Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Un ami de la « liberté »

Mais qui est donc le président allemand qui sollicite un second mandat, un politicien apprécié de tous ? Pourtant comme le montre ici Andrei Doultsev, notre correspondant de la Pravda, à l’instar de l’UE les proclamations vertueuses cèdent le pas à un solide pragmatisme quand il s’agit de soutenir la prise de pouvoir des néo-nazis en Ukraine et ce qui va avec les lois contre les travailleurs. Un assez bon condensé des “ambiguïtés” européennes. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

N° 58 (31118) 4-7 juin 2021

Page 5

Auteur : Andrei DOULTSEV, correspondant de la Pravda en Europe occidentale.

https://gazeta-pravda.ru/issue/58-31118-47-iyunya-2021-goda/drug-svobody/

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a confirmé son désir de briguer un second mandat. Bien que l’élection présidentielle de février soit encore dans presque un an, le débat sur sa candidature a déjà commencé. De l’Union chrétienne-démocrate conservatrice aux Verts en passant par le Parti de gauche, de nombreux politiciens ont exprimé leur soutien au président sortant.

M. Steinmeier ne fait pas partie des politiciens allemands qui appellent à une “croisade” contre la Russie et la République populaire de Chine. Il a récemment prévenu qu’il fallait bien réfléchir avant de déstabiliser complètement les relations énergétiques germano-russes et de brûler “le dernier pont entre la Russie et l’Europe” en arrêtant la construction de Nord Stream 2. Dans ce contexte, il a même rappelé l’attaque de l’Allemagne nazie contre l’Union soviétique. Le fait que le social-démocrate Steinmeier soit le seul à parler ainsi, alors que d’autres politiciens allemands appellent à livrer des armes à l’Ukraine, est moins révélateur de ses qualités que du niveau actuel de l’élite actuelle de la RFA, qui n’a plus honte de son histoire et est prête à de nouvelles agressions.

Cependant, au cours de ses longues années en tant que secrétaire d’État puis ministre des affaires étrangères, Steinmeier l’a prouvé plus d’une fois : lorsqu’on lui présente un choix concret, il n’y a pas de tabou pour lui. En 2014, par exemple, en tant que ministre allemand des Affaires étrangères, Steinmeier a soutenu activement le coup d’État en Ukraine et le renversement du gouvernement légalement élu : sa réception généreuse du chef du parti fasciste Svoboda*, Oleg Tyahnybok, à l’ambassade d’Allemagne à Kiev le 20 février 2014 a renforcé de manière spectaculaire la position des ultranationalistes ukrainiens et des partisans du collaborateur nazi Bandera. Steinmeier a appelé à la guerre de l’Allemagne contre la Yougoslavie, à la sécession du Kosovo et à la violation du droit international qui a conduit à l’intronisation de la mafia albanaise à Pristina. En bref, si ce politicien est confronté à des choix difficiles, l’éthique historique ne joue pas le moindre rôle pour lui.

En tant que chef du cabinet du chancelier fédéral Gerhard Schröder, M. Steinmeier a non seulement contribué à l’élaboration et à l’adoption du paquet de lois antipopulaires “Agenda 2010”, qui a détruit le système social de l’Allemagne et plongé de nombreux Allemands ordinaires dans la pauvreté, mais il a également permis à la République fédérale d’affronter la République française pour le leadership au sein de l’UE et de renforcer la domination allemande dans cette organisation. Il est également important de noter les contacts étroits de Steinmeier avec l’agence allemande de renseignement extérieur BND – c’est lui qui a supervisé les “tables de sécurité” du bureau du chancelier fédéral pendant les années Schröder. M. Steinmeier a également participé à la coopération entre les gouvernements allemand et américain concernant l’enlèvement et la torture de terroristes présumés par la CIA après le 11 septembre 2001. Dick Marty, enquêteur du Conseil de l’Europe chargé des affaires spéciales, s’est plaint au cours de ces années que le gouvernement allemand, en particulier, faisait systématiquement obstruction à toute enquête sur les crimes d’État. Tout cela n’a pas empêché l’establishment allemand d’élever Steinmeier à la présidence : à Berlin, ancienne capitale du Troisième Reich et désormais autoproclamée “capitale des droits de l’homme”, de tels “péchés” sont tout à fait pardonnables.

* Une organisation interdite dans la Fédération de Russie.

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1 Commentaire

  • etoilerouge commune
    etoilerouge commune

    Encore un exemple du double jeu et du soutien à la pire réaction d’un pilier de l’Allemagne européenne. Ds l’affaire du gaz il y a les intérets géostratégiques d’une fraction puissante du capital allemand mais aussi la situation désastreuse de la production d’énergie en Allemagne comme l’a révélé la cour des comptes allemandes depuis la mise en cause du nucléaire sous l’impulsion des verts et de la chancelière MERKEL politicienne .Mais pour le reste, avec le temps c’est réaction sur tte la ligne

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