C’était la 74ème fête du château à Nice, ce qui m’a permis de calculer que cette fête des communistes de Nice et des Alpes maritimes a été instaurée en 1946 par des résistants… Dix ans après j’adhérais au PCF… Ce furent des retrouvailles autant qu’un enseignement sur la situation présente et les perspectives d’avenir. Aussi voici un compte-rendu-fable, témoignage, pour dire l’émotion de ma part niçarde à retrouver le parti de Virgile Barel, de Charles Caressa, de Louis Fiori, disparu, pas tout à fait pour ce dernier parce que son fils est copie conforme… Et puis il y avait l’autre secrétaire, Tiberi, nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre, émus aux larmes d’être plus que jamais communistes… parce qu’il était évident que personne ici ne voulait entendre que je n’étais plus au parti… Que j’étais une sympathisante même des plus fidèles… Parce que dans le fond ce qui s’était passé et nous avait chassé de nos pays de toujours se heurtait déjà à une résistance et le communisme était là dans sa tradition et son renouveau… c’était là l’essentiel… et c’est ce qui a permis d’ouvrir le débat dont nous vous ferons le récit dans un prochain numéro…
Illustration : le secrétaire fédéral du PCF des Alpes Maritimes présente la fête…
Mais je vais vous raconter cette journée telle que je l’ai vécue avec ses émotions mais aussi ses cocasseries, celles de l’ancrage de ce parti dans la diversité française, son prolétariat, ses intellectuels rebelles, toutes les bonnes volontés malgré l’usure du quotidien… D’abord, il faut que vous sachiez que ma mère et ma grand-mère favorite, la mère de ma mère, sont niçoises… Ma grand-mère, Marie, née Rous, que j’avais baptisée mémé de l’ascenseur parce son logis modeste bénéficiait de cet agrément. La prolétaire communiste, qui s’était engagée dans la révolte des midinettes en 1920, au moment du congrès de Tours, révolte dont on parle moins que celle des cheminots mais qui dit aussi le contexte de la création du PCF… Elle et sa sœur, Colombe, couturière chez Poiret, veuve de guerre, étaient des communistes farouches, dignes filles de leur mère porte drapeau rouge des lavandières du Paillon… Et de leur ancêtre (j’ai fait un gros travail généalogique) un certain Audoli, curé défroqué sous la Révolution française venu de ses Basses Alpes pour engendrer ces révolutionnaires obstinés et il faut l’avouer anticléricaux.. Les deux sœurs avaient l’âme internationaliste : elles avaient appris l’espéranto pour connaitre la fraternité universelle qui était censée naître de la haine de la boucherie de la première guerre mondiale. Elles avaient l’âme de globe trotter même si elles se bornaient à connaitre Paris et le couturier Poiré, et ma grand-mère quant elle fut veuve et femme de ménage dans un hôpital militaire, Montolivet, avec ses copines des femmes françaises à emprunter les cars Valadon le dimanche pour visiter la région et à m’y trainer.

Les lavandières du Paillon…
Dans cette famille là, on était pauvres mais habillés comme des princes, de blanc dès le printemps, tout était le fruit de l’artisanat domestique, la nourriture d’abord : on ne mangeait pas de viande mais les produits du braconnage du grand père (à Nice je dormais dans une chambre pleine d’appeaux et d’appareils destinés à son larcin) et de sa pêche y compris celle interdite au lampareau… Le couple avait un petit jardinet qui produisait d’incroyables quantités de courgettes et autre légumes. Les seuls achats annuels étaient des chaussures que l’on se passait en famille et ma mère à quinze ans (elle était d’une beauté époustouflante) avait été installée devant un stand de vente d’oignons de tulipes aux Galeries Lafayette, habillée en niçoise, elle avait des chaussures de deux pointures trop grandes bourrées avec du coton (elle en a conservé toute sa vie une passion pour les chaussures le luxe suprême)… Donc ma grand mère et sa sœur et toutes les cousines de cette pléthorique famille qui était allée travailler dans tout le département et ceux des alentours poussant même jusqu’aux Bouches du Rhône, épousant en général des Italiens aussi révolutionnaires qu’elles, s’étaient prises de passion pour l’internationalisme. Marraine Colombe ne louait la chambre qu’elle avait en trop qu’à des étudiants africains, ou vietnamiens… le seul membre de ladite famille Rous-Audoli, qui s’était engagé pour l’Indochine à cause d’un chagrin d’amour était pardonné, la famille c’est la famille, mais je me souviens encore que dans les grandes tablées familiales quand il avait le malheur de se plaindre des effets du paludisme, toute la tablée s’exclamait : » fallait pas y aller! »…
Dans cette famille-là nourrie à la niçarde, dans laquelle je passais quinze jours chaque été, on vivait très vieux et on mourait d’un coup en bonne santé en ayant largement dépassé les cent ans et sans jamais arrêter de travailler. Avec les autres filles du quartier, on se baignait, on se fabriquait des vêtements dans les restes des tissus que les sœurs couturières avaient arraché à leurs clientèles bourgeoises et on se tricotait de la lingerie et des maillots en coton… en écoutant « Morts au barbu » à la radio et les chansons d’André Claveau… Le soir on allait habillées comme des princesses s’asseoir à la fraiche sur la Promenade des Anglais, on payait presque rien la chaise mais on n’était pas obligé de consommer et on se moquait des passants… de ceux qui faisaient semblant, mais aussi de ceux qui n’étaient pas aussi propres et étincelants que nous… la propreté ça ne coûte rien et c’est la vraie élégance…
Ce long prologue pour vous dire comment une vieille dame de 87 ans a vécu cette fête du château du PCF à Nice en retrouvant tout ce monde niçois. Je m’étais habillée d’un blanc lumineux sauf ma casquette bleue à la cubaine avec une étoile et Lénine enfant au milieu… J’imaginais la famille niçarde me passant en revue… Invitée à une fête du parti alors que depuis tant d’années je subis le boycott des autres, en particulier les pires de tous, les Bouches du Rhône et leur Marseillaise…
Cette expédition avait pu se réaliser grâce à un jeune enseignant d’histoire, la quarantaine, Jéremie Ozog, il était membre démissionnaire du PCF, de la section de Grasse et proche du PRCF et d’autres organisations, ce qui visiblement ne posait pas problème aux militants communistes des Alpes Maritimes et encore moins à la section de Grasse. il sortait épuisé des épreuves du baccalauréat et avait installé à l’intérieur de la fête un stand des éditions Delga. Il était à la tête d’un groupe de jeunes épris de Théorie qui avaient décidés de se syndiquer en tant qu’étudiants, se revendiquant comme prolétaires à la recherche de leur propre médias… leur ambition était grande mais se heurtait visiblement à l’absence de moyens.
Bref par ce jour d’intense canicule, il est venu me chercher en gare de Nice et il m’a expliqué qu’il n’y avait aucune place de stationnement à Nice et donc nous allions directement au Château : comment expliquer ce qu’est « le Château », une fête champêtre juchée sur un rocher, y accéder pour les Marseillais revient à escalader un jour de cagnard les chemins vers Notre-Dame de la Garde et pour les Parisiens la butte Montmartre… La sécurité a refusé de laisser la voiture bénéficier du parking au sommet et Jeremy n’a pas pu convaincre le cerbère d’avoir au moins pitié de mon grand âge. Donc à 14 heures, quand le soleil est à son zénith j’ai commencé à monter cette route et ses virages. Une vieille dame prenant appui sur sa canne et sur le bras d’un jeune historien épris de théorie marxiste, et lecteur enthousiaste d’Histoire et société, pensait « si j’en réchappe, j’aurai battu l’oncle Sylvio qui était élagueur de palmier et qui à 99 ans a fait une mauvaise chute en pratiquant son art sur la Promenade des Anglais. « Et même la tante qui vient de succomber à 107 ans et qui se plaignait seulement d’une baisse de l’ouïe ou sa soeur qui à 104 continuait sa partie de boules… oui mais il y avait mon arrière grand père, braconnier, pêcheur et forgeron qui lui avait succombé jeune (84 ans) d’une chute de vélo et avait trouvé la force de hurler en voyant entrer le curé de Magnan : « pas de capellan chez moi! ». Les hommes c’est fragile …
Au dernier virage avant l’arrivée, quatre jeunes filles de huit à treize ans de Jeremy nous attendaient comme un relais du tour de France, elles étaient blondes, lumineuses et nous tendaient des bouteilles d’eau. Il faisait près de 40 degrés au soleil… Pourtant ce fut un enchantement digne d’Homère et de Ristos, ou d’une photo de Willy Ronis, un ruisseau courait le long de la route et cinq femmes entre quarante et soixante-dix ans, jupes relevées s’aspergeaient en trempant les pieds… belles, charnues, rieuses, elles se sont précipitées sur moi : « Danielle, tu nous reconnais ! tu nous a fait des cours de marxisme quand nous étions encore des jeunesses communistes! » D’autres un peu en retrait mais les yeux aussi brillants que les premières partageaient les joies de la baignade dans le filet d’eau… C’était l’accueil de la section de Grasse qui se trouvait à l’entrée. En face, en commençant le tour des stands j’ai découvert un grand gaillard qui vendait des mojitos et représentait l’arsenal de Saint Tropez… Il m’a confié : ils ont eu la Seyne, La Ciotat, mais nous on est là.. Il ne pouvait pas laisser son stand mais il est venu chercher un livre quand nous avons échangé nos souvenirs sur la bataille menée autour des chantiers de La Ciotat, de leur venue au Conseil régional… où j’étais élue régionale et proche du pugilat avec les CRS qui prétendaient les déloger… le préfet de région sautait en criant « ne touchez pas aux élus! »
Comment vous expliquer ce qui se passait à chaque stand, la discussion avec le cuisiner des repas de la fête, il était l’homme de tous les exploits, assurant dans les conditions les plus hasardeuses des repas gastronomiques, il regrettait simplement que l’on demande toujours la daube et la polenta, alors que la cuisine niçoise avait tant de plats. Nous avons échangé notre recette des farcis ou plutôt celle de mon arrière grand mère… et nous avancions en reprenant force en retrouvant le récit de nos combats, mais un autre avait lieu à ce moment-là et il a rejeté mon propre débat loin de l’âme de la fête…
Pourtant l’amitié ne m’a jamais exclue, entre ceux qui me reconnaissaient et ceux qui, comme à l’habitude me confondaient avec danielle De March du Var voisin… Les jeunes à qui on expliquait que j’étais « un monument » historique et qui me fixaient avec le regard émerveillé que j’ai eu à leur âge…
Mais monument ou pas l’événement ce n’était pas moi, ni même la Chine, c’était d’abord la fête elle-même comme a été obligé de le reconnaitre le Figaro qui l’a décrit ainsi :
« Une petite fête de L’Huma au bord de la mer sur la Côte d’Azur, cela peut surprendre. «Mais c’est exactement ça, ce n’est pas du tout exagéré de dire ça», sourit Julien Picot, le secrétaire du PCF dans les Alpes-Maritimes. Presque tous les ans depuis 1946, les communistes niçois organisent leur raout dans l’un des cadres les plus idylliques de Nice, et ce malgré une ville ancrée à droite depuis des années par les différents maires qui se sont succédé.
Mais entre 30.000 et 40.000 personnes se pressent le temps d’un week-end sur la colline du Château, point haut emblématique de la capitale azuréenne, qui offre d’un côté une vue imprenable sur la baie des Anges et de l’autre, le port de Nice et ses yachts… loin des idéaux de la gauche.
Un contraste «vraiment atypique», en convient Julien Picot, désormais en charge de l’organisation. «On est encore des ovnis en 2025 dans cette ville de droite», s’amuse-t-il, bien qu’attaché à la bonne tenue de cette fête connue dans le langage courant des Niçois, et qui débute ce vendredi. «Cela a toujours été une bataille pour l’organiser car on ne nous a jamais faits de cadeaux, de (Jacques) Médecin à (Christian) Estrosi. Mais on fait aussi en sorte que ce soit une fête populaire», poursuit-il.
Même au sein de la municipalité actuelle, on reconnaît que ce rendez-vous détonnant fait partie du «particularisme niçois» et qu’il est donc délicat de l’empêcher. Avant d’être dans la maison Estrosi, certains élus s’y rendaient d’ailleurs sans complexe. Ce sont bien les services de la mairie qui acceptent la privatisation de cet espace public très prisé le dernier week-end de juin, alors que la cité s’avère déjà bondée de touristes venus du monde entier. Au total, l’organisation de cette fête coûte près de 125.000 euros au PCF, indique Julien Picot.
«Je connais des gens de droite qui viennent à la Fête du Château !», lance le secrétaire départemental du PCF comme une invitation au Figaro. «C’est une fête fréquentée par tous les Niçois : trouvez une autre fête gratuite de deux jours sur la Côte d’Azur. Ça n’existe pas !», scande-t-il. Des Niçois interrogés confirment : «Le soir, il y a surtout des gens qui veulent manger, boire et faire la fête pour pas trop cher. C’est aussi un moyen d’exprimer sa Nissartitude !», explique Toni, qui compare l’événement à une fête de village.
Au programme donc, une ambiance festive le soir avec une dizaine de groupes sur deux scènes, et la journée, des débats néanmoins très politiques. Dans le contexte actuel, des échanges sur la situation au Moyen-Orient avec comme invitée l’ambassadrice désignée de la Palestine en France sont prévus. De quoi gâcher la fête et cliver sur un sujet sensible, particulièrement à Nice, où le maire Christian Estrosi (Horizons) revendique un soutien infaillible à Israël ? «Non, le but n’est pas de faire de la Fête du Château la fête de la Palestine», assure Julien Picot, qui défend «le débat contradictoire» et conteste le «dogmatisme». Il n’empêche, il reste probable de voir des drapeaux palestiniens brandis presque chaque semaine par une poignée de militants qui manifestent dans le centre-ville.
L’ambassadrice de Palestine venait parler à 16 heures, l’unanimité autour du génocide à Gaza était totale… Mais un incident est venu malheureusement dire les divisions inutiles et les problèmes qui créent la force de la droite et de l’extrême droite…
Déjà l’atmosphère s’était tendue parce qu’une fois de plus les militants communistes s’étaient trouvés confrontés aux mœurs de « coucou » des cadres et militants de la France Insoumise. Ceux-ci avaient distribué des tracts disant que la France insoumise invitait au stand de la Palestine les Niçois et habitants des Alpes Maritimes à une rencontre dont ils se prétendaient abusivement les initiateurs. Résultat, après plusieurs actions de ce type, les communistes ne les avaient pas autorisés à avoir un stand et à s’approprier la fête (comme ils le font avec Mélenchon partout y compris à la fête de l’humanité, en cassant partout l’Union).

du « château » on voit loin…
Quand à 16 heures l’ambassadrice est arrivée toute la Fête s’est précipitée à sa rencontre avec des drapeaux palestiniens mais aussi des drapeaux de la CGT et du PCF. La tension était grande et un militant qui n’a pas arrêté de faire adhérer, un ouvrier électricien à la retraite a sorti manu militari quelques trublions de la FI qui prétendaient distribuer un tract opposant le PCF actuel à celui de la Libération…

Invitée d’honneur à la Fête du Château, organisée par le PCF : Hala Aboun Hassira, ambassadrice de la Palestine, au débat samedi 28 juin à 16h30
L’ambiance était survoltée face à ceux qui n’avaient cessé de prendre les militants communistes pour des poires… Cela allait de Mélenchon dont on avait payé la campagne, à la direction actuelle de l’Humanité qui prétendait réclamer de l’argent aux communistes pour une fête dont ils étaient de plus en plus écartés… Comme le journal lui-même… Je ne répéterai pas les noms de tous ceux qui protestaient y compris au nom de Fabien Roussel contre ceux qui n’avaient cessé d’agir pour plumer les communistes. Parce si le Figaro parlait d’une fête de l’Humanité sur la côte d’Azur, il y avait bien des militants dans la dite fête pour protester contre ceux qui n’avaient cessé de dépouiller les communistes, à l’image des travailleurs français rejetés hors de ce dont ils avaient fait des paradis…
Cela remontait loin y compris dans ce département. On m’a raconté l’anecdote de la venue de Georges Marchais au moment de « l’affaire Fiszbin »… Les militants formés par Virgile Barel (celui-ci avait déjà été victime de l’anticommunisme de Mitterrand) avaient dit à Georges ce qu’ils pensaient de Fiszbin et la nécessité de le virer. Georges, m’ont-ils expliqué, leur a dit que Fiszbin était très malade, un cancer, et qu’il ne se sentait pas de l’exclure en ce moment de fragilité. Et les militants niçois qui me racontaient cette anecdote m’ont dit : c’est le même Fiszbin qui a fait perdre le dernier député des Alpes Maritimes, Charles Caressa, il lui manquait très peu de voix et la candidature Fiszbin présentée par Juquin a fait perdre l’élu que nous avions gagné dans la Résistance et le combat pour l’application du programme de la Résistance. Il était visiblement guéri de son cancer en phase terminale… Et des coups comme ça, on ne cesse d’en prendre. Mon interlocuteur a ajouté : c’est la première fois que je ne répondrai pas à la sollicitation de l’Humanité, pour financer sa fête… Fabien, nous sommes derrière lui, mais ça fait trop longtemps que l’on prend les militants pour des larbins avec des gens qui ne respectent pas les décisions du Congrès et même se vantent de voter pour d’autres…
Comment dire le fait de se retrouver au milieu des miens… et ce n’est pas la première fois, j’avais rencontré à Joyeuse les mêmes résistances, la même colère, et pas seulement chez les communistes, mais chez des militants qui revendiquent un ancrage local et qui mesurent ce qui a été fait de la France… comment on les a condamnés au tourisme, et comment on les a dépouillés de la terre de France, eux les prolétaires et il se retrouvent dans la revendication de Roussel à la réindustrialisation et à la production sous toutes ses formes… Il y a des gens comme Jérémie Ozog et ses copains qui sont en proie à la fièvre théorique mais sont aussi en train de recréer des groupes d’aménagement de la forêt et du maquis du côté de Grasse, pour favoriser des productions locales de miel et une herboristerie en droite ligne de cette zone de la parfumerie. Ils vendaient dans leur stand les livres de Delga et des plantes tisanes. Cette vision locale était ancré sur la géopolitique puisqu’ils étaient en relation avec l’apiculture cubaine. Jérémie m’expliquait: « quand on travaille avec les Cubains on s’aperçoit des trésors d’ingéniosité qu’ils déploient mais aussi à quel point nous nous avons à notre disposition ce qui leur manque cruellement. Alors on échange…
Mais il y avait aussi les femmes du stand de Grasse, et parmi elles l’extraordinaire secrétaire de section Frédérique… Un petit bout de femme, rousse, mince et musclée… qui n’a cessé de créer les conditions de la survie pour tous et en particulier pour moi, la vieille dame égarée qui s’interrogeait de plus en plus sur la pertinence de son intervention et sur la possibilité de vaincre les éléments hostiles qui s’accumulaient dans l’ambiance pourtant la plus chaleureuse (à tous les sens du terme) qui se puisse imaginer. Quand j’étais proche de l’asphyxie à cause de la poussière, de la température qui grimpait et qui paraissait devoir ne jamais redescendre, tout à coup elle était là à mes côtés avec un verre d’eau et des feuilles de menthe. Pourtant elle ne cessait d’agir, transportant des sacs de poubelle pour que le stand ne soit pas envahi, tout était lavé, périodiquement.. Elle était partout.. Il faut encore ajouter à la description, ce que tout habitué des fêtes du parti reconnaitra : à côté de notre stand, il y avait les musiciens africains qui répétaient en accordant leurs instruments et la sono pour le concert du soir.
J’étais épuisée, ma voix n’était plus qu’un filet, et il y avait cette répétition, pas de micro, le débat reporté d’une heure au moins pour cause de soutien à la Palestine mais aussi d’indignation face à la LFI… Que vous le croyez ou non, j’avais presque oublié mon débat et je partageais le contentement général devant le discours de l’ambassadrice qui avait enthousiasmé tout le monde, en particulier quand elle avait déclaré: quand les communistes s’emparent d’un combat pour nous Palestiniens c’est le signe qu’il devient sérieux et que l’on peut compter sur la France… C’est exactement ce que je pense : sans vouloir diviser je pense que certains semblent vouloir faire détester les Palestiniens et tous les musulmans, au lieu de rassembler alors que la prise de conscience est réelle…
Ce qui se passait dans cette fête était humain, cocasse, épuisant, chacun y mettait du sien, la vraie vie quoi, celle dans laquelle les petits, les humbles, les sans grades se reconnaissent… le bricolage permanent mais tellement d’amitié, de tendresse, d’attention aux autres…
Et bien le miracle a eu lieu, et grâce à Frédérique, outre son activité incessante pour rendre la vie supportable aux autres, elle sait parler, convaincre et à 18 heures trente, alors qu’une légère brise naissait, l’orchestre comme il l’avait promis a arrêté ses répétitions. La trentaine de rescapés qui étaient sur le stand dont un jeune homme à qui on avait proposé l’adhésion et qui la signait sur le comptoir. Paul Euzières à qui j’aurais pu consacrer un chapitre de ce compte-rendu, un enseignant d’histoire, comme moi formé au latin et au grec et dont vous avez pu lire le magnifique compte-rendu de notre livre a fait taire les bavards et inauguré notre débat.
Je vous en ferai dans un prochain numéro le compte-rendu en vous parlant des intervenants et de ce qu’ils m’ont appris… Mais j’avais survécu et miraculeusement ma voix jusque là atone a retrouvé force et dynamisme… enfin je crois…
La suite demain peut-être.
Danielle Bleitrach
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