Encore un effort camarade… osons, osons…

Je n’ai pas pu m’empêcher d’intervenir dans un débat entre deux membres du PCF à propos de la candidature communiste, même si j’avais décidé de laisser les communistes encartés débattre entre eux. Là il s’agissait d’une simple question de logique.

Donc deux camarades discutaient sur Facebook à propos d’un texte de Nicolas Marchand sur la nécessité d’une candidature communiste.

Aux remarques du premier, partisan de la candidature communiste mais aussi d’un retour à la Théorie, à Marx, l’autre se plaignait du sectarisme de son interlocuteur qui ne respectait pas “la diversité des opinions”.

Je n’ai pas pu m’empêcher de dire à celui qui voulait que le parti reflète “la diversité” des opinions, les choses suivantes:

1. certains pourraient dire que le précédent congrès a déjà choisi une candidature communiste et l’équipe qui est née de ce congrès avait pour mission de la mettre en œuvre. Fabien Roussel a l’air de se féliciter que le débat ait lieu entre les 50.000 survivants sur les 700.000 que comptait le PCF avant que Robert Hue et les siens n’impose “la mutation”, mais j’ai tendance à n’y voir qu’une manière de faire durer “le débat” jusqu’à ce que la candidature communiste soit lestée de toute l’inertie dont ils sont capables. Mais mettons que ce soit un immense progrès de remettre sans cesse en cause les décisions de congrès, jugeons du fond.

2. Vouloir un candidat communiste pour un parti communiste, vouloir que les idées propres des communistes aient place dans le débat national, que Marx, Lénine et d’autres penseurs soient connus et leur apport discuté, n’empêche pas au contraire la diversité des opinions, c’est même la condition de la pluralité. Déjà par rapport à l’ensemble de la société, une voix communiste serait un grand apport en matière de diversité. Nous avons toutes les nuances de la pensée bourgeoise depuis le conservatisme réactionnaire jusqu’au libéralisme libertaire en passant l’énarque obtus, Macron représentant une synthèse. Il serait temps d’avoir des représentants de la classe ouvrière et des travailleurs sur lesquels on ne cesse de faire pression. Il serait temps d’avoir l’avis des chercheurs, enseignants, des fantassins du social… Il serait temps d’entendre la voix de quelqu’un qui a au moins le bon sens populaire en partage et n’est pas centré sur son ego, ce qui est la qualité indéniable de Fabien Roussel par rapport à d’autres, ça et un discours qui refuse les divisions du “peuple de France” et la guéguerre entre exploités.

3. Mais en ce qui concerne le PCF stricto sensu le problème se pose encore autrement.

Le moindre club des amis des colombes peut exiger de ses membres qu’il s’intéressent favorablement aux colombes, c’est le minimum. Un parti communiste à l’inverse de l’école n’est ni laïque, ni gratuit, ni obligatoire (même si le parti est pour la laïcité non seulement de l’école mais de la société, son fonctionnement interne est celui d’un parti), ce parti a ses caractéristiques propres, ses membres me semblent devoir sinon adhérer à tout le moins se former, s’unifier sur un minimum de caractéristiques communes en particulier le marxisme, la lutte des classes sans parler de la préférence pour des candidats communistes, et vouloir que ceux-ci fassent la différence avec les partis bourgeois, exposent ce que veulent les communistes…

Il s’agit là d’une vision trop simpliste pour nos amateurs de la diversité, puisque il semble qu’aux dernières européennes, les mêmes aient déjà manifesté leur préférence pour d’autres listes. Errare humanum est, perseverare…

Ceux qui pensent différemment ne sont pas interdits de penser ils ont même tout l’espace médiatique pour le faire sans entrave… D’ailleurs il faut bien constater que si les 200 cadres qui pensent autrement aux frais des adhérents et grâce à la vente des bijoux de famille, se bougeaient autant que Fabien Roussel on aurait incontestablement plus de facilité à imposer la spécificité communiste et de s’apercevoir combien elle correspond à la grande masse du peuple français, à la manière dont ce peuple français est désormais convaincu que tous les dysfonctionnement sont liés aux intérêts personnels de ceux qui gouvernent, ce qui faute de l’éclairage communiste vire parfois au complot.

On pourrait logiquement penser que ces cadres, tous plus ou moins appointés et fort bien par le PCF, qui se montrent partisans d’un PCF soluble dans les diverses social-démocraties et “l’opinion publique” devraient se rallier à un parti qui corresponde à leur choix. L’honnêteté la plus élémentaire de leur part serait de ne pas venir là pour bénéficier des biens (qu’ils vendent) et des postes qui leur assurent de quoi vivre et bien vivre aux dépends des communistes tout en organisant l’inertie en faveur de tout ce qui est communiste.

Pourquoi restent-ils là ? Parce qu’il est loin le temps où les transfuges étaient assurés de bénéficier de postes, là ùu les sociaux démocrates ont du mal à nourrir leurs propres affidés.

4. C’est là le minimum et il faudrait aussi si ce n’est pas trop leur demander qu’ils arrêtent d’exercer la censure comme ils le font sur ceux qui se référent au marxisme et au léninisme.

Il est en effet interdit dans “leur” parti de la “diversité” de faire un simple constat de bon sens à savoir que si l’on ne se donne pas un but on a peu de chances de l’atteindre, le rassemblement pour le plaisir du rassemblement n’en étant pas un et les faits ont prouvé qu’il ne mène qu’au fiasco politique général qui est celui de la gauche telle qu’ils la conçoivent : avec ou sans les communistes allant à Canossa, la gauche n’a aucune chance d’être présente au second tour… L’abstention ne cessera de croitre parce que ceux qui sont victimes des politiques portées par la droite comme par la gauche mesurent bien que c’est bonnet blanc et blanc bonnet et que les divisions entre ces chefs de groupuscules sont d’autant plus âpres qu’elles évitent l’essentiel.

Si la débâcle en matière d’élus parlementaires dans un tel contexte n’est pas totale ce sera bien dans la capacité de chacun à mobiliser les siens et à élargir l’assise de ceux qui ont intérêt au changement. Nous avons un besoin urgent d’un discours qui démontre que c’est à partir des intérêts populaires que l’on reconstruira la souveraineté nationale qui permettra de faire face aux défis de notre temps. Ce sera long de remonter la pente que les “amateurs de la diversité” ont impulsée depuis plus de 20 ans mais le plus tôt on s’y met le mieux ça vaut… Visiblement ils ont décidé de freiner des quatre fers et de continuer à interdire que le socialisme fasse partie de l’expression de la diversité.

Je dois dire que dans mes rêves les plus audacieux je n’aurais pas imaginé me trouver dans le cas intéressant où prononcer le mot “socialisme” dans une instance officielle soit considéré comme le viol d’une quelconque légalité du PCF. C’est comme l’ignorance de Marx, de Lénine et tant d’autres devenue la preuve d’une “diversité” hélas de plus en plus largement partagée par la société française, qui avec de tels communistes ne risque pas d’y être initiée… C’est un peu comme la candidature à la présidentielle dont on a déshabitué les Français … Depuis quand la force de l’habitude, l’inertie du conformisme jusqu’à la censure et la négation de toute spécificité communiste tient-elle lieu de respect de la diversité ?

Danielle Bleitrach

A propos de la pancarte déposée par des camarades qui ont “osé”, j’ai appris qu’un homme, un travailleur d’une quarantaine d’années qui est passé devant a téléphoné à la fédération des Bouches du Rhône pour adhérer au PCF. Il ne supporte ni Le Pen, ni Macron et il trouvait ma foi que pour se débarrasser de ce couple…