Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Chine-Orange: Veuillez cacher ce câble que je ne saurais voir ! par Comaguer

Quelquefois on trouve dans l’univers fictionnel plus de réalité que dans le théâtre idéologique de nos médias, je reviendrai certainement sur le film Illusions perdues ou la manière dont l’information devient une manière à servir par le scandale les intérêts des propriétaires et au passage des journalistes, ou encore un roman de sciences fiction chinois que je suis en train de découvrir Liu Cixin- Le problème à trois corps, mais disons que la fable devient parfois comme l’expliquait Brecht la manière d’entendre des vérités que tout est fait pour nous dérober. A Marseille, dans cette ville où la société s’éventre pour vomir ses entrailles les plus nauséabondes, les intérêts de classe sont au-delà de l’hypocrisie ordinaire et comme le dit Comaguer: Huwai est là dans ce câble sous-marin qui atterrit sur une plage marseillaise. De telles réalités permettent de mesurer l’inanité de la propagande de guerre antichinoise à la mode. (note de Danielle Bleitrach pour Histoire et société)

La grande stratégie des transmissions internationales et intercontinentales de données se développe assez loin des grands médias

La raisons en est peut-être que les câbles assurant ces transports sont sous-marins et ils sont aussi étroits, de l’ordre de 2 décimètres qu’ils sont longs. Leur arrivée à terre, l’atterrage ou atterrissement les deux mots ont cours, est donc discrète. La seule trace de leur passage restera une station d’atterrage où ils seront connectés à un câble terrestre.

Mais cette discrétion cache bien des enjeux géoéconomiques et géopolitiques d’importance puisque ces câbles transportent quasi instantanément la quasi totalité des données de l’économie globalisée.

Pourtant ces derniers jours l’atterrage du câble PEACE et PWCC sur la plage du Prado à Marseille a été annoncée avec un certain éclat jusqu’à faire la une du principal quotidien local. Dans la présentation qui en est faite dans divers journaux il s’agit d’un câble posé en mer – au moins pour la partie terminale du trajet sous-marin par l’entreprise française ORANGE et connectant l’Europe au Pakistan via la Mer Rouge avec des extensions vers l’Afrique de l’Est et du Sud.

Orange est chargé de connecter ce câble sous-marin à un câble souterrain dont il est propriétaire qui aboutira à quelques kilomètres de là à un très gros centre de stockage de données (data center en globish) qui est plutôt une sorte de gare de triage où les informations arrivées sous la mer d’une région du monde par un câble sont triées et réexpédiées par d’autres câbles vers d’autres destinations terrestres.

A Marseille ce centre de tri et de réexpédition géré par la société privée Interxion est installé dans la zone portuaire. Il s’agit en fait d’une fonction portuaire classique : la marchandise (les données) arrive par la mer et elle repart par la terre, les câbles ont simplement remplacé les navires et les camions. Interxion à l’origine société néerlandaise –les Pays Bas sont le pays de l’UE où l’impôt sur les bénéfices est le plus bas donc attirent les sièges sociaux – rachetée en début d’année par la compagnie étasunienne Digital Realty pour 8 milliards d’euros. Les divers journaux français qui ont relaté l’arrivée du nouveau câble n’ont pas donné beaucoup de détails sur l’ensemble de l’opération et s’en sont probablement tenus aux communiqués et aux cartes publiés par le service de presse d’Orange.

Il y est indiqué que le câble part de deux ports du Pakistan. Un atterrage se fait à Gwadar un nouveau port à l’Ouest du pays fruit de l’intense coopération économique entre la Chine et le Pakistan, point d’arrivée de la nouvelle liaison terrestre multimodale entre le Pakistan et la Chine, un des rameaux des nouvelles routes de la soie. Le second atterrage se fait plus à l’Est à Karachi qui reste le plus grand port et le plus grand centre économique du pays.

Peu d’informations sur les « intérêts chinois » impliqués dans l’opération.

 Quelques éclaircissements s’imposent :

Le groupe PEACE (www.peacecable.com) porteur du projet qui a donné son nom au câble, fondé en 2018 est la filiale à 100% installée à Hong-Kong du groupe chinois Hengtong (www.hengtonggroup.com). Il semble que le câble Pakistan-Marseille soit sa première réalisation. Hengtong est une firme de Shanghai fondée en 2003 et installée dans de nombreux pays qui maitriserait déjà 15% du marché mondial des câbles de fibre optique dont elle est aujourd’hui le 3° producteur mondial. Elle produit également des câbles électriques ce qui va lui assurer une place importante dans le nouveau marché mondial des éoliennes en mer. Il est associé dans l’opération à un autre groupe chinois de télécommunications de Hong-Kong PCCW Global qui est très discret sur son histoire et ses ressources.

Donc la Chine est bien présente dans cette opération mais les câbles ne font que transporter des données fabriquées avec des technologies relevant de l’informatique et des télécommunications et la Chine va se retrouver également présente dans ce second volet de l’opération. A Karachi le câble PEACE se connecte donc à un câble HUAWEI, le géant des télécommunications qui le prolonge vers la Chine. C’est ce qu’indique clairement cette carte (voir en annexe) qui n’a pas été reprise dans les journaux français.

Enseignement politique : dans le même temps où l’administration Trump était en guerre avec HUAWEI, guerre qui a d’ailleurs été perdue, la France discrètement se préparait à se connecter par un câble fabriqué en Chine et propriété d’une ou deux entreprises chinoises au réseau chinois HUAWEI via le Pakistan. C’est aujourd’hui chose faite, le câble entre en service début 2022. Le même câble aura un prolongement vers Mayotte et la Réunion. La France n’abandonne pas ses colonies !

De telles réalités permettent de mesurer l’inanité de la propagande de guerre antichinoise à la mode.

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1 Commentaire

  • Undertaker
    Undertaker

    Euh, je ne vois pas vu que tout le monde en a parlé de la Croix aux sites d’info. spécialisés

    Orange a assuré mardi 19 octobre à Marseille « l’atterrissement » du câble sous-marin Peace (pour « Pakistan and East Africa Connecting Europe »), qui relie la Chine à l’Europe, relève La Croix. « Nous pouvons parler de “route de la soie numérique” », ironise Jean-Luc Vuillemin, directeur des réseaux et services internationaux d’Orange.

    Le câble, long de 12 000 kilomètres et financé par des acteurs chinois, passe par le port de Gwadar, au Pakistan, Djibouti avant de remonter, sur terre, le long du canal de Suez, et de poursuivre son chemin à travers la Méditerranée. 

    Il est par ailleurs prévu qu’à partir du Kenya, des ramifications du câble descendent jusqu’en Afrique du Sud et desservent également les îles de l’océan indien (Madagascar, Maurice, Seychelles). La longueur totale du câble avoisinera alors 15 000 kilomètres.

    L’opération consacre également la ville de Marseille comme plateforme de connectivité. Son centre de données accueille déjà quatorze câbles sous-marins et Peace ne sera pas le dernier.

    « Nous avons plusieurs projets en cours en Méditerranée », précise Jean-Luc Vuillemin. 

    Par contre, malheureusement 2 cables sous l’administration Trump/Biden ont été annulé dont le Brésil Hong-Kong.

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