE et sur d’autres continents. La Chine et la RUSSIE doivent jouer leur propre jeu pour empêcher la guerre, sans céder au double jeu et sans devoir assumer la catastrophe que les USA engendrent dans leur sillage. (note et traduction de Danielle BLEITRACH pour histoireetsociete)
Published: Jan 12, 2022 09:44 PM
Les inquiétudes suscitées par le risque de guerre en Ukraine ont conduit à des négociations entre la Russie et l’Occident, notamment les États-Unis, l’OTAN et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Le dernier cycle de discussions sur la sécurité entre les États-Unis et la Russie prouve que les États-Unis ne sont ni prêts ni capables de lancer une offensive diplomatique affirmée contre la Russie. Mais les deux parties semblent être parvenues à un certain consensus sur la nécessité de “calmer” la situation en Ukraine. Cela a rendu l’OTAN, qui a tenu une réunion avec la Russie mercredi, quelque peu embarrassée.
En tant que tampon entre l’Occident et la Russie, l’Ukraine est un facteur décisif dans le jeu géopolitique entre la Russie et l’Occident. Ce pourrait être la principale défense géopolitique de la Russie si l’Ukraine se tournait vers l’Est, et un haut lieu stratégique pour l’Occident pour détruire la Russie si elle se tourne vers l’Ouest. Par conséquent, la crise ukrainienne et sa solution sont la pièce centrale du jeu entre la Russie et l’Occident.
L’administration Biden a fait un geste pour assurer la sécurité de l’Europe. En ce qui concerne la Russie, les États-Unis se sont engagés dans le dialogue bilatéral sur la stabilité stratégique afin d’établir des règles du jeu “non fatales” entre les deux pays. Mais dans le même temps, les États-Unis encouragent l’OTAN et l’Ukraine à coopérer étroitement, notamment autour de la mer Noire (autrement dit, le flanc oriental de l’OTAN), afin de renforcer l’offensive stratégique contre la Russie.
La solution au problème ukrainien, telle que l’envisage la direction de Washington, consiste à utiliser l’OTAN pour lancer une offensive contre la Russie. Cela s’écarte essentiellement de l’approche européenne qui se concentre davantage sur les négociations diplomatiques et les échanges d’intérêts. Par conséquent, la situation en Ukraine devrait rapidement évoluer vers une confrontation militaire.
Le dernier cycle de négociations entre les États-Unis et la Russie a été suivi d’une réunion entre l’OTAN et la Russie. Même si aucun progrès substantiel ne sera réalisé au cours de ce dernier événement, les deux parties peuvent néanmoins obtenir ce qu’elles veulent. La Russie pourrait tenter d’obtenir des arguments favorables dans les négociations en menaçant de mettre fin à tout moment à son engagement auprès de l’OTAN. Quant à l’OTAN, elle peut considérer les négociations comme le résultat de sa fermeté envers la Russie et l’obliger à reprendre le dialogue. De cette manière, l’OTAN peut prouver qu’elle a encore un rôle à jouer dans les relations Europe-Russie et dans la sécurité européenne.
Toutefois, après avoir obtenu des “résultats politiques” limités, l’OTAN doit faire face à une réalité embarrassante : après que la Russie et les États-Unis aient signalé un consensus sur le refroidissement de la situation en Ukraine au cours de leurs discussions, la valeur de l’OTAN aux yeux des États-Unis sera-t-elle fortement réduite ? Si, lors de négociations ultérieures, la Russie insiste pour que l’OTAN suspende sa coopération avec l’Ukraine et arrête son expansion vers l’est, comment l’OTAN peut-elle prouver sa “valeur” aux États-Unis sinon en mettant l’accent sur ses “obligations” envers l’Ukraine ?
Les États-Unis et l’OTAN considèrent l’Ukraine comme un partenaire mais ne lui ont pas accordé l’adhésion à l’OTAN. De cette manière, ils espèrent prendre le dessus dans leur jeu avec la Russie. Ils pourraient non seulement attiser la situation régionale en fournissant à l’Ukraine des équipements militaires et en organisant des exercices militaires conjoints, mais aussi utiliser l’excuse “l’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN” pour éviter une confrontation ouverte avec la Russie.
Mais la Russie voit clair dans les ruses des États-Unis et de l’OTAN. C’est pourquoi Moscou oblige l’OTAN à clarifier sa relation avec l’Ukraine dans un contexte d’escalade de la confrontation militaire afin d’éviter son positionnement stratégique. Si l’OTAN ne parvient pas à mettre un terme à cette série de contre-offensives stratégiques et diplomatiques de la Russie, toutes les “réalisations” qu’elle a obtenues en réduisant l’espace de la Russie sur les fronts oriental et occidental s’évanouiront.
La crise ukrainienne et l’interaction entre les États-Unis et la Russie ont rendu l’Europe mal à l’aise et anxieuse. Afin de prendre son destin en main, l’Europe devrait mettre l’autonomie stratégique en pratique. Elle devrait se décider à “donner la priorité aux solutions européennes aux problèmes européens”. Le prix à payer pour s’appuyer sur les autres est la vulnérabilité à l’influence des autres.
Pour résoudre la question de l’Ukraine, l’Europe doit faire en sorte que les parties concernées rétablissent la confiance dans le cadre du format Normandie. En ce qui concerne les relations avec la Russie, il est nécessaire de promouvoir la désescalade par le dialogue, comme l’ont suggéré la France et l’Allemagne, et de promouvoir les relations bilatérales vers un état de stabilité. En ce qui concerne les questions relatives à sa propre sécurité, l’OTAN devrait influencer et contraindre les États-Unis par le biais du mécanisme bilatéral États-Unis-Europe et du cadre de l’OTAN, au lieu de devenir une pièce d’échec à sacrifier par les États-Unis.
The author is director of the Department of European Studies, China Institute of International Studies. opinion@globaltimes.com.cn
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Grande finesse d’analyse