LE FAIT DU JOUR ET SON CONTEXTE : La Corée du Sud a annoncé mercredi avoir cessé de diffuser de la propagande contre son voisin du Nord dans les zones frontalières, après que son nouveau président s’était engagé à tenter de « rétablir la confiance » entre les deux pays ennemis.
La décision vise « à tenir la promesse de restaurer la confiance dans les relations entre la Corée du Sud et la Corée du Nord et de rechercher la paix dans la péninsule coréenne, » a déclaré le ministère sud-coréen de la Défense dans un bref communiqué.

les hauts parleurs qui diffusent de la propagande à jet continu forment ici le mot PAIX… »Les diffusions ont cessé mercredi après-midi » a déclaré un porte-parole du ministère à l’AFP
Le contexte national et international d’une telle décision
Le contexte: le président Lee Jae-myung prend ses fonctions en Corée du Sud, son nouveau gouvernement tente de rétablir la confiance intérieure et de présenter un nouveau programme de politique étrangère.
La Corée du Sud est dans les limbes politiques depuis six mois, depuis que l’ancien président Yoon Suk Yeol a brièvement déclaré la loi martiale en décembre 2024 souvenez vous c’était le même président qui s’était illustré sous les ordres directs de l’administration Biden par un bruyant soutien à l’Ukraine qui selon lui était comme la Corée du sud menacé d’une invasion de la Corée du nord– et entre-temps, la scène internationale a été plongée dans le tsunami que l’on sait avec l’arrivée au pouvoir de Trump .
La Corée du Sud réapparaît dans ce nouveau contexte mondial, elle est confrontée à des décisions difficiles sur la façon de gérer ses relations avec ses principaux partenaires économiques et de sécurité. Tout a été bousculé y compris la relation avec le Japon. L’histoire de la Corée est celle d’une relation pour le moins compliquée avec le Japon et les administrations d’Obama et de Biden avaient tout fait nénamoins pour construire un partenariat ouvertement dirigé contre la Corée du nord et la Chine.
Avant l’actuelle période d’incertitude, les relations entre le Japon et la Corée du Sud s’étaient nettement améliorées dans le cadre des efforts déployés par l’ancien président Yoon, l’ancien Premier ministre japonais Fumio Kishida et l’ancien président américain Joe Biden pour renforcer les relations trilatérales entre leurs pays. Depuis le sommet trilatéral de Camp David en août 2023, plus de 80 dialogues entre les États-Unis, la Corée et le Japon ont été organisés pour promouvoir la collaboration dans des domaines allant de l’économie à la sécurité en passant par les échanges entre les peuples.
Que va-t-il advenir de cette relation destinée à endiguer la CHine, base d’une extension de l’OTAN ? Il peut paradoxalement continuer à avoir un rapprochement mais avec une évolution des relations dans les mois à venir sous les administrations Shigeru Ishida et Lee. Est-ce parce que les menaces se sont accentuées avec l’approfondissement de la coopération entre Pyongyang et Moscou dans la guerre en Ukraine et la probabilité que la Russie récompense le soutien de la Corée du Nord par le transfert de technologies militaires? Est-ce que cela favorisera non seulement une alliance renforcée avec les USA et comme pour l’Europe un surarmement aux frais des vassaux ? C’est effectivement la possibilité sur laquelle tablent certains « Européens » à la recherche de débouchés comme Macron… Dans la logique de Trump.
Mais le Japon et la Corée du Sud dépendent fortement d’un ordre économique international actuellement en crise.
Pendant des années, l’Organisation mondiale du commerce a été bloquée par des désaccords entre les pays développés et en développement et remise en question par les pratiques du système économique dirigé par l’État chinois. Aujourd’hui, le système commercial est soumis à une pression immense alors que les États-Unis imposent des tarifs unilatéraux qui sapent le principe de la « nation la plus favorisée », et que l’escalade de la guerre commerciale se profile à l’horizon.
Le Japon et la Corée du Sud ont tout intérêt à stabiliser l’ordre économique existant, à maintenir une circulation relativement libre des biens et des services et à renforcer leur propre sécurité économique et leur résilience nationale, la question comme pour les pays de l’UE de savoir s’ils peuvent le faire dans le carcan militaire économique, financier que leur imposent à la fois les Etats-Unis et les orinentations de leur propre classe dirigeante et les institutions existantes.
Problème d’un allié des États-Unis : les perturbations l’emportent sur la stabilité
Parce que le fait est que le Japon et la Corée du Sud doivent faire face à un allié mutuel des États-Unis qui est de plus en plus une source de perturbation plutôt que de stabilité.
Les deux pays enregistrent d’importants excédents commerciaux avec les États-Unis, ce qui en fait des cibles prioritaires pour les droits de douane. Le Japon et la Corée du Sud sont actuellement confrontés à des droits de douane réciproques de 24 % et 25 % respectivement, ainsi qu’à des droits de douane de l’article 232 sur les automobiles, les pièces automobiles, l’acier et l’aluminium. Les entreprises japonaises et coréennes sont invitées à investir davantage aux États-Unis.
Les deux gouvernements sont également confrontés à la pression des États-Unis pour augmenter leurs dépenses de défense et le soutien du pays hôte, et pour augmenter d’autres types de partage du fardeau de l’alliance en même temps que les États-Unis envisagent de réduire leur présence militaire.
D’une manière générale, le retour d’une approche « America First » en matière de politique étrangère américaine remet en question les alliances et les institutions traditionnelles, laissant le Japon et la Corée du Sud dans une position plus vulnérable.
Comment le Japon et la Corée du Sud peuvent-ils travailler ensemble pour relever ces défis ?
Bien que l’administration Trump ait réaffirmé son soutien à la coopération trilatérale entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud jusqu’à présent, Tokyo et Soul pourraient avoir besoin d’aller de l’avant bilatéralement sans Washington dans certains cas. le Japon et la Corée du Sud bénéficieront de l’intégration de leur coopération bilatérale dans des coalitions régionales et internationales plus larges.
La plupart des problèmes auxquels ces deux pays sont confrontés ne peuvent être résolus par la seule coopération bilatérale ; au lieu de cela, Tokyo et Séoul doivent s’associer à d’autres gouvernements de l’Indo-Pacifique, d’Europe et d’ailleurs pour relever les défis économiques et de sécurité transnationaux. Il y a bien sûr le contexte de l’OTAN et du G7 Le Japon et la Corée du Sud peuvent continuer à renforcer leur coopération avec l’OTAN dans le cadre de l’« Indo-Pacifique 4 ». Alors même que partout celui-ci fait la preuve du caractère aventurier de sa « protection ». Ce qui revient à rester dans le cadre instable actuel économique, financier, militaire et même l’aggraver. Et à ce titre, les deux pays se heurtent à une mobilisation populaire qui a fait ses preuves en Corée.
Les deux pays devraient également explorer des moyens de consolider le système économique international par le biais d’initiatives commerciales plus larges et c’est là que la Chine offre des possibilités concrètes multiples et apparait comme le rempart aux guerre tarifaires et autre destabilisations. Nous sommes là comme avec l’UE et la situation de la France au coeur de la nécessité de la transformation dans le système hégémonique unipolaire antérieur. On mesure bien le rôle joué par la pression des peuples en faveur de la paix et des conditions matérielles d’existence…
Danielle Bleitrach
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