Nous reprenons ici la très intéressante mise au point de Pierre Cappanera sur la situation chilienne qui peut y compris nous ouvrir des horizons en Europe…C’est un peu le pari historique que j’ai fait : on peut toujours espérer que si le PCF redevient un pôle ferme sur des bases populaires comme l’est le parti communiste chilien , on pourrait assister à n effet de gravitation de la masse des groupuscules et autres égarés, les uns étant aspirés logiquement par le centre gauche, les autres retournant vers le pCF… Ce qui fermerait non seulement en France mais en Europe la parenthèse de l’eurocommunisme. Cette parenthèse de l’eurocommunisme qui est née si on s’en souvient bien de l’offensive néolibérale qui s’est répandue dans le monde à partir de la contrerévolution chilienne mettant fin à l’expérience d’Allende que rendait possible la coexistence pacifique. C’est l’hypothèse que je développe dans mes mémoires et il est d’autant plus intéressant que la Chili qui a inauguré une vague de contestation de l’ordre néo-libéral qui a donné un coup d’arrêt au coup d’Etat “légaux” ou se donnant cette image en Amérique latine. C’est sur ce continent que le phénomène est le plus lisible, mais il y a eu partout un frein assez comparable aux révolutions de couleurs ultime prolongement à la contrerévolution amorcée dans les années soixante et dix. (note de danielle Bleitrach pour histoire et societe)
HILI. Mardi 8 décembre 2020.
Clarifications au sein du Frente Amplio.
Certains s’étonnent de la crise que traverse le Frente Amplio (FA). Pour la comprendre, il faut revenir à sa création. En janvier 2017, 14 petites formations, après de longues négociations, avaient créé le FA. Certains ont cru pouvoir définir à l’époque le FA comme une formation anti-capitaliste, anti-libérale, anti-système. En fait non. Le résultat du compromis de janvier 2017 était la création d’une formation à la gauche des partis de l’ex-concertation (DC, PPD et PS). Mais pas pour autant anti-libérale. Au sein du FA coexistaient deux courants : celui qui se situait sur des positions antilibérales et celui qui aspirait à être le courant de gauche de l’ex-Concertation.
L’explosion sociale du 18 octobre 2019 remet les pendules à l’heure. L’exacerbation de la lutte des classes au Chili ne permet plus de fermer les yeux sur des divergences auparavant acceptables parce que les solutions étaient lointaines. La question du changement est devenue immédiate.
Par exemple, aujourd’hui le système des retraites par capitalisation individuelle est fortement remis en cause par la misère qu’ils génèrent chez les retraités. La question de l’élimination des fonds de retraite privés est concrètement à l’ordre du jour. Depuis leurs créations dans les années 80, ces fonds sont devenus un des piliers du capitalisme chilien. S’y attaquer revient à attaquer le cœur du système libéral au Chili. Alors certains au sein du FA reviennent à leurs premiers penchants et souhaitent un « compromis », disant que, vu leur place dans l’économie chilienne, il n’est tout simplement pas possible de s’attaquer à ces fonds vautours.
Ce qu’il se passe au sein du FA est finalement très sain. Ceux qui souhaitent juste une amélioration sociale du système sans le changer rejoindront plus ou moins rapidement les partis du centre-gauche, et plus spécialement le PS. Les autres se tournent vers la seule autre formation anticapitaliste, à savoir le PC, et souhaitent une alliance stratégique à long terme avec lui. La crise du FA est révélateur de la lutte pour l’hégémonie au sein de l’opposition : la gauche va-t-elle réussir à renverser la table et prendre le dessus sur les partis de l’ex-Concertation ?
Le Frente Amplio vit des moments compliqués qui ne sont pas totalement terminés. D’autres soubresauts sont à attendre.
Vues : 223