N’ayant pas la capacité de faire valoir ses intérêts, l’Europe ne doit pas continuer à subventionner les fabricants d’armes américains tout en s’aliénant les marchés chinois. Cette description du suicide « européen », en fait il s’agit de l’UE appendice de l’OTAN, explique notre choix, il n’y a rien à attendre de cette Europe qui accepte toutes les vassalités en espérant dépecer la bête Russie après l’URSS et se la rejouant surarmement et assaut hitlérien… La France peut-elle avoir une autre politique, pas dans ce cadre, cela se vérifie jusque dans les « élections » dans laquelle quoiqu’on en dise les divisions de la gauche, ce qu’on laisse au RN et aux représentants des marchés financiers et trusts de l’armement ne peuvent pas être isolées de ce contexte qui est celui de la chute de l’empire hégémonique dont Trump est le syndic de faillite qui veut faire payer la note de sa dette abyssale et de son modèle aux « alliés ». (note et traduction de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete)
par Sebastian Contin Trillo-Figueroa 1 juillet 2025

Dans les premiers mouvements de la deuxième présidence de Trump, un modèle a émergé : Washington fixe l’ordre du jour, Pékin s’adapte avec précision et Bruxelles capitule. Il en ressort un ordre bipolaire où l’Europe s’est reléguée au rôle de financier et de pom-pom girl.
Trump joue au poker, Xi joue au go et l’Europe se débat avec des énigmes simples. En l’espace de cinq mois, Trump a obtenu des engagements de dépenses de défense sur lesquels les présidents précédents n’avaient fait que théoriser. Alors que les restrictions à l’exportation de terres rares de la Chine ont forcé Washington à se recalibrer rapidement, l’Europe n’a répondu que par des lamentations creuses. L’asymétrie révèle tout : un bloc exerce son influence, un autre répond avec détermination et le troisième fait des chèques.
Le retour de Trump a mis en évidence les échecs stratégiques de l’UE. Au lieu de fixer des limites ou de tirer parti du pouvoir collectif, les dirigeants ont eu recours par défaut à la flatterie envers Washington et à la désignation de boucs émissaires envers Pékin. L’« antidiplomatie » affaiblit l’UE vis-à-vis de la Chine tout en offrant à l’Amérique une servitude sans garantie de retour.
Là où le Mexique et le Canada négociaient, l’Europe s’agenouillait sans conditions. Là où la Chine a riposté de manière décisive, l’Europe a intensifié sa rhétorique et a cédé sa substance. Dernier exemple en date : quatre jours après que Washington a concédé à Pékin un accord sur les terres rares, Ursula von der Leyen a lancé une nouvelle offensive contre la Chine sur la même question – comme si l’accord n’avait jamais eu lieu.
Le timing ne doit pas gâcher une démonstration de servilité bien mise en scène : son discours au G7 a prêché la fermeté tout en ignorant les véritables vulnérabilités de l’Europe. Accuser la Chine d’« armer » sa domination tout en s’appuyant sur elle pour 99 % des terres rares, c’est comme exiger le fair-play dans un combat au couteau – une mesure de la façon dont sa politique de réduction des risques se déroule. Apparemment, elle n’a pas encore compris ce que font les grandes puissances : elles utilisent l’effet de levier. Puis est venu l’aveu : « Donald a raison », montrant comment Bruxelles a cédé le contrôle il y a longtemps.
La capitulation des dépenses de défense qui a suivi s’est avérée tout aussi abjecte. Des dirigeants comme Merz, Macron et Sánchez ont convenu – sans aucun débat public – d’augmenter les dépenses militaires à 5 % du PIB. Pas de questions, pas de justification. Trump n’avait pas besoin de l’exiger ; Ils se sont portés volontaires pour se rendre. Alors que les analystes européens sont obsédés par son populisme et les menaces qui pèsent sur la démocratie, ils passent à côté de l’essentiel : il obtient exactement ce qu’il veut.
Cet engagement – annoncé après que le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, se soit également humilié – est un cadeau à l’industrie de l’armement américaine. Trump a identifié son caissier et l’Europe a remis un chèque en blanc à Lockheed Martin, RTX et Northrop Grumman. L’Europe finance la renaissance militaire de l’Amérique tout en sacrifiant sa propre autonomie, s’accrochant à l’illusion que cela procure une protection américaine durable.
L’obsession anti-chinoise
La politique européenne vis-à-vis de la Chine révèle le stade terminal de la dépendance : une hostilité performative sans levier, sans coordination ni fin de partie. Chaque mesure – des restrictions 5G aux tarifs des véhicules électriques – trouve son origine dans le livre de jeu de Washington, photocopié par Bruxelles et rebaptisé autonomie européenne.
L’ironie se rapproche de la parodie. Alors que l’Europe imposait des sanctions à la technologie chinoise, Washington a obtenu des concessions par la pression directe. Alors que Bruxelles moralisait la coercition économique, Trump a appliqué des droits de douane dépassant les 50 % sur les exportations européennes. Cette contradiction met en évidence la confusion de l’Europe : elle a adopté la rhétorique antagoniste de l’Amérique envers la Chine tout en acceptant le traitement antagoniste de l’Europe par l’Amérique.
Les preuves sont dévastatrices : Trump impose des droits de douane de 50 % à l’UE sans justification, bloque les exportations clés, fait pression sur l’Europe pour qu’elle réduise ses échanges avec la Chine, les insulte à Munich, exige 5 % du PIB pour les armes américaines et draine l’industrie européenne par des subventions ciblées. Pendant ce temps, Bruxelles accuse Pékin de tactiques déloyales tandis que Washington applique des tactiques plus dures – ouvertement, sans vergogne.
De plus, au lieu d’ouvrir des canaux diplomatiques pour désamorcer les tensions commerciales ou s’attaquer aux dépendances critiques en matière d’approvisionnement, les dirigeants européens ont choisi la démagogie morale et les restrictions erratiques. La Chine a été qualifiée de « partiellement maligne », de « catalyseur décisif » de la guerre de la Russie en Ukraine, et les décideurs politiques ont élaboré de nouveaux cadres de « menace pour la sécurité ». Au moment même où Bruxelles intensifiait sa rhétorique, le retour de Trump a révélé la vérité : toute la posture de l’Europe a été construite sur des récits américains empruntés.
Les pèlerinages des dirigeants de l’UE à Washington – tout en évitant Pékin – cristallisent cet aveuglement. Ils agissent comme si la pertinence européenne passait par la seule approbation américaine, négligeant l’engagement direct avec la deuxième plus grande économie du monde. Ce qui aurait pu être une diplomatie triangulaire est devenu une supplication linéaire.
Le cas de Friedrich Merz est plus scandaleux. Dans son premier discours de politique étrangère, il a répété comme un perroquet le discours sur un « axe des autocraties », mettant la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord dans une menace indifférenciée – tandis que l’industrie automobile allemande se demande qui parle en son nom.
Il appelle à une présence navale européenne « permanente » dans l’Indo-Pacifique, un fantasme alors que l’Europe peine à soutenir l’Ukraine. Il a averti les entreprises allemandes qu’investir en Chine était un « grand risque » et a clairement indiqué que son gouvernement ne les renflouerait pas. À Munich, sa déférence envers Washington lui a valu la réponse qu’elle méritait : JD Vance l’a ignoré et a rencontré l’AfD à la place. Message reçu.
L’effondrement
Trump, contrairement à ses homologues européens, applique une approche brutale mais cohérente à l’égard de la Chine. Il valorise la force, pas la flagornerie. Et Xi n’a jamais plié. Lorsque Washington s’est intensifié, Pékin a répondu par des représailles précises, et non par des déclarations. Une décision bureaucratique a resserré l’emprise de la Chine sur les terres rares et a forcé la Maison Blanche à recalibrer. C’est ainsi que fonctionne le pouvoir, ce que l’Europe refuse d’apprendre.
L’engagement prévu de Trump avec Pékin – réservation de vols pour la normalisation, pourparlers avec les principaux PDG et préparation diplomatique de haut niveau – démolit les hypothèses européennes sur la politique américaine à l’égard de la Chine. Peut-être que le plan n’a jamais été une confrontation pour elle-même, mais un levier pour un accord. Maintenant, c’est clair : Trump avait l’intention de recadrer les liens entre les États-Unis et la Chine à ses conditions.
Les implications dévastent l’Europe. Il a dépensé son capital politique pour s’aligner sur ce qu’il supposait être une confrontation américano-chinoise permanente, pour découvrir que Washington considère toujours Pékin comme un partenaire de négociation tout en traitant Bruxelles comme un client docile. Le positionnement anti-chinois de Von der Leyen, conçu pour s’attirer les faveurs de la Maison Blanche, a garanti l’exclusion de l’Europe de la réinitialisation bilatérale qui définira l’architecture économique mondiale.
L’Europe aurait pu définir des priorités claires, protéger les intérêts économiques et maintenir l’équidistance entre les superpuissances. Il aurait pu fixer des lignes rouges avec Trump, défendre sa base industrielle et s’engager avec la Chine de manière pragmatique. Au lieu de cela, il a choisi la déférence, le moralisme et la vassalité transatlantique – le pire mélange possible dans toute négociation.
Le chemin de l’Europe mène à un déclin contrôlé déguisé en loyauté à l’alliance. Les budgets de défense draineront les dépenses sociales tout en important des armes américaines concurrentes des fabricants européens. Le commerce fluctuera entre les exigences américaines et les représailles chinoises, l’industrie européenne perdant des parts de marché au profit des deux. Les initiatives diplomatiques sont soumises à l’approbation préalable de Washington tandis que Pékin construit des partenariats alternatifs.
Les quelques dirigeants qui résistent – notamment l’Italienne Giorgia Meloni – parlent pour eux-mêmes, pas pour l’Europe. Il n’y a pas de voix commune, pas de boussole, pas de récit cohérent. Ce qui reste, c’est un bloc qui réagit, s’adapte et concède, mais ne dirige jamais.
Dans l’intervalle, les États-Unis et la Chine jouent pour un effet de levier à long terme. L’Europe n’a donc plus que deux choix :
- premièrement, la diplomatie triangulaire : plutôt que de choisir entre Washington et Pékin, l’Europe doit faire rivaliser les deux capitales pour la coopération européenne ;
- deuxièmement, la politique industrielle de l’Europe doit privilégier l’autonomie technologique plutôt que l’alignement idéologique : les chaînes d’approvisionnement critiques, la production de défense et l’infrastructure numérique nécessitent un contrôle européen, quelles que soient les préférences américaines.
Si l’Europe continue de subventionner les industries de défense américaines tout en s’aliénant les marchés chinois, en moralisant sur les valeurs tout en dépendant des autres, elle sera confrontée à la dure vérité : la véritable autonomie exige la capacité de faire respecter ses intérêts.
Pour l’instant, la performance de l’indépendance de l’Europe garantit l’insignifiance. Les discours méritent les applaudissements de vos sbires ; L’effet de levier donne des résultats. C’est pourquoi l’Europe ferait bien de rappeler la sagesse de l’un de ses penseurs les plus influents : il vaut mieux être craint qu’aimé, si l’on ne peut pas être les deux.
Sebastian Contin Trillo-Figueroa est un stratège géopolitique basé à Hong Kong, qui s’intéresse aux relations entre l’Europe et l’Asie.
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