Edouard Philippe que l’on n’avait pas entendu jusqu’ici est intervenu «Je pense que nous allons affronter une tempête – une tempête économique, une tempête sanitaire, une tempête à tous égards – et peut-être une tempête sociale, peut-être une tempête politique. Et je pense que les temps qui viennent sont des temps difficiles»
Et là tout en savonnant la planche de son successeur, il en appelle au calme et à la sérénité de tous. Nous sommes tous dans le même bateau, il faut se serrer les coudes.
Le même bateau ? Qui profite et qui paye la note? L’union sacrée ?
D’accord avec le diagnostic tempête économique, tempête sanitaire… qui a géré la crise sanitaire avec un maximum d’incompétence, qui n’a rien préparé non seulement pour une seconde vague mais pour une situation déjà limite avant l’épidémie?
Qui désormais a fait le choix de “sauver le navire économie”, quel navire ?
Effectivement … Se multiplient les fermetures d’entreprise non justifiées par le COVID, un cas exemplaire:
Bridgestone Béthune projette de fermer ses portes définitivement et la description de la situation est éloquente. Une entreprise que l’on a laissé péricliter quitte à parler comme son directeur Europe, Laurent Dartroux de “la conséquence directe d’une évolution du marché” Une évolution qui ne date pas d’aujourd’hui et que l’on a laissé pourrir, pas la moindre modernisation, pas de formation des ouvriers.
Mais Bridgestone est allé chercher 480 millions d’Euros à l’Union Européenne pour construire une usine en #europe une usine compétitive tant au niveau de la modernité de ses installations que de la pression sur les ouvriers de l’est. L’UE apparait pour ce qu’elle est : un lieu où le profit sans frein du capital bénéficie d’une mise en concurrence des travailleurs.
Leur seule survie c’est peut-être l’incapacité dans laquelle nous sommes d’imaginer l’ampleur de leur tempête et le fait que nous ne savons pas ce qu’elle exigera de nous… Ils tirent leur force du fait que dans nos têtes nous concevons le capitalisme comme éternel et leur dramatique incompétence comme la seule issue… Un jour on dira qu’il y eut un parti communiste français qui n’osait pas prononcer le mot socialisme, ni parler de la fin de l’UE, de l’Otan et qui devant la tempête proposait “la France en commun”… tous dans la même barque exploiteur et exploités et parlons de Raoult, des masques et du bon usage de la chloroquine… Un leurre après tant d’autres…
Parce que je crois que l’on ne veut pas voir la réalité, le socialisme ou plutôt “les socialismes” sont une phase de transition particulièrement périlleuse où l’on passe d’une domination de classe à une autre, et où la seule rupture est ce qu’on appelait “la dictature du prolétariat” face à la dictature du capital. Il ne s’agit pas de l’avenir mais nous sommes entrés dans la nécessaire transition et la seule manière pour le capital d’y résister sont le fascisme et la guerre. Si j’ai quitté le pCF et suis devenue “sympathisante”, c’est pour pouvoir dire ce que je pense et ne pas encombrer une tactique de reconquête du PCF que je ne partage pas mais dont je souhaite la réussite. Alors en tant que sympathisante je vous dis mes camarades: Quoi que vous pensiez, quoi que vous espériez la situation est telle que vous devrez choisir votre camp. Alors les manœuvres liquidatrices, les leurres type social -démocrate, les chausse-trappe de Congrès et unions de sommet dans la lutte des places ne sont qu’encouragement à ce drame, perte de temps alors que nous devrions changer de grand timonier pour franchir ce terrible détroit où toutes les tempêtes semblent s’être données rendez-vous,elles sont contre eux et ils sont en train de tenter de nous les faire subir .. le grand timonier n’est pas seulement un individu, il est une force collective, organisée qui choisit la coopération au lieu du profit et de la concurrence.
En revanche la bataille pour l’emploi et les manifestations qui ont lieu aujourd’hui si elles sont suivies d’effet, et elles ne le seront que s’il y a une organisation tenace, une permanence dans l’effort, pour imposer ce droit de l’émancipation humaine, si tout un parti, des organisations syndicales se pénètrent de ce combat , si son caractère concret va dans le sens de l’issue socialiste comme le droit à la santé et à l’éducation… Demain nous publions un trés long texte sur ce sujet de la Chine …. Il faut que nous prenions conscience du caractère international et national de nos combats, le ou plutôt les socialismes, c’est le contraire de ce qu’ils nous proposent.
Danielle Bleitrach
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