Scott Bessent ne sait plus où donner de la tête. L’objectif de croissance de 3 % qu’il s’est fixé avec des baisses d’impôt, des dépenses publiques, la division par deux du déficit public et la préservation du dollar est loin d’être acquis. Au début de la semaine il prétendait vouloir inclure dans les négociations commerciales à la fin du mois en Suède les achats par la Chine de pétrole iranien et russe, au prétexte des sanctions US. Ici il s’en prend à la politique indépendante de la Fed, pour associer à l’accroissement des droits de douane l’abaissement des taux d’intérêt du dollar. Vu d’ici ce conflit pourrait sembler anodin, mais les Bourses sont attentives à l’instabilité qu’il peut générer, non seulement aux USA mais dans le monde entier, compte tenu du rôle encore dominant du dollar et des conséquences monétaires. Nous avons déjà alerté plusieurs fois sur les risques de crise mondiale que la politique monétaire erratique des USA font peser sur les économies, et par voie de conséquence sur la vie des masses populaires surtout dans les pays les plus faibles. Danielle Bleitrach avait déjà cité un article d’Asia Times « Le dollar américain flirte-t-il avec un « moment Liz Truss » au milieu du chaos tarifaire ? », en posant deux questions : qui va payer et quel choix font les dirigeants européens ? C’est donc une nouvelle lézarde dans l’édifice financier US. Global Times met l’accent sur ces contradictions mais il n’est pas seul. On lit aussi « USA: au tour de Scott Bessent de mettre la pression sur la Fed » https://allnews.ch/content/news/usa-au-tour-de-scott-bessent-de-mettre-la-pression-sur-la-fed, et Scott Bessent veut un audit complet de la FED.
Xuan ‘jean jullien
Global Times : La lutte pour l’indépendance de la Fed révèle les défis économiques des États-Unis face aux tarifs douaniers
Par Global Times le 22 juillet 2025
https://www.globaltimes.cn/page/202507/1338999.shtml
La Réserve fédérale américaine à Washington DC, États-Unis. Photo : Xinhua
L’attention des marchés se porte de plus en plus sur la capacité de la Réserve fédérale à préserver son indépendance face à des pressions croissantes, une situation qui reflète les défis auxquels l’économie américaine est confrontée, notamment au vu de sa politique tarifaire.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré que l’indépendance vitale de la Fed en matière de politique monétaire était menacée par son « mandat rampant » dans des domaines non liés à la politique monétaire, et il a appelé la banque centrale américaine à procéder à un examen exhaustif de ces opérations, a rapporté Reuters lundi.
Dans une interview accordée à CNBC lundi, M. Bessent a même critiqué la Fed pour « semer la peur au sujet des droits de douane », soulignant que « jusqu’à présent, nous n’avons constaté que très peu, voire pas du tout, d’inflation ». Les commentaires de M. Bessent marquent une dangereuse escalade dans le conflit entre la Maison Blanche et la banque centrale américaine. Le conflit entre la Maison Blanche et la Fed couve depuis des mois. Le président de la Fed, Jerome Powell, a constamment souligné la nécessité d’adopter une approche attentiste, afin de mieux évaluer l’impact des droits de douane sur l’inflation et la trajectoire de l’économie.
En revanche, la Maison Blanche s’empresse de faire pression pour des baisses de taux d’intérêt. Cette divergence de politique s’est transformée en une remise en cause directe de l’indépendance de la Fed, qui a longtemps été l’un de ses principaux atouts.
Cette indépendance, pierre angulaire de son cadre politique, lui permet de prendre des décisions de politique monétaire fondées sur des données macroéconomiques et des objectifs économiques à long terme, sans interférence politique à court terme. Historiquement, cette indépendance s’est avérée indispensable : de la gestion des crises économiques à la maîtrise de l’inflation, la capacité de la Fed à agir sans interférence politique a été essentielle au maintien de la stabilité financière des États-Unis et au renforcement de la confiance mondiale dans son régime monétaire.
Cependant, ce rempart institutionnel fait face à une attaque sans précédent. L’appel de Bessent à une révision de la Fed et sa remise en question ouverte de l’évaluation par la Fed de l’impact des droits de douane sont essentiellement un microcosme de la pression exercée par la Maison Blanche sur la Fed. L’inquiétude de Wall Street face à cette situation est palpable.
Si les acteurs du marché perçoivent une érosion de l’indépendance de la Fed, les fluctuations des actifs financiers pourraient être brutales, ont déclaré certains analystes. L’un des principaux risques est que les investisseurs vendent des obligations du Trésor, ce qui entraînerait une hausse des taux d’intérêt sur les échéances à long terme du marché de la dette américaine par rapport aux titres à court terme, selon un rapport de Reuters paru la semaine dernière.
Derrière l’empressement de la Maison Blanche à limiter l’indépendance de la Fed se cache la réalité inconfortable de l’économie américaine sous le contrecoup des politiques tarifaires. Aux États-Unis, on craint largement que, à terme, l’effet cumulatif des droits de douane ne fasse encore grimper l’inflation, n’érode le pouvoir d’achat des consommateurs et n’entrave la reprise économique. Lorsqu’une vague de nouveaux droits de douane entrera en vigueur le 1er août, Cela pourrait porter un coup encore plus dur à l’économie américaine.
Cette situation économique difficile a rendu urgente pour la Maison Blanche la nécessité de réduire les taux d’intérêt, afin d’utiliser la politique monétaire pour atténuer l’impact économique de sa politique tarifaire. Mais il s’agit d’une décision à courte vue et risquée. En faisant pression sur la Fed pour qu’elle baisse ses taux d’intérêt, Washington prend un pari risqué. Si la Fed est contrainte de prendre des décisions de politique monétaire sous la pression politique, les investisseurs internationaux pourraient y voir une perte d’indépendance de la banque centrale, ce qui porterait gravement atteinte à la crédibilité du dollar américain.
Rien que cette année, l’indice du dollar américain a déjà reculé d’environ 10 %, reflétant les inquiétudes du marché quant aux risques associés aux actifs en dollars américains. Si l’indépendance de la Fed venait à être davantage compromise, les investisseurs internationaux pourraient accélérer leur retrait, aggravant ainsi la dépréciation du dollar américain et plongeant l’économie américaine dans une situation encore plus complexe.
En fin de compte, il s’agit de bien plus qu’une lutte autour des taux d’intérêt. L’issue de cette lutte façonnera non seulement l’avenir de l’économie américaine, mais aura également de profondes implications pour la stabilité des marchés financiers mondiaux.
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