CHINE (SHANDONG, WEIHAI, Mai 2021)
Troisième Forum mondial sur la Culture
jean Claude me renvoie une nouvelle version de son article assortie de la remarque suivante :
Voici la version complète de mon texte (avec toutes les photos). J’en ai modifié le titre car je crains que le fait que j’ai assisté au 3eme forum mondial bla bla bla, les gens s’en foutent et ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est le marxisme chinois. A mon avis, si tu en es d’accord, tu peux mettre ça en lumière. … Je suis tout à fait d’accord avec la mise en lumière de ce qui est l’essentiel simplement transformer le texte initial est une trop lourde charge et je préfère vu l’intérêt du propos publier la dernière mouture comme s’il s’agissait d’un article nouveau, la répétition donnera l’occasion au lecteur, en particulier aux abonnés de rattraper ce qu’il n’a pas toujours l’occasion de lire. (note de Jean Claude Delaunay et danielle Bleitrach) |
Il se trouve que j’ai participé, les 28 et 29 mai derniers, à Weihai (Université du Shandong), en Chine, à un forum marxiste portant sur la culture, le troisième de ce genre. Ce forum, qui a réuni un peu plus d’une centaine d’intellectuels chinois de référence marxiste, n’a certainement pas fait «la une» des journaux dans le monde, et même en Chine. Je le crois cependant très significatif, et je voudrais faire part, dans ce texte, du sens que je lui accorde.
Ce texte est divisé en 4 parties :
- Informations générales et rapides sur le forum,
- Conclusions tirées par l’académicien Cheng Enfu,
- Une interprétation,
- Et après?
Informations générales et rapides sur le forum
La première caractèristique importante de ce forum est qu’il s’agissait, sur le thème de la culture, d’un forum mondial marxiste, accueillant par conséquent des marxistes d’autres pays que la Chine. La situation sanitaire ne favorisant pas les déplacements, je fus, puisque je vis en Chine, le seul étranger participant physiquement à ce rassemblement. Au total, il y eut 10 contributions étrangères, la plupart rédigées en anglais et diffusées grâce aux softwares de video-conférence (Nigeria, Etats-Unis (2), Turquie, Ukraine, Viet-Nâm (2), Russie (2), France) et 67 contributions chinoises. Je passe sur les détails et la qualité de l’organisation ainsi que de l’accueil, sauf à souligner, pour ma part, l’aide dévouée que m’a apportée Madame la professeur Ma Lian lors de ce colloque et après.
Toute la documentation rassemblée à cette occasion fut immédiatement diffusée sous forme de recueil, 90% des contributions étant éditées en langue chinoise. Cette langue fut, de fait, la langue de communication du colloque comme cela se passe encore très souvent en Chine aujourd’hui. Cela pour souligner au passage que la langue, dans les colloques, est encore aujourd’hui, dans ce pays, un réel obstacle à la compréhension des interventions. Et cela dans les deux sens.
Une conclusion immédiate s’impose. Je la soumets aux lecteurs et lectrices du site Histoire et Société, surtout aux plus jeunes: l’anglais est fort utile pour circuler dans les aéroports mais le chinois est de plus en plus nécessaire pour comprendre ce qui se dit d’important dans les congrès.
La deuxième caractéristique de ce colloque fut son association à la célébration, cette année, du 100e anniversaire du PCC, créé, comme le PCF, en 1921. Avant de me rendre sur place, je n’avais pas prêté trop d’attention à cette double composition : culture d’un côté, événement politique de l’autre. C’est par le suite que je crois en avoir mieux compris le sens.
Dans l’instant, j’ai seulement considéré que je ne pouvais intervenir dans ce colloque sans dire quelques mots à propos du 100e anniversaire du PCC. Je l’ai fait à titre individuel. C’est avec satisfaction que j’ai pris connaissance de la déclaration de Fabien Roussel concernant cet anniversaire, déclaration faite le 21 juin lors d’un entretien accordé à Xinhua (Xinhuanet, 21/06/2021)[1].
Conclusions tirées par l’académicien Cheng Enfu
Je ne suis pas en mesure de résumer ce forum mondial et d’en lire les interventions sans passer beaucoup de temps. C’est donc sur les conclusions qui en furent tirées par le professeur Cheng Enfu, de l’Académie Chinoise des Sciences Sociales à Beijing, que je prends appui dans ce but. Le professeur Cheng Enfu, académicien, aujourd’hui âgé d’environ 70 ans, est l’une des personnalités incontournables du marxisme chinois contemporain.
Après que Madame Hao Shucui, Secrétaire du Comité du Parti, dans le Département du Marxisme au sein de l’Université de Shandong, eut remercié les participants pour leurs contributions et la richesse des discussions, Cheng Enfu intervint brièvement en développant 4 points.
Dans les deux premiers, il souligna le rôle du PCC au cours des 100 années écoulées, et indiqua comment, sous la responsabilité de cette organisation, fut forgée en Chine une culture de parti combinant la pensée de Marx, l’héritage chinois et le respect des autres peuples. Aujourd’hui, dans 160 pays, le PCC entretiendrait des contacts réguliers avec 400 partis et organisations.
Puis il souligna que la civilisation date de milliers d’années, et n’a pas reposé uniquement sur les apports de l’Europe et des pays occidentaux. La civilisation, dit Cheng Enfu, est faite d’échanges culturels. La culture chinoise résulterait, selon lui, du mélange du Boudhisme, du Confucianisme, des enseignements de l’Ouest, du Marxisme, des enseignements de la Nouvelle Culture. Avec cet héritage, le PCC élaborerait une culture socialiste aux caractéritiques chinoises mais pouvant être réfléchie et utilisée partout dans le monde.
A mon avis, le 3ème point de son texte, intitulé «Résistance à l’hégémonie culturelle de l’Ouest et au Nouvel Impérialisme», en constitue le coeur, comme celui du colloque. Cheng Enfu y développa l’idée selon laquelle les Etats-Unis, à l’aide d’internet et en mobilisant à leur avantage le maximum des ressources d’information disponibles, cherchent à exercer, aujourd’hui dans le monde, un monopole culturel. Par l’intermédiaire de la marchandisation et de la commercialisation de la culture populaire, ils visent à l’exercice d’une hégémonie culturelle reposant sur la colonisation marchande des cultures. Ils tendent, dit-il, vers l’américanisation du monde. Le Nouvel Impérialisme que voudraient imposer les dirigeants américains reposerait sur 4 piliers : 1) Le pilier économique, avec notamment le rôle du dollar US et le développement inégal, tous deux favorisant l’impérialisme économique. 2) Le pilier culturel. Pour chercher à maîtriser les contradictions induites par l’impérialisme économique, les dirigeants américains doubleraient l’impérialisme économique d’un impérialisme culturel, un impérialisme de l’information. 3) Cette construction impérialiste spécifique prendrait place sur un champ mondial déculturé, dont Hollywood et Coca-Cola seraient les symboles. C’est en cherchant à déculturer le monde que les Etats-Unis s’efforceraient de contruire ce Nouvel Impérialisme Culturel. 4) Ce dernier se traduirait par la recherche de l’appropriation, partout et si possible pour toujours, du droit des peuples à la parole, et de la parole des peuples.
Mais cette construction serait fragile et l’on assisterait aujourd’hui à l’émergence d’une crise de la culture mondiale. Ce serait :
- Une crise de la diversité des cultures. Cette diversité serait brutalement remise en cause;
- Une crise de la souveraineté culturelle des nations et des Etats;
- Une crise du développement humain.
Par leur action impérialiste stérilisante et chargée d’hostilité, les dirigeants américains nuiraient au développement pacifique et harmonieux de toutes les sociétés humaines.
Comme il est compréhensible, la conclusion de ce 3ème point fut un appel au rassemblement de tous les peuples opprimés pour refuser l’unicité imposée et unidirectionnelle de la culture américaine. Les cultures sont égales, rappella Cheng Enfu. Elles doivent coexister dans le respect mutuel et se féconder dans l’échange voulu et non imposé.
Le dernier point est à la fois une conclusion de ce résumé et un enrichissement de la pensée écologique. Il consiste à dire que la biodiversité culturelle est au moins aussi importante que la biodiversité naturelle. Il ne s’agirait pas seulement, aujourd’hui, de préserver l’existence simultanée des petits oiseaux verts et des petits oiseaux rouges avec celle des éléphants bleus, il conviendrait également de considérer qu’un équilibre harmonieux des cultures et des civilisations est nécessaire pour construire le monde de demain.
Le forum culturel marxiste mondial s’est alors terminé sur un appel renouvelé à l’unité des peuples pour contribuer à la paix dans le monde en mettant fin aux nouvelles formes de l’impérialisme. Le Forum Mondial, a affirmé Cheng Enfu, travaillera en ce sens et se réunira l’an prochain à Xi’an (Shaanxi).
Une interprétation
Conformément à ma culture, occidentale et française, je voudrais énoncer ici, à titre individuel, 4 remarques, suggérées par ce Forum.
- La première est que, certes, le marxisme chinois est un marxisme institutionnel. La Chine est un pays socialiste en développement. Le PCC y joue donc un rôle actif et dirigeant. Il est, dès lors, aisément compréhensible que son idéologie théorique fondamentale, le marxisme-léninisme, y occupe une place de premier plan, aux côtés notamment de la pensée de Mao Zédong et de Deng Xiaoping. Cela étant dit, cet ensemble théorique n’est pas figé. Car le socialisme, comme on peut l’observer dans le cas chinois, est, sur la longue durée, un système de transition vers le communisme, mais ce n’est pas le communisme. C’est encore le régime d’une société de rareté. Par conséquent, d’une part, il s’y développe des conflits et des politiques de toutes sortes, menés et résolus au nom du marxisme, comme par exemple la lutte contre la pauvreté, qui est une lutte pour la réduction des inégalités de revenus, ou la lutte contre les capitalistes arrogants, du type Jack Ma. D’autre part, le marxisme, en tant que théorie, y est lui-même un objet de lutte et de conflits. La période actuelle, marquée par la direction politique impulsée par Xi Jimping et son épuipe, est, selon moi, une période de réaffirmation du rôle nécessaire du marxisme dans les affaires chinoises en même temps qu’une période de renouvellement et d’approfondissement du contenu du marxisme aux caractéristiques chinoises, dans le contexte national et international de la Chine. J’ai perçu la tenue du Forum marxiste mondial de Weihai (le 3ème de cette sorte) comme étant l’une des manifestations du changement que je viens d’indiquer. Cheng Enfu est l’un des acteurs de ce changement.
- Ma deuxième remarque a trait au changement de contenu du marxisme porté par le changement d’importance sociale relative de cette théorie. Comme l’ont indiqué les travaux du Forum, cette évolution du contenu du marxisme serait que les changement intervenus dans le fonctionnement de l’impérialisme (en premier lieu ceux relatifs à l’impérialisme culturel) soient intégrés dans ses concepts. Certes, la base de l’impérialisme, en tant que mode de fonctionnement du capital monopoliste et des grandes bourgeoisies, serait toujours d’essence économique : Comment s’approprier la richesse marchande produite par d’autres? Mais la dimension culturelle de l’impérialisme contemporain, centré sur les Etats-Unis et prenant appui sur les technologies du numérique, en surdéterminerait aujourd’hui la dimension économique, et cela aurait des conséquences pratiques. Telle est, me semble-t-il la thèse centrale du Forum, thèse qu’il conviendra certainement d’approfondir et de préciser.
- Il n’est pas étonnant que cette innovation théorique provienne de Chine. En effet, ce pays est, pour la bourgeoisie nord-américaine, en position protocolaire de «Premier Ennemi». C’est sur lui que désormais se concentrent les attaques, et comme les dirigeants américains ont réussi, pendant les années 1980, à déstabiliser le socialisme de type soviétique, puis à le détruire, ils ont l’espoir de pouvoir le faire avec la Chine comme avec tous les autres pays socialistes. Certes, ces dirigeants se doivent d’être prudents, car ils ont perdu de leur puissance économique et politique ainsi que de leur confiance en eux-mêmes.
C’est pourquoi tout en utilisant les moyens économiques, financiers, militaires, scientifiques, juridiques, qui sont encore à leur disposition, ils utilisent avec intensité les moyens culturels (leur conception des droits de l’homme, de la démocratie, des libertés fondamentales, la peur du communisme) devant leur permettre, espèrent-ils, d’affaiblir directement ou indirectement leur adversaire. Ils utilisent leur pouvoir médiatique et leurs infrastructures de communication pour diffuser le mensonge et la fausse information relativement à la Chine et à tous les pays qui ne leur obéissent pas servilement.
Ce pays, la Chine, ayant, en tant qu’ennemi principal, à faire face directement aux attaques nord-américaines, notamment dans le domaine culturel, est donc en mesure d’en mesurer la force en même temps que l’incongruité. Pour riposter à ces attaques, il est conduit à comprendre avec profondeur que le monde ne peut pas être géré autoritairement et de manière unidirectionnelle, comme le font les Etats-Unis, mais qu’il doit l’être démocratiquement et de manière multipolaire. Tous les peuples doivent avoir leur place à la table du banquet mondial et c’est à eux, à eux seuls, de décider avec quel régime politico-économique ils s’y joignent.
- La Chine est donc le pays qui, aujourd’hui, est le mieux en mesure de théoriser cette situation et d’énoncer sans le dire en ces termes, que le marxisme doit être «culturalisé». Parler de «marxisme aux caractéristiques chinoises», cela revient à prétendre que l’on peut et doit intégrer, dans le corps même du marxisme, les concepts, ainsi que les relations entre les concepts et les valeurs logiques témoignant de cette intégration.
Telle est, me semble-t-il, «la grande transformation» que les marxistes chinois proposent aujourd’hui aux autres marxistes : le marxisme ne devrait pas seulement reposer sur un pilier économique. Il devrait aussi reposer sur un pilier culturel. En sorte que, si l’on admet le bien-fondé de ce réajustement, il existerait bien un seul marxisme en raison de son pilier économique mais il existerait simultanément plusieurs marxismes en raison du pilier culturel.
De cela résulte notamment qu’il ne pourrait exister de pays ou de parti qui soit «Chef de file» du Marxisme, puisque, par définition, cette théorie serait diverse. Cela dit la nécessité du combat commun pour imposer, aux partisant de l’unicité contrainte de la pensée, la nécessité de sa diversité démocratiquement choisie, tendrait à conférer aux plus puissants des combattants de la diversité, à la Chine en particulier, un rôle de premier plan. C’est donc aujourd’hui, de manière paradoxale mais explicable, en revendiquant l’existence théorique d’un marxisme aux caractéristiques chinoises que la Chine réaffirmerait la possibilité, voire la nécessité, d’un mouvement marxiste mondial.
Je n’ai certainement pas épuisé, à l’aide des 4 remarques présentées ci-dessus, la réflexion que l’on peut retirer de ce Forum. Je crois cependant en avoir donné les grandes lignes et si ma compréhension en est exacte, cela vaut la peine de s’y arrêter.
Et après?
Pour conclure cette note, je dirai qu’à mon avis, les partisans du changement révolutionnaire dans le monde sont aujourd’hui confrontés à une nouvelle étape de l’existence du Marxisme. La globalisation des activités humaines devrait engendrer un effet en retour sur la façon de penser le monde et notamment sur le Marxisme, comme instrument simultané de la pensée du monde et de sa transformation. Ils, elles, sont également confrontés au rôle spécifique, extrêmement créatif, qu’a joué et que continue de jouer la Chine dans ce domaine.
Cela vaut la peine, en tout cas, de s’interroger sur la nouveauté éventuelle de cette étape, car s’il en est bien ainsi, quelles en sont les caractéristiques et les potentialités? Comment apprécier et comment se saisir de cette nouveauté ? Comment y prendre place, nous marxistes des vieux pays de l’Europe, habitués que nous sommes, comme tout intellectuel moyen de ce lieu, à nous penser individuellement comme étant le centre du monde?
Le marxisme chinois est un «marxisme institutionnalisé». Il a les caratéristiques de l’officialité sociale. C’est l’idéologie de fonctionnement du Parti communiste chinois. Il fait partie de l’enseignement courant. Il existe, dans ce pays, des Universités du Marxisme, et les universités ordinaires ont souvent un département consacré excusivement à la recherche marxiste.
Par différence, le marxisme français (anglo-américain, allemand, italien, etc.) est un «marxisme individuel». Ce sont les personnes qui sont marxistes et non les institutions. Cela se comprend dans un environnement dominé par le capitalisme. En France, c’est l’idéologie du Capitalisme qui est institutionnalisée. Cette caractéristique est encore plus forte aux Etats-Unis, où la «liberté» est explicitement identifiée à la «liberté de l’entreprise». L’évanouissement de la référence au marxisme dans les statuts du PCF et sa conservation symbolique dans un espace pluriel aux contours plus que flous, a encore renforcé, en France, cette caractéristique d’individualité. Cela dit, même avant cette disparition, je crois que le marxisme français était pensé par les membres de cette organisation comme étant certes un marxisme institutionnel, mais pris en charge par des individus particuliers ou par des revues et publications particulières (par exemple Georges Politzer, André Barjonet, Henri Claude, Lucien Sève, Louis Althusser, Paul Boccara, La Pensée, Economie et Politique (dont le sous-titre est et demeure : revue marxiste d’économie), etc. La disparition de la patrie du marxisme-léninisme, en 1991, a eu pour prolongement l’individualisation complète du marxisme au sein du PCF et autour, avec cependant quelques supports institutionnels (La Pensée, Economie et Politique), mais préservés par des individus : Antoine Casanova, Paul Boccara.
L’institutionnalisation du marxisme chinois n’est cependant pas la reconduction de la période pendant laquelle le mouvement révolutionnaire mondial fut placé sous l’hégémonie intellectuelle de l’URSS. D’un côté, les gouvernants de la Chine se déclarent ouvertement favorables au marxisme-léninisme comme instrument d’analyse de l’impérialisme capitaliste et des rapports entre pays socialistes et pays impérialistes. Mais d’un autre côté, par différence avec la période du marxisme de l’époque soviétique, le marxisme chinois est désormais qualifié de «marxisme aux caractéristiques chinoises», tant au plan de la théorisation intérieure (la Chine) qu’au plan de la théorisation du monde. Par ailleurs, le marxisme chinois a réintroduit le marché au sein du fonctionnement de l’économie socialiste, sans que cela conduise à pousser des clameurs aussi massives qu’horifiées. Ensuite, la dimension morale est une composante évidente de la pensée politique chinoise. Ensuite encore, après les errements théoriques de l’époque de Mao Zédong, les gouvernants de la Chine ont repris le chemin d’un pragmatisme décomplexé. Enfin, comme je viens de le montrer, une nouvelle hypothèse fait son chemin parmi les marxistes chinois, celle du rôle aussi important que celui de l’économie dans le fonctionnement des sociétés. Au moment où le capitalisme bascule et tremble sur ses fondations, la perception exclusivement économique qu’il offrait au regard occidental du 19e siècle et que Marx a théorisée, tend à être dépassée aujourd’hui comme perception économique et culturelle.
Pour terminer, je voudrais vous parler d’un contact que j’ai eu au cours de ce Forum avec un ancien soldat, plus âgé que moi. Il s’appelle Xié Fangyuan. Il m’a montré des photos de lui quand il était dans l’Armée rouge, un gamin qui luttait pour sa patrie. Il m’a fait penser à Guy Moquet, sauf qu’il en a survécu et que plus tard, il a eu envie de copier, en chinois, le Manifeste du Parti communiste, de Marx et Engels. Voici un extrait du livre qu’il a publié. C’est le début, la page du fantôme, vous savez bien… Le Manifeste y est réapproprié dans l’esthétique de l’écriture.
Un spectre hante l’Europe écrivaient nos anciens. Aujourd’hui, ce spectre hante le monde. Et cela réagit sur sa propre apparence. De cet écheveau aux entremêlements complexes il faudra bien, un jour ou l’autre, essayer de mieux comprendre la structure. Mais nous avons encore pas mal de chemin à parcourir. Qu’en pensez-vous?
[1]Voici ce que j’y ai dit et chacun pourra vérifier mon propos : «中国共产党和法国共产党出生在同一年,他们是兄弟。昨天和今天,他们有相同的敌人。作为法国共产党员,我希望法国人民明白,为了世界和平和社会主义,必须把他们的力量和中国及中国共产党联合起来».
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