Au début du XIXe siècle, l’Empire chinois est confronté au problème de la drogue. L’opium est massivement introduit par les Anglais à Canton, où prospèrent, grâce à lui, la corruption, le banditisme et la prostitution. J’ai lu récemment dans une revue qui ne cache pas ses sympathies pour les Etats-Unis et “l’internationale des milliardaires” qui mène campagne en soutien à Trump, que Hong Kong ne serait pas chinois puisque ses habitants originaires de Canton parlaient le cantonais et pas le mandarin. Il faut ne rien savoir sur la Chine pour ignorer que c’était le cas dans pratiquement toute la Chine où l’écriture est commune mais les sons différents, au point qu’il existait des seaux d’encre et du papier avec lesquels le nouvel arrivant d’une autre province traçait des caractères chinois pour se faire comprendre. Le gouvernement communiste en répandant l’éducation et en simplifiant les caractères a promu l’unification par le mandarin et ceci se réalise également à Hong Kong.
Mais revenons en à l’introduction massive par la Grande Bretagne de l’opium produit massivement dans sa colonie indienne. Marx dans le capital parle de ces nourrissons dans les fabriques anglaises que les mères gorgent d’opiacés pour pouvoir aller à l’usine et il voit la revanche de l’Orient sur l’oppression de l’Empire britannique.
Pour la première fois, un gouvernement se trouve placé devant une alternative devenue classique : légaliser la drogue ou sévir. L’Empire chinois choisit le conflit avec l’Empire britannique. Du coup, il est contraint par la force à s’ouvrir aux puissances européennes. L’opium est la cause directe de la guerre entre les Empires chinois et britannique, dite « guerre de l’opium » (1839-1842), qui a ouvert la Chine aux Anglais, puis aux autres puissances européennes.
Si l’opium a été interdit par le régime communiste à partir de 1949, il reste associé à Hong-Kong, paradis du haut banditisme, de la drogue et de la prostitution. Symbole de l’humiliation subie par la Chine.
Hong-Kong est née de l’opium, puisque l’île fut cédée aux Anglais en 1842, par le traité de Nankin (Nanjing), qui mit fin à la guerre de l’opium. Pendant 150 ans y règne un statut colonial dans lequel tous les pouvoirs sont aux mains du gouverneur mais qui obtient le droit à l’enrichissement pour certaines couches grâce à la banque de Hong kong HSBC, ouverture monétaire sur la city britannique puis sur les Etas-Unis et le dollar.
Demain, nous vous présenterons cette banque, son passé et son présent sulfureux.
Note:
Signalons qu’en Chine le cantonais (yuè) n’est pas la principale langue (« dialecte ») en dehors du mandarin ! Voir l’excellent livre Parlons chinois de Zhitang Yang-Drocourt, publié chez l’Harmattan, qui nous donne les éléments suivants :
Vu les différences phonologiques, lexicales voire syntaxiques des langues régionales chinoises, les dénominations sinitic languages ou «langues sinitiques» sont aujourd’hui largement préférées, notamment en Occident, au terme traditionnel de «dialectes chinois».
Une autre vision des choses
Cette analyse typologique, proposée dès le milieu du XIXe siècle et concrétisée depuis un demi-siècle environ, accorde le statut de LANGUE aux six «dialectes» autres que le mandarin, que l’on classe dans un arbre généalogique au même degré hiérarchique que ce dernier.
Ainsi, ils ne sont plus considérés comme des sous-classes du mandarin, ou des branches dialectales issues d’un tronc commun, mais comme de véritables langues qui forment, au sein de la famille sino-tibétaine, avec et au même titre que le mandarin, un sous-ensemble dit «groupe sinitique ».
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Gisèle Colomban
Merci pour cette page. Comment comprendre le prėsent si on mėconnait le passé historique! Je retiens le rõle machiavélique de l’opium.