LU SHAYE, L’AMBASSADEUR, UN “LOUP COMBATTANT ” SANS LANGUE DE BOIS…

Voilà d’abord saluons le retour de Baran dans l’équipe de rédaction et avec lui encore une autre approche. Ravie de TE retrouver Baran, l’équipe de rédaction est au complet pour animer histoire et société, du travail, de l’engagement et de l’impertinence comme il sied à des révolutionnaires…, Baran nous envoie cette interview de Lu Shaye, l’ambassadeur de Chine en France, assorti de ce commentaire pertinent : “L’interviewer commence par lancer des louanges à l’approche libérale de l’ambassade chinoise: “aucune condition imposée” l’Ambassadeur ignore les questions. Il arrive sans notes et manifeste “une réactivité” inhabituelle”. Baran note :” Je n’ai pas encore tout regardé mais rien que ce fait relevé par le média est intéressant du point de vue des idées reçues sur le fonctionnement des appareils de la RPC”. En ce qui me concerne, moi dB, j’ai écouté deux heures d’interview et je vais poursuivre l’heure restante mais je puis dire que Baran a raison, c’est un fonctionnement inhabituel qui prouve à quel point nous sommes loin de la langue de bois et témoigne de la conviction de ce diplomate. la formule estintéressante cela tient du “divan” d’henri chapier mais Lu est retors et l’intervieweur est interviewé; Il y a l’élégance et une spontanéité longuement travaillée comme les arts martiaux,j’adore quand l’ambassadeur écarquille des yeux qui a priori ne sont pas conçus pour un tel exercice, la mimique souligne à quel point l’esprit occidental désarçonne la logique la plus élémentaire… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

QUELQUES ELEMENTS DE BIOGRAPHIE

Lu Shaye (né en octobre 1964 à Nankin dans la province du Jiangsu) est un diplomate chinois, ambassadeur de Chine en France depuis juillet 2019. Avant il a été diplomate au Canada et aussi comme il l’explique il a beaucoup œuvré en Afrique, d’abord en Guinée, puis au Sénégal et il s’affirme “africain”. Il est né dans une famille de diplômés (médecins mais dans la santé publique dans les chemins de fer). Son père comme celui de Xi Jinping est réprimé dans la révolution culturelle mais lui à l’inverse de xi ne subira pas de “rééducation”. Polyglotte mais francophile il étudie le français, n’est pas accepté en littérature française de pékin mais est admis aux affaires étrangères.

Le début de sa carrière est en Afrique. De 2009 à 2014, il est directeur général d’Afrique du Ministère des affaires étrangères. Il est maire adjoint de Wuhan de 2014 à 2015, capitale de la province du Hubei. De 2016 à 2019, il est ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine au Canada, puis ambassadeur en France et à Monaco depuis juillet 2019.
Dès son ambassade au Canada, il se montre offensif dénonçant l’arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière et fille du fondateur du groupe chinois Huawei, arrêtée au Canada. Lu Shaye commence son combat contre le double standard des occidentaux en matière de droits de l’homme et sans états d’âme décrit les journalistes canadiens « une profession pour laquelle les dirigeants communistes chinois ont très peu de considération » et conseille aux autorités canadiennes de négocier un accord de libre-échange avec la Chine plutôt que de « se prosterner devant les journalistes canadiens préoccupés par les droits de l’homme ». Lu Shaye préconise de dissocier les problèmes économiques et commerciaux de la défense des droits de l’Homme..

L’interview ci-dessus avec un enquêteur dont on ne sait pas très bien si on doit le considérer comme un “je sais tout” insupportable de prétention ou un individu qui a au moins préparé son interview (probablement les deux) va alterner un match avec Lu Shaye tout à fait réjouissant, une sorte de pingpong dans lequel l’ambassadeur parle sans notes et d’un ton très direct même s’il passe son temps à souligner le parallélisme des deux cultures et le fait qu’il est difficile de les faire se rejoindre, en insistant sur la modération respectueuse des orientaux par rapport aux occidentaux. En fait, en matière de sport de combat l’interview reste sur le principe : la Chine ne provoque pas, elle n’attaque jamais la première, mais si on la cherche on la trouve… et c’est le cas avec beaucoup de brio.

Comme le souligne rapidement l’intervieweur qui ne manque pas d’humour, (l’ambassadeur non plus) il y a là une conception offensive de la diplomatie et un sens de la répartie qu’il honore tout au long de l’interview dans un français parfait…

Paradoxalement, il nous rend la Chine et les Chinois très proches, des gens rationnels qui exigent que charbonnier soit maitre chez lui et se demandent de quel droit certains s’estiment fondés à se prendre pour les juges et policiers de tous les autres… Mais écoutez plutôt vous découvrirez pas mal de choses…