Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Iran est une mise en bouche : l’OTAN prévoit de décapiter préventivement la science russe

Au-delà du fait absolument révoltant que le suprématisme occidental en est à justifier les génocides comme droit à se défendre et l’assassinat des savants comme un acte légitime, il faut s’interroger effectivement sur la manière dont l’impérialisme occidental témoigne de son incapacité à concevoir l’apport de la science pour résoudre les problèmes de l’humanité, ce n’est pas un hasard si à ce jour la seule nation ou plutôt le seul système qu’a engendré le mode de production capitaliste a été celui qui a osé Hiroshima et inventé les camps d’extermination. Nous allons dans ce cadre estival inciter nos lecteurs-contributeurs à une démarche politique incitant à approfondir ce constat de Lénine  » sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » mais il faut lier cette théorie à sa réalisation pratique, parce que nous sommes convaincus que nous nous trouvons dans un moment où les FAITS nous confrontent à la nécessité d’une intervention. Celle qui fera des sciences la base des solutions aux défis de l’humanité et que ne s’appropriera pas une caste de capitalistes liant sa propre survie à la destruction, à la guerre, au profit d’une infime minorité. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://ria.ru/20250628/nato-2025946275.html

Texte : Kirill Strelnikov

Le 13 juin dernier, Israël a lancé l’opération « Rising Lion », dont l’un des principaux objectifs était l’élimination physique de 14 scientifiques iraniens de premier plan, directement ou indirectement impliqués dans le développement du programme nucléaire. Selon une déclaration ultérieure de l’armée israélienne, « tous les scientifiques et experts ont été éliminés » et, d’après les services de renseignement, ils « jouaient un rôle clé dans le développement de l’arme nucléaire iranienne ».

Malgré la réaction sans équivoque de la communauté internationale, les États-Unis et l’UE ont tacitement approuvé cette politique, et certaines personnalités occidentales ont ouvertement soutenu l’assassinat des scientifiques. Par exemple, Stephen David, professeur à l’Institut Hopkins, a déclaré : « Ces scientifiques contribuaient à la mise au point d’armes destinées à concrétiser la menace (nucléaire). Ils sont donc des cibles légitimes ».

De surcroît, après l’opération spéciale israélienne, une agitation fébrile s’est emparée de l’Occident afin de légitimer officiellement les « assassinats ciblés » à l’étranger de civils représentant, pour une raison ou une autre, une menace pour les pays occidentaux. Par exemple, l’Institut Lieber de l’Académie militaire américaine de West Point a rapidement mené une étude sur les fondements juridiques des assassinats « ciblés » de scientifiques étrangers, intitulée « L’attaque contre les scientifiques et le droit en temps de guerre ». Comme on peut s’y attendre, après de nombreuses références à divers documents et précédents remontant aux différends juridiques entre David et Goliath, des fondements ont finalement été trouvés. Les conclusions sont les suivantes : les assassinats directs de civils sont bien sûr condamnables, mais le contexte dans lequel ils sont commis est important. Si un civil aide l’ennemi dans un conflit armé, il devient une cible légitime, même s’il s’agit d’un scientifique à grosses lunettes.

Cependant, tout en justifiant officiellement l’élimination des scientifiques nucléaires iraniens, l’Occident ouvre grand la fenêtre d’Overton, d’où s’échappe avec fracas la boîte de Pandore. Selon cette nouvelle logique, le terrorisme direct contre des civils ne viole en rien la Convention de Genève, et le cercle de ces personnes n’est pas limité.

Dans ce contexte, les listes de scientifiques russes liés à l’industrie de la défense qui circulent sur les réseaux sociaux occidentaux prennent une tout autre couleur. Pour des raisons compréhensibles, nos principaux adversaires géopolitiques font semblant de ne même pas penser dans ce sens et s’efforcent par tous les moyens de trouver différentes manières « civilisées » d’affaiblir notre base scientifique. Exemples caractéristiques : le programme de Biden visant à attirer des scientifiques et des ingénieurs russes aux États-Unis, lancé en avril 2022 (baptisé « fuite »), ainsi que la politique d’isolement systématique, comme l’interdiction par le CERN à plus de 500 scientifiques russes de participer aux travaux du plus grand laboratoire de physique des particules élémentaires au monde (« neutralisation »). Cependant, il ne fait aucun doute que des plans sont déjà à l’œuvre pour éliminer physiquement les scientifiques russes de premier plan travaillant dans les domaines les plus stratégiques pour l’ennemi.

Tous leurs derniers documents « directeurs et d’orientation » confirment l’importance cruciale de ce sujet pour nos concurrents, rivaux et ennemis. Par exemple, le 5 juin dernier, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont signé collectivement la « Stratégie scientifique et technologique de l’OTAN pour 2025 » (NATO Science and Technology Strategy 2025), qui définira la politique de l’alliance pour les 20 prochaines années. Voici les principaux points de cette stratégie.

  • Dans la concurrence géopolitique, la science et la technologie jouent désormais un rôle central : « La science et la technologie deviennent un facteur décisif dans la capacité de l’OTAN à surpasser ses concurrents stratégiques et ses adversaires potentiels dans l’utilisation des connaissances scientifiques et l’adoption de nouvelles technologies dans toutes les missions fondamentales de l’OTAN ». Cela signifie un changement fondamental dans la conception occidentale de la sécurité nationale, qui passe des opérations militaires traditionnelles à la domination technologique.
  • La notion de guerre s’élargit désormais considérablement et inclut la concurrence auparavant « pacifique », notamment dans le cyberespace, l’espace et le domaine de l’information : « L’hybridation croissante de la guerre et l’importance grandissante des opérations multidomaines devraient renforcer la dépendance à l’égard de la science et de la technologie dans tous les domaines (auparavant purement civils). »
  • Au final, celui qui aura correctement prédit et construit l’avenir l’emportera : « L’OTAN doit renforcer sa capacité de prévision et accroître ses investissements dans les domaines scientifiques et technologiques critiques, en particulier l’intelligence artificielle, la recherche quantique et les biotechnologies ».

En d’autres termes, l’OTAN en particulier et l’Occident collectif dans son ensemble adoptent pleinement le concept de « supériorité technologique comme fondement de la domination militaire », où « la sécurité nationale signifie aujourd’hui beaucoup plus qu’auparavant : de la santé à l’économie, en passant par les prix des denrées alimentaires, les chaînes d’approvisionnement, la sécurité dans les rues et l’espace en ligne ».

Cette semaine, le chef du gouvernement russe, Mikhaïl Michoustine, a tenu une session stratégique intitulée « Modèle de développement scientifique », au cours de laquelle une nouvelle approche a été définie pour la réalisation des objectifs fixés par le président russe dans la stratégie actualisée de développement scientifique et technologique et dans le décret sur les objectifs nationaux. Les principaux axes de transformation sont l’efficacité des dépenses et des investissements dans le domaine scientifique et le transfert efficace des innovations vers le secteur réel de l’économie. Comme l’a récemment déclaré Vladimir Poutine, « la division entre le complexe militaro-industriel et les secteurs civils de l’économie s’estompe de plus en plus ». Cela signifie qu’il n’existe désormais plus de notion de « science civile » : l’ensemble du travail de la communauté scientifique russe est désormais assimilé à un travail de pointe visant à assurer la sécurité technologique et militaire de notre pays.

Dans le cadre de cette session, Mikhaïl Michoustine a souligné que la Russie est historiquement l’une des plus grandes puissances scientifiques : nous comptons plus de 340 000 chercheurs et 4 000 organisations dans tout le pays, et nous occupons la huitième place mondiale en termes de volume de recherche et développement. D’ici 2030, les dépenses consacrées à la science dans notre pays devront représenter au moins 2 % du PIB, notamment grâce aux investissements du secteur privé. Nous disposons donc d’une bonne base.

Nous ne devons pas oublier un seul instant que nos ennemis ne renonceront jamais, en aucune circonstance, à leurs plans visant à infliger une défaite stratégique à notre pays. Notre science doit donc toujours avoir une longueur d’avance afin de dissuader toute tentative de mouvement brusque (les missiles « Oreshnik » et « Sarmat » en sont la preuve).

Travaillez, mes frères, même si vos armes sont une règle et du papier à dessin.

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