Notre camarade aixois Antoine De Gennaro dont la famille communiste a subi du gouvernement de Vichy autant et plus que des nazis a subi la déportation dans l’équivalent marseillais de la rafle du Vel d’hiv. Dans un temps où le négationnisme monte de tous côtés au point de confondre résistants et bourreaux, Antoine nous rappelle les faits et il nous confronte au silence et aux complicités qui ont permis que certains de ces criminels aujourd’hui centenaires échappent au jugement. Il décrit quelques permanences qui font de Marseille, la ville populaire, celle dont “la mauvaise réputation” permet au pouvoir de s’acoquiner avec les voyous pour mieux réprimer les travailleurs en lutte. Ne pas oublier le passé ou être condamné à le revivre (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société).
La vigilance et la mobilisation au travers de l’explication, inlassable et sans concession, de ce que peut représenter le nazisme, le fascisme, le populisme et le racisme auprès des populations s’impose plus que jamais.
La cause du Mémoire pour mes enfants, cette rafle des Marseillais, sans quoi ce devoir n’existerait pas revient dans l’actualité de cette fin d’année 2021 avec le début du procès d’un garde SS arrêté et jugé dans la ville de Brandebourg, près de Berlin en Allemagne.
Pour les allemands, Marseille, malgré la fortification de points sensibles comme Notre Dame de la Garde, l’entrée du Vieux Port avec les Forts, le littoral ou les îles qui se hérissent de batteries et de bunkers, dont certains sont encore visibles aujourd’hui, ne représente pas seulement un enjeu stratégique et économique, mais aussi un enjeu idéologique, et plus particulièrement les vieux quartiers du port.
Le Reichsführer SS Heinrich HIMMLER qualifie la ville de « porcherie de la France » et à Berlin, Marseille est considérée comme le « Chicago de l’Europe.»
Déjà, le journaliste Lucien REBATTET dans un reportage du 30 août 1941 au journal parisien d’extrême-droite « Je suis partout », écrit:
«…cette populace bâtarde, cette vulgarité huileuse, olivâtre, qui est le fruit d’on ne sait quels baroques et impurs croisements, cette mixture de Bicots, d’Arméniens, de Maltais, de Smyrniotes, l’unique coin de France où la décadence de la race par le métissage soit vraiment un fait.
Il y a ce prolétariat de nègres tristes, en vieux canotiers et salopettes bleues, ce mélange de crasse et de vanité, ces foules de rôdeurs pouilleux côtoyant les lascars au cheveu bleu trop bien verni, ces chemisettes aubergine ou mandarine…
Mais regardons les choses d’un peu haut, Marseille devait compter 5 000 Juifs en septembre 1939. Elle en avait 100 000 et peut-être davantage au terme de la grande fuite de juin 1940.
Elle en garde depuis une moyenne de 50 000.
10 fois plus de juifs qu‘avant: voilà par ici un des résultats les plus certains de la Révolution nationale ».
Dans le bulletin municipal « Marseille » daté du 21 octobre 1942, l’académicien catholique Louis GILLET présentant le Vieux-Port, et ne voulant pas être en reste, écrit:
« Sur la colline des Accoules, entre l’hôtel de ville et la Major, gîte une Suburre obscène, un des cloaques les plus impurs où s’amasse l’écume de la Méditerranée, triste gloire de Marseille, dans une décrépitude et un degré de pourriture dont à peine, sans l’avoir vu, on pourrait se faire une idée; il semble que la corruption, la lèpre, gangrène jusqu’aux pierres.
Cet enfer vermoulu, cette espèce de charnier en décomposition est un des lieux du monde où la tuberculose fait le plus de ravages. C’est l‘empire du péché et de la mort.
Ces quartiers jadis praticiens, abandonnés à la canaille, à la misère et à la honte, quel moyen de les vider de leur pus et de les régénérer ?»
Ah ! ces vieux démons, avec de telles déclarations, nous nous rapprochons aujourd’hui, de ce qui balaie l’Europe du nord au sud.
Marseille est vu comme la capitale de « l’anti France ».
Après plusieurs attentats, notamment par les FTP-MOI, contre les forces d’occupation
Adolf HITLER, en personne, décide de faire un exemple et dans une de ces colères hystériques dont il est coutumier, donne l’ordre de raser les quartiers nord du Vieux-Port et d’en déporter ses habitants. Le 4 janvier, l’état de siège est promulgué.
Le 13 janvier, Carl OBERG, chef des SS et de la police allemande en France, après avoir reçu René BOUSQUET, secrétaire général de la police de Vichy et les préfets, leur déclare:
« Marseille est un repaire de bandits internationaux, cette ville est le chancre de l’Europe et l’Europe ne peut vivre tant que Marseille ne sera épurée.
Les attentats du 3 janvier, où des soldats du Grand Reich ont trouvé la mort en sont la preuve. C’est pourquoi l’autorité allemande veut nettoyer de tous les indésirables les vieux quartiers et les détruire par la mine et par le feu ».
HIMMLER exige que la population raflée soit évacuée vers des camps de concentration de la zone nord puis vers l’Allemagne, tandis que le quartier, dans un périmètre bien délimité, doit être fouillé par l‘intervention des forces françaises en lieu et place des forces d‘occupation, puis les immeubles dynamités.
De plus, alors que les nazis se préparaient à se cantonner dans les limites du 2e arrondissement, BOUSQUET propose et obtient sans peine d‘OBERG, de l’élargir à presque toute la ville, de l’Opéra à la banlieue, son zèle étant sans aucune limite.
Le 14 janvier, mandaté par LAVAL, Président du Conseil, BOUSQUET demande un répit d‘une semaine afin de mieux organiser l‘opération et de faire venir des renforts policiers.
Le 18 janvier, les instructions d’HIMMLER sont sans ambiguïtés, il dit:
« …la police française et la garde mobile devront effectuer la majeure partie du travail.
La porcherie de Marseille est une porcherie Française.
Seul le fait que nous devrions avoir le calme pour des raisons militaires me pousse à nettoyer cette porcherie. La police française et la France doivent bien comprendre quelles nous en doivent la plus profonde reconnaissance. Nous n’avons plus aujourd’hui assez d’hommes pour maintenir pendant de longues périodes un grand nombre de forces de l’ordre et de police de la sécurité en de tels points chauds ».
En effet, cette rafle a nécessité un dispositif répressif jamais déployé dans l’Hexagone, avec 9 100 policiers et gendarmes français soutenus par 4 000 SS allemands.
Au final, 20 000 marseillais du quartier St Jean (et une bonne partie de celui de la Mairie), le plus vieux quartier de France, est vidé de sa population cosmopolite et pluriculturelle, composée majoritairement de napolitains, appartenant aux classes sociales les plus modestes, qui avaient fait de ce quartier portuaire leur fief, surnommé pour cela « le ghetto italien » ou de façon apparemment plus sympathique « la petite Naples.»
Ces marseillais descendus « manu militari » dans la rue en plein hiver, où des voitures équipées de haut-parleurs sillonnant le Vieux-Port, cerné par des policiers français postés en avant du barrage allemand, diffusent inlassablement:
« … Habitants du quartier, pour des raisons d’ordre militaire, afin de garantir la sécurité de la population, les hautes autorités allemandes ont décider de procéder à votre évacuation, préparez-vous immédiatement à quitter votre domicile, n’emportez que des bagages à main, des vivres pour 48 heures, votre hébergement sera assuré, fermez à clef en partant … »
Seule, la police française procède à l’évacuation.
Les allemands baïonnettes aux fusils, en sentinelle dans les rues, sur les toits, se contentent d’observer, prêts à intervenir à la moindre résistance, 12 000 d’entre eux sont transférés de force dans un ancien centre de regroupement des troupes coloniales à Fréjus où rien n’est prévu pour les accueillir; le directeur du camp, non averti, attendant … des repris de justice !
Le 31 janvier, 800 marseillais de la rafle du 24 sont déportés à Compiègne.
De là, quelques-uns iront à Aurigny, en Normandie, pour l’organisation TODT, 600 partiront à Saschenhausen en Allemagne par le convoi du 28 avril sous les matricules 60 000, les autres à Mauthausen en Autriche avec le convoi du 16 avril sous les matricules 26 000.
Peu en reviendront.
Leurs domiciles, répartis dans près de 1 500 immeubles, ont été pillés, avant d’être dynamités selon un plan d’urbanisme minutieusement élaboré par les autorités françaises et méthodiquement exécuté par les artificiers allemands dès le 1er février 1943.
Avec « la rafle du Vel’d’hiv » de Paris le 16 juillet 1942, qui a ciblé la communauté juive, « la rafle du Vieux-Port » de Marseille le 24 janvier 1943, qui a visé les étrangers, fait partie des événements majeurs de l’histoire de France.
Après un enrichissant travail de mémoire initié en 2012, par Michel FICETOLA, historien, auteur et Me Pascal LUONGO, jeune avocat du barreau de Marseille, il est déposé une plainte pour « crime contre l’Humanité commis à l’encontre de la population civile du quartier nord du Vieux-Port », cela dans le cadre d’un « plan concerté pour le compte de l’Allemagne nazie mais aussi de l’État français de Vichy » et adressée au Procureur de la République de Paris.
Se créé, alors « Le Collectif St Jean, 24 janvier 1943 » qui rassemble les survivants, familles et descendants.
Nous sommes auditionnés par le pôle spécial de la gendarmerie suite à nos dépôts de plainte, nous serons partie civile.
Je n’oublie pas que 4 de mes parents furent raflés les 24 et 25 janvier 1943:
Augusta (ma grand-mère) dans sa lettre du 5 août 1943 adressée au Préfet de police dit :
«… car en ce moment je me trouve toute seule, car après 8 jours passés à Fréjus où j’ai perdu mon beau-père des suites d’une congestion due à une nuit passée, sans abri, à l’extérieur, il est mort à l’hôpital de Caïs et enterré à Fréjus ».
– Alfonso (mon arrière grand-père) déporté à Fréjus, y décéda des suites d’une broncho-pneumonie pour avoir dormi sur de la paille au dehors.
Il est l’un des 3 décès des 12 000 marseillais déportés.
Toujours dans sa lettre au Préfet, elle poursuit :
« …j’avais un commerce, je n’ai plus rien trouvé, je suis restée sans linge, tout ce que j’avais m’a été volé ».
– Augusta déportée à Fréjus, renvoyée à Marseille le 31 janvier constatant le pillage de tous ses biens, maison et commerce. L’ensemble fut dynamité le 1er février.
Dans sa lettre du 13 septembre adressée à Fernand DE BRINON, Ambassadeur de France auprès des allemands, auparavant avocat de la collaboration avec l’Allemagne et nommé par PETAIN, elle poursuit:
«…on nous a emmenés à Fréjus et après avoir passé 8 jours, on m’a fait retourner seule, en me disant que mon fils partirait me rejoindre après, mais malheureusement, depuis le 31 janvier je ne l’ai plus revu…».
– Alphonse (mon père) déporté à Frejus, puis de Compiègne à Mauthausen à l’âge de 17 ans et revenant 2 ½ ans plus tard après 851 jours de déportation, pesant 31 kg, ayant subit l’indicible à Mauthausen, matricule 26 541.
Augusta, dans sa lettre du 5 août, demandant la libération de son époux au Préfet de police précise :
« …il se trouve interné pour être entré chez nous prendre notre bien personnel que l’on avait laissé…malheureusement il n’a pas eu de chance, on l’a arrêté et conduit à l’Evêché ».
– Antonio (mon grand-père) arrêté le 25 janvier et déporté à Fort Barraux, en Isère, après 338 jours de déportation et assigné à résidence forcée en janvier 1944, participa à la libération de Marseille en août avec les FTPF.
Après le dépôt de plainte, le 17 mai 2019, le Ministère public français, par la voix de la vice-procureure de Paris en charge des crimes imprescriptibles, nous fait savoir que :
« Le crime contre l’Humanité est caractérisé pour la tragédie qui s’est déroulée dans la Petite Naples marseillaise, le dimanche 24 janvier 1943 ! »
Cette annonce nous fit l’effet d’une bombe, enfin c’était le début du commencement, on allait parler de cette tragédie.
Bien évidemment, le but premier n’étant pas de rechercher d’éventuels coupables encore vivants, quoique que …
Les commanditaires étant tous morts depuis longtemps, en plus, certains ont déjà été condamnés à mort et … graciés au nom de la réconciliation franco-allemande, comme cela s’est produit pour Karl OBERG, chef des SS en France et principal organisateur, avec René BOUSQUET, côté français, de « la rafle du Vieux-Port ».
« Il n’en demeure pas moins essentiel de mettre toutes les chances de notre côté, pour essayer de retrouver au moins un policier ou un militaire ayant participé à la rafle », déclarant devant la presse Me LUONGO et poursuivant : « L’enquête montrera s’il reste des responsables à juger, même si j’ai conscience que les investigations peuvent aboutir, faute de coupable survivant, à un non-lieu. Au moins l’enquête servira à ne pas avoir de regrets.
Malgré tout, qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas procès et jugement, ce qui aurait véritablement du sens dans le cadre de notre démarche, c’est bien que l’Etat français, en se fondant sur la prise de position de la haute magistrate en charge des crimes contre l’Humanité perpétrés en France, reconnaisse, officiellement, que le plus grave des crimes a stigmatisé de façon irrémédiable la population de la Petite Naples marseillaise, au début de l’année 1943 ».
Mr Antoine MIGNEMI, Président du Collectif St Jean déclarant devant la presse, la rage au ventre et la larme à l’œil:
« J’en veux à Marseille et à l’Etat d’avoir occulté ce qu’on a vécu, nous sommes les oubliés de l’Histoire. Enfin, avec cette plainte, on en parlait.»
Mais aussi, de faire en sorte que dans les futurs manuels scolaires notre jeunesse puisse y lire, au même titre que « la rafle du Vel’d’Hiv » ou « le massacre d’Ouradour », ce qui s’était passé dans le plus vieux quartier de Marseille.
Et cet enseignement de l’anéantissement de « la Petite Naples » dans les écoles de notre République serait un franc succès pour notre démarche mémorielle.
Cette reconnaissance officielle, qui résonne comme une victoire éclatante pour les défenseurs des droits de l’homme et comme une juste reconnaissance pour les victimes survivantes de « la rafle du Vieux-Port », méritait d’être matérialisée de belle manière, cela fut fait par une stèle sur le parvis de l’église des Accoules, aucun emplacement public n’étant disponible !!!
Cela étant, près de 8 décennies se sont donc écoulées, et ce 7 octobre 2021 s’est ouvert le procès du caporal-chef Josef SCHÜTZ, lituanien de naissance prenant la nationalité allemande en s’enrôlant dans la Waffen SS.
Les procureurs de Neuruppin, dans l’État oriental du Brandebourg, l’ont accusé d’avoir été complice et aidé au meurtre de 3 518 personnes qui ont péri alors qu’il servait comme garde SS à Sachsenhausen entre janvier 1942 et février 1945.
« Il s’agit, entre autres, de l’exécution par balle de prisonniers de guerre soviétiques en 1942 », a déclaré le tribunal de Neuruppin dans un communiqué.
« En outre, les charges comprennent la complicité du meurtre de prisonniers par l’utilisation du gaz mortel Zyklon B ainsi que les coups de feu et la mort de prisonniers en maintenant des conditions mettant leur vie en danger dans l’ancien camp de concentration de Sachsenhausen. »
« Ce camp, situé à environ 32 km au nord de Berlin, servait de siège au réseau nazi de camps de concentration dans toute l’Europe », a déclaré Axel DRECOLL, directeur du Mémorial. Une sorte de site pilote pour le Reich, les futurs chefs des camps concentrationnaires venaient y apprendre les différentes méthodes d’extermination.
« Plus de 6 000 gardiens de camp et du personnel y ont été formés avant d’être envoyés dans d’autres camps. Pourtant, très peu d’entre eux ont été traduits en justice. La plupart des malfaiteurs de Sachsenhausen s’en sont sortis indemnes.
Les accusations sont un signe tardif mais important que de tels crimes soient traduits en justice. Ces cas sont importants du point de vue contextuel mais aussi symbolique. Cela montre que la justice allemande prend au sérieux et continue de poursuivre ces crimes. C’est éminemment important.»
Apprenant, par la presse, en février, que la justice allemande va poursuivre ce nazi, Me LUONGO sollicite Mme Rose-Marie COMMENTALE, membre de notre Collectif, pour l’associer à la procédure allemande, « Il fallait avoir perdu une personne en déportation, elle était la seule susceptible de le faire, après la mort de son père Francesco en 1944 à Saschenhausen » précise l’avocat.
« Nous nous sommes longtemps demandés pourquoi mon grand-père, piqueur de sel sur les bateaux, avait été envoyé en camp à 59 ans », reprend Fernand RIBERI, le fils de Rose-Marie. « On a trouvé plus tard dans des archives qu’il avait été déporté comme détenu politique, il était sans doute fiché comme communiste. Nous ne sommes pas dans un état d’esprit de vengeance, nous espérons juste obtenir des éléments sur mon grand-père », prévient il. A cette démarche personnelle, s’en ajoute une autre, plus collective : « il s’agit de faire reconnaître les atrocités commises à St Jean par les allemands mais aussi par les français.»
Après avoir gardé le silence le premier jour de son procès, Josef SCHÜTZ, s’est exprimé d’une voix claire devant le tribunal, a prétendu être « innocent » des crimes dont il est accusé, « tout est déchiré dans ma tête », a-t-il ajouté, se plaignant d’être « seul » dans le box des accusés où il doit comparaître, à raison de 3 heures par jour et 2 jours par semaine et cela jusqu’à début janvier 2022.
Un aménagement spécial lié à son grand âge, sa longévité s’est finalement retournée contre lui, avec ses 100 ans, il est l’accusé le plus âgé jamais jugé lors d’un procès liés aux crimes nazis.
Ces « seconds couteaux » nazis, l’Allemagne s’est enfin décidée à les traquer en 2009, par le combat opiniâtre d’un juge devenu avocat, Me Thomas WALTHER, c’est grâce à lui que la loi allemande a évolué ; jusque là, pour être jugés, les anciens nazis devaient avoir été directement coupables de meurtre. Aujourd’hui, n’avoir été que l’un des rouages de la machine de mort hitlérienne est suffisant pour être traduit en justice.
« Etre conscient d’une injustice entraîne le devoir de corriger celle-ci » avait soutenu cet infatigable chasseur de nazis.
« La décision DEMJANJUK, (un juge ayant statué à ce nazi: « qu’il était impossible pour avoir travaillé dans un camp de concentration, Sobibor, et ne pas fait partie de la machine de mort nazie) était très importante car elle montrait que nous avions du rattrapage à faire », a déclaré Thomas WILL, le procureur qui dirige le bureau du gouvernement allemand chargé d’enquêter sur les crimes de l’ère nazie. « C’était une première étincelle qui nous a conduits à examiner les gardiens de tous les camps, pas seulement des camps de la mort, avec l’idée que ce qui s’y fut transmis ne pouvait être ignoré. »
Aujourd’hui, certains estiment que ces procès tardifs ne présentent pas d’intérêt, moi je partage l’avis de Alain CHOURAQUI, Président de la Fondation du Camp des Milles :
« Du point de vue de la justice, déjà, il n’y a aucune raison que ces crimes restent non jugés. D’autant que nous savons aujourd’hui que les plus grands crimes ne peuvent être commis sans la hiérarchie de la chaîne criminelle.»
Oui, rappeler, souligner « l’extraordinaire des atrocités réalisées par des hommes ordinaires, c’est également ce souvenir jusqu’où les extrémismes peuvent conduire.»
Néanmoins, la xénophobie arrogante et les postures nationalistes irresponsables, ou, pour certaines, froidement déterminées, se répandent de nouveau comme une peste brune un peu partout sur notre continent, ce sont bien d’enjeux internationaux dont il s’agit. Mais qui à libéré Auschwitz ?
Comment accepter l’amalgame entre nazisme et communisme fait lors de la résolution du Parlement européen du 19 septembre 2019, certes la déclaration de Madrid du 2 novembre 2019 y remet un certain ordre, mais la vigilance de tous les instants nous oblige.
Aucun compromis, aucun accommodement n’est possible.
Toute banalisation est inacceptable.
Je serai, en janvier 2022, au verdict du tribunal de Brandebourg près de Berlin.
Antoine De Gennaro. Fils de Déportés
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