Voici la remarque de J. Paul Legrand et mon commentaire :
Je poursuis ma lecture attentive de la biographie de Danielle Bleitrach. J’y trouve beaucoup de points communs avec ce que j’ai pu vivre dans ma relation avec le PCF. Je tombe page 120 sur la formulation d’une interrogation qui me travaille depuis des années et pour laquelle je n’ai pas de réponse mais surtout qui est, me semble-t-il, absente des textes du PCF concernant la contre-révolution. Ce concept de contre-révolution n’est-il qu’un concept ou aussi une réalité historique ? Si je regarde l’histoire, il n’existe aucune révolution sans une réaction contre-révolutionnaire. Par conséquent comment un parti qui prétend accomplir avec l’organisation politique des forces productives et du peuple une révolution démocratique ne se pose-t-il pas la question de l’inéluctable contre-revolution qui adviendra. On me dira que cela est trop abstrait et que nous verrons le moment venu. Cette réponse me semble légère car je considère que nous sommes déjà dans une phase où le capitalisme met en place tout ce qui peut empêcher la révolution et que c’est donc une question éminemment actuelle
Jean Paul Legrand
Merci Jean Paul d’avoir compris le pourquoi de ces mémoires et qui effectivement se trouve bien défini dans ce passage, comme d’ailleurs dans la dernière phrase des dites mémoires. La censure de la presse communiste et des directions du PCF qui a frappé ces mémoires a été compensée par un nombre assez satisfaisant de lecteurs surtout quand ils sont aussi attentifs que toi, au fond, à ce qui nous rassemble. Jamais ces mémoires n’ont été conçues – et ceux qui les ont lues, ceux qui les liront le confirmeront- comme un règlement de compte. Ces mémoires ont été telles que tu les as comprises: le souhait de comprendre une contrerévolution partie du Chili dans les années soixante et dix et qui connait sa débâcle aujourd’hui. Cette contrerévolution a été une tentative partiellement réussie pour arrêter ce qui avait commencé il y a 100 ans, avec la révolution d’octobre, la naissance partout de partis communistes face à la guerre impérialiste.
.Qu’est ce qui a empêché certains partis communistes de faire face à cette contre révolution? Il y a eu les vendus, les coquins, mais la plupart ne faisaient que suivre et il suffisait parfois que quelques révolutionnaires décidés relèvent le drapeau pour que les autres les suive… Mon expérience cubaine me l’a enseigné et aujourd’hui on découvre que partout ces gens en capacité de résistance ont existé… existent en ayant trouvé leur force dans leur histoire, leur nation, leur refus de l’injustice. C’est une belle histoire qui ne méritait aucune censure. C’est l’histoire que nous ne cessons Marianne et moi et de plus en plus de communistes de raconter ici.
Tous les jours, et l’occasion de la nouvelle a multiplié ces témoignages, des écrits, des coups de téléphone de ceux qui me racontent leur histoire, leur blessure profonde, leur manière de rester communiste et ils ne me parlent pas de ma vie, ils me racontent la leur. Ils ont comme toi compris le sens de ces mémoires.
Quel dommage que ce parti soit ce qu’il est : toujours à pleurnicher sur le fait d’être malgré ses efforts incompris des anticommunistes, de ne pas être accepté par les médias du capital et dans le même temps, censurant , excluant de fait les communistes qui ont d’autres analyses, une vision plus combative.
Depuis vingt ans au moins, il y a eu une véritable intériorisation à la soumission à la contrerévolution, il y a eu exclusion de tout esprit de résistance. Et cela se poursuit y compris par la censure, la répétition que le parti communiste sans la gauche n’a aucun sens, y compris quand pourtant les faits démontrent que sans un parti communiste, la contrerévolution emporte la gauche et la réduit à sa plus simple expression. La logique du capital en crise profonde et qui n’a pas d’issue est justement qu’il ne se contente pas d’en finir avec les communistes,. Cela ne lui suffit pas et il s’en prend aux gens réellement de gauche comme un Allende, et loin d’en rester là il s’attaque aux tièdes, à ceux à qui il reste quelques valeurs progressistes. Cette logique là est celle du fascisme on la connaît , on l’a vue partout à l’oeuvre. Leur lâcheté lui donne aliment avec des rassemblements sans contenu autre que la lutte des places et des ambitions. et en censurant déjà , en anticipant sur le travail qui sera exigé pour en finir.
Comme le disait récemment ici même Pierre Alain Millet: “Il faut reconnaitre que l’Humanité bat ses temps-ci tous ses records d’anticommunisme. La Une de l’HD titrant “100 ans du PCF Quelles conquêtes pour demain, les dirigeants de gauche répondent” est extraordinaire. Une tentative d’obliger les communistes à ne penser leur histoire et leur avenir qu’avec cette gauche héritière de 81 et de ce Mitterrand qui a tenu sa promesse de réduire le PCF. C”est une guerre quotidienne contre le PCF que mène la direction politique de l’huma.” Il a raison, mais à qui appartient l’Humanité? A qui sa direction présente-t-elle des comptes? Dans sa souscription permanente à laquelle ne répondent que les communistes, L’humanité telle qu’elle est de temps en temps se croit obligée de jouer du fifre et du galoubet “écoutez les communistes, c’est le parti qui vous parle” mais c’est pour mieux rabattre ce qui reste de la troupe sur la campagne d’un Melechon ou d’un socialiste quelconque… Jusqu’à quand cette censure qui vous infligé à tous sera-t-elle tolérée ?
La censure recouverte, comme le vide des propositions concrètes, par l’idéalisme pompeux de ceux qui n’ont cessé de s’y référer pour accepter tout, depuis les guerres de l’empire, le pillage le démantèlement des conquis, tout au nom d’une gauche devenu le canada dry de la droite.
Cette liquidation à vos frais et dépens est doublement imbécile en aliénant le passé pour l’offrir à une social démocratie en perte de vitesse à qui le capital n’a plus rien à offrir pour sa gestion fidèle de ses intérêts non seulement ils bradent le peuple et la nation française, mais ils nous interdisent de comprendre la vague de fond qui déferle sur nous, la transition dans laquelle que nous le voulions ou non nous sommes déjà. Ils refusent de voir que l’histoire entamée il y a cent ans se poursuit plus vivante que jamais.
Comme ils sacrifient le PCF à une gauche en déshérence, ils opposent le sociétal, ce dont il est abondamment question dans les médias du capital à la lutte des classes qui serait dépassée… Là encore, toujours selon la même logique, ils oublient que toutes les luttes contre le racisme, la xénophobie, l’émancipation des individus, celle des femmes, celle contre l’homophobie y comprise, ont besoin d’être arrimées à la lutte des classes même si elles conservent leur spécificité, faute de quoi c’est la régression et pire encore quand cela mène au fascisme. Ils entretiennent des divisions inutiles et qui affaiblissent tout progrès, font ressurgir l’obscurantisme … C’est parce que je tiens à ces combats qui souvent me concernent directement et qui en tous les cas correspondent au monde dans lequel je souhaite vivre que je refuse ce qui les empêche de réussir, les isole… Certains dirigeants du PCF eux n’apprennent rien , et tentent d’imposer leur vision suicidaire et dangereuse. Ils entravent l’élan du 38e congrès. Cette direction bicéphale ne peut plus continuer.
cela engendre des réactions gauchistes…
Il y a ce rendez-vous, ce Congrès, ce choix ou non d’une candidature communiste. Pour le moment tant qu’il existe ce possible, il faut partir de lui, ne pas prétendre mener le combat pour un parti communiste ailleurs. Pourtant à la fois par suite du bouleversement mondial dans lequel nous sommes pris et par la nécessité dans notre pays d’avoir un parti communiste capable de rassembler en tant que force révolutionnaire, il est probable que nous allons vers une évolution de la situation. Mais, à chaque jour suffit sa peine, la situation est étrangement proche de celle de la CGT et de toutes les organisations, tout reste satellisé autour de ce parti, toutes les forces ne se définissent que dans la critique à ce qu’il devrait être. Le manque est évident, c’est toute la societé française , tout ce qui espère le changement qui se définit par rapport à ce membre amputé de notre Histoire de France. C’est vrai que ce qui est n’est que pour avoir été mais ce n’est pas un hasard si j’ai choisi d’écrire des mémoires pour réveiller la notre, on ne fait pas table rase, on cherche dans ses racines la force de créer. C’est pourquoi mon cher jean Paul, je te félicite d’avoir repris ta carte et de mener ce combat. Encore aujourd’hui tout dépend des militants de ce parti et de ceux qui se décideront à le rejoindre pour défendre son existence, l’arracher à ceux qui n’en ont jamais été dignes.
Danielle Bleitrach
PS. merci jean paul. conclusion : j’ai été contrainte de quitter ce parti en tant qu’individu ayant les limites de l’âge, et les fragilités de cet être double que je ne cesserai jamais d’être, ne revendiquant aucune direction politique, ni huer, ni aujourd’hui, ni demain. Un individu, une femme double, méprisant dans une unité retrouvée, ce que ces gens là faisaient jour après jour de ce parti. Mépris de la combattante devant l’extraordinaire lâcheté de ceux qui osent jusqu’au bout usurper tant de sacrifices et de grandeur de tous les êtres humains qui ont fait ce parti. Mais mépris aussi de cette Ashkénaze déprimée qui considère plus ou moins la vie comme une imposture à laquelle on s’accroche stupidement et qui ne supporte plus leur vanité, l’outrance qui leur fait oser la censure sans même mesurer ce qu’ils sont. Un dernier mot j’espère qu’ils se sont vendus un bon prix, ce serait dommage d’être ce qu’ils sont pour rien…
Vues : 179