Ne pas comprendre le moment historique dans lequel nous sommes, avoir perdu tout sens des rapports de forces réels et de la nécessaire intervention populaire, lui substituer un galimatias sans intérêt de petits bourgeois et prétendre à partir de là donner des leçons à toutes les révolutions passées et présentes voici la triste situation dans laquelle près de trente ans de désinformation, de soumission à la social-démocratie a laissé le PCF et certains prétendant y compris donner des leçons à Lénine confondent désormais totalement l’état dans lequel ils sont avec une stratégie, ils ignorent y compris ce que vit le peuple français, son état réel et lui substituent des sentiments de petits bourgeois gauchisants donneur ce leçon. C’est triste. (note de Danielle Bleitach)
La lettre aux membres du Comité central du P.O.S.D.(b)R. fut écrite par Lénine le 24 octobre (6 novembre) au soir.
Camarades,
J’écris ces lignes dans la soirée du 24, la situation est critique au dernier point. Il est clair comme le jour que maintenant retarder l’insurrection, c’est la mort.
.Je veux de toutes mes forces convaincre les camarades qu’aujourd’hui tout tient à un cheveu, qu’à l’ordre du jour se posent des questions que ne peuvent trancher ni conférences, ni congrès (quand bien même ce seraient des congrès des Soviets), mais uniquement les peuples, la masse, la lutte des masses en armes.
La poussée bourgeoise des korniloviens, la destitution de Verkhovski [2] montrent qu’il n’est pas possible d’attendre. Il faut à tout prix, ce soir, cette nuit, arrêter le gouvernement, après avoir désarmé les élèves-officiers (après les avoir battus s’ils résistent), etc.
On ne peut pas attendre ! ! On risque de tout perdre ! ! Voici l’effet immédiat de la prise du pouvoir : la défense du peuple (non du congrès, mais du peuple, de l’armée et des paysans au premier chef) contre le gouvernement des korniloviens qui a chassé Verkhovski et qui a monté un second complot Kornilov.
Qui doit prendre le pouvoir ? Cela importe peu en ce moment : que le Comité révolutionnaire militaire [3] le prenne ou «une autre institution» qui déclarera qu’elle ne remettra le pouvoir qu’aux représentants authentiques des intérêts du peuple, des intérêts de l’armée (proposition immédiate de paix), des intérêts des paysans (il faut prendre la terre sur-le-champ, abolir la propriété privée), des intérêts des affamés.
Il faut que toutes les régions, tous les régiments, toutes les forces se mobilisent sur l’heure et envoient sans attendre des délégations au Comité révolutionnaire militaire, au Comité central bolchévik, et exigent impérieusement qu’en aucun cas le pouvoir ne soit laissé entre les mains de Kérenski et Cie jusqu’au 25, sous aucun prétexte ; il faut à tout prix régler cette affaire ce soir ou cette nuit.
L’histoire ne pardonnera pas l’ajournement aux révolutionnaires qui peuvent vaincre aujourd’hui (et qui vaincront aujourd’hui à coup sûr) ; ils risqueraient de perdre beaucoup demain, ils risqueraient de tout perdre.
En prenant le pouvoir aujourd’hui, nous le faisons non pas contre les Soviets, mais pour eux.
La prise du pouvoir est la tâche de l’insurrection ; son but politique apparaîtra clairement après.
Ce serait notre perte, ce serait du formalisme d’attendre le vote indécis du 25 octobre ; le peuple a le droit et le devoir de trancher de telles questions non pas par des votes, mais par la force ; le peuple a le droit et le devoir, dans les moments critiques de la révolution, de guider ses représentants, même les meilleurs, au lieu de les attendre.
C’est ce qu’a prouvé l’histoire de toutes les révolutions, et ce serait le plus grand des crimes de la part des révolutionnaires de laisser échapper le moment, tout en sachant que le salut de la révolution, la proposition de la paix, le salut de Pétrograd, la délivrance de la famine, la remise de la terre aux paysans dépendent d’eux.
Le gouvernement hésite. Il faut l’achever à tout prix ! Attendre pour agir, c’est la mort.
Vues : 334
ANC Lannion
Toute la différence entre un marxiste qui agit en fonction de la situation concrète et de ses possibilités révolutionnaires, et les dirigeants (passés ?) du PCF qui se font des illusions sur un passage en douceur à une société post-capitaliste (comme dit Le Hyaric qui n’emploie jamais le mot horrible de “socialisme”).