C’est extraordinaire à quel point dans cette “irréalité” de la vie politique nous avons, nous amateurs de cinéma le sentiment d’être pris dans des films de série B. Déjà à propos de l’attentat des tours, Woody Allen se demandait pourquoi ces gens copiaient le plus mauvais cinéma américain. Mais désormais comme le note Comaguer dans cet article les productions hollywoodiennes réservées aux sous-développés que nous sommes ont été diffusées en priorité pour le public étasunien pour offrir une couverture spectaculaire aux transactions de couloir, aux petits arrangements du capital. Notre cinéma français lui joue plus dans son registre intimiste habituel, les prétoires, les mœurs, les vacances en famille, mais tout l’art consiste à offrir un scénario romancé des ententes de sommet (note de Danielle Beitrach)
L’évènement du 6 janvier 2021 au Capitole de Washington a pris dans tous les medias mondiaux d’énormes proportions et pour le désigner ils ont recouru aux désignations les plus extrêmes : chaos, coup d’état, putsch, terrorisme…
Il fallait en finir avec la présidence Trump et clore la longue attente de l’installation programmée de longue date de Biden à la Maison Blanche.
Cette mise en scène et l’utilisation d’un vocabulaire outrancier est coutumière du système étasunien de domination médiatique mondiale mais il l’utilise habituellement hors de ses frontières dans des opérations de renversement de gouvernements étrangers.
Deux mois après l’évènement le calme médiatique est revenu sur le sujet. La destitution de Trump annoncée comme un affrontement judiciaire face au Congrès s’est terminée par un arrangement hors séance entre les avocats des deux parties qui a enterré le dossier car tout porte à croire qu’un procès en bonne et due forme aurait donné lieu de part et d’autre à un déballage réciproque qui en étalant ses turpitudes son lucre et sa corruption n’aurait pas grandi la classe dirigeante étasunienne. Ce qui la préoccupe désormais au plan interne est la préparation des élections intermédiaires de 2022.
L’analyse de l’événement du 6 Janvier peut donc se faire à tête reposée. Le travail des services de police et de renseignement très présents ce jour-là sur le terrain le décryptage des milliers d’heures d’enregistrement vidéo disponibles donnent une exacte mesure des faits.
35 000 personnes ont participé au rassemblement initial au cours duquel ont pris la parole Trump, son avocat Giuliani et quelques proches.
10 000 personnes ont alors entamé leur marche vers le Capitole.
800 personnes ont pénétré dans le Capitole.
Pas grand monde pour organiser un coup d’état dans un pays de 330 millions d’habitants.
Le FBI a bien travaillé puisque 257 des 800 ayant violé – sans difficulté – le sein des seins ont été arrêtés et sont passibles de diverses peines qui pourraient être légères pour des effractions ou très lourdes si est retenu pour certaines le crime de sédition (20 ans de prison).
Le bilan est complété par l’annonce de 5 morts, 4 parmi les manifestants et un policier. Sur ce dernier l’annonce initiale d’une agression à coup d’extincteur n’a pas été retenue faute de preuves. Une des manifestantes a été tuée à bout pourtant par un agent en civil probablement en charge de la protection rapprochée des élus. La vidéo a largement circulé et semble indiquer que les émeutiers ont, après y avoir pénétré, circulé librement dans le Capitole mais qu’il leur était interdit de s’approcher des élus.
Une cinquantaine de policiers du service officiel de protection du Capitole qui n’ont pas opposé beaucoup de résistance à l’effraction des 800 sont poursuivis. Il est vrai que l’espèce de carnaval auquel le monde entier a pu assister n’était pas très inquiétant.
Les Etats-Unis ont donc offert au monde entier le 6 Janvier 2021 un spectacle médiocre, un coup d’état spaghetti, un pastiche de révolution de couleur, une opérette bouffe tournée en extérieur à petit budget avec des figurants que la « prod » a ensuite laissé tomber.
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