L’analyse des communistes russes par rapport à celle que nous publions par ailleurs émanant d’un analyste subtil mais proche du parti présidentiel, est sensiblement différente. Et elle correspond bien à ce que nous définissons comme la phase actuelle du monde multipolaire dans lequel les intérêts populaires nationaux sont confrontés à la trahison des intérêts capitalistes dans des régimes théocratiques ou conservateurs. ici la manière dont il existe au sein de l’Iran des intérêts hauts placés prêts à trahir est une évidence comme il existe la même cinquième colonne en Russie même. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
La Pravda N° 62 (31699) 17-18 juin 2025
Le conflit qui oppose depuis longtemps l’Iran et Israël a débouché sur une nouvelle série d’attaques ouvertes, lancées par Israël le 13 juin sous le nom d’opération « Lion rugissant ». Loin d’être terminé, ce conflit nous enseigne toutefois plusieurs leçons.
La nouvelle attaque d’Israël contre l’Iran, outre des frappes aériennes et des tirs de missiles, s’est accompagnée d’une opération de diversion à grande échelle. Des frappes ont été menées depuis le territoire iranien à l’aide de drones contre des sites militaires et industriels clés de la République islamique. En outre, une dizaine d’éminents scientifiques nucléaires iraniens ont été victimes d’attentats, ainsi que des dirigeants de ses forces de sécurité, notamment le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Dans la plupart des cas, ils ont été tués sur leur lieu de travail ou dans leur propre appartement ou maison, et leurs familles ont également été victimes.
Israël a déjà recouru à l’assassinat de personnalités iraniennes clés. Ainsi, entre 2010 et 2012, quatre physiciens de renom ont été tués. Des tueurs à gages et des engins explosifs ont été utilisés à cette fin. En 2020, le directeur du Centre de recherche physique Mohsen Fakhrizadeh a été abattu par un tireur embusqué.
Cependant, les attentats actuels ont frappé par leur ampleur et par la parfaite connaissance qu’a Israël de la localisation « ici et maintenant » de ses cibles en Iran. Par exemple, la quasi-totalité des dirigeants de l’armée de l’air de la République islamique a été tuée alors qu’elle assistait à une réunion, et dans un autre cas, un drone a frappé précisément le mur d’une chambre où se trouvait à ce moment-là un haut responsable militaire.
Même sans connaître tous les détails, on peut conclure qu’une opération de ce type n’aurait pas pu être menée sans un nombre considérable d’« assistants » à l’intérieur de l’Iran, et pas seulement des simples soldats, mais aussi des personnes disposant d’informations pertinentes. L’ampleur de l’événement a même permis à certains commentateurs d’évoquer une collusion entre un groupe et Israël et un coup d’État en Iran.
Eh bien, la leçon est claire. Si, dans votre pays, les intérêts d’une partie de la soi-disant élite se trouvent à l’étranger, celle-ci devient alors un allié naturel des forces extérieures. En Iran, qui est un exportateur de matières premières, il existe sans aucun doute des « personnes respectables » qui ont tout intérêt à ce que le pétrole soit exporté sans entrave vers les marchés étrangers. Et pour obtenir la levée des sanctions, ces messieurs sont prêts à beaucoup.
Mais les complices de moindre envergure ne manquent pas non plus, si la jeune génération a été élevée dans un esprit de consommation effrénée. Ils ne renonceront pas à l’argent facile et ne se soucieront guère des conséquences.
Cependant, après avoir subi un coup dur, l’Iran a trouvé la force de riposter. Et sa réponse s’est avérée étonnamment efficace. Ces derniers jours, les réseaux sociaux sont littéralement inondés de vidéos montrant des missiles iraniens frappant diverses cibles israéliennes. Beaucoup ironisent déjà sur le fait que le système de défense antimissile « Dôme de fer », tant vanté par Israël, s’est avéré être une passoire.
Nous ne nous livrerons pas à l’ironie. Le fait est que les systèmes de défense aérienne et antimissile israéliens sont effectivement parmi les meilleurs au monde et qu’ils ont en outre une expérience opérationnelle constante. Et pourtant, ils n’ont pas été à la hauteur de la riposte iranienne, laissant passer non pas une ou deux cibles, mais une multitude, et les villes israéliennes comptent de plus en plus de ruines.
L’expérience douloureuse d’Israël est également une leçon : aujourd’hui, les moyens d’attaque dominent les moyens de défense. Il n’y a donc plus d’invulnérables, comme c’était le cas au XXe siècle, lorsque l’URSS et les États-Unis ont pris conscience de l’inévitabilité de leur destruction mutuelle et ont tenté de s’entendre.
Mais les politiciens de l’époque avaient l’expérience récente de la Seconde Guerre mondiale, ils l’avaient vue de leurs propres yeux, ce qui n’est pas le cas des « élites » actuelles. En revanche, il y a la crise du système capitaliste mondial, qui a épuisé ses sources de croissance, il y a une hégémonie décrépite incarnée par les États-Unis et ses espoirs de résoudre les problèmes par des conflits « contrôlés », sans oublier le sentiment d’exception des « élitistes », qui leur donne l’illusion d’être invulnérables.
On se souvient des paroles de Lénine selon lesquelles « le capitalisme engendre les guerres avec tous leurs fléaux » et « la domination mondiale est, en bref, le contenu de la politique impérialiste, dont la guerre impérialiste est le prolongement ».
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