L’hebdomadaire Challenge et l’Institut Montaigne- de leur point de vue- nous annoncent que le parti communiste chinois se renforce dans les entreprises. Bien sûr selon eux tout cela est le fruit de l’abominable Monsieur Xi. Ce que ce type de propagande oublie de dire c’est que premièrement comme nous l’avons analysé ici, la politique de Xi est une décision collective née en particulier de la crise de 2008 et de la nécessité de contrôler les dérives du marché capitaliste. Deuxièmement, que le choix dans tous les domaines est celui du but du socialisme, assurer le développement de la population. On l’a vu dans le cas de l’épidémie où a été privilégiée la santé publique avant tout et où on a découvert le rôle des cellules du parti comme on a découvert la capacité de construire des hôpitaux et de mobiliser le personnel santé en trois jours. Les exemple de reprise en main des entreprises monopolistiques ne sont pas de simples jeux de pouvoir mais là aussi elles combinent l’inquiétude de jeux boursiers déstabilisant l’État avec le constat de l’épuisement des travailleurs et la nécessité donc de l’intervention publique. Mais dans le même temps, M. Xi a lui-même assuré les conditions d’implantation des sociétés occidentales et la stabilité qu’elles y rencontreraient en matière de protection de leurs investissements. Notez la méthode, on décrit des faits souvent intéressants mais l’interprétation doit toujours énoncer que c’est un renforcement de la “dictature” et que c’est fait en faveur du “parti” symbole de cette dictature et tant qu’il ne se trouvera pas en France des communistes pour rétablir l’interprétation le communisme sera considéré comme une dictature que l’on doit marginaliser. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)
Antoine Izambard Il y a 16 heures J’aime commentaires|3© AFP Xi Jinping
Le Parti communiste chinois contrôle de plus en plus étroitement l’activité économique. Les conglomérats d’Etat, mais aussi le secteur privé, prié d’accueillir ses “cellules”.
Un milliardaire célèbre –Jack Ma– qui disparaît durant quatre mois après avoir ouvertement critiqué le modèle économique chinois. Puis, lorsqu’il réapparaît en janvier 2021, la méga introduction boursière d’Ant Group, filiale du géant Alibaba qu’il dirigeait, stoppée nette, moins de quarante-huit heures avant le lancement de l’opération tant attendue. Ou encore: le patron –Wu Xiaohui– du troisième groupe d’assurance chinois, Anbang, condamné à dix-huit ans de prison pour “crimes financiers” alors que dans le même temps son conglomérat privé est placé sous la tutelle de l’Etat.
Renforcée par l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, la mainmise du Parti communiste chinois (PCC) sur les entreprises atteint aujourd’hui un niveau inégalé. Une main de fer illustrée par la modification de la charte du PCC qui précise depuis 2017: ” Parti, gouvernement, armée, société et éducation –à l’est, à l’ouest, au sud et au nord, le parti dirige sur tous les fronts. “Pour le sinologue François Godement, conseiller pour l’Asie à l’Institut Montaigne, il n’y a pas de doute: ” Les entreprises d’Etat mais aussi privées et les sociétés étrangères sont contrôlées de plus en plus étroitement via les cellules du parti.”
Présence obligatoire
Car le contrôle, autoritaire, est aussi capillaire. Le PCC est présent partout. Depuis 1993, une loi impose à toutes les sociétés, locales ou étrangères, basées en Chine, qu’elles acceptent en leur sein la présence de cellules du parti. Alors qu’en 2012 Pékin avait affiché l’objectif de “couvrir de manière exhaustive” le secteur privé, un peu moins de 50% des entreprises privées chinoises hébergeaient en 2018 une section du parti, selon un sondage officiel du régime. Dans les grands groupes privés, la pénétration est en revanche quasi-totale puisque 92% des 500 plus grandes entreprises du pays abritent une cellule du parti. Et les choses ne devraient pas en rester là. “Le quatorzième plan quinquennal couvrant la période 2021-2025, et adopté en mars dernier, confirme que le pouvoir central compte renforcer significativement son contrôle de l’économie au cours des cinq prochaines années”, juge Alice Ekman, analyste responsable de l’Asie à l’Institut des études de sécurité de l’Union européenne.
S’agissant des grands conglomérats d’Etat, la situation est bien sûr la même. Mais la part des 160.000 entreprises publiques a fortement baissé par rapport au produit intérieur brut (PIB). Le ratio est passé de 90% à environ 30% en trente ans. Mais leur rôle est crucial. Une centaine d’entre elles dépendent d’ailleurs directement de l’Etat central et sont comme le géant du BTP, CHEC, les têtes de pont du PCC concernant les Nouvelles routes de la soie ou le plan d’expansion industrielle “Made in China 2025”. A cela se greffent, à l’instar de Huawei, des entreprises “grises”. Leur opacité actionnariale et la manne financière publique dont elles disposent les placent de fait dans le giron immédiat de l’Etat-parti.
Prospérité commune
Ce tour de vis s’explique aussi à travers le slogan en vogue et cher à Xi Jinping: la “prospérité commune”. Face au problème de redistribution des revenus –1% des Chinois les plus riches détiennent 30,6% de la richesse nationale – Pékin oriente ses entreprises vers des secteurs jugés utiles au parti. Afin de rendre son tissu économique encore plus malléable, le principal outil d’influence de la Chine, l’organe Front Uni, rattaché au PCC, a lancé en janvier 2021 une nouvelle section destinée aux classes sociales émergentes. “L’objectif est de cibler dans les entreprises les jeunes urbains éduqués et de faire en sorte qu’ils soient les relais de la stratégie du parti”, analyse Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique. Des hauts potentiels, oui, mais au service du pouvoir central.
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