Aujourd’hui 7 avril débute la journée européenne de mobilisation « pas de profits sur la pandémie » avec les camarades du Grand Est, et nos camarades belges et luxembourgeois. Le vaccin doit être un bien commun, la campagne est lancée depuis la place du Colonel Fabien par Fabien Roussel et les camarades de la direction du PCF mais aussi du PTB et des camarades luxembourgeois. Notre réflexion d’aujourd’hui contribue à cette journée et la manière dont ce qui se passe au Brésil démontre que la dénonciation des régimes “autoritaires” par l’ultralibéralisme ne rend pas compte de la différence qui existe entre les autocrates néolibéraux criminels du Brésil ou de l’Inde et entre le socialisme où l’Etat protège la population. Se battre pour la santé comme bien commun de l’humanité est ce qui est propre aux communistes alors que la recherche du profit combinée au culte du chef conduit à la catastrophe. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Jair Bolsonaro, le président du Brésil, s’arrête lors d’une conférence de presse au Palais Planalto à Brasilia, Brésil, le mercredi, Mars 31, 2021.
Les commandants de l’armée, de la marine et de l’armée de l’air brésiliennes ont été limogés mardi après que Bolsonaro ait limogé son chef de la défense dans le cadre d’une restructuration plus large du cabinet.
Andressa Anholete/Bloomberg via Getty ImagesIDÉESPAR IAN BREMMER APRIL 4, 2021 1:45PM EDT
Bremmer est chroniqueur aux affaires étrangères et rédacteur en chef à TIME. Il est président d’Eurasia Group, un cabinet de conseil en risques politiques, et de GZERO Media, une société dédiée à fournir une couverture intelligente et engageante des affaires internationales. Il enseigne la géopolitique appliquée à la School of International and Public Affairs de l’Université Columbia et son plus récent livre est Nous contre eux: L’échec du mondialisme.
Au milieu d’une pandémie mondiale, il est difficile de déterminer quel pays peut revendiquer le pire absolu. Mais toute courte liste à ce stade doit nécessairement inclure le Brésil.
Lundi, le président brésilien de plus en plus en difficulté Jair Bolsonaro a pris la décision de mettre fin à son cabinet, en remplaçant six ministres. Certains de ces départs n’ont pas été surprenants, comme le ministre des Affaires étrangères d’extrême droite Ernesto Arujo, un proche allié de Bolsonaro dont l’approche combative des affaires internationales a créé une situation incendiaire compte tenu des difficultés du Brésil à s’approvisionner en vaccins de l’étranger. Mais d’autres licenciements ont pris beaucoup au dépourvu, en particulier celui du ministre de la Défense Fernando Azevedo e Silva. Bolsonaro, un ancien capitaine de l’armée qui a toujours témoigné beaucoup de tendresse au souvenir de l’ex dictature militaire du pays (ainsi que pour tous dirigeants autoritaires plus largement), a recruté de nombreux généraux actifs et retraités pour rejoindre son administration. Azevedo était l’un d’entre eux.
Mais depuis la prise de fonction de Bolsonaro en 2019, les militaires eux-mêmes s’inquiètent de plus en plus à l’idée que les appels d’offre de Bolsonaro puissent éroder l’indépendance de l’armée vis-à-vis de la politique au-delà des limites acceptables, un sentiment partagé par l’Azevedo évincé.
Mardi, les chefs de la Marine, de l’Armée de terre et de l’armée de l’air ont été limogés par le président après avoir menacé de démissionner pour protester contre la pression de Bolsonaro pour que les forces armées défendent politiquement son administration. Pour les détracteurs militaires de Bolsonaro, l’appui croissant de Bolsonaro sur l’armée n’est pas seulement une menace pour la capacité du pays à fonctionner comme une démocratie appropriée, mais pour la position de l’armée elle-même. Alors que la fortune politique de Bolsonaro continue d’aller vers la débâcle, l’inquiétude est qu’il prenne la réputation de l’armée avec lui, une réputation qu’ils ont passé des décennies à reconstruire depuis la fin de la junte militaire en 1985.
Le scénario du jugement dernier pour les dirigeants militaires? Soit Bolsonaro perd la prochaine élection présidentielle en 2022, soit fait face à une destitution dans l’intervalle, et dénonce résultats et destitution comme illégitimes et tente de forcer l’armée à le soutenir. La bonne nouvelle de cette semaine, c’est que les principaux dirigeants militaires lui ont envoyé un message fort : ils choisiront la démocratie plutôt que de défendre son administration à n’importe quel prix.
Malheureusement pour le Brésil, il y en a plein d’autres. Au milieu de la pire crise financière que connaisse le Brésil depuis des décennies, Bolsonaro a également fait joujou avec l’économie. Son dernier exploit tourne autour du budget 2021 que le Congrès brésilien a réussi à voter la semaine dernière. Pour le faire passer au-dessus de la ligne prévue et rester néanmoins sous le plafond des dépenses, les législateurs ont affecté des milliards de plus aux dépenses discrétionnaires en dégonflant artificiellement les dépenses « obligatoires » comme l’aide sociale et le chômage afin qu’ils puissent affecter plus de fonds à leurs projets favoris. Depuis des mois, Bolsonaro a reçu des propositions peu orthodoxes pour financer différents types de projets d’infrastructure de ses conseillers, ainsi que le ministre du Développement régional Rogerio Marinho. C’était leur dernière tentative d’agir de la sorte, et probablement ça a été avec la bénédiction officieuse de Bolsonaro.
Ces propositions n’ont pas reçu une totale approbation des membres technocratiques de l’équipe économique de Bolsonaro, dirigée par le ministre de l’Économie Paulo Guedes. Bien que la loi adoptée respecte officiellement le plafond des dépenses, la réalité veut que la croissance des dépenses obligatoires au milieu d’une pandémie fera grimper les dépenses totales au-delà des limites fixées par la Constitution. Et en vertu de la loi brésilienne, ces conseillers économiques seraient légalement responsables dans ce cas et ils l’ont signé. Cela a conduit à des rumeurs sur le fait que les membres de son équipe économique se préparaient à utiliser la menace d’un blocage du gouvernement, et même celle de leur démission éventuelle, pour s’assurer que bolsonaro ne donnerait pas le feu vert à des mesures superfétatoires.
Un blocage du gouvernement ou l’adoption d’un faux budget est peu probable à ce stade- en laissant de côté le drame politique récent, Bolsonaro est politiquement responsable si cette législation est approuvée dans sa forme actuelle. Sa prédécessatrice, Dilma Rousseff, a été mise en accusation pour n’avoir pas respecté la loi sur la responsabilité fiscale,et Bolsonaro va dans le même sens en signant ce projet législatif. Il est peu probable que Bolsonaro ou son équipe autour de lui l’ait compris avant que l’équipe économique n’ait commencé à le repousser, et un projet de loi supplémentaire est susceptible de corriger le tir. la décision prise lundi par Bolsonaro de nommer un législateur centriste ayant des liens étroits avec le président de la Chambre en tant que ministre du gouvernement (la personne qui gère les relations du gouvernement fédéral avec les législateurs) montre qu’il reconnaît son besoin de plus d’alliés au Congrès pour éviter le pire.
Et le pire arrive. Le taux quotidien de mortalité du Brésil de Covid-19 est maintenant le premier dans le monde à plus de 3.100 (sur la base d’une moyenne de sept jours) et le pays vient de passer à 325.000 victimes Covid dans l’ensemble. Selon Reuters, la saturation des soins intensifs a atteint 90% ou plus dans 15 des États brésiliens (sur 26 au total). Tout cela serait assez tragique, mais la tragédie est aggravée par la minimisation constante par Bolsonaro de la réalité de la Covid-19 et les exhortations pour que le peuple brésilien « cesse de pleurnicher. » Plutôt que de se battre pour protéger la santé de la population brésilienne, il a témoigné peu d’intérêt pour les gouverneurs qui ont annoncé de nouvelles mesures de verrouillage à mesure que leurs systèmes de santé publique s’effondrent. Ce n’est que récemment que Bolsonaro a adopté un programme de vaccination de masse.
Tout cela signifie que la fortune de Bolsonaro est à la merci de la trajectoire Covid-19 du pays. La situation pour le Brésil et Bolsonaro va empirer au cours des prochaines semaines, mais si l’épidémie diminue alors et la situation sanitaire commence à s’améliorer, les chances de Bolsonaro à la réélection s’amélioreront considérablement, ce qui signifie moins de drame politique comme celui que nous avons vu au cours des derniers jours. Mais si la situation ne s’améliore pas de manière significative au début de l’été, le Brésil se retrouvera à la fois dans une crise sanitaire et une crise politique alors que Bolsonaro prend des mesures de plus en plus désespérées pour soutenir sa candidature à sa réélection et repousser une éventuelle motion de destitution.
L’année 2021 s’annonce pire que 2020 pour le Brésil. C’est vraiment inouï.
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