Le débat sur notre blog autour du socialisme chinois et ici la question de l’enseignement et des crédits sociaux par Jean-Claude Delaunay
Juste au moment de répondre aux questions de Mireille Popelin, je lis le commentaire d’Etoile rouge. C’est cohérent avec ce que j’observe en Chine. Dans ce pays, aujourd’hui (et il n’y a pas si longtemps) toutes les écoles ont accès à internet. Cela veut dire que même dans un coin reculé du Sichuan ou de Mongolie intérieure, il y a internet. En revanche les écoles ne distribuent pas les ordi. L’école, que ce soit dans le primaire ou dans le secondaire, c’est “kan shu” : lire les livres. L’effort scolaire porte sur la diffusion des livres ou l’édition de livres pas chers mais pas sur la diffusion d’ordi. Je crois que les Chinois ont raison. Faire qu’un jeune lise ses bouquins de classe demande certainement un gros effort pédagogique. Cela dit, il y a des cours d’utilisation des ordi et d’internet et, en plus, des cours supplémentaires pour ceux ou celles qui choisissent le “hobby” ordinateur. Mais il y a d’autres cours parallèles ou supplémentaires. Enfin, on doit noter qu’en Chine, à peu près tout le monde a un téléphone mobile. Or ces téléphones sont des ordinateurs. En classe, leur usage est strictement interdit. Et strictement, à la chinoise, c’est strictement.
J’en viens à un autre aspect de la question ; l’intégration des données relatives aux enseignants, aux élèves et à l’enseignement dans les big data. C’est dans la logique des choses. Mais je ne sais pas où ça en est. Je crois que l’effort a d’abord porté sur la santé, le suivi des médecins, des hôpitaux et des médicaments. C’est la première préoccupation des Chinois : la santé, le coût de la santé. Ensuite, concernant les enseignants, il y a d’autre domaines en cours d’examen sans attendre les big data. A ma connaissance ces domaines sont : 1) les comportements violents ou inappropriés de certains enseignants, notamment dans le primaire. Le ministère combat avec fermeté les cas de maltraitance en particulier à l’égard des jeunes enfants. 2) le deuxième volet est celui des abus sexuels. Les Chinois font très attention à ces deux aspects de la vie des jeunes élèves. Un troisième domaine est en train de prendre forme. C’est la mesure exacte de l’effort demandé aux élèves.
Mais pour l’instant, tout cela est traité indépendamment des big data. Cela dit, j’imagine que les données relatives à l’enseignement et aux enseignants ainsi qu’aux élèves figureront un jour ou l’autre dans le SCS chinois indépendamment des questions de savoir si tel enseignant est ou non apprécié de ses élèves. Si le SCS devient un outil d’aide à la planification, il faudra bien que ces données soient enregistrées sans que tout cet appareil statistique soit un moyen de flicage des gens.
Merci pour vos questions. J’espère avoir un peu éclairé votre lanterne. JCD
PS Je me rends compte que je n’ai pas du tout abordé la question du “public/privé”. Non, l’enseignement chinois est public. Il existe un enseignement privé (mais ouvert à tous et très spécialisé) dans le supérieur et dans certains domaines. Mais la dominante chinoise est publique. Pour l’opinion chinoise très majoritaire, la qualité, c’est le public. Et dans primaire secondaire, la question ne se pose pas.
En France jusqu’à une époque récente, la grande et la petite bourgeoisie reconnaissaient que le public c’était la qualité. En Chine, le système d’enseignement dans son ensemble et dans toutes les régions est en pente ascendante. Il est donc public sans problème. Mais il l’est d’autant plus naturellement que ce pays est socialiste. Il défend à la fois les intérêts de la nation chinoise (une force de travail massivement bien éduquée et de niveau croissant de compétence scientifique et technique) et les intérêts du peuple chinois, qui aspire à un avenir meilleur pour les nouvelles générations et donc à un enseignement de qualité.
L’enfant qui, si je puis dire était “le dernier des mohicans” est devenu l’investissement familial majeur. La Chine regarde aujourd’hui vers l’avenir. Elle n’est plus tournée uniquement vers son passé, que pourtant elle respecte. Elle prend donc soin de ses enfants, de ses écoles et de ce que l’on y enseigne. Ce qui me sidère, en tant qu’individu observant la société, les sociétés, c’est que, en tout cas dans la période actuelle, l’individu que je suis ne peut rien en tant qu’individu mais il voit tout. Nous sommes un certain nombre dans ce cas. Nous ne pouvons rien et nous voyons tout. Tout ça va changer. Il n’est pas possible qu’il en soit autrement.
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