Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Gabriel Garcia Marquez, cet “Algérien” arrêté le 17 Octobre 1961 à Paris

Voici de ce journal du soir algérien cette anecdote intéressante sur la mésaventure honorable de Gabriel Garcia Marquez qui parlait très bien le français et aimait la France mais n’en supportait pas le colonialisme. Merci Gabo. (note de Danielle BLEITRACH pour histoire et société)

Le coup de bill’art du soir : Gabriel Garcia Marquez, cet «Algérien» arrêté le 17 Octobre 1961 à Paris : Toute l’actualité sur lesoirdalgerie.com

Publié par Kader Bakou
le 23.10.2021 , 11h00
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Gabriel Garcia Marquez, un Algérien ?

Le futur prix Nobel de littérature (1982) qui était à Paris le 17 octobre 1961 a été arrêté par la police française qui l’avait pris pour un Algérien (le fameux délit de faciès).  « Un soir, en sortant d’un cinéma, je fus arrêté dans la rue par des policiers qui me crachèrent au visage et me firent monter sous les coups dans un fourgon blindé. Il était rempli d’Algériens taciturnes, qui, eux aussi, avaient été cueillis avec coups et crachats dans les bistrots du quartier. Comme les agents qui nous avaient arrêtés, ils croyaient eux aussi que j’étais algérien. De sorte que nous passâmes la nuit ensemble, serrés comme des sardines dans une cellule du commissariat le plus proche, tandis que les policiers, en manches de chemise, parlaient de leurs enfants et mangeaient des tranches de pain trempées dans du vin. Les Algériens et moi, pour gâcher leur plaisir, nous veillâmes toute la nuit en chantant les chansons de Brassens contre les excès et l’imbécillité de la force publique », raconta l’écrivain colombien dans le journal espagnol El Pais.  Par solidarité, Gabriel Garcia Marquez n’a pas voulu dire aux policiers qu’il n’était pas un Algérien. Ainsi, parmi ses frères de combat algériens, il ne passa pas une nuit de solitude. Il n’envoya pas de lettre pour le colonel, ni pour le général dans son labyrinthe (politique). Il a peut-être pensé à une chronique d’une mort annoncée (du colonialisme) en ayant la conviction que sa mission était de vivre pour raconter.
Invité en Algérie, en 1979, pour l’anniversaire de la révolution du 1er Novembre 1954, Gabriel Garcia Marquez avait déclaré à un journaliste : « La révolution algérienne est le seul combat pour lequel j’ai été emprisonné. » 
K. B.
bakoukader@yahoo.fr

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4 Commentaires

  • Dietzgen
    Dietzgen

    Gabriel Garcia Marquez, que son oeuvre m’a causé d’émois littéraires ! Ce serait commettre une injustice envers Cent ans de solitude que de dire que cette oeuvre change une (ma) vie.

    Cet article me rappelle la question des rapports de l’art et de la politique, me remémorant ce fameux épisode si souvent et savoureusement cité ici dans lequel Dali, invité par Picasso pour voir Guernica, s’exclame que c’est une oeuvre surréaliste et se fait chasser manu militari par Aragon…

    Le conflit théorique sempiternel entre la quête du beau, du transcendant dans toute leur subtile délicatesse et le monde réel et durement matériel, ses luttes, ses enjeux, son sang, sa poussière, ses douleurs, dans toute sa rude noblesse.

    Comme Guernica, Cent ans de solitude est une synthèse et donc un dépassement dialectique des deux, unissant et dépassant à la fois les deux pour rendre la réalité, avec tout ce qu’elle a d’inexplicable et d’inacceptable en son ineffable et implacable entièreté.

    Ne voir que l’un des deux aspects de l’oeuvre comme l’a fait Dali serait méconnaître son entièreté, car la réalité, elle, se passe des catégories théoriques.

    Merci pour cet article et ce fait que je ne connaissais pas. Toujours un plaisir de vous lire.

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    • Danielle Bleitrach

      IL YA Une erreur, c’est aragon lui_même qui m’a raconté l’anecdote, ce n’est pas du tableau dont il était question mais bien du bombardement … Et c’est pour cela u’Aragon l’a descendu du 6eétage à cop de pied dans le cul…

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      • Dietzgen
        Dietzgen

        Au temps pour moi ! Je comprends d’autant plus l’indignation d’Aragon… J’espère qu’il n’y avait pas d’ascenseur dans cet immeuble.

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    • Renaud Bernard
      Renaud Bernard

      Pendant l’Occupation, Picasso reçut dans son atelier des officiers allemands. L’un d’eux, devant une reproduction photographique de Guernica, lui demanda : « C’est vous qui avez fait ça ? ». Picasso répondit : « Non, c’est vous. »

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