Voici le débat sur les quartiers populaires que j’écoute avec un jour de retard vu mon absence de don pour arriver à comprendre le fonctionnement de ces débats, comment s’y raccorder et en plus je déteste ça, ne pas voir celui à qui je parle… Mais revenons au fond.
J’aime bien ce qu’à dit en introduction le camarade de Villejuif. Parce qu’ il me donne envie de prolonger sa réflexion sur la culture. Je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit et comme il le dit sur la culture, mais il a le mérite de mettre les pieds dans le plat , de poser la question de cette culture qui est vécue comme inutile et il a raison de le faire. Cette dépolitisation des quartiers populaires a son pendant dans la dépolitisation de la culture depuis l’ère Mitterrand. Et quand aujourd’hui on entend les gens du secteur de la culture se plaindre de ne pas être “essentiel”, je dis qu’il faut recréer cet essentiel et retrouver le politique, mais un politique qui a du sens, parce que la politique devenue politicienne est un jeu stérile.
Et il est vrai que jusqu’à ce jour il n’y a eu guère que le pCF pour créer cette exigence mutuelle entre culture, classe ouvrière, couche populaire, mais quel pCF ?
Il y a plusieurs conception de la culture, et la politique en fait partie quand elle est l’expression de ceux qui ont besoin d’agir, de comprendre, de transformer. Quand j’ai adhéré au parti, on disait celui qui veut se défendre a besoin d’un syndicat, celui qui veut se défendre et comprendre le monde adhère au parti
Même si la camarade Sofia dit que c’est le seul parti où il y ait solidarité et internationalisme, c’est peut-être là où se situe le manque. Le dialogue entre la culture et les couches populaires ne doit pas simplement laisser entendre que les intellectuels les artistes ont trahi, sont devenus courtisans, coupés des préoccupations populaires, c’est vrai mais la perte est des deux côtés et l’effacement quantitatif mais aussi qualitatif du PCF est à la fois la cause et la conséquence de cette déperditionpolitique de tous.
C’est là-dessus qu’intervient Said Bel Guidoum, sociologue, camarade de ma cellule de fac, qui trace un tableau statistique de ces couches populaires. Il parle d’une “nouvelle donne de la question sociale” et il décrit une évolution. Une société qui a connu une extraordinaire promotion de l’ascenseur social ce qui a permis l’émergence des couches moyennes tandis qu’on enfermait la question sociale dans des territoires de marginalisation. Mais en insistant là-dessus qui est l’objet du débat, il oublie peut-être qu’il y a une autre territorialisation celle du monde rural où il y a cette autre marginalisation de l’ancienne classe ouvrière.
Said apporte beaucoup de connaissance, mais je mettais un bémol à sa vision, je ne suis pas totalement d’accord, les sociologues aussi ont besoin de ce dialogue et Said fait bien de revenir, ça va l’aider… Il montre des tendances mais il accorde une dimension non seulement prioritaire mais quasi exclusive aux transformations des catégories socioprofessionnelles, sans mener assez un travail parallèle sur justement la disparition ou plutôt l’effacement politique accepté de cette classe, la destruction de son organisation, de sa formation, la “mutation” c’est-à-dire justement l’acceptation d’une tendance.
Il y a la “mutation” chez nous qui se veut une mise en conformité avec une tendance et pas une résistance, pas une lutte… C’est une tendance qui n’est pas seulement française, voir les partis de l’eurocommunisme, mais on peut voir le niveau international… Comment se combine le choc de la fin de l’URSS avec la désagrégation de la classe ouvrière, la “dépolitisation” et ces tendances de ce qui n’est que de la stratification sociale?
Là encore le marxisme ce n’est pas simplement analyser le monde, c’est le transformer.
j’ai vu la différence entre des pays qui choisissaient de résister et ceux qui acceptaient la mutation.
Le secrétaire de Villejuf, comme Marie Christine Burricand, pose justement la question du parti et de son rôle transformateur, comment passer du constat de l’abandon dans lequel sont laissés ces quartiers populaires, ce que cela représente de chances gâchées, il ne s’agit pas d’une fatalité mais d’un choix politique. Le passage d’une promotion des enfants d’ouvriers dont bien des communistes sont eux-mêmes le produit à une dégradation, un abandon, une privation, une relégation sont le produit d’une politique capitaliste menant une contre révolution. Ce qui est le produit non d’une fatalité mais d’une politique peut être combattu.
“Nous avons permis au plus grand nombre de s’approprier but, moyens de gagner contre les projets néfastes, nous avions perdu la municipalité mais nous n’avions pas perdu l’estime des gens. Nous avons mené les luttes le plus loin possible dans les institution” dit ce dirigeant de Villejuif c’est le produit d’un lutte, d’un refus de se résigner… et là la culture n’est pas inutile, la théorie non plus… Est-ce un hasard si le camarade n’a pas craint de mettre son analyse très concrète sous le patronage d’Althusser et les appareils idéologiques de l’Etat.
En conclusion je dirai que ce débat n’est pas la perfection que certains paraissent exiger du PCF, mais il démontre une chose essentielle; c’est en s’appuyant sur ses fondamentaux que le PCFest le seul parti à franchir un centenaire avec le même nom . il a perdu beaucoup de forces, de bastions, mais n’a pas perdu l’estime du peuple français, des couches populaires. Il peut dans cette débâcle du politique porter un projet et il faut que celui-ci reste révolutionnaire, c’est-à-dire une résistance à une politique, à une classe dominante, à ses institutions. faites pour imposer cette domination par exemple l’élection présidentielle.
En osant interpeller les travailleurs, les chômeurs, la jeunesse mais aussi scientifiques, artistes pour qu’ils fassent un bilan lucide et surtout pour qu’ils aillent ensemble sur le terrain des quartiers populaires, de l’entreprise, des établissements, c’est ce qui était affirmé et esquissé.
Moi qui suis désormais une “sympathisante”, et je revendique à titre personnel ce confort, je pense qu’il n’y a pas d’autre chemin que celui-là.
danielle Bleitrach
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