Voici la suite des compte-rendus de notre londonienne Catherine Winch. Ce qui se joue dans ce procès va très loin dans le contexte de fascisation de l’empire et celui de ses vassaux. Non seulement ce procès est pure revanche inique mais l’incarcération promise et existant aux USA est pire que la mort… Ceux des journalistes, des politiciens qui jouent le cirque occidental de la démocratie en cautionnant ce procès et le blocus cubain devraient se taire s’il leur restait la moindre dignité (note de Danielle Bleitrach, traduction de Catherine Winch).
– par Dr Binoy Kampmark – septembre 15, 2020
Hier et aujourd’hui, Eric Lewis, un avocat américain, et président du conseil d’administration de Reprieve [une organisation pour la défense des prisonniers], qui a travaillé sur la représentation des détenus afghans sous garde américaine et de ceux de Guantanamo, plaide depuis plus d’un an contre l’extradition d’Assange vers les États-Unis.
Il a témoigné pour la défense, expliquant le sort qui attend Assange dans le système judiciaire américain. Ce sort équivaut à un traitement inhumain et dégradant, ce qui constitue un obstacle absolu à l’extradition.
Un risque supplémentaire pour Assange est d’être sujet aux Mesures Administratives Speciales (SAM en anglais).
Les SAM selon le Center for Constitutional Rights et la clinique internationale des droits de l’homme Allard K. Lowenstein de la faculté de droit de Yale dans leur rapport de 2017, sont comme “le secteur le plus sombre du système carcéral fédéral américain, combinant la brutalité et l’isolement des unités de sécurité maximale avec des restrictions supplémentaires qui privent les individus de presque tout lien avec le monde humain”. Les restrictions impliquent “des bâillons sur les prisonniers, les membres de leur famille et leurs avocats, protégeant ainsi efficacement de la vue du public cette utilisation extrême du pouvoir gouvernemental”.
Le procureur général des États-Unis a toute latitude pour utiliser les SAM, sans avoir à se justifier.
L’autorisation des SAM par le procureur général William Barr engagerait les bureaux de la CIA, dont la directrice actuelle, Gina Haspel, est spécialiste de l’exploitation des ‘sites noirs’ [sites secrets où la torture est pratiquée], sanctionnant l’usage de la torture. Comme le rapporte Kevin Gosztola, “Haspel est complice de certains des exemples mêmes de torture par ou pour les américains que WikiLeaks a exposés, et pourtant elle pourrait jouer un rôle déterminant dans le destin d’Assange, et comment il sera contrôlé et réduit au silence en attendant son procès”. Qu’il soit détenu au centre de détention d’Alexandrie en attendant son procès, où il serait soumis à l’isolement, ou qu’il soit condamné et envoyé au bloc H de l’ADX Florence, Assange pourrait bien se retrouver sur “le seul ‘site noir’ connu sur le sol américain”.
James Lewis QC le procureur a déclaré que l’incarcération dans une prison américaine supermax ne constituerait pas de la torture et que la Cour européenne des droits de l’homme avait une réponse instructive favorable à la position américaine.
Vers la fin de la journée, les journalistes se sont retrouvés coupés de la liaison vidéo avec le tribunal, pour ensuite être informés de la soudaine clôture de la session. Stefania Maurizi s’est demandée si cela pouvait être dû à des difficultés techniques rencontrées par les tribunaux britanniques ou au piratage informatique. Quoi qu’il en soit, c’était symboliquement approprié pour un procès qui se transforme, chaque jour, en une parodie de justice.
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