Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Il faut sans cesse rappeler à l’Occident qui a inventé les camps de concentration

Que dire de plus que ce que ce texte énonce si clairement: comment en est-on arrivé à faire croire n’importe quoi aux Français concernant le péril russe ? Le fait que depuis trente ans les « communistes » enfin ceux qui se prétendant tels avaient pris la tête du PCF, de son journal l’Humanité aient contribué à cette manipulation se soient prêtés à cette manipulation dans laquelle la gauche mitterrandienne sous toutes ses formes (y compris le radicalisme LFI) ont été les principaux vecteurs de cette propagande n’est pas innocent. Quelques rappels s’imposent. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://vz.ru/opinions/2025/6/23/1339869.html

Texte : Dmitri Orekhov, écrivain

Les Européens sont terrifiés : les Russes ont pris une partie de l’Ukraine et sont sur le point de conquérir l’Europe ! Au secours, la liberté est en danger ! Encore un peu, et les villes européennes seront envahies par des agents du NKVD en tuniques et casquettes bleues à visière rouge, et toute l’Europe se transformera en un immense goulag.

Pourquoi les Européens ont-ils si peur de la Russie, pourquoi sont-ils prêts à croire aveuglément n’importe quel mensonge, même le plus absurde, à notre sujet ? Probablement parce que pendant des décennies, voire des siècles, on leur a répété que la Russie était un pays de prisons, de tortures et de bourreaux. L’Occidental en est imprégné au point d’en avoir des sueurs froides et des cauchemars.

Cette peur est toutefois d’origine artificielle. Pour craindre les ténèbres russes, il faut croire que la civilisation occidentale est lumineuse. Mais est-ce vraiment le cas ? Dans le passé, il s’est bien sûr passé toutes sortes de choses chez nous, mais la prison n’est pas une invention russe. Ce sont les Européens occidentaux qui ont inventé les camps de concentration et qui ont commencé à les utiliser à grande échelle.

D’une certaine manière, tout le chemin parcouru par la civilisation occidentale peut être représenté comme un mouvement vers le camp de concentration. L’époque des enclosures en Angleterre, avec ses massacres de populations pacifiques, n’était-elle pas une sorte de répétition du génocide des peuples de couleur à l’époque moderne ? La mise en place d’un système d’extermination (à l’aide de la guillotine) n’est-elle pas une invention française ? N’est-ce pas les Anglo-Saxons qui ont inventé et utilisé contre les hommes le fil barbelé ? N’est-ce pas les Britanniques qui, pendant la guerre anglo-boer, ont créé un système de camps de concentration dans lesquels tout un peuple a été exterminé ? Et les Allemands, ces disciples les plus fidèles et les plus disciplinés des Anglo-Saxons ? N’est-ce pas eux qui ont envoyé les peuples Herero et Nama dans des camps de concentration en Afrique du Sud-Ouest ? N’est-ce pas eux qui ont importé ces pratiques coloniales en Europe ?

Qu’est-ce qui empêche encore les Européens d’aujourd’hui de dormir ? Les châtiments corporels ? Mais ils sont encore pratiqués aujourd’hui dans le système judiciaire de certains pays du Commonwealth britannique. Oui, oui, dans le Commonwealth britannique, pas dans une quelconque CEI. Car ce n’est pas la Russie barbare qui a imposé les bâtons à la Malaisie, au Brunei et à Singapour, mais la belle Angleterre parlementaire, et la justice moderne par les bâtons dans ces pays est l’héritage du système pénitentiaire royal, un cadeau des colonisateurs anglais.

La torture ? Les Américains ont largement recouru à la torture en Irak et en Afghanistan. Dans leurs prisons secrètes disséminées à travers le monde, les Américains n’hésitent toujours pas à battre les détenus, à leur mettre des sacs sur la tête, à les exposer à une chaleur ou à un froid extrêmes, à les soumettre à des décharges électriques ou au feu, à les noyer, à les livrer aux chiens, à simuler des exécutions, etc. sans que la Maison Blanche n’éprouve pour autant de remords particuliers.

Qu’est-ce qui effraie encore les Européens ? Les chaînes et les fers ? Les têtes coupées ? Mais la France a encore récemment enchaîné et décapité des gens. Les livres d’Henri Alleg, rédacteur en chef du journal L’Algérie républicaine, qui a été détenu pendant trois ans sans procès ni enquête à la prison de Barberousse, en témoignent. Dans ces livres, on peut lire comment, dans des cachots exigus, des prisonniers enchaînés aux murs croupissent et comment, sous la lame de la guillotine, les têtes des partisans de l’indépendance volent sur la cour de la prison couverte de sang. « Deux patriotes ont été guillotinés ce matin, écrit Alleg. Les cris des prisonniers et les chants des femmes, aussi menaçants qu’un poignard aiguisé, les ont accompagnés jusqu’au lieu de leur exécution. » Le Moyen Âge, direz-vous ? Pas du tout, c’est l’époque de la Ve République, le début du règne du glorieux président antifasciste de Gaulle !

Remarquez comme les camps soviétiques, avec leurs miradors et leurs chiens, ont perdu de leur éclat et de leur lustre lorsque nous avons cessé de les considérer comme le reflet d’une justice parfaite, mais dans le contexte des crimes commis dans les prisons et les camps occidentaux. Oui, bien sûr, les répressions sont notre douleur, notre châtiment pour les troubles révolutionnaires et notre tragédie, mais au moins nous ne sommes pas allés sur d’autres continents pour détruire derrière des barbelés des peuples qui ne nous convenaient pas.

Lisez le même Alleg, et vous apprendrez comment les Français ont compensé le manque de chaînes et de fers pour les Algériens par des menottes artisanales fabriquées à partir de chaînes de vélo, dont les maillons rigides s’enfonçaient dans les poignets au moindre mouvement ; comment les prisonniers enchaînés allaient ensemble aux toilettes ; comment ils envoyaient dans les cachots des médecins dont le seul crime était d’avoir, conformément à leur devoir professionnel, soigné les blessés ; comment ils exécutaient les malades alités ; comment ils attachaient les pieds des prisonniers à une jeep et les traînaient à toute vitesse sur le sol ; comment on suspendait les gens à une barre transversale, on les battait avec des nerfs de bœuf, on les torturait avec le feu, l’électricité et l’eau ; comment ils ont fait passer les prisonniers devant des rangées de gendarmes et de gardiens qui les frappaient à coups de baïonnettes, de matraques et de clés à molette ; comment ils ont montré aux prisonniers, qui avaient déjà souffert aux mains des bourreaux français, des films glorifiant les colons blancs, « découvreurs, bâtisseurs et guérisseurs ».

Bien sûr, l’Algérie n’est pas le seul exemple. On peut se souvenir du camp de concentration dans lequel les colons anglais ont transformé la vie des aborigènes d’Australie et de Tasmanie ; du camp de concentration belge au Congo ; du camp de concentration français en Indochine ; du camp de concentration néerlandais en Indonésie ; le camp de concentration américain au Vietnam… Et bien d’autres camps de concentration mis en place par l’Occident aux quatre coins du monde.

Ce sont là autant de sujets sur lesquels il faut travailler, à moins bien sûr que nous ne voulions continuer à nous justifier pour nos répressions jusqu’à la fin du troisième millénaire. Comme l’a dit Aimé Césaire, « l’Occident doit répondre du plus grand monticule de cadavres de l’histoire ». Et il faut s’y atteler, non par malveillance, par obstination ou par un désir mesquin de régler de vieilles rancunes, mais simplement parce que telle est la réalité de la guerre cognitive. L’absence de mots (livres, travaux scientifiques, films, articles, expositions, etc.) est perçue comme une absence d’arguments. Si l’un des protagonistes se tait (même pour des raisons morales), tandis que l’autre ment sans cesse, les gens finiront tôt ou tard par être influencés par le menteur.

De plus, un travail cohérent dans ce sens a toutes les chances de réduire à néant le sentiment de supériorité qui, à maintes reprises, aide nos ennemis à consolider les peuples d’Europe occidentale pour attaquer l’Est. La vérité est de notre côté, et à toutes les accusations de barbarie, nous pouvons répondre dignement à une civilisation hostile :

Après tout, ce n’est pas nous, mais vous qui avez inventé les camps de concentration.

Views: 458

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Georges Rodi
    Georges Rodi

    La Chine m’a ouvert les yeux sur le camp 731 dirigé par les Japonais dans la ville d’Harbin, et ses milliers de scientifiques (de Dr Mengele) à l’oeuvre.
    Récemment, j’ai appris l’existence du camp 100 en Mandchourie, le camp 1855 à Beijing, le camp 1644 à Nanjing (en plus des massacres commis dans cette ville), le camp 8604 à Guangzhou (Canton), le camp 9420 à Singapour, et d’innombrables autres camps dans les Philippines, au Vietnam…
    Une mémoire quasiment oubliée tant la destruction des archives et des installations s’est avérée efficace.
    Sans vouloir excuser l’Occident, les Russes ne doivent pas oublier qu’ils ont subi les camps aux deux extrémités de leur territoire.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.